Chapitre 15 : D I S O B E D I E N C E

A quelques pâtés de maisons de là, dans une grande maison luxueuse, de la vaisselle se brisait en même temps qu'un cœur. Pétrifié, Élias, regardait son père fulminer. Puis quand ce dernier le fixa de ses grands yeux noirs, colériques, le jeune garçon fut forcé de baisser le regard, intimidé par l'intensité de la fureur qui y résidait. Il laissa son regard se promener sur le soliflore cassé au sol, c'était celui de sa grand-mère...

« Deux semaines. Je suis parti deux semaines, et quand je reviens, je te retrouve dans cette tenue en train d'aller à je ne sais quelle soirée en pleine semaine ? »

Élias regarda ses vêtements, il avait voulu surprendre Alix et avait troqué ses jean's simples ou paltalons smoking contre un short en lin dans lequel il avait renté un T-shirt pastel à rayures horizontales, il avait chaussé des converses blanches avec ses chausettes tennis. En gros, rien qui n'aurait pu être au goût de son père, d'aucune manière que ce soit. Pourquoi avait-il fallut qu'il rentre ce soir, au moment même où Élias s'apprettait à sortir ?

Puis une idée germa dans son esprit. Une idée qui pourrait un peu faire redescendre la colère de son paternel. Il prit une grande inspiration, parce qu'il redoutait la réaction qu'il pourrait avoir, il n'avait jamais essayé de réellement lui exposer son point de vue et ça le terrorissait. Mais ce soir, et peut-être pour la première fois, du moins avec cette intensité, Élias désirait vraiment quelque chose, il voulait réellement aller à cette fête, pour ses jolis yeux...

« Puis-je parler père ? »

« Vas-y, dis ce que tu as à dire, pour ce que ça vaut... »

Élias s'éclaircit la gorge avant de se lancer. Il essaya de paraître le plus sûr de lui possible, parce que son père détestait la faiblesse.

« J'ai lu une étude dans un journal scientifique. Il était question des fêtes et des dangers qu'elles peuvent représenter. Certains élèves sont mals dans leur peau et les fêtes lycéenes exacerbent ce sentiment. En parallèle, j'ai eu il y a peu une discution avec le principal du lycée, et vous n'êtes pas sans savoir que j'occupe la fonction de président du conseil de élèves. Il m'a donc enclin à garder un œil sur mes camarades, afin de déceler les premiers signes d'un quelconque rejet de la part des autres ou d'un mal-être. De ce fait, je me suis dis que me rendre à une de ces soirées pourrait m'être utile. Pour accomplir ma tâche de délégué convenablement. Et aussi pour relever les comportements dicidents et pouvoir les signaler... »

Sa voix faiblit pour ne finir qu'en un murmure alors que son père lui jetait de nouveau un œil mauvais.

« C'est toi qui a un comportement dicident avec ces vêtements de pédale ! Non mais regarde-toi dans la glace. »

D'un geste brusque il tira Élias, l'empoignant pas les cheveux, jusque devant le mirroir du salon. Salon dans lequel était assise la mère d'Élias, aussi belle et aussi blonde que lui. Elle leva le regard vers son fils, un regard désolé, mais Élias n'aurait su dire si elle était désolé pour lui ou à cause de lui, ça lui fit d'autant plus mal. Elle détourna presque aussitôt les yeux. Une fois de plus elle ne prendrait pas partie, laissant Élias aux prises de son mari qu'elle avait apprit à craindre. Elle s'effaçait du tableau, tant et si bien que le blond doutait parfois d'avoir une mère.

"Je suis désolé père... Je..."

La vérité c'est qu'il ne savait plus quoi dire pour calmer son père, mais il voulait vraiment, vraiment, aller à cette soirée. Ça avait l'air tellement important pour Alix. Et il ne voulait surtout pas voir la déception dans ses jolies mirettes bleues, s'il n'y allait pas.

"Tu vas te changer, je te parlerais quand tu sera dans une tenue décente." Cingla la voix de son paternel, glaciale.

Élias s'apprêtait à l'écouter -comme toujours- et à monter se changer quand il prit conscience que quoi qu'il fasse, son père ne serait jamais fier. Il trouverait toujours à redire. Le blond ne serait jamais assez bien pour lui, le supplier n'y changerait rien. Alors il saisit simplement son sac à dos possé sur une chaise à l'entrée, et il fit face à son père qui le fixait, furieux, et à sa mère qui baissait le regard, désemparée.

"Non. Non je ne vais pas me changer, et je vais aller à cette fête, pour toutes les raisons que je t'aies dites tout à l'heure, mais aussi et surtout parce que j'en ai envie. Et bordel tu n'as pas le droit de m'empêcher de vivre."

