4 🌪️ Encore.

"Ceux qui gardaient en eux leur souffrance étaient les plus susceptibles à devenir des Fléaux."

EZEKIEL

— Ta garde ! Tiens la bien droite, grondai-je posté face à Sam, déjà épuisé des deux derniers jours.

Le pauvre affichait une mine déconfite, des cernes mais une persévérance à toute épreuve. C'était cela que je voulais voir en lui. Je ne voulais pas le voir abandonner, quand bien même il se blessait, pleurait, fatiguait. Il devait continuer et ne pas écouter les signaux alarmants de son corps. C'était là le but d'un Gardien en devenir : être capable de se relever, même quand son cœur était sur le point de lâcher.

Nous ne savions pas encore quelle gemme était la plus appropriée pour lui parce qu'Elya avait refusé de se lier à lui. Elle ne me parlait pas beaucoup alors j'étais incapable de savoir si cela concernait son secret à propos du Saphir. Elle qui disait toujours la vérité se voyait confrontée à nos choix difficiles de préserver les plus faibles. Cependant, je restais optimiste. Sam allait devenir plus fort.

— Comme ça ? couina Sam en redressant son épée.

C'était celle qu'avait utilisé Alexius, cette même épée sur laquelle il avait jeté son dévolu lors de notre arrivée à la forge de Novendill. Elle était lourde mais son acier argenté brillait même sans les rayons du soleil.

— Ancres tes pieds dans le sol, regarde toujours droit devant toi et surtout, analyse tes ennemis. Chaque ennemi, même le plus fort de tous, a un point faible. En l'observant, tu dois pouvoir le localiser.

— OK mais comment j'observe un ennemi si je suis en train de me battre pour rester en vie ?

— En esquivant et parant ses attaques. Il vaut mieux laisser attaquer que faire l'inverse. Il se fatiguera.

— Pourtant, toi tu attaques toujours le premier.

— Je ne suis pas un exemple quand il s'agit de contrôler son impulsivité lors d'un combat.

Sam haussa les sourcils, bien qu'il tenta de garder sa garde, ses bras frêles commencèrent à trembler sous le poids de l'épée. C'était un bon exercice pour que ses muscles se durcissent.

— Et c'est toi qui m'entraîne ? s'étonna-t-il.

— Tu vois quelqu'un d'autre ?

Je fis mine de regarder autour de nous. Nous nous trouvions sur la colline derrière le petit village dans lequel nous créchions. L'auberge était accueillante et nous y avions élu domicile pour le moment. Au moins le temps que Sam se lie avec l'une des deux gemmes que j'avais récupéré. Il poussa un drôle de grognement puis remua ses épaules pour rester en place. J'attrapai un baton suffisamment rigide pour frapper l'acier d'une épée.

— Je vais attaquer et tu vas devoir m'esquiver. Observe mes mouvements, analyse ma posture et trouve mon point faible.

— Je vais te faire mal si je te touche, balbutia-t-il.

— Je m'en moque. J'ai grand besoin de souffrance physique en ce moment.

Sam plissa les paupières mais je ne m'éternisai pas sur d'autres explications. Mon cœur était en miettes, autant que mon esprit. La souffrance physique était la seule chose qui me raccrochait à la réalité et me faisait oublier l'appel de l'Emeraude ou d'Aude. Elya ne voulait plus de moi, alors je ne pouvais en faire un pilier. Je ne pouvais pas lui infliger mes tourments ni mes souffrances. Elle ne me voyait plus que comme un allié et rien de plus. J'étais devenu pire qu'un étranger pour elle et pourtant, mon cœur hurlait l'inverse.

Je commençai à attaquer Sam. Levai le bâton comme je levais une épée et l'abattis sur lui. Il para ma première attaque d'une technique déplorable. Ses bras semblèrent si mous sous sa garde qu'il me fut aisé de le repousser en un deuxième assaut plus fort cette fois. L'épée glissa de sa main et se planta dans l'herbe molle juste à coté. Après quoi, le bout de mon bâton menaça sa gorge.

— J'aurais pu te planter le ventre, l'aisselle et même la gorge. Protège-toi, bon sang.

