Chapitre 37 : F R I E N D S F O R L I F E
Il s'y était préparé, mais pourtant la nouvelle tomba comme une bombe, sous la forme d'une photo Instagram. Élias et Nuccya. Nuccya et Élias. En couple.
Il savait qu'il ne pouvait empêcher l'inévitable, mais il aurait au moins aimé le retarder. Que ça attende la fin de l'été. Parce que depuis le début de celui-ci, lui et Élias s'étaient beaucoup rapprochés. Ils pouvaient presque se considérer comme des amis, même s'ils ne se voyaient jamais en extérieur, comme si leur relation amicale était un genre de secret. Seulement amicale, mais c'était déjà ça. Le blond venait presque chaque matin chez lui, et Alix lui donnait des cours de math. Ça s'était fait tout seul, quand une fois, alors qu'ils s'étaient croisés un peu par hasard à la bibliothèque, Alix avait remarqué les manuels de math dans ses mains. Il avait sauté sur l'occasion et s'était proposé en tant que professeur particulier. Et les progrès d'Élias étaient fulgurants. Ce dernier voyait peu à peu son horizon se dégager.
Alix n'avait pas vu -ou n'avait pas voulu voir- que s'il se rapprochait du garçon, de son côté, la jolie italienne faisait de même. Ils allaient à de plus en plus de soirées ensemble, elle l'invitait à passer l'après-midi entre sa piscine et son jacuzzi, jusqu'au jour fatidique où il tomba sur ce post sur le compte du blond qu'il avait prit la vilaine habitude de stalker un petit peu. Tous les deux en tenue de soirée, mais dans la main, Nuccya et Élias s'embrassaient. Apprendre l'existence de ce baiser lui fit déjà un coup au cœur, mais ce qui le rendit mortel fut le fait que le blond semble y attacher tant d'importance qu'il le poste sur ses réseaux. C'était la chose la plus personnelle qu'il n'ait jamais posté, alors forcément ça devait compter...
A peine quelques minutes après que la photo eut été mise en ligne, le bleu reçut un message de Prune et de Lior sur leur groupe :
Les Aristochats :
De Prunette 🍒 :
Mais quel fils de pute. Force à toi louloute, si tu veux sortir te mettre une race pour oublier, on est là.
De Dior ⚜️ :
Ouais. On est là pour toi. Mais je crois que tu devrais t'expliquer avec lui avant de tirer des conclusions. Et je me répète surement, mais tu devrais surtout lui avouer tes sentiments, l'amour n'est pas toujours facile à suivre, ni à comprendre. En plus avec les mouvements récents de la lune et de Vénus, tout est encore plus confus. Lui aussi est peut-être perdu.
De Prunette 🍒 :
Madame Irma, le retour...
De Dior ⚜️ :
Mais c'est vrai ! Arrêtes de te foutre de moi ! En plus toi aussi l'autre jour tu disais qu'il devait se déclarer.
De Prunette 🍒 :
Ouais, mais Louloute, il y a une différence entre pousser quelqu'un à déclarer sa flamme et lui dire que tout est à cause de la lune qui bouge. On le sait ça, elle tourne autour de la terre, c'est pas un scoop.
De Dior ⚜️ :
De toute façon tu es Taureau. Ton esprit est trop terre-à-terre pour ne serait-ce qu'envisager d'essayer de comprendre.
De Prunette 🍒 :
Terre-à-terre toi-même andouille.
De Dior ⚜️ :
Quelle repartie. Je suis sur le cul.
De Lixouille 🦕 :
Ok. Ce soir on sort. Et arrêtez de vous battre. On est censés parler de moi, pas de vos différents en matière d'astrologie.
De Dior ⚜️ :
Et vous me direz encore que c'est des conneries quand je dis que les lions veulent jours tout ramener à eux ?
De Prunette 🍒 :
Venez chez moi. Il me reste des fonds de bouteilles et je vous ai attendus pour mater la saison 3 de Lucifer
De Dior ⚜️ :
À quelle heure ?
De Lixouille 🦕 :
J'espère que tu en as assez pour se mettre une race.
De Prunette🍒 :
Maintenant. J'ai tout ce qu'il faut tqt Louloute.
Alix s'habilla rapidement, un short, un haut en dentelle, et un sac où il fourra son chargeur, un paquet de schtroumpfs piquants, un autre de dragibus, et ses clefs, et il chaussa ses vieilles baskets bleues en toile.
