Chapitre 12 : A N G E R
Évidemment, Alix et Élias étaient arrivés en retard en cours, et si rien que pour cela, le blond aurait pu se lamenter, ce fut encore pire quand le professeur de mathématiques décida qu'il ne les accepterait pas en cours, compte tenu de leur retard, mais aussi et surtout de sa foutue haine contre Alix.
Brodel. Ça le foutait en rogne de que cet idiot de enseignant puisse s'en prendre à Alix pour des choses si triviales. La seule chose sur laquelle il était en droit de le juger était ses résultats, qui depuis toujours étaient excellents dans sa matière, ce qui rendait le tout encore plus injuste.
Assis dans la petite permanence, Élias regardait ses mains trembler, les cachant sous la table à chaque fois qu'Alix se tournait vers lui. Il avait peur. Peur de ce que son père allait dire -et faire- parce qu'il savait que cet hypocrite de professeur allait s'empresser d'aller lui répéter ô combien son fils avait de mauvaises frèquentations et ô combien il devenait un mauvais garçon. Ouais, tout ça le faisait flipper. Jamais il n'aurait dû découcher cette nuit. C'était stupide et irréfléchi de sa part.
« Tout va bien ? » S'inquiéta Alix alors que le blond n'avait pas décroché un mot depuis au moins une dizaine de minutes.
« Ouais, ça me fait juste chier de rater un cour de math. J'ai foirré le dernier exam et je comptais essayer de me rattraper sur le prochain, mais je loupe déjà les cours. »
« Désolé... C'est un peu de ma faute, mais si tu veux je peux essayer de t'expliquer ce que tu n'as pas compris, pour me faire pardonner. »
« Tu ferais ça ? »
Alix haussa les épaules comme si la question d'Élias était idiote. Il rapprocha sa table de celle d'Élias, s'attirant un regard ennuyé du surveillant parce qu'il faisait du bruit, et il ouvrit ses cahiers. S'en suivit une longue heure d'intenses explications et d'exercices.
Élias en ressortit éreinté, mais plus ou moins détendu, parce que pour la première fois depuis un long moment, il avait assimilé toutes les notions du cours.
L'heure d'après, les deux garçons avaient un cour de français. Ils allèrent s'assoir chacun de leur côté de la salle, à leurs places respectives. Et le reste de la journée se passa comme s'ils ne se connaissaient pas vraiment, comme ça avait toujours été. Seule différence avec le reste du temps, quand Élias vit Alix rentrer dans les toilettes accompagné d'une jolie fille cette fois, il se contenta de l'ignorer, parce qu'ainsi, il pouvait également ignorer le pic de colère qui montait en lui, pic qui, il le savait bien tenait plus de la jalousie que de la réelle colère. Et ceci était insensé.
Il en fut ainsi pendant toute la semaine, et pendant celle d'après, de même pour la suivante. Quelque part, Élias en était soulagé. Car il ne pouvait s'empêcher de voir Alix comme un motif qui pourrait premettre à son père de le rabaîsser, encore et encore. Il avait eut peur qu'Alix ne les considère comme amis suite aux quelques rapprochements qu'ils avaient eut -après tout, de son point de vue, Alix était un peu ami avec tout le monde- et que cela remonte aux oreilles de son père.
Enfin pour le moment, il était un peu tranquille, son père était absent depuis presque une semaine déjà, repoussant la discussion au sujet de son changement de lycée, ça libérait Élias d'un poids qu'il ne soupsonait pas. Il n'était plus là pour regarder chacun de ses gestes d'un œil scrutateur, attendant qu'il fasse la moindre erreur, le moindre écart de conduite, pour lui faire une leçon de dicipline. Le personnel de maison semblait également plus détendu, l'ambiance plus gaie. Élias se permit même d'espérer que cela dure, que son père ne revienne jamais de son voyage d'affaires. Parce qu'il pouvait se permettre de rentrer à l'heure qu'il voulait, de se coucher après le couvre feu, et même de regarder des émissions débiles à la télé. Alors ouais, pour la première fois depuis très longtemps, il s'autorisait à détendre ses épaules et être un peu moins sur le qui-vive dans sa propre maison. C'était surprenant, mais il aimait cette sensation d'être en paix.
