Chapitre 25 : E V E N I N G

De Nuccya :

Je suis devant.
Reçut à 19h30.

En entendant son téléphone vibrer, Élias se dépêcha de quitter sa chambre et de traverser le hall pour rejoindre la jeune fille qui attendait, devant la voiture qui l'avait conduite jusque ici. Elle remercia le chauffeur d'un simple mouvement de main sans lui accorder plus d'égards, et emboîta le pas au blond.

« Tu veux que je te fasse visiter ? »

« Ne dis pas de bêtises, je veux juste qu'on aille se poser tranquille quelque part. Et tu sais, t'étais pas obligé de sortir la chemise de marque, je viens pas pour un dîner officiel ou une merde du genre. J'ai juste nul part d'autre où aller. »

« Pour mon père, c'est toujours des dîners officiels. On peut aller dans le salon bleu. C'est le mieux exposé pour les soirs d'été. »

« Pourquoi pas simplement ta chambre ? »

« Je ne suis pas certain que mon père apprécierait. »

« My my, ton père a l'air encore plus à cheval sur les principes que le mien. Ils devraient bien s'entendre. » Se moqua doucement la jeune fille. « Va pour le salon bleu alors. »

« La première fois que je t'ai vu, à la soirée d'Alix, tu m'as eut l'air d'une fille timide. Ce n'était qu'un rôle ? »

« Non. C'est juste que j'étais bien loin de mon élément. Mais toi et moi on est du même monde. Tu comprends que j'ai besoin d'être le requin le plus féroce si jamais je ne veux pas me faire déchiqueter par les autres. »

« Ouais. Je comprends. Mais tu n'as pas à être comme ça avec moi. Je préfère de loin la fille timide qui m'a laissé son numéro à la soirée d'Alix à celle qui fait semblant de se croire supérieure à tout et qui ne laisse rien l'atteindre. »

« Ok. Je tâcherais de m'en rappeler. »

Elle lui sourit doucement alors qu'elle prenait place sur un des canapés bleus du petit salon, face à la baie vitrée.

Élias se surprit à se dire qu'il verrait bien Alix assis à celle place, avec ce décor bleu qui s'harmoniserait parfaitement avec la couleur de ses cheveux. Mais il chassa bien vite cette pensée pour demander à Nuccya :

« Tu veux boire quelque chose ? »

« Non. Ça ira. Tu sais, puisque on en est déjà aux confessions, moi je préfère largement le garçon souriant qui s'est endormi comme une masse, bourré dans mon lit après un gala, que celui guindé et faux qui essaye de jouer à l'hôte parfait. Alors détend-toi. Ce n'est que moi, et je ne suis pas une duchesse prestigieuse où je-ne-sais-quoi. Juste ta camarade de classe. Ok ? »

Voilà. Elle laissait à nouveau paraître son vrai visage, plein de douceur et attentif aux autres. Celui qui aidait Élias à se détendre, le faisait se sentir moins anxieux.

« Ouais. Ça marche. »

« Parfait. Alors faisons un pacte. Pas de mensonges entre nous. On sera toujours vrais l'un envers l'autre. »

Élias savait que s'il acceptait, ce serait déjà en soi un mensonge. Ne comptait-il pas sortir avec elle juste pour éloigner les foudres de son père ? Mais après tout, peut-être que petit à petit, il développerait des sentiments à son égard, dans le meilleur des cas de l'amour, sinon, une forte amitié et de la reconnaissance. Oui, il se persuadait que ce serait le cas, et en forçant un sourire, se mentant tant à lui qu'à la jolie italienne, il serra la main qu'elle lui tendait.

Gustave, le majordome, vint à ce moment annoncer que le repas était prêt, et Élias guida Nuccya jusqu'à la salle à manger où l'immense table avait été dressée pour trois. Sa mère n'était toujours pas revenue de son voyage dans sa famille.

Élias se plaça derrière sa chaise et attendit. Nuccya, intriguée fit de même et demanda :

« On attends quoi ? »

« Mon père. Il est toujours celui qui s'assoit en premier. »

« Mais ces règles sont carrément archaïques. » Pouffa la jeune fille, respectant tout de même.

« Je sais, mais il y tient. Sans doute parce qu'il est militaire de carrière. Ça a toujours été ainsi. Sauf quand j'étais enfant. Parce qu'il ne me laissait pas manger à table. C'était Thérèsia qui me donnait à manger en cuisine. »

« C'est un peu extrême, non ? »

Élias n'eut pas le loisir de lui répondre, puisque son père arrivait déjà.

