💎 PROLOGUE 💎
Il n'y a pas de plus belles amitiés que celles qui se créent durant l'enfance. Les évènements difficiles, les épreuves et les moments complices font que deux âmes se rapprochent indubitablement.
Les Gardiens vivaient cela. Dès leur plus jeune âge, ils se liaient d'amitié les uns aux autres et des groupes se formaient naturellement, là où les liens étaient les plus forts. Parfois aussi fort qu'un lien fraternel.
Ezekiel, Alexius, Adélaïde, Bertos, Genova et Aude étaient un groupe solide. Les meilleurs de leur promotion mais aussi, les moins assidus. Utiliser leur gemme était d'une facilité déconcertante pour eux. Cependant, déroger aux règles aussi.
Alors quand Aude leur donna rendez-vous à l'endroit même où ils se rassemblaient dès qu'ils le pouvaient, plus au Sud de Pryora, ils n'hésitèrent pas une seconde. Sans se douter que ce jour-là marquerait à jamais, le début d'une nouvelle guerre.
— Qu'est-ce que tu voulais nous montrer de si important ? demanda Bertos quand ils rejoignirent Aude au bord du lac dans lequel ils avaient l'habitude de se baigner.
— Chut, regardez, murmura-t-elle.
Elle tenait entre ses mains recourbées, un oiseau mort. Ses amis se rapprochèrent d'elle et lorsqu'elle approcha son visage de l'animal, elle souffla faiblement sur ses plumes mouillées. Une drôle de sensation parcourut le groupe, un frisson dans la nuque força Ezekiel à y poser sa main. Bientôt, l'animal se mit à respirer puis à battre des ailes. Bertos eut un mouvement de recul alors qu'Aude leur souriait.
— Je peux ressusciter les animaux ! confia-t-elle.
— Non, non, ce que tu fais là, Aude, c'est dangereux. Tu n'as jamais écouté Wang ? gronda Bertos.
Elle se tourna vers Ezekiel.
— Mon amour, regarde.
Ezekiel baissa les yeux pour voir qu'au creux de ses mains, l'oiseau se tenait sur ses pattes et respirait. Il ne semblait pas en mauvaise santé et lorsqu'elle le balança en l'air, il s'envola jusqu'en haut de la falaise.
— Ce n'est pas si grave, la défendit Ezekiel. Ce n'est qu'un petit animal insignifiant.
Les jours et les mois défilèrent jusqu'à ce que l'inévitable se produise. Alors que Bertos, Alexius et Ezekiel se rendaient au lac, ils surprirent Aude en train de puiser dans la terre pour alimenter la magie de son Opale et ainsi, ramener à la vie, une biche qui avait dû être tuée par un prédateur.
Ezekiel se précipita vers elle lorsqu'il la vit agenouillée dans la terre humide, les mains enfoncées dans celle-ci et l'Opale, juste en dessous d'elle. Ses veines scintillaient de toutes les couleurs, jusqu'à son visage mais bientôt, cet arc-en-ciel de pouvoir s'assombrit à mesure qu'elle prenait l'énergie de la terre.
Il lui saisit aussitôt le bras pour rompre le lien, alors elle ouvrit les yeux pour le fusiller du regard. De ses iris se dissipa une brume obscure pour laisser entrevoir ses douces prunelles argentées.
— Qu'est-ce que tu fais, bon sang ?! gronda Ezekiel en la forçant à se relever.
Elle n'eut qu'à tendre la main, la paume ouverte vers son Opale encore au sol pour qu'elle regagne sa paume sans une once de difficulté. Ezekiel fit un pas en arrière, le visage barré par ses sourcils froncés.
— Aude, ne tiens pas ton Opale sans ton armure, menaça Bertos.
— Où sont Genova et Adélaïde ? questionna cette dernière.
— C'est pas d'elles qu'on parle, là, intervint Alexius.
Elle sourit légèrement.
— Vous ne comprenez rien...
— Bien-sûr que si, protesta Ezekiel. Tu n'uses plus de la magie de ton Opale, tu es en train de puiser dans la terre et ses ressources. Tu es consciente de ce que ça signifie ? Ressuciter des oiseaux, OK. Mais plus tu ramèneras à la vie des êtres plus imposants, et plus ta magie s'obscurcira. La mort, Aude, c'est trop sombre pour des Gardiens, autant que ça l'est pour des sorciers.
— La magie noire peut être pure si elle ramène à la vie. Vous en avez peur, parce que c'est ce qu'on veut vous faire croire !
— Tu es une Gardienne ! gronda Ezekiel de sa lourde voix, ce qui la fit taire instantanément. Tu n'es pas une magicienne ! Alors arrête ta fascination morbide pour les animaux morts et viens plutôt t'entraîner avec nous !
Quand il voulut s'approcher d'elle, elle frappa l'air de sa main dans laquelle son Opale restait bien au chaud dans sa paume. Ezekiel fut comme frappé en plein visage, il baissa la tête en même temps qu'il se reçut ce coup invisible et posa sa main sur son sourcil. Quand il la retira, poussant un grognement de douleur, il la vit couverte de sang. Il releva ses yeux écarquillés vers sa bien-aimée, le sang lui coulait dans l'oeil et sur la joue.
Aude semblait soudainement en proie à une violente angoisse. Elle serra davantage son Opale, sa poitrine se soulevait anormalement vite et ses cheveux châtains ternissaient à mesure que sa gemme la consumait.
— Lâche ta gemme ! ordonna Bertos en posant sa main sur le pommeau de son épée.
Aude secoua la tête et recula d'un pas.
