Chapitre 22 : M I R R O R
Élias s'était réveillé le lendemain dans des draps rose poudré qui sentaient la fleur d'oranger. Quand il regarda son téléphone il fût surprit d'y trouver six appels manqués. Il paniqua un moment, croyant qu'il s'agissait de son père, après tout il avait largement dépassé le couvre feu puisqu'il avait découché, mais il ne sagissait que d'Alix, et il se dit qu'il le rappellerait plus tard.
Nuccya entra dans la chambre avec sa chemise de nuit en satin et un pardessus transparent. Elle était jolie, c'était indéniable.
"Tu as bien dormi ? Tu étais pas mal déchiré à la fin de la soirée, alors je n'ai pas voulu te laisser rentrer seul chez toi."
Le blond voulu se lever avant de se laisser retomber sur le lit, une main sur la tête.
"La gueule de bois, hein ? Monsieur 'je-ne-bois-pas-parce-que-je-tiens-à-mon-image'"
"Ouais, j'ai peut-être un peu dérapé hier soir. Je ne me souviens pas de grand chose."
La jeune fille ouvrit le premier tiroir de sa table de nuit style baroque et sorti une plaquette de médicaments. Puis elle servit un verre d'eau de la carafe en cristal pausée sur la commode au coin de la pièce.
"Tiens, ça fera passer le mal de crâne."
"Merci. Il est quelle heure ?"
"Pas loin de midi."
"Quoi ? Mais... et les cours ?"
"Ma mère est médecin, elle nous fera un mot d'excuses. Tu ne vas pas y aller dans cet état."
"Je ne veux pas manquer inutilement, déjà ce matin était de trop. Je n'ai pas de super notes en ce moment, et je suis délégué, je dois donner l'exemple." La contredit-il en avalant une gorgée d'eau.
"Oh arrêtes avec ça, tu prends les cours beaucoup trop au sérieux pour un riche. C'est vrai quoi, même si tu n'as pas les résultats qui vont, un petit diner avec le proviseur, un petit pot de vin et tu passeras où tu veux. L'argent est une chance, un privilège qu'il faut savoir utiliser, sinon il ne sert à rien."
Hormis le fait que son père lui ferait la peau s'il était obligé de débourser le moindre centime pour compenser ses mauvaises notes, Élias n'avait pas du tout la même vision des choses, pour lui l'argent n'était qu'un fardeau, il ne pouvait en disposer, mais en restait l'esclave. Il se garda pourtant bien d'exposer son point de vue à la jeune fille. Il ne voulait pas que cette dernière commence à s'intéresser à sa vision des choses, ce qui la mènerait à vouloir comprendre comment il en était arrivé à cet état d'esprit, et elle finirait par mettre le nez dans ses affaires, pour savoir pourquoi il avait une relation si conflictuelle avec son père. Et il ne voulait pas de cela. Personne n'avait besoin de savoir ce qu'il se passait chez lui, il en avait bien trop honte.
La jeune fille attrapa son téléphone et pianota un moment dessus, ses ongles parfaitement manucurés tapant rapidement sur l'écran. Puis elle posa l'objet sur son lit avant de dire à Élias :
"Samaël vient me voir, tu peux rester si tu veux, ou sinon je peux demander à mon chauffeur de te déposer quelque part."
Élias n'avait juste aucune idée de qui était ce Samaël, et son mal de crâne ne voulait pas passer. L'odeur d'orange qui lui avait parut douce en se réveillant semblait désormais entêtante, lui donnant presque des nausées.
"Tu sais Samaël était là hier, il est dans sa première année de fac, tu as pas mal parlé avec lui, tu te rappelles ? C'était juste après qu'on ait appelé Brenda."
''Brenda ? Comme la cousine d'Alix ? ''
''Oui. On a échangé nos numéros chez Alix, cette fille est extra, j'ai jamais vu quelqu'un avec tant d'énergie. Bref on lui a passé un coup de téléphone hier, parce que je voulais organiser un repas avec elle est Aïssah, tu sais, une soirée fille. T'as vraiment aucun souvenir ? »
Élias ne savait même pas qu'Aïssah et Nuccya avaient gardé contact avec la jolie rousse, mais quelque part, ça lui fit plaisir, parce qu'il ne doutait pas que Brenda était une personne formidable. Après tout, elle était la cousine du garçon le plus merveilleux de cette terre. Il hocha la tête, il ne devait pas totalement avoir dessoûlé pour avoir ce genre pensées incongrues. Il répondit à Nuccya un peu précipitamment pour ne pas se perdre dans ce genre de réflexions infondées.