C'était son premier acte de rébellion, depuis toujours. Son père outré ne pipa mot, trop surpris, laissant tout juste le temps au blond de quitter la maison en claquant la porte. Et une fois dehors, Élias se mit à courir comme un fou, à s'en brûler les poumons, mais le sourire au lèvres, trop heureux à chaque pas qui mettait un peu plus de distance entre lui et sa maison trop vide d'amour.

A bout de souffle, il monta dans un bus et se laissa tomber sur la banquette au fond du véhicule. Il regarda l'heure sur son téléphone, 00h30. Alix allait le bouder, ça il en était certain. Il connaissait assez le garçon aux cheveux bleus maintenant pour savoir que son retard allait lui valoir quelques piques. Il jeta un œil à l'intérieur de son sac à dos pour être sûr de ne rien avoir oublié. Une bouteille de Dry Gin qui se baladait entre son chargeur de téléphone et un sweat qu'il avait pris au cas où il aurait froid, bien qu'il doute fort que ce soit le cas, ces temps-ci, la température ne descendait jamais sous la barre des 13°C la nuit. Il avait aussi repris les vêtements qu'Alix lui avait prêté et qu'il n'avait encore pas eut l'occasion de lui rendre.

Le bus se stoppa un peu brusquement, manquant de faire échapper son téléphone au blond et le chauffeur beugla depuis l'avant :

"C'est le terminus mon p'tit."

"Oh euh... Merci."

Il descendit du véhicule, passa devant son lycée, puis une dizaine de minutes plus tard, il était devant la maison d'Alix.

Le petit jardin était envahi de jeunes qui buvaient et babillaient joyeusement. Dans un coin, quelques-uns s'embrassaient. Tout le lycée -du moins les classes de première et de terminales- semblait être là, que ce soit les populaires ou les insociables, personne ne semblait avoir résisté à l'attrait de l'aura solaire du bleu. Et dire que ce garçon-là n'avait pas confiance en lui... Élias se demandait encore comment Alix pouvait ne pas être au fait de la fascination qu'il provoquait chez quiconque se perdait un peu trop longtemps en sa contemplation.

Sans s'attarder plus que nécessaire dans le jardin, Élias pénétra dans la maison où le volume des enceintes était encore plus puissant. Elle sonnaient presque faux tant le son était fort, grésillant sur les basses et sifflant dans les aigus. Des lumières bleues et roses éclairaient la pièce ainsi que quelques spot à effet stroboscopique. Élias se demandait comment Alix avait pu organiser tout ça si rapidement. Ce garçon avait un don.

Élias attrapa le bras d'une jeune fille en robe rouge pour lui demander :

"Tu as vu Alix ?"

"Hey Élias ! Je ne savais pas que tu venais."

"Ouais... Je ne suis pas sûr de rester Nuccya. Tu sais où est Alix ?"

"Non mais on s'en fout. Viens on va boire un verre."

Élias hocha positivement la tête, parce qu'il ne savait pas comment refuser. Nuccya était une jolie fille, ils traînaient avec le meme groupe d'amis, et elle lui avait demandé gentillement. Ou plutôt elle ne lui avait pas laissé le choix puisqu'elle le tirait déjà par le bras jusqu'au bar à boissons. Elle lui servit une vodka-orange, basique et prit la même chose.

"Tu sais, j'ai toujours voulu venir te parler, enfin pour autre chose que des sujets triviaux, mais je dois dire que tu m'intimides un peu alors j'ai jamais osé... Tu es tellement parfait."

Stressé, Élias bu son verre cul-sec et reposa ses yeux verts fatigués sur Nuccya. C'était vrai que s'ils se côtoyaient, mangeait à la même table le midi, ils ne s'étaient jamais vraiment parlés.

"Je ne suis pas si parfait."

"Modeste en plus. Tu sais quoi, je voudrais vraiment qu'on fasse plus connaissance, si tu vois ce que je veux dire." Souffla-t-elle en montrant l'escalier de l'étage d'un petit geste de tête.

"Eum... Peut-être plus tard."

Elle sembla surprise de se faire éconduire, mais ne se laissa pas démonter.

"Ouais ? Bon, comme tu veux. Je te donne quand même mon numéro."

Elle prit un marqueur qui traînait sur la table, celui pour écrire son nom sur son gobelet, et inscrivit son numéro en gros chiffres arrondis sur la main du blond, avec un petit cœur à la fin. Elle lui lança un petit sourire déçu avant d'ajouter :

"Au fait, je crois qu'Alix est en haut."

Ni une, ni deux, Élias s'élança vers les escaliers, loupant le soupir de désespoir de la jolie jeune fille.

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Avec amour et dévotion,

Paradoxalementparadoxale.

[EDIT (24/08/21) : Version révisée]

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