— C'est facile à dire quand tu as eu toute ton enfance pour t'entraîner, grommela Sam en ramassant l'épée non sans difficultés. Mon corps entier est une courbature géante. Je lève un bras et j'ai mal dans le dos, je fais un pas et ma jambe trésaille. Bon sang... je n'ai que peu de temps pour devenir comme vous.

— Tu ne seras pas comme nous.

Je dis cela en appuyant le bâton au sol et en prenant appui dessus. Je suis des yeux Sam qui se remet en place puis je croise enfin son regard noisette.

— Super, merci de ton soutien, bredouilla-t-il.

— Mais c'est une bénédiction, Sam, repris-je sans le quitter des yeux.

Il serra et desserra ses mâchoires une milliseconde puis laissa ses épaules s'affaisser.

— Tu as eu une enfance, toi, poursuivis-je. Tu as connu tes parents, tu t'es fait des amis et tu es resté insouciant suffisamment longtemps pour ne pas perdre cette crédulité qui font des enfants ce qu'ils sont. Tu ne seras pas torturé, ni tourmenté, ni jugé. Tu resteras qui tu es.

— Et si la gemme me changeait ?

— Tu ne devras pas la laisser te changer. Tu ne devras pas écouter ta gemme, ni la laisser te consumer. C'est un tout petit caillou avec un grand pouvoir. Mais ça reste un petit caillou. Et toi, tu es un homme, plus grand, plus fort, qui saura la diriger.

Il détourna son regard quelques instants, l'air songeur. Je n'avais pas envie qu'il change, ni qu'il soit détruit par ce pouvoir. J'espérais paraître suffisamment optimiste pour lui permettre de trouver la force en lui de continuer. J'étais pourtant le plus pessimiste des Gardiens mais je savais qu'apprendre nécessitait de la positivité. Mieux valait lui faire croire tout cela plutôt que le conforter dans ses doutes et ses réflexions parce qu'il manquait de confiance en lui.

— Et toi, l'Emeraude, il t'a changé ? s'enquit-il.

— Moi, j'ai changé quand j'avais à peine dix ans. Parce qu'on m'a électrocuté je ne sais combien de fois. Ils ont sûrement grillé une partie de ma cervelle et ça expliquerait bien des choses. Mais je continue de croire qu'on peut se lier à une gemme sans en perdre son âme.

— Vous avez votre âme, Ezekiel. Toi, Adélaïde et... et... Alexius... Vous l'avez.

Je lui adressai un faible sourire.

— Tu veux que je te dise une chose ? commençai-je en me redressant et faisant tourner le bâton dans mes mains.

Je m'approchai de lui, plongé dans son regard honnête et pudique. Pourtant, il était facile de lire ses émotions.

— Notre âme, c'est Elya.

Il ne dit rien, il demeura silencieux à m'observer. Après quoi, je fis un pas en arrière et brandis mon bâton, prêt à reprendre notre entraînement.

— Allez, tu as du pain sur la planche.

Il hocha la tête, se remit en garde et recommença à parer mes attaques. Encore une fois, il échoua. En réalité, nous dûmes nous entraîner des heures durant pendant près de deux longues semaines. Chaque jour, nous nous retrouvions sur cette colline. L'herbe devenait de plus en plus verte, elle poussait au gré du printemps qui s'installait. Les feuilles des arbres alentours reprenaient vie, les animaux commençaient à sortir et parfois, nous étions même l'attraction du village. Les enfants adoraient nous regarder et nous imiter. Cet endroit était de loin le plus chaleureux que j'avais pu connaître jusqu'alors. Moins grand que Novendill ou que Port-Livi. Néanmoins, les gens étaient bien plus accueillants. Ce village se nommait Haldor, perché en haut d'une crête, là où plusieurs collines rendait le dénivelé appréciable. La végétation était dense et pour le moment, elle n'était pas attaquée par Aude qui continuait de pomper l'éther de nos contrées.

De jour en jour, Sam s'améliora même si sa technique restait hasardeuse. Certaines fois, il tombait d'épuisement. Ce n'était pas sans me rappeler Elya lors de ses sessions d'entraînements quelques mois plus tôt.