Sa posture droite, son visage ne laissant filtrer aucune expression, son costume impeccable, tout chez cet homme inspirait la crainte et la soumission. Du moins chez Élias. Parce que Nuccya, elle, fit rapidement le tour de la table, d'une démarche assurée pour lui tendre la main et dire d'une voix tout aussi assurée :

« Nuccya Di Lybès. Ravie de vous rencontrer. Et merci de me recevoir à dîner. Vous avez un fils tout à fait charmant, et j'espère que vous serez des nôtres au prochain gala donné par la compagnie de mon père. »

« J'en serai honoré. »

Il serra sa main tendue, et son regard se posa sur Élias derrière la jeune italienne. Il lui accorda un très discret signe de tête, presque imperceptible, mais qui empli Élias de joie. Pour la première fois, son père semblait être fier de lui. Il aurait pu en avoir les larmes aux yeux tant c'était inespéré.

Le repas ne fut que discussions politiques et professionnelles, le père d'Élias sondait Nuccya, lui posant des questions sur ce qu'elle envisageait pour l'avenir. Et sans surprise, la jeune fille fit un sans-faute, répondant à chaque fois avec justesse et mesure, allant dans le sens attendu par le paternel du blond. Elle était très douée pour cela, c'était indéniable. Élias, quant à lui, ne faisait que de très brèves interventions, il n'avait jamais été des plus bavards, encore moins face à son père. Il lui avait toujours répété qu'il n'avait pas droit à la parole pendant les repas, sauf si on lui posait directement une question. Mais ça faisait bien longtemps que ça ne le dérangeait plus. Moins il parlait, et moins il risquait de contrarier son géniteur, ce calcul s'était imposé de lui-même.

Gustave vint pour débarrasser les plats alors que Thérèsia apportait le dessert. Elle offrit un sourire discret à Élias, elle savait que pour lui ces repas -habituellement passés en tête-à-tête avec son père- lui étaient très pénibles. Elle lui servit une assiette avec une grosse part de fraisier, et quelques fraises fraîches supplémentaires. Elle savait qu'il adorait ça, depuis qu'il avait aidé Gustave à en planter étant enfant, comme une mère connaîtrait les goûts de son fils. Élias lui rendit son sourire doucement et surtout discrètement, il ne voulait pas lui attirer de problèmes avec le maître de maison. Thérèsia était l'une des raisons principales pour lesquelles il se forçait à supporter les humeurs de son père. Parce qu'il tenait trop à elle pour la laisser.

Alors que le repas était fini, et que Nuccya était partie au toilettes, le père d'Élias, au lieu de lui passer à côté et de retourner s'enfermer dans son bureau comme à l'accoutumé, lui pressa l'épaule, comme un geste de gratitude et de fierté, et cela le remplit de joie. Un sentiment quil n'avait guère l'habitude de ressentir en sa présence. Habituellement, tout ce que son père lui inspirait était la crainte et le sentiment de ne jamais être à la hauteur.

Oui, décidément il avait prit la bonne décision, se dit-il alors que son paternel quittait la pièce.

Élias descendit en cuisine pour aller demander à Theresia de préparer une chambre d'ami pour Nuccya. Puis il retrouva la jeune fille dans le salon et ils passèrent encore un peu de temps à discuter. Ils parlaient de leurs projets pour l'avenir. Malgré ce qu'elle avait dit à son père pendant le repas, la jeune femme ne voulait pas le moins du monde devenir mannequin, son rêve était de faire du théâtre, de pouvoir se fondre dans n'importe quel rôle et avoir enfin le sentiment de diriger sa propre vie. En un sens, tout comme lui elle rêvait de liberté. Et Élias n'avait pas le mondre doute sur le fait qu'elle ferait une très bonne actrice. Elle l'avait déjà amplement démontré.

Puis la discussion se fit un peu plus personnelle encore, Nuccya lui parla de ses parents, la voix serrée d'émotion quand elle évoquait les tromperies de son père qu'elle avait dû pendant des années cacher à sa mère. Elias se dit qu'il n'était finalement pas le seul à avoir une famille dysfonctionnelle sur le plan affectif, mais ça ne lui était d'aucun réconfort. Il posa une main sur celles de Nuccya et cette dernière lui sourit, severtuant à garder la face malgré les souvenirs douloureux qu'elle en était venue à lui raconter -elle ne savait d'ailleurs pas trop pourquoi, elle était rarement aussi prompte à se confier- et comme si de rien n'était, elle changea de sujet, détournant habilement la conversation comme elle savait si bien le faire.

-

[EDIT (28/09/21) : version révisée, j'ai ajouté quelque lignes à la fin sur Nuccya, je pense qu'ainsi on cerne mieux la psychologie du personnage haha]

Je ne suis pas très fière de ce chapitre, je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je le trouve assez brouillon.

BREF, à demain pour le prochain mes petits chats ♡

🐳

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top