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Ludovic
Je quitte le labo d'un pas rapide sans regarder en arrière. Le sac a l'épaule, une arme à la main, je marche, et m'éloigne le plus possible. Ces images passent en boucle dans ma tête et j'essaie à plusieurs reprises de les effacer mais peine perdu. Voir cette blessure, cette morsure me rappelle ma famille lorsque pour la toute première fois, nous avons vu un infecté de niveau un s'attaquer à notre voisin. C'était un jour normal, je sortais du collège lorsque je suis entré chez moi. J'ai pris ma petite sœur dans mes bras et puis j'ai entendu mon voisin. Il hurlait tellement fort que je suis sortie, avec ma petite sœur voire ce qu'il se passe. Et là, le carnage.
En tournant à droite, je constate que la rue est remplie d'infectés. La plupart sont endormis et le reste marche comme normalement sans même remarquer ma présence. Je recule de quelques pas et cherche vite une solution. Je n'allais pas survivre si je restais dans la rue et je ne voulais pas être suivie par les zombies si je décidais de retourner au labo. Et puis, de route façon, je n'arriverais pas à donner une excuse à Valentin s'il me demandait la raison de mon départ précipité et je suppose qu'elle ne le lui dira rien. Je savais ce que je voulais savoir à son sujet mais pas ça.
Et plus je réfléchis, et plus je comprends pourquoi. Elle allait être abattue s'ils savaient tout sur elle. Elle allait devenir une cible et devra se cacher à chaque fois pour éviter de mourir.
Mais même !!!
J'essaie de garder mon calme et regarde autour de moi. Des magasins dans un sale état, des rues plongées dans le noir, des infectés qui commencent à venir vers moi. Je regarde à droite et voit à peu près la même chose. Le temps tourne et je ne sais pas combien de temps il me reste avant qu'il remarque ma présence. Je regarde encore et encore, le cœur qui bat vite et voit enfin une issue à mon problème. Sur ma droite, un peu plus en arrière, se trouve un long couloir qui mène à un étage. Je ne sais pas s'il y a des infectés mais je sais que si j'y vais, je serais plus en sécurité que cette rue. Alors je recule, doucement, tous doucement, les yeux rivés sur la horde d'infectés en face de moi et arrive à ne plus être dans leur ligne de mire. Je fais tout de même attention et vérifie plus d'une fois derrière moi avant d'emprunter ce couloir. À l'étage, c'est le désordre total. Il y a deux appartements. L'un est fermé par quelque chose situé à l'intérieur et l'autre et à moitié ouvert. Je choisis la deuxième option, fais attention à chaque bruit et entre dans l'appartement. Une fois à l'intérieur, je fouille chaque pièce pour éviter d'avoir une surprise et quand c'est terminé, je souffle de soulagement et prends une pièce pour m'y cacher. On ne sait jamais, un infecté peut passer par là et sentir ma présence et tenter de rentrer ou d'appeler le reste de ses amis pour le rejoindre et je ne tiens pas tant que ça que je sois leur nouveau repas.
Assis sur le lit, j'observe autour de moi. Le mur est sale, les affaires sont éparpillées dans la pièce, l'armoire est à moitié abîmée avec le temps et je constate aussi que la fenêtre est brisée et qu'il ne reste que des bouts de verres au sol. Je m'allonge pour me reposer et ferme les yeux. Mes pensées s'évadent vers ma famille. Si seulement ils étaient là avec moi.
Flashback
J'ouvre la porte et la referme lorsqu'une tornade fonce vers moi. Je sursaute durant quelques instants avant de sourire et de l'a prendre dans mes bras. Lina me fait un câlin et me fais plein de bisous avant que je lui demande où est maman.
_ Dans la chambre.
Ma mère travaille à temps partiel en tant qu'infirmière dans un hôpital non loin de la maison et le reste du temps, elle s'occupe de la maison. Ma petite sœur reste la journée avec elle et je m'en occupe le soir. On tient ensemble et c'est ce qui compte. J'allais monter à l'étage pour la rejoindre lorsque j'entends un cri affreux à l'extérieur. Je tourne la tête vers la fenêtre pour mieux comprendre ce qu'il se passe mais je ne vois rien. Il n'y aucun passant, juste mes voisins qui sortent un par un de leur maison pour voir ce qu'il se passe. Je fais de même tout en restant proche de la porte et découvre avec horreur que mon voisin, assez éloigné de la maison, était en train de se faire attaquer par un être humain.