« Maman ! Je dors chez Prune ce soir. J'y vais. »
Il n'attendit pas sa réponse, de toute façon c'était les vacances d'été, elles avaient toujours été synonyme de liberté, et il sortit en courant. Il avait été retirer son plâtre le matin même et comptait bien profiter de ce qu'il restait de l'été maintenant qu'il n'était plus entravé, n'écoutant ni sa mère, ni les médecins, quand ils lui demandaient de faire doucement pour se réhabituer aux mouvements naturels de sa jambe.
Il attrapa le vélo de son frère qui traînait sous l'appentis et s'engagea sur la route, cheveux au vent. Il devrait bientôt refaire sa teinture. Ses racines étaient vraiment trop visibles, et ses cheveux trop longs, il n'aimait pas vraiment cela. Il les couperait dès le lendemain, s'il trouvait le temps de demander à sa mère.
Il arrêta son vélo devant la maison de Prune, à deux pâtés de maison de la sienne et il sonna à la porte. Avant même qu'elle ne puisse ouvrir, Lior arriva à son tour.
« Salut poulette, alors quoi de neuf ? » Demanda le bleu en se tournant vers ellui.
« Trop rien. Et toi ? Ça va, la nouvelle est pas trop dure à encaisser ?»
« J'essaye de faire abstraction. »
La porte s'ouvrît sur Prune, ses cheveux courts remontés en deux petits chignons dont quelques mèches s'échappaient, pas assez longues pour y être maintenues. Elle portait un short de pyjama avec des pandas et un débardeur rose. Un pot de glace à la main, une grosse cuillère dans l'autre, elle fit entrer ses deux amis.
« Je nous ai préparé un petit coin cosy, vous allez voir. »
Elle les guida jusqu'à sa chambre, qu'ils connaissaient bien pour avoir passé presque toutes leurs après-midi dedans depuis le début des vacances. Presque un mois. Ils étaient vraiment devenus inséparables tous les trois. Ils se racontaient tout et Alix adorait ça. Il avait vraiment besoin d'amis proches comme eux. Seulement il ne le savait pas avant de les rencontrer. Il avait toujours été entouré de monde, loin d'être un marginal, il avait un entourage très étendu, mais personne de qui il pouvait se sentir vraiment proche.
Le sol de la pièce était jonché de coussins, de couvertures et d'un plateau de sucreries en tout genres, et de quelques bouteilles d'alcool.
« Ça va être trop bien ce soir ! » S'exclama-t-elle en battant des mains.
« J'ai amené ça. » Déclara Alix en sortant les bonbons de son sac.
« Cool. Pose les... quelque part par terre. »
Ils passèrent la soirée et une grande partie de la nuit à regarder leur série, affalés au sol, les uns sur les autres. Alix était appuyé contre Lior, la tête de Prune sur les genoux. Ils se passaient à tour de rôle la flasque de vodka et riaient à chaque minute un peu plus fort. La saison finit rapidement et Lior s'exclama :
« Ça vous dit pas de sortir un peu ? Le soleil va bientôt se lever. »
« Mais tu n'as jamais sommeil toi ? » Soupira Alix.
« Non mais c'est grave une bonne idée. Et vous savez quoi, on va faire des photos souvenir. Non, mieux. Des Polaroïds ! J'ai un appareil, je l'ai jamais utilisé. Je l'ai eut pour mon anniversaire il y a trois mois. »
Prune se leva pour attraper ledit appareil. Un véritable Polaroïd vintage qu'elle chargea avec une toute nouvelle ramette de pellicules.
« C'est cliché ça, tu le sais. » Railla Alix.
« Cliché, c'est le cas de le dire ça pour une photo. »
« Mais qu'elle blague vaseuse. Lior je te croyais mieux que ça. » Se désola la brunette.
Alors que l'aube teintait à peine le ciel de pourpre et d'orangé, les trois jeunes sortirent, en riant. Alix reprit le vélo de son frère, Prune prit le sien. Un vélo au cadre beige, avec un petit panier blanc à l'avant dans lequel étaient coincées quelques fleurs séchées. Lior pour sa part prit place sur le porte bagage derrière Alix, les mains posés sur les épaules du bleu.
« Et vous trouvez pas qu'on ressemble à ces gosses de séries des 70s ? Genre un peu comme dans Stranger Things ? » Fit remarquer Lior.
« Grave ! Bon, vous voulez aller où ? »
« Là où on verra bien le lever de soleil. Vous connaissez un endroit sympa pour ça ? »
« Je crois que je sais. Prends à droite. »
Alix écouta les conseils de Lior et tourna sur un petit chemin de gravier qui s'éloignait du centre-ville. Puis après avoir encore un peu roulé, ils arrivèrent dans une zone industrielle abandonnée.
