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Après le passage de la voiture militaire, nous sommes partis en direction de la pharmacie. Ludovic n'a pas essayé de me poser plus de question au sujet de mon comportement et je le remercie silencieusement de ne pas tenter. On marche en évitant les débris de voiture et de corps pourris et nous atteignons l'endroit.
Je pousse la porte ou plutôt ce qu'il en reste et commence à chercher dans chaque rayon ce que nous avons besoin.
_ Le plus important c'est ton bras donc il faut absolument trouver de l'alcool, des pansements et des cotons, répliquais-je.
_ Ta main aussi, dit-il en passant entre les rayons.
_Ton bras risque de s'infecter, ne t'inquiète pas pour moi, dis-je en souriant.
Il ricane face à ma remarque mais ne rajoute rien. On continue de chercher dans chaque rayon et trouvons ce qu'il nous faut au bout de dix minutes. Ce n'était pas facile puisqu'il y avait un désordre énorme et la pharmacie contenait des médicaments périmés depuis plusieurs années. Certains rayons étaient vide, d'autres étaient remplis de boite vide et le comptoir ou se trouve l'accueil ainsi que les affaires informatique bloque le passage nous permettant d'accéder à la salle arrière ou est stocké le reste des médicaments. Cela ne nous aide pas mais nous devions faire vite. Nous n'avions pas le temps de trouver une solution pour déplacer le comptoir sans oublier son poids et le bruit qu'il pouvait engendrer.
Il y a aussi un couloir proche de la sortie de secours qui mène à l'étage. Le laboratoire s'y trouve mais ce n'est pas un endroit où je mete les pieds d'habitude.
Ludovic part s'asseoir sur un tabouret qu'il a trouvé non loin de l'entrée qui mène à l'étage. Il dépose son sac près de lui, enlève son pull, retrousse la manche de son tee-shirt et attend que je le rejoigne. Me soigner est plus facile que le faire sur quelqu'un d'autre. Je sais comment gérer la douleur, me taire et surtout, je suis habitué à le faire, mais là c'est autre chose. Je ne sais pas comment il va réagir, mais j'espère qu'il tiendra. Quand je m'approche de lui, je le vois avec un bout de son pull dans sa bouche. Comprenant qu'il est prêt, je dépose mon sac, retrousse une de mes manches et prend le coton avant de lui lancer un dernier regard puis imbibe le coton du liquide transparent et souffle avant de poser sur sa blessure.
Il ferme les yeux en criant, mais essaye de ne pas bouger pour augmenter la douleur. Chaque seconde est une souffrance pour lui et il le sait. Surtout que sa blessure ne date pas d'hier et que malheureusement nous avons dû faire avec les moyens du bord pour éviter qu'il s'infecte. Le temps passe est je termine de poser le bandage sur son bras. Après tout ce temps passé dans le silence, le seul mot qu'il me dit est merci. Puis il prend son temps pour bouger son bras afin de s'habituer à la douleur et se lève enfin pour ramasser ses affaires. Ce n'était pas une mince affaire et sa blessure prendra du temps à guérir, d'ici là, il devra faire attention et ne pas se lancer sur une cible. Il couvrira mes arrières tout simplement.
Je range les ustensiles que j'ai utilisé, les placent dans mon sac et jette le reste. La blessure de ma main est superficielle ce qui peut attendre. Je n'ai pas vraiment mal et la douleur est passagère. Comparé à lui, qui n'arrivait pas à dormir sur le côté gauche et qui devait sans cesse faire attention lors d'un combat rapproché. C'était difficile mais il s'est habitué avec le temps.
Un bruit se fait entendre au niveau supérieur.
Je tourne la tête immédiatement vers les escaliers, me lève et monte suivie de près par Ludovic.
Nous montons en silence. Le couloir est assez grand et comporte plusieurs pièces. À l'oeil nu, je remarque que certaines portes sont fermées ce qui signifie que nous aurons moins d'endroits à inspecter. Quatre sont utilisables. Deux à gauche et deux à droite. Je fais signe à Ludo de partir sur le côté droit tandis que je fais de même. Je sors mon arc, prépare une flèche et avance. L'immeuble où nous étions était une pharmacie et à l'étage se trouve un laboratoire ou des patients venaient pour des rendez-vous.
Le laboratoire de ma ville était presque identique. Je passais souvent devant pour aller chez mes cousines et je voyais du monde jusqu'en bas. C'était magnifique, un décor différent de son environnement à cette époque.
Mais plus maintenant. Le décor est sombre et triste. Des verres brisés, des feuilles qui jonchent le sol, les lampes qui sont à deux doigts de s'écraser, le matériel médical et technologique qui sont abîmés et des mots gravés avec du sang, jonchent les murs. Bref, un décor horrible.
Ce qui m'étonne c'est qu'il n'y ait toujours pas d'infectés et si je n'entends pas de coureur, alors cela veut dire que ce sont des claqueurs. Ces zombies là sont les plus difficiles à éliminer et parfois je perds mon temps avec eux. Avec leur ouï assez développé, ils seraient capables de nous entendre d'assez loin, mais même là, il n'y a aucune réaction. Donc c'est un humain.