Le terme n'était pas approprié puisqu'il le mord au niveau du coup et que du sang gicle partout. Instinctivement, je cache les yeux de ma sœur et rentre rapidement à l'intérieur. Ma mère nous rejoint dans le salon et ferme la porte pendant que j'entends d'autres cries les uns plus fort que les autres. Je ne sais pas ce qu'il se passe, mais la seule chose qui est importante c'est de protéger ma sœur. Maman allume la télé d'un geste précipité et ferme toutes les fenêtres de l'étage et du rez-de-chaussée pour éviter toute infraction. Dehors c'est le chaos. Juste entendre me fait encore plus peur et je serre de plus ma sœur. Une fois qu'elle pense que nous sommes en sécurité, elle augmente le volume de la télé et une journaliste nous explique la situation.
_ Nous sommes dans un état critique et la population est appelée à rester chez soi et à faire attention à ce qu'il se passe dehors. Le gouvernement ainsi que l'armée font leur maximum pour régler ce problème mais rester chez-vous. Le virus touche tout le monde et la contamination se fait par une morsure. Si vous voyez quelqu'un qui est blessé, ne vous en approchez pas. Faîtes attention à vous et que dieu soit avec nous.
C'étaient les dernières paroles de la jeune journaliste avant que le signal soit coupé par une explosion. On l'a ressenti par une secousse qui fait vibrer la maison comme si c'était un château de carte. On se lance un regard et on comprend qu'il faut qu'on parte à la cave. Ni une ni deux, maman prend Lina dans ses bras pendant que je fais le nécessaire. Je récupère toutes la nourriture en boîte que nous avons, des couvertures, des vêtements, des objets tranchant pour nous défendre et les rejoins enfin. On ferme la porte de la cave et nous attendons encore et encore.
Le stress, la peur, la panique se ressent dans tous les fibres de mon être mais je ne peux pas pleurer et encore moins trembler parce que je dois rester fort. Ma mère me lance un regard pour voir si je vais bien et je lui réponds par un simple sourire. Par la même occasion, je sors des jouets et des livres que j'ai eu le temps de prendre et les dépose devant ma petite sœur qui oublie très vite ce qu'il se passe à l'extérieur et commence à jouer.
J'espère juste qu'on tiendra le plus longtemps possible. Parce que vivre ainsi c'est impossible.
Et même si l'armée fait le nécessaire pour éliminer ce virus ainsi que ces personnes contaminés, qui nous dit que nous sommes toujours en sécurité. Le système est en train de tomber peu à peu et ce virus à l'air coriace et dangereux.
Les semaines passent et la nourriture diminue au fur et à mesure. Maman sort de temps à autre afin de nous réapprovisionner mais ce n'est clairement pas suffisant.
Au début il fallait qu'elle sorte que la nuit, car les chasseurs venaient souvent dans les parages pour chercher des vivres et des vêtements. Puis, par la suite, les infectés sont arrivés dans notre quartier ce qui nous a encore plus empêchés de sortir la nuit. Elle sortait une fois tous les deux jours et ramenait des légumes et des livres pour ma petite sœur. Je n'avais pas vraiment besoin de grand-chose. J'avais déjà tout dans la chambre alors je récupérais ce que j'avais et je revenais surveiller ma petite sœur pendant son absence. Mais par la suite, nous avons dû prendre une décision. Les vivres diminuaient trop vite et les chasseurs avaient pris le reste. Partir en nous laissant derrière était une très mauvaise idée et nous avons constaté que les infectés étaient de moins en moins nombreux. Quitter cet endroit serait plus facile que prévu. Je prépare le sac de ma sœur ainsi que le mien. Renforce nos pulls pour éviter une morsure et cache mon surin dans ma poche arrière pour pouvoir la récupérer en cas d'attaque.