Pour Sam, je savais que la gemme ferait le reste du travail, lui confectionnant de nouveaux muscules, une ossature plus puissante et résistante ainsi que des réflexes vifs et agiles. Sam allait devenir comme nous, dès lors qu'Elya se lierait à lui pour lui trouver sa gemme parmi l'Obsidienne et l'Améthyste.

Obnubilé par nos entraînements, j'avais laissé de côté Adélaïde et sa rancœur. Je n'étais pas très doué pour les excuses ou pour les démonstrations de sentiments. Malgré cela, la savoir en colère contre moi ne me plaisait pas. Alexius n'était plus là et avant, c'était elle qui temporisait les choses. Dorénavant, elle était incapable de faire face à ses émotions ou d'enterrer ce qu'elle pouvait me reprocher. À croire que je devenais davantage son ennemi que son allié. Très souvent, quand nous terminions nos entraînements, je finissais seul et je restais à l'extérieur jusqu'à ce que le froid me saisisse. J'en venais à craindre de dormir, car c'était dans mes rêves qu'Aude me contactait le plus souvent. C'était dans ces mêmes rêves que mon émeraude me tourmentait. Je ressentais de plus en plus ce besoin accablant de les rejoindre, de me lier à nouveau à ma gemme et de la laisser exposer son Fléau au monde entier.

M'isoler était la seule solution pour qu'on ne me pose aucune question et entraîner Sam pendant des heures me permettait de me focaliser sur autre chose que sur l'obsession qui naissait petit à petit dans mon esprit perverti par ce pouvoir obscur.

— Je crois que Sam ne pourra bientôt plus se lever de son lit, commenta Elya en s'asseyant sur le muret à côté de moi.

Je mangeais un morceau de pain et fixais la colline, là où le soleil disparaissait lentement derrière les arbres à moitié fleuris. C'était comme si ce qu'il s'était passé à Novendill et la capitale n'était rien d'autre qu'un mauvais songe. Le bruissement des feuilles était agréable en fin de journée, avec le zinzolin du ciel, les quelques bribes de conversations voisines qu'on pouvait percevoir.

— Il fait du bon travail, déclarai-je sans daigner lui jeter un regard.

Pourtant, je sentais parfaitement sa présence près de moi et le parfum de ses cheveux lâches et humides. Elle sortait probablement d'un bain.

— Ezekiel... je ne sais pas si j'ai envie de me lier à lui. Et puis, je ne l'ai jamais fait. Je ne sais pas si je suis capable de lui trouver la bonne gemme entre seulement deux d'entre elles.

— Il te l'a demandé. Il a besoin de ça pour se rassurer.

— Oui mais...

— Ne tombe pas dans les mêmes travers que nous. Quand on obtient le pouvoir d'une gemme, on a tendance à vouloir garder son secret et on se renferme, inconsciemment. Tu es en train de le faire et tu ne t'en rends pas compte. Sam a le droit de savoir que tu as le Saphir.

Je l'entendis pouffer de rire alors je tournai la tête vers elle. Elle secoua la sienne, gardait ses yeux fixés sur ses mains posées sur ses jambes, là où elle triturait ses ongles rongés. Le contour de ses doigts était rouge, inflammé. Je posai ma main sur les siennes, ce qui la força à affronter mon regard.

Dès lors que ses yeux gris se heurtèrent aux miens, je sentis cette chaleur dorénavant familière prendre place là où se trouvait mon cœur. Mais même familière, cette chaleur me déconcertait. C'était comme si je ne contrôlais plus mon corps et que ni mon cerveau ni mon cœur n'étaient capables de ressentir autre chose que de la tendresse pour cette femme. Je me sentais différent. Je ne savais pas encore si c'était une bonne chose ou non vu le contexte dans lequel nous nous trouvions.

— Qu'est-ce qui t'empêche de lui dire ? insistai-je en gardant ses deux mains sous la mienne.

Elle devait cesser de se mutiler de la sorte.

— Quand je me suis liée à Alexius, j'ai vu la relation qu'il entretenait avec Sam.

Elle marqua une pause, humecta ses lèvres et ses yeux pétillaient sous l'émotion. Parler d'Alexius me faisait l'effet d'un coup en plein dans le ventre à chaque fois, avec cette sensation oppressante dans la gorge. Mes remords remontaient toujours à la surface lorsque j'entendais son prénom.

