Chapitre 2 : U N K N O W
[Je pose ça là, j'ai énormément de retard sur AMEPQF, promis vous aurez un chapitre demain, je suis trop désolée mais j'ai plus de chapitre d'avance et là avec mes inscriptions à la fac et tout j'ai pas trop le temps de me pencher dessus :(
Bonne lecture...]
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Le lendemain matin, Alix se réveilla -évidemment en retard-, s'habilla de son short rayé et d'un T-shirt blanc à capuche, avec le bas en résille, de ses converses blanches et des chaussettes de tennis à bandes bleues avant de prendre son sac à dos, une barre au chocolat et de sortir. Il n'avait même pas eu le temps de se coiffer, ou de se maquiller, à peine de se faire les sourcils et de mettre un peu d'highlighter. Il s'apprêtait à sortir de chez lui quand son père, depuis le salon l'interpella :
« Tu n'as pas l'impression d'être en retard ? »
« Mon réveil n'a pas sonné... »
« Ou tu ne l'as pas entendu parce que tu es encore allé te coucher à pas d'heure, non ? »
Le bleu rougit un peu, prit sur le fait avant que son père ne rie un peu et ne lui dise :
« Aller, viens, je t'emmène. »
« C'est vrai ? »
« Ouais, va chercher les clefs de la voiture, je vais me chausser. »
« Laquelle ? »
« Comme tu veux. »
Le sourire aux lèvres, Alix alla chercher les clefs comme son père le lui avait demandé et il prit évidemment celles de la BMW, au détriment de celles de la Clio que son paternel avait comme voiture de fonction.
Quand il les tendit à son père se dernier rit :
« On voit que tu as l'argent mignon toi, tu sais que c'est nous qui payons l'essence dans celle-là ? »
Son père le lui avait déjà répété une bonne dizaine de fois, l'essence de la Clio était payée par la société où il travaillait, mais Alix ne pouvait jamais résister à monter dans la berline grise dès qu'il en avait l'occasion, il adorait cette voiture, et il savait que son père également. Ce dernier fit d'ailleurs vrombir le moteur avant de prendre la route, roulant légèrement au-dessus des limitations de vitesse. Alix adorait cela, depuis tout petit, les ballades en voiture avec son père était comme un petit rituel, comme certains ont pour tradition de faire des match de foot père-fils ou des parties de pêche.
« Et voilà jeune homme. » Dit-il en s'arrêtant devant le lycée d'Alix qui sorti tout sourire.
« A ce soir ! »
« A ce soir. »
Alix s'empressa de monter les escaliers pour aller en classe car il n'était tout de même pas en avance. Devant sa salle, il toqua et son professeur de mathématiques vint lui ouvrir. Ce dernier le détailla de haut en bas avant de déclarer :
« Je ne t'accepte pas en cours dans cette tenue. »
Cela provoqua quelques rires et chuchotements dans la salle, que ce soit d'indignation ou d'approbation et Alix fronça les sourcils.
« Quoi ? Mais je suis habillé normalement... Cette école n'oblige pas le port de l'uniforme jusqu'à preuve du contraire ! »
« Je ne veux pas le savoir, tu ne rentreras pas dans mon cours ainsi. Il y a un délégué pour l'accompagner au bureau des surveillants ? Ils lui donneront du travail, je n'ai rien pour lui. »
Alix ouvrit la bouche, comme pour répliquer, mais ne trouva rien à dire tant il était heurté par la rudesse de ce professeur, il aurait pourtant dû y être habitué, ça allait bien faire deux ans qu'il suivait ses cours et supportait ses remontrances. Mais aujourd'hui, elles faisaient un peu plus mal encore, parce qu'il était fatigué, physiquement mais surtout mentalement, la semaine précédente avait comme drainé toute son énergie hors de son corps.
Quelques minutes plus tard, toujours perdu dans ses douloureuses pensées, Alix se retrouva à suivre Élias dans les couloirs vers le bureau de la vie scolaire. Et bordel ça faisait longtemps qu'il ne s'était pas sentit aussi humilié. Élias marchait devant lui sans le regarder, dans un silence pesant.