« Laissez les vélos là. On va grimper. »
Ils firent ce que Lior disait, abandonnant leurs bicyclettes dans les ronces, plus ou moins bien cachées. Et ils montèrent dans un des vieux building, entrant par une fenêtre cassé, pour aller au sommet de celui-ci.
« Alors, vous en pensez quoi ? Pas mal hein ? »
En effet la vue était à couper le souffle, une sorte de désert urbain, abandonné. Un ancien chemin de fer, des murs taggués, des blocs de béton craquelés d'où ressortaient des ferrailles rouillées.
« Wow... J'adore ! Depuis quand tu fais de l'urbex toi ? » S'enthousiasma Prune en s'approchant du bord du toit, cheveux au vent et sourire aux lèvres.
« J'ai toujours aimé ça. Même si mes parents sont totalement mortifiés à chaque fois que j'en parle. » Rit Lior en tournant sur lui même, sautant sur un petit bloc de béton. « Ils disent que tous les types qui font cela meurent avant d'avoir trente ans. »
« Alix, ça te plaît pas ? »
Le bleu releva la tête. Il n'avait même pas eut conscience de se perdre dans ses pensées.
« Si, si. C'est chouette. Juste que j'étais venu une fois ici déjà. Avec ma cousine. J'étais perdu dans mes souvenirs. »
Ils étaient venus quand ils avaient apprit être de la même famille. Pour la première fois, ils s'étaient vus sans savoir quoi se dire, puis ils avaient décidé, sans vraiment mettre les mots dessus de couper les ponts. Mais il chassa ses souvenirs de son esprit, c'était du passé et il avait renoué avec Brenda depuis la soirée qu'elle l'avait aidé à organiser. Depuis, ils se téléphonaient au moins une fois par semaine et ça lui faisait du bien au moral, même si récemment, ils faisaient face à quelques tensions, parce qu'il avait découvert que sa cousine faisait ami-ami avec Nuccya et Aïssah, comme si le fait de lui prendre Élias n'était pas suffisant.
« Et moi qui croyait vous faire découvrir un spot. »
« Dîtes, c'est pas là que tous les dealeur écoulent leur merde ? » Souffla la jeune fille.
« Si. Mais pas à cette heure là. Il est à peine cinq heure. Ils sont tous shootés et dorment tranquillement. »
« Attention, Lior expert en planning de dealeur, est dans la place. » Rit Prune.
Alix se tourna vers eux, une idée germant dans son esprit.
« Vous savez ce que on devrait faire ? Un pacte. »
« Un pacte ? »
« Ouais, genre comme ils font dans les films. Pour promettre de rester toujours ensemble. »
« Du genre on se pique le doigt avec une aiguille et on se serre la main en promettant de ne jamais se quitter ? Et après les Polaroïds sont clichés ? Tu me déçois Alix. » S'esclaffa la petite brune.
« Hé, on ne plaisante pas avec les pactes. C'est quelque chose de sérieux. Le lever de soleil est un moment idéal pour faire ce genre de rituel. »
« T'es sérieux.se Lior ? »
« Oui. Pourquoi, pas vous ? Je sais que tu n'y crois pas Prunette, mais le fait est que les énergies qui ont cours en ce monde ne sont pas toujours celles que l'on admet scientifiquement. L'électricité, avant d'être découverte était considérée comme de la sorcellerie. »
« Ok. On va dire que c'est parce que j'ai bu. Mais ok, je veux bien te croire et le faire. »
Et c'est ainsi. Sur un toit abandonné, aux aurores d'une journée d'été, que les trois amis se promirent de toujours veiller les uns sur les autres. Il avait peut-être fallu quelques secrets et un cœur brisé pour en arriver là, mais Alix était content de les avoir auprès de lui. Et le fait de savoir qu'eux au moins ne l'abandonneraient pas, comme le faisait Élias, comme elle l'avait fait, elle dont il n'osait prononcer le nom, lui procura un sentiment de sécurité inédite. Il en versa même quelques larmes, silencieuses et secrètes, parce qu'il avait le cœur plein, plein de trop de choses qu'il n'arrivait pas à comprendre, mais il n'en n'avait pas vraiment envie. Il préférait se concentrer sur la joie qu'il ressentait à l'idée de toujours garder ses précieux amis à ses côtés.
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[EDIT (20/10/21) : Version révisée]
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