— Ils s'aimaient, Ezekiel. Tous les deux, ils n'étaient pas de simples amis. Ils étaient amants.

Je serrai ses mains dans la mienne, perdu dans son regard attristé et inquiet.

— Raison de plus pour lui dire, tu ne penses pas ?

— S'il avait voulu se lier à une gemme, il aurait forcément préféré le Saphir. Je lui ai volé la dernière partie de l'homme qu'il aimait. Comment tu le prendrais, toi ?

— Il n'est pas question de moi. Je suis trop égoïste pour répondre à cette question. Sam n'est pas comme ça. Tu le connais mieux que moi.

Elle baissa la tête, la secoua et renifla. Je pus voir une larme couler et tomber sur le dos de ma main.

— J'ai peur... avoua-t-elle d'une faible voix.

— Elya... Elya, regarde-moi.

Elle releva ses yeux embués de larmes vers moi. Je ressentais son inquiétude et je le comprenais. Se lier à une gemme n'était pas chose aisée. En réalité, c'était douloureux et son pouvoir ne cessait de tourmenter l'âme qui le possédait. Les cauchemars, les doutes, les hallucinations. C'était une torture infinie et il convenait d'apprendre à vivre avec.

— Si tu n'avais pas peur, je me serais demandé si tu étais encore toi-même.

Elle esquissa un sourire.

— Avoir peur veut dire que tu gardes toute ton humanité et c'est mieux comme ça. Tu sais ce que tu vaux.

— Mais j'ai déjà ce pouvoir lié au Rubis et maintenant le Saphir... imagine que je ne le supporte pas ?

— Je pense que tu te sous-estime.

— Et toi, je crois que tu me surestime.

— Peut-être. Mais moi, je crois en toi.

Elle retira ses mains de la mienne et détourna son regard. Les lèvres pincées, elle observa le soleil se coucher. Bientôt, la pénombre m'empêchera d'admirer ses traits fins et harmonieux.

— Tu me rejettes, conclus-je.

Le temps était calme mais la fraîcheur, saisissante à mesure que la luminosité baissait. Le muret sur lequel nous étions assis délimitait les jardins de l'auberge derrière lesquels se trouvait la fameuse colline, là où nous nous entraînions depuis des jours, Sam et moi.

— Je ne peux pas te laisser cette chance d'à nouveau me briser le cœur, murmura-t-elle.

— Je ne peux pas me battre, pas vrai ? soufflai-je.

De ma vue périphérique, je la vis tourner la tête vers moi.

— Le combat serait perdu d'avance, ajouta-t-elle.

Je grimaçai par réflexe, tentant de ravaler ma fierté blessée. Une faille s'ouvrit en moi à cet instant. Son ton n'était pourtant pas cinglant, ni tranchant, ni dur. Elle me dit cela d'une voix si faible que je crus, une fraction de seconde, qu'elle ne croyait pas elle-même à ses propos. Avant de devenir Gardien et de perdre une grande partie de mes émotions, j'étais incontrôlable. J'aimais au point de m'oublier. C'était ce que j'avais vécu avec Aude et j'avais été aveugle sur bien des points. Comme je l'avais dit à Sam, Elya était notre âme et avec elle, elle avait ramené ces sentiments que je pensais perdus. Cependant, voilà que la vague me submergeait de nouveau. Une faille s'ouvrait et l'émeraude pouvait entrer à tout moment.

C'était l'occasion rêvé pour Aude de me corrompre.

Mes mâchoires tressautèrent et mes yeux restèrent fixés sur le soleil qui disparut en quelques secondes, nous laissant tout deux dans l'obscurité et le silence.

— Ezekiel ?

Sa voix sembla résonner en plusieurs échos dans ma tête puis se déformer en un son sinistre et désagréable. Je baissai la tête et l'attrapai entre mes mains.

Tout le monde te rejette.

Je fermai les yeux aussi fort que je le pus, raclant mes ongles contre mon crâne.

Le schéma se répète encore.

Je ne savais pas à qui appartenait cette voix.
À Elya ?
À Aude ?
Au Fléau ?

— Ça suffit... marmonnai-je entre mes dents serrées.