Il croyait que personne n'allait remarquer que depuis quelques jours son sourire était réellement heureux, plus seulement un sourire de façade et de premier de la classe, mais c'était sans compter sur Alix. Le bleu avait bien vu qu'Élias semblait vraiment détendu ces dermiers temps. D'ailleurs, il le trouvait incroyablement beau, avec ce petit sourire en bandoulière, si bien qu'il ne pouvait détourner les yeux de lui. Et si d'habitude le bleu était tout sauf timide, là, il n'osait pas même s'approcher d'Élias, par peur de briser cette bulle de bonheur dans laquelle il semblait évoluer. Il avait peur de faire ternir son sourire alors il l'observait de loin, tellement focalisé sur Élias qu'il se négligeait lui-même. Combien de fois était-il arrivé au lycée à peine coiffé cette semaine ? Sans parler de ses vêtements qu'il piquait toujours à son frère, trop blessé par les nombreuses attaques de son professeur de mathématiques pour parvenir à rester fièrement qui il était. Et les gens commençaient à jaser à son sujet. Parce qu'évidement, un excentrique qui tente de se fondre dans la masse fait autant parler qu'un renfermé qui se dévergonde. Mais cette attention qu'on lui portait était toxique, les gens étaient à l'affut des raggots pour brisser des réputations, et le bleu savait qu'il ne saurait supporter cela plus longtemps, or il ne savait comment s'en défaire. Et puis nous l'avons dit, il était beaucoup trop concentré sur Élias. Tant et si bien qu'il ne se rendit pas compte qu'il fixait un peu trop intensément tout le petit groupe de Julien, une fois de plus.
Ils parlaient tous avec effervescence d'une fête qui avait eut lieu la veille où l'avant-veille chez Paul, le meilleur ami de Julien. Le genre de fêtes auxquelles Alix n'était jamais allé, auxquelles il n'était jamais invité. Les fêtes immenses auxquelles des inconnus s'invitent d'eux-mêmes. Pour Alix, les fêtes se résumaient à quelque bouteilles, du son plus ou moins bon, des amis, plus ou moins proches et voilà tout. Il avait cette envie, au fond de lui, d'appartenir à un groupe comme celui de Paul et Julien, et pas que pour se rapprocher d'Élias.
Assis sur un banc, ils riaient aux éclats à une blague lancée par Marc. Pour une fois, elle avait vraiment l'air drôle. Alix trouvait habituellement son humour plutôt lourd, parfois même infect. Tantôt s'attaquant au physique, au genre, ou encore à la sexualité des uns et des autres. À tout bout de champs, il balançait des « PD », des « femmelette » ou encore des « grosse vache » comme un enfant de six ans à qui personne n'aurait jamais appris les mots politesse et respect. Alix le détestait pour cela, et surtout il avait peur de finir un jour parmi ses nombreuses victimes, mais malgré cela, il ne pouvait empêcher une partie de lui de l'envier, comme s'il y avait quoi que ce soit d'un tant soit peu admirable chez lui. La seule a le remettre à sa place, de temps à autres, était Nuccya, et ce seulement quand elle n'était pas déjà trop accaparée par ses propres affaires. Ce qui était plutôt rare pour la jeune fille qui était réputée pour ne penser qu'à elle. Les rares fois où elle écoutait vraiment ce que les autres avaient à dire étaient quand cela la concernait directement, ou bien, en moindre mesure, quand cela concernait sa meilleure amie Aïssah. C'était à peu près tout ce qui pouvait l'intéresser. Alix la vit couler un regard vers Élias, qui conversait avec un autre garçon, et même s'il n'avait jamais vu la jeune fille parler directement au blond, il lui envia sa proximité avec celui-ci. Ils faisaient parti du même groupe d'amis, du même monde. Pour elle, Élias était à porté de main, pour lui, il était inatteignable.