"Non. Et je ne vais pas rester. Je n'ai pas prévenu mon père que je ne rentrais pas cette nuit, il risque de s'inquiéter."
S'inquiéter n'était définitivement pas le bon mot, mais qu'importe, il n'avait pas besoin d'entrer dans les détails.
"Oh, comme tu veux, je demande au chauffeur de te déposer où ?"
"Nul part, je vais marcher, ça me fera du bien."
"Mais qui marche encore pour se déplacer ? A la limite faire un footing pour pouvoir mettre des vêtements de sport super classes, mais marcher..." rit la jeune fille prenant une attitude faussement hautaine, un petit sourire en coin au bord des lèvres.
"Gueule de bois tu te rappelles ? Et j'ai pas trop envie de vomir dans ta voiture de luxe, je me suis déjà assez ridiculisé comme cela tu ne penses pas."
"Je croyais que tu ne te rappelais plus de la soirée ?"
"Oui et bien le peu dont je me souviens n'était pas glorieux."
"Tu n'imagines même pas à quel point ! Tu as fais tomber la tour de champagne, une vingtaine de verres en cristal pur."
"Tu plaisantes !"
"Pas le moins du monde."
Il ne se rappelait même pas de cette maudite tour de Champagne, qui commande une tour de Champagne pour une soirée parallèle ? Déjà son monde à lui, le blond le trouvait ridiculement excessif mais avec Nuccya, il venait clairement de tomber dans l'univers de la démesure. Il comprenait mieux pourquoi son père tenait tant à entrer dans ces dernières strates de la haute-société, l'appât du gain une fois de plus.
"Pour ne pas te mentir, tu n'étais pas le pire, tu aurais même pu passer pour sobre à côté de Paul. Lui était complètement à côté de la plaque. Mais il est toujours comme cela, Paul n'a aucune manière, c'est pour cela qu'il est si drôle de l'inviter à nos soirées, il bouscule notre quotidien."
Élias se surprit à presque le prendre en pitié, pour tous ces jeunes qu'il appelait ses amis, il n'était autre qu'une distraction, sûrement éphémère qui plus est...
Nuccya s'affala sur son lit et lui dit :
"Quand tu sortiras, tu pourras laisser la porte d'entrée ouverte, que Samaël puisse entrer ?"
Non, elle n'avait aucune intention de le raccompagner jusqu'à la porte. Et ce n'était même pas une sorte d'impolitesse, juste une indélicatesse qu'elle ne semblait pas remarquer, trop habituée à ce que tout lui soit servit sur un plateau. Avant qu'il ne quitte la pièce, elle lui lança, décollant pour la première fois son regard de son téléphone :
"Et, on se revoit bientôt ? Je t'aime vraiment bien."
Élias acquiesça, sans vraiment savoir comment interpréter ces mots et quitta la luxueuse maison.
En marchant pour quitter ce quartier sur les hauteurs de la ville, le blond réfléchissait, ou plutôt il tentait de ne pas se laisser trop envahir pas ses pensées parasites, et de les traiter une à une.
Il ne comprenait pas tellement Nuccya. Il l'avait d'abord cru naïve, le genre de fille un peu bête qui ne savait que sourire et faire ce que l'on attendait d'elle, puis il l'avait vu sous un autre angle, calculatrice et manipulatrice, elle tournait les choses à son avantage, se cachant sous la masque de la fille parfaite pour éviter les problèmes et être libre quand, comme hier soir elle voulait être elle-même, s'amuser et rire avec ses amis, et enfin, ce matin, même si elle restait gentille, elle lui montrait un autre visage encore, celle de la pimbêche friquée qui ne pense qu'à sa petite personne avant tout le reste. Vraiment, il ne comprenait pas. Comment pouvait-elle avoir autant de visages si différents à la fois ? Et lequel était son vrai visage.
Puis Élias pensa à lui-même. Lui aussi il jouait un rôle, mais contrairement à Nuccya qui semblait le faire volontairement pour servir ses intérêts, lui s'y voyait contraint, par son père, par la société, par tout le monde, si bien qu'il se retrouvait perdu. Peut-être que finalement il n'était pas si different de la jolie brune, chacun, à leur manière avait fini par oublier qui ils étaient réellement, enfin il semblait plutôt à Elias que lui ne l'avait jamais su, mais pour ce que ça importait désormais...
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Un peu, beaucoup d'amour. Offrez des diplodocus, le monde en a besoin.
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[EDIT (12/09/21) : Version révisée, j'ai ajouté quelques petits passages pour que ce soit plus fluide et cohérent avec la suite ^^]
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