— Je suis désolée, Ezekiel...
— Pose. Ta. Gemme, articula ce dernier.
Aude la garda bien en main et la colla sur sa poitrine, avec ses deux mains. Elle semblait terrifiée, perdue entre le bien et le mal. Entre la vie et la mort.
— Imagine ce que je pourrais faire si j'arrive à contrôler cette magie, argua-t-elle alors que ses veines scintillaient encore plus, regagnant ses yeux qui affichaient dorénavant ces reflets arc-en-ciel.
Ezekiel secoua la tête négativement.
— Non... je sais que ta soeur te manque mais...
— Tu ne sais pas ! s'exclama-t-elle alors le ciel s'assombrit et la pluie commença à déferler. Tu ne sais pas, parce que tu n'as pas eu de famille, Ezekiel !
— Arrête, menaça-t-il.
Bertos venait tout juste de dégainer son épée, accompagné d'Alexius, dont le Saphir était placé sur son armure noire. Aussitôt adopta-t-il une posture de combat que les stries de son armure s'illuminèrent d'un bleu glacial et que ses yeux couleur océan scintillèrent comme des joyaux puissants.
— Tu ne comprends rien ! Tu me dis m'aimer, mais tu n'as jamais éprouver une seule fois de l'empathie pour ce que je te racontais ! J'ai lu... j'ai lu dans ton esprit et j'y ai vu le vide ! Tu n'es rien de plus qu'un Gardien, un pantin, qui suivra les ordres quoi qu'on lui dise quitte à blesser les autres !
— Je suis ici, avec toi ! tenta Ezekiel, la main en avant. S'il te plaît, ne nous oblige pas à utiliser la force.
Il portait son armure lui aussi, et son Émeraude était bien en place dans celle-ci. L'améthyste de Bertos s'illumina à son tour, décorant d'un violet ombragé son armure d'ébène. Aude leur jeta un bref regard avant de le poser à nouveau sur Ezekiel qui lui demanda de le regarder.
— Regarde-moi, mon joyau... regarde-moi...
— Je te regarde mais... je ne m'y sens plus chez moi. Chez moi... chez moi c'est... ma soeur. Il n'y a rien d'autre qui compte.
Ezekiel grimaça quand une vive douleur dans la poitrine lui fit comprendre ce qu'était le chagrin, la sensation d'abandon.
L'orage gronda, les éclairs multicolores fendirent le ciel sombre, la pluie déferla et dorénavant corrompue par l'Opale, Aude tendit ses deux mains en direction d'Ezekiel. Il n'hésita pas en retour, à l'imiter, en même temps que ses deux amis derrière lui. Alors l'Opale rencontra l'Émeraude, le Saphir et l'Améthyste et dans un fracas gigantesque, les pouvoirs se mêlèrent et implosèrent. Avec sa seule Gemme, Aude fut frappée par le pouvoir de ses amis, ses veines passèrent du vert, au bleu, puis au violet et quand les Gardiens baissèrent le bras en même temps, les faisceaux s'effacèrent comme la flamme d'une bougie s'éteignait lorsqu'on soufflait dessus.
Son corps retomba mollement sur le sol, sa tête en arrière et Ezekiel se jeta sur ses deux genoux pour la rattraper, à moitié immergée sous l'eau du lac. il la souleva légèrement, tint sa tête entre ses mains. Sa peau était pâle, ses yeux figés en arrière, des traces noires tâchaient ses veines d'une couleur anormale et son corps était raide, glacé.
— Non... non ! cria-t-il en la serrant dans ses bras sans pouvoir retenir ses larmes.
Il la regarda ensuite, dégagea quelques mèches de cheveux trempés de son visage.
— Pardonne-moi... pardonne-moi, je... je t'aime, mon joyau... tu es mon joyau... s'il te plaît... s'il te plaît... ne me laisse pas... Qu'avons-nous fait ?!
Adélaïde et Genova rejoignaient tout juste le groupe et restèrent en retrait tandis qu'Ezekiel gardait sa bien-aimée contre lui. La vie avait quitté son corps et dans sa main tendue froide et presque translucide demeurait son Opale, dorénavant éteinte.
— On ne doit le dire à personne, souffla Bertos en laissant ses bras ballants le long de son corps. Vous avez compris, Gardiens ? reprit-il plus fort. On ne doit le dire à personne !
Alexius hocha la tête, le coeur lourd dans sa poitrine. Adélaïde jeta un bref regard à Genova, les yeux écarquillés mais acquiesça à son tour. Quand Bertos posa sa main sur l'épaule d'Ezekiel, ce dernier releva son regard bouffi par les larmes vers lui, ses lèvres pincées.
— Ezekiel ?
— On... on ne le dira à personne... se résigna-t-il.
Alors les Gardiens enterrèrent le corps de Aude ainsi que son Opale près du pied de l'arbre en haut de la falaise au dessus du lac. Après avoir prononcé chacun un mot pour leur amie. Ils se tinrent la main, chacun se tenant devant le trou fraîchement rebouché et scellèrent, à eux seuls, un pacte qui coûta la paix du Royaume.
J'espère que cette mise en bouche vous à plu, pour le début de ce tome 2 ! Ajoutez l'histoire à votre bibliothèque pour ne manquer aucune mise à jour ! Préparez-vous à retourner à la conquête des gemmes avec Elya et les Gardiens. Il conviendra d'échapper à l'Ordre et d'éviter tout lien avec le Nécromancien, ce qui sembla compliqué, puisqu'Elsa est liée à lui par l'esprit...
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