« On peut s'arrêter aux toilettes cinq minutes ? »
Élias se tourna vers lui, incertain, ses sourcils blonds légèrement froncés. Alix comprit le malentendu et se reprit immédiatement quelque peu désagréable :
« J'ai juste besoin de pisser, t'inquiètes pas, je ne suis pas non plus un animal, j'compte pas t'sauter dessus. »
Son ton était agressif, pas parce qu'il était énervé, mais parce que c'était le seul moyen qu'il avait trouvé pour ne pas laisser poindre ses larmes. Le fait qu'Élias ne le voit que comme un détraqué sexuel lui faisait mal.
« Ok, je t'attends dans le couloir. »
Alix hocha la tête avant de rentrer dans les toilettes et de se poster devant le miroir au dessus des lavabos. Il détailla sa tenue et se demanda ce qui avait pu énerver son professeur au point de ne pas même le laisser assister aux cours. Son short taille haute était plutôt long et large, et son T-shirt était en maille fine, ample, pas même transparent sur son entièreté, on ne devinait à peine ses flancs et son nombril en dessous. Ce n'était pas pire que les débardeurs de sport à emmanchures ultra échancrées que certains garçons portaient. Alix ne se trouvait pas vulgaire. Mais il se sentait si bête, peut-être que les autres avaient raison, qu'il devrait s'habiller comme tout le monde et arrêter de vouloir être différent, peut-être qu'en réalité il ne cherchait qu'à se faire remarquer...
Immédiatement, il senti ses yeux s'humidifier et les larmes couler sur ses joues. Il se fit ironiquement la remarque qu'au moins il ne foirerait pas son maquillage étant donné qu'il n'avait pas eut le temps de le faire ce matin. Il regarda son propre reflet dans la glace et se trouva pathétique. Du dos de la main il essuya une larme qui était coincée entre ses cils et qui menaçait de tomber.
« Alix ? »
Il sursauta à l'entente de la voix d'Élias, il n'avait même pas ouï le grincement de la porte.
« Euh ouais, j'arrive. »
Alors que le bleu allait passer à côté de lui pour sortir des toilettes, Élias l'attrapa par le bras.
« Attends, ça va pas ? »
Il lui offrit son plus faux sourire avant de lui répondre nonchalamment :
« Si, très bien pourquoi ? »
« Tu pleurais Alix. » Souligna le blond.
« Ouais, bah c'est pas ton problème ! Ou alors tu vas faire un rapport au proviseur, encore ? Ça non plus j'ai pas le droit ? Pleurer dans les chiottes, c'est comme y baiser, c'est interdit ? »
« Quoi ? Non, pas du tout, c'est juste que je m'inquiète. Tu n'étais pas en cours la semaine dernière, et là, tu vas t'enfermer dans les toilettes pour pleurer... »
« Oh non tu ne t'inquiètes pas, tu joues seulement au petit délégué parfait, mais tu n'en n'as rien à battre de ce que je pense ou ressens, vraiment rien à battre. Je te permets seulement d'asseoir ton image de mec tolérant et parfait, à l'écoute des opprimés. Mais tu vois, je ne suis pas comme ça, j'ne suis pas un opprimé tu ne connais rien de moi alors arrête de te croire supérieur ! »
« Toi non plus tu ne connais rien de moi Alix, et tu me juges plus que l'inverse. Soit dit en passant, je ne me sens aucunement supérieur à toi, je t'admire même parfois, sur certains points. »
Le bleu ouvrit la bouche mais ne dit rien, choqué de ce qu'il venait d'entendre et se rendant compte qu'effectivement, il était celui des deux qui était en train de porter des jugements sans savoir. Il en eut un peu honte.
« Pardon tu as raison. »
« C'est rien, laisse, explique-moi juste pourquoi tu pleures ? » Lui sourit Élias. Encore ce sourire, ce sourire de mec parfait.
« Rien. Je me sens con, c'est tout. »
« A cause de moi ? »
Alix hocha négativement la tête avant de dire :
« Enfin si, parfois. Ça arrive que quand tu me regardes, ça me fait me sentir sale, j'ai l'impression que tu me vois comme la pute du lycée et c'est douloureux... »
Ses mots étaient durs, peut-être un peu trop, ce n'était pas tellement pour se dévaloriser, mais parce qu'il finissait par intérioriser, et même exacerber ce qui se disait parfois de lui.