Lina range bien son sac et me sourit signifiant qu'elle est prête. Elle n'aurait pas dû vivre dans ce monde de brute. Elle aurait dû avoir une vie normale comme toutes les petites filles de son âge mais malheureusement elle va devoir apprendre à tuer, souffrir en silence et faire confiance à personne car c'est les nouvelles règles de ce monde. Et j'aurais voulu qu'elle ne vive pas toutes ces atrocités mais c'est trop tard. Maman sort la première de la cave et nous fait deux minutes plus tard que nous pouvons sortir. Lina passe en premier et je referme la cave avant de sortir les rejoindre. La ruelle est sombre et déserte. Aucun infectés dans les parages et pas de bruit. Ce n'est pas du tout rassurant mais on se contente de ce qu'on a. Lina tire sur mon pantalon pour attirer mon attention et pointe du doigt maman qui avance doucement vers la ville tout en nous faisant des signes. Il y a une chose que nous avons apprise durant ces dernières semaines. La langue des signes. Lorsque nous sommes dehors, nous devons l'utiliser pour éviter d'attirer quoique ce soit et surtout de rester en vie. Mais lorsque nous sommes sûr que nous sommes en sécurité, nous avons le droit de parler. J'étais perdu au départ, car c'était la première fois que j'apprenais cette langue mais au fur et à mesure j'ai rapidement compris et surtout j'étais étonné d'apprendre que maman s'en sortait mieux que moi. J'imagine qu'elle savait quelque notion mais qu'elle ne nous l'avait pas dit. Et puis je peux comprendre que ce n'était pas important et personne ne se doutait que le virus allait faire autant de dégât.
On avance sans être trop éloigné et on slalome entre les voitures. On passe par certains jardins lorsque ce n'est pas possible de passer dans la rue et le contraire quand nous voyons des infectés. Lina demande souvent des pauses pour se reposer et boire de l'eau. Il arrive que nous nous cachions dans des maisons pour éviter les zombies. Mais le soleil se lève au fur et à mesure et même si la distance diminue entre la ville et notre quartier, on ne peut plus sortir. Au moment où elle sort de la chambre où nous étions, un coureur sorti de nulle part saute sur maman et tente de la mordre à plusieurs reprises. Lina effrayé, crie sans s'arrêter pendant que je fais mon maximum pour calmer ma sœur. Maman tient le coureur loin de son coup mais au fur et à mesure, elle s'affaiblit. Je crie à Lina de rester dans un coin et de fermer les yeux puis fonce vers le coureur et lui donne un coup sur les côtés ce qui le fait tomber sur le côté. Maman reprend son souffle mais le coureur ne lui laisse pas le choix et retourne sur elle. Je sors mon couteau et le lui plante immédiatement dans la tête ce qui ne lui laisse pas le temps de réagir ni de blesser maman.
Il tombe sur le côté, gigote pendant un court instant et meurt par la suite. Essoufflé, je regarde maman qui se lève doucement, me l'a ce un regard et va vers Lina. Je m'écroule sous le poids de la peur et ferme les yeux, essayant de garder mon calme. Mais ce sont des larmes qui coulent. J'avais peur de la perdre. Je n'avais jamais ressenti ça auparavant et c'était troublant. Lina se calme dans ses bras et nous partons dans une autre pièce pour dormir. Nous avions du chemin à faire.
Le lendemain, je découvre que maman nous a laissé un mot et qu'elle avait laissé son sac par la même occasion. Quand j'ai lu son mot, mon monde s'était écroulés. Toutes les larmes que je refusais de laisser couler sont apparues et j'ai craqué. J'ai jeté le mot dans un coin de la pièce et j'ai pleuré durant des minutes et des minutes avant de recevoir un câlin de Lina.
_ Elle a fait ça pour nous protéger.
Sans dire un mot, je reste dans cet état mais je me promets de prendre soin d'elle au périle de ma vie.
Fin du flashback
Les mois sont passés puis les années et nous en avons discuté lors d'un soir autour d'un feu de camp. Lina ne voulait plus voyager partout et souhaiter rester dans un camp ou elle se sentirait bien.
Je me souviens que je ne voulais pas la laisser partir à son tour mais j'ai vite compris qu'elle ne voulait juste pas être mon fardeau. Malgré toutes ces années après le départ de maman, je faisais mon possible pour la protéger mais il était temps qu'elle fasse son propre chemin. Lina m'avait promis de faire très attention et de pouvoir me contacter à l'aide d'une radio. Nous avons ensuite passé la soirée à parler du bon vieux temps avant de nous séparer le lendemain. La dernière fois que j'ai eu de ses nouvelles c'était la semaine dernière me disant qu'elle était accompagnée d'une jeune fille et que tout se passait bien. Elle tenait à partir pour rejoindre un groupe de femme mais elle ne voulait pas me dire le lieu au cas où d'autres m'entendent. Et depuis plus rien
La morsure sur le bras d'Ellana me rappelle que j'ai perdu ma mère dans des circonstances affreuses et surtout qu'elle s'est transformée en l'un d'eux. Une blessure du cœur qui se cicatrice difficilement.
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