Perdu dans sa contemplation, Alix ne vit pas ce garçon s'approcher de lui et se laisser tomber sur le banc à ses côtés. Il sursauta et enfin détourna les yeux de la silhouette fine d'Élias, pour tomber dans deux orbes vertes qu'il avait déjà vu : Éos. Ce garçon qui semblait au dessus de tout jugement, qui ne se laissait pas atteindre, même pas par la polèmique qui avait eut lieu il y a quelques mois et dont il avait été le centre. N'importe qui serait denenu la risé du lycée, mais pas lui. Il avait seulement gardé la tête haute et continué sa route sans accorder d'importance aucune à ce que pouvaient penser les autres. Pourtant avant lui, personne n'était sorti indemne des griffes de Julien et toute sa clique. Alix, lui, les craignait profondément, car il savait qu'un seul mot d'eux et sa vie pouvait devenir un enfer. Éos les avait simplement défié du regard quand ils avaient voulu l'enterrer, et les rumeurs étaient toutes mortes avant même d'avoir pu commencer à enfler.
« Donc tu es Alix, c'est ça ? »
Le bleu était surprit qu'il connaisse son nom, et encore plus qu'il lui adresse la parole, la dernière fois qu'il avait voulu lui parler, dans le bureau des surveillants, le garçon l'avait superbement ignoré...
« Ouais. » Souffla-t-il seulement, mal à l'aise.
« Sans déconner, tu vas te laisser marcher dessus encore longtemps ? Non parce que tu étais un des rares à ne pas avoir l'air d'un parfait connard sans personnalité dans ce lycée et là, j'crois que tu le deviens. »
« Quoi ? » Demanda le bleu, s'attandant à tout sauf à ce qu'un inconnu vienne s'asseoir à ses côtés pour l'insulter.
« Putain mais t'as vu la gueule que tu tires ? T'es pas heureux parce que tu laisses les autres diriger ta vie. Tu laisses ce gars-là jouer avec toi. »
Il pointa Élias du doigt. Et à cela, tout l'esprit d'Alix se révolta. Élias ne jouait pas avec lui, ils n'étaient pas assez proches pour cela. Quelque part, Alix aurait préféré que ce soit le cas si cela signifiait se rapprocher de lui.
« C'est pas ça. Juste... »
« Déments pas, tu sais que j'ai raison. » Tacla Éos sans la moindre expression.
« Ok, mais tout le monde n'est pas insensible comme toi ! Quand on pense quelque chose de moi, ça me touche. Je voudrais que les gens m'aiment, et me respectent... » S'emporta Alix parce que la véracité des propos d'Éos le blessait.
« Les gens sont des cons, arrêtes de faire attention à eux. Ceux que tu dois impressioner sont ceux qui comptent. »
Instinctivement, le bleu laissa son regard vagabonder vers Élias.
Ceux qui comptent...
« Et si je me fais descendre en public ? »
« T'as qu'à ignorer. »
Ignorer. Il n'y avait pas si longtemps, il avait donné le même conseil à Élias, ignorer le jugement, sans remarquer que cela faisait un moment qu'il ne le suivait pas non plus. A trop vouloir que tout le monde l'aime, il avait fini par donner aux autres un pouvoir immense sur sa vie. Tout ça parce qu'il avait peur que les personnes auxquelles il tenait finissent pas l'abandonner s'il ne faisait pas tout pour leur plaire.
Le brun qui semblait avoir épuisé son quota de gentillesse -tout à fait relative- pour la journée haussa les épaules avant de se lever et de repartir comme il était venu. Le bleu était un peu perdu, mais tout à coup, il comprit. Il comprit que la force qu'il dont il croyait Éos capable, il avait la même en lui. Il suffisait qu'il trouve la motivation pour la laisser s'exprimer.
Il ramassa son sac au sol et quitta l'enceinte du lycée, tant pis pour les derniers cours. Son mental venait de changer, et sa garde-robe le devait également. Cet après-midi, c'était virée shopping. Il allait leur offrir un feu d'artifice, un de ceux difficilement oubliables. Chacun est l'image qu'il renvoie, et Alix prit la décision de désormais en renvoyer une éclatante. Éos avait raison, les gens comme Julien s'en prennent seulement à ceux qu'ils croient faibles, et s'il ne faisait rien, en voulant justement se prémunir d'eux, il allait finir par devenir la proie idéale.
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Ça fait 8 jours que je publie tous les tours, je suis au quart du mois que je me suis donné, j'espère aller au bout haha 🤞🏻
Avec amour et dévotion,
Paradoxalementparadoxale.
[EDIT (23/08/21) : version révisée]
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