— Ezekiel ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

Tu es faible. Lâche. Personne ne t'a jamais aimé. Personne ne t'a jamais fait confiance. On t'abandonnera. Encore. Encore. Encore. Encore.

Mes muscles commencèrent à se tendre, mes tendons à se bloquer et mon sang à bouillir. La fraîcheur de cette soirée disparut pour laisser place à une chaleur étouffante, sous ma peau, imprégnant mes poumons d'une vapeur toxique. Je me levai d'un bond lorsque je sentis la main d'Elya sur mon épaule.

— Ne me touche pas ! criai-je sans le contrôler.

Elle se leva à son tour, les yeux grands ouverts à travers l'obscurité régnante. La lune éclairait faiblement la plaine et la lumière de l'auberge réchauffait sa teinte argentée.

Elle t'abbandonnera. Encore. Encore. Encore. Encore.

— Dis-moi ce qu'il se passe ! s'exclama Elya.

Je fis un pas en arrière quand elle s'avança vers moi.

— Non ! Ne... ne m'approche pas. J'entends cette foutue voix dans ma tête !

Mes doigts se rétractèrent, mes mâchoires crispées, ma colère me rongeant, ma peine me tourmentant.

Elle t'abandonnera. Encore. Encore.


— Encore... soufflai-je à voix haute.

Bientôt, Adélaïde et Sam nous rejoignirent et moi, j'entendais cette voix, inlassable, dans ma tête. J'avais la sensation de devenir fou et cette sensation, je ne la connaissais que trop bien.

Sans hésiter une seule seconde et voyant mon état, Adélaïde passa par dessus le muret pour se précipiter vers moi. Je refusais qu'on me touche, c'était mon instinct qui me forçait à les repousser. Une part de moi voulait les protéger et l'autre, les voir disparaître.

— Ezekiel, concentre-toi sur ma voix ! tenta Adélaïde.

Je secouai la tête, me mordant les lèvres jusqu'au sang. Je passai une main dans mes cheveux, j'avais chaud, beaucoup trop chaud. Elle saisit fermement mon visage entre ses deux mains et plongea ses yeux bruns dans les miens.

— Tu es en train de laisser ta gemme te consumer, c'est ça que tu veux ? Tu veux devenir un Fléau ? Tu veux laisser Aude gagner ?

— C'est cette foutue voix dans ma tête... elle...

— Ne l'écoute pas ! Tu l'as déjà vécu, plusieurs fois ! Tu sais comment faire pour la faire taire. N'écoute que moi. OK ? Tu n'es pas seul, Ezekiel. Je suis là.

Coincé entre ses mains, dans son regard familier et soudainement plus chaleureux que les derniers jours, je me résous à hocher la tête, docile. Elle m'adressa un sourire réconfortant, rassurant et doux.

— Tu sais comment gérer ce lien, tu sais comment faire taire ces voix. Ne laisse ni Aude ni l'Emeraude te prendre ce que tu es.

Petit à petit, le brouhaha dans ma tête s'estompa et enfin, le calme sembla retrouver sa place. Je savais que ce n'était que de courte durée mais je devais savourer cet instant et surtout, apprécier le geste d'Adélaïde.

— Je sais... soufflai-je plus calme. Je sais... 

Je posai mes mains sur les siennes toujours sur mes joues.

— Merci, Adé.

Elle me répondit d'un signe de tête puis recula d'un pas en me lâchant le visage. Elle se tourna vers Sam et Elya qui gardaient leurs yeux grands ouverts dans les ténèbres de la nuit.

— On n'a plus de temps à perdre. Elya, lie toi à Sam et donnons lui sa gemme, déclara solennellement Adélaïde.

Après quoi, elle nous laissa tous les trois en plan dans le plus grand des silences. Avant qu'Elya ou Sam ne disent quoi que ce soit, je les contournai pour retourner à l'auberge. Mieux valait que je laisse tout cela de côté et que je me concentre sur ce qui était primordial comme la survie de ce monde. Un accident comme celui-ci ne devait plus se produire. Une fois Sam lié à sa gemme, j'étais prêt à traquer Aude et récupérer mon Emeraude. Et une fois contre mon cœur, je savais que j'allais pouvoir me contrôler.

Même si les tempêtes restaient imprévisibles.

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