« Alix, c'est pas du tout vrai. Je ne pense pas ce genre de choses dégradantes quand je te regarde. Je pense que tu es un magnifique garçon qui a le courage de s'assumer tel qu'il est et d'envoyer les autres se faire voir quand ils te disent que tu devrais être autrement. Je te l'ai dit, je t'admire Alix. »
« Et tu dis ça parce que tu le penses ou pour me consoler parce que tu dois être gentil avec les autres élèves ? » Demanda Alix d'une petite voix, parce qu'Élias se trompait tellement. Il était loin d'être ce garçon fort qu'il lui décrivait. Si loin.
« Pourquoi tu ne veux pas comprendre que je ne te déteste pas ? Tu penses vraiment que je suis un hypocrite de première que je ne peux pas apprécier quelqu'un sans que ce ne soit pour améliorer ma réputation ? »
« Ça fait de moi un connard si je dis oui ? »
« Probablement. »
« Alors je vais me taire... »
Élias pouffa, et pour la première fois, Alix l'entendait rire réellement, d'un vrai rire sans retenue.
« Il faut dire qu'on ne s'est pas rencontrés dans les meilleures conditions. »
« Qu'est-ce que tu veux dire pas là ? » Demanda le blond.
« Que dès notre première année dans ce bahut on a été rivaux. On voulait tous les deux être délégués, pour devenir président du conseil des élèves. Tu as réussi, moi pas. »
« Ouais, mais tu m'as plus ou moins laissé gagner, non ? Enfin après avoir voulu coucher avec moi pour que je me retire de la compétition. »
« C'était con et j'étais bourré, et tu m'a rejeté. Pour ça je ten ai voulu. Puis j'ai compris que tu avais plus besoin de remporter cette élection que moi, j'ai pas trop compris pourquoi, mais toi aussi tu étais dans un sale état ce soir-là si je ne m'abuse. »
Élias grimaça en repensant aux souvenirs flous de cette soirée-là. C'était la première fois qu'il parlait au bleu et il ne savait pas encore qu'il allait devoir passer son temps à lui rappeler que coucher dans les toilettes était contraire au règlement intérieur, ni qu'Alix allait se mettre à le détester pour cela.
« T'as raison. Ça arrive pas mal souvent en soirée... C'est pour ça que j'évite d'y aller. J'aime pas l'image que j'y renvoie. »
« Mais les soirées c'est fait pour ça, pour être vraiment soi-même et oublier tout le reste. Un jour j'organiserai une soirée où chacun pourra être qui il veut, sans que personne ne puisse juger. Et ce qui se passera à cette soirée restera à cette soirée. »
« Alors on fait la paix ? »
Alix se surprit à sourire, parce que dans le fond, lui et Élias n'avaient jamais été en guerre, et il le savait.
« Ça dépends, tu vas encore me menacer de faire un rapport sur moi parce que je me maquille ou baise dans les toilettes ? »
« Je ne te menace pas Alix, je te mets en garde, parce que faire un rapport c'est ce que je suis censé faire, si je ne le fais pas, c'est parce que je trouve ça injuste. Que tu n'aies pas le droit de te maquiller hein, pas de coucher. »
« Alors même toi tu sais désobéir aux règles ?»
Élias baissa la tête sans répondre et le plus petit comprit qu'il avait sans doute été trop loin sur ce coup, comme si sa plaisanterie avait réellement touché Élias, sans doute car quelque part elle contenait un fond de vérité. Parce qu'il ne voulait pas s'aventurer sur ce chemin là, Alix fit ce qu'il savait le mieux, il détourna la conversation.
« Bon on y va ? Après tout tu es censé me conduire à la vie sco, pas discuter avec moi dans les toilettes. »
Le blond hocha la tête et tous deux se remirent en route.
C'était la première fois qu'ils avaient une vraie discussion, et de nouveau, ça avait lieu dans les toilettes du lycée, à croire que toutes leurs premières expériences communes allaient y avoir lieu.
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[EDIT (6/8/21) : Version révisée]
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