J'avance dans la première pièce et fouille rapidement les lieux. Il y a une chaise, des armoires remplies de flacons de couleur différents. Des seringues utilisées et non utilisées, des pansements, de l'alcool, des feuilles, des dossiers, du sang séché et j'en passe. Un bordel incroyable mais personne. J'en sors et vais dans la deuxième pièce lorsque j'entends de nouveaux du bruit. Je tends ma flèche et me tourne vers la pièce du fond et remarque que la porte est légèrement ouverte.
Moi qui pensais que ce n'était pas le cas. Ludo sort assez vite de la salle de gauche et avance derrière moi. On s'approche lentement, le cœur qui bat, concentré sur ce bruit qui augmente au fur et à mesure. Je pousse la porte au bout de trois secondes et pointe la personne qui est dos à moi.
J'avais raison. Si ce n'est pas un infecté, c'est un humain. Reste à savoir dans quel camp il est.
Ludo rentre aussi dans la pièce et fronce des sourcils en le voyant. Lui aussi ne s'attendait pas à rencontrer quelqu'un d'autre.
Il pointe son arme de la main droite et attend la suite des événements.
_ Retourne toi lentement et pas de surprise, j'ordonne à l'inconnu.
Il hoche la tête et fait ce que je lui demande. Lentement, il tourne sur lui-même pour nous faire face. On reste concentré sur lui au cas où il nous fait une mauvaise blague et tente quelque chose. Et j'ai pas réellement envie de gaspiller mes flèches pour lui. C'est en se retournant que je découvre avec étonnement que c'était mon meilleur ami qui se tenait juste devant moi. Il avait changé depuis la dernière fois et était plus grand, et il ressemblait à son père. Un large sourire se dessine sur mon visage et il fait de même avant de baisser les bras.
Jamais j'aurais cru le voir ici après tout ce temps. En fait je ne pensais pas. J'avais perdu espoir depuis un long moment et puis ce n'était pas réellement mon problème. Je voulais juste au fond de moi qu'il soit vivant rien de plus. C'était impossible de retrouver un ami de mon ancienne vie dans ce monde et avec tous ces infectés dans les parages. Voyager était plus complexe qu'il paraît.
_ Valentin...
_ Ellana.
Sa voix a changé. C'est devenu un homme !!
Je range mon arme avant de le prendre dans les bras, trop ravie de le revoir. Je recule ensuite de quelques pas et le regarde. Il a trop changé, il est plus fort, sûr de lui et surtout il est différent.
_ J'ai pas trop compris ce qu'il se passe..
Mince..
J'avais oublié l'autre qui me suivait.
Je me tourne vers Ludo et lui présente mon meilleur ami. Il comprend que ce n'est plus une menace et range son arme à son tour avant de s'asseoir sur la table près de lui.
_ Tu fais quoi ici ? Je veux dire, je croyais que tu étais partie dans le nord avec les filles ?
_ C'est ce qu'il s'est passé, nous étions en chemin pour rejoindre un camp de survivant mais nous nous sommes séparés à cause d'une horde de zombie. Une vingtaine en fait et il fallait qu'on se sépare pour avoir plus de chance de s'en sortir. J'ai perdu de vue tes cousines et puis plus rien. Je les cherche depuis deux ans maintenant.
Mon sourire retombe aussitôt. C'était trop beau pour être vrai. Revoir Valentin ne signifie pas que je pourrais revoir mes cousines. Les chances sont minimes, surtout qu'il fait ça depuis deux ans.
Je passe une main dans mes cheveux, déboussolé et essaie de garder un minimum de sang froid avant de répliquer.
_ Écoute, on essaiera de trouver une solution pour l'instant, on va se reposer, on a eu une dure soirée.
Je quitte la pièce sans le regarder et me dirige vers la salle où j'étais au tout début. J'avais besoin de m'isoler. Une boule au ventre se forme et des larmes commencent à couler. Je souhaitais revoir un membre de ma famille après tant d'années mais le destin en a décidé autrement. Même ma mère me manque cruellement et je dois accepter tout ça.
Je ne sais pas combien de temps je vais tenir.
Dans la soirée, Ludo passe dans la pièce pour voir si je vais bien. Je lui lance un sourire simple avant de me lever pour le rejoindre. Il quitte la pièce pour aller dans la salle d'attente, là ou se trouve Valentin. J'arrive après quelques minutes et m'assois juste en face d'eux. Les garçons sortent trois boîtes métalliques de légumes d'un sac a dos noir, Valentin m'en passe un avec une cuillère et commence à manger.
_ Je ne pensais pas te revoir à vrai dire, commence mon meilleur ami.
_ Moi non plus, je réponds simplement.
_ Et tes parents ?
J'aurais dû me préparer à ce genre de question puisque c'est ma famille et que nous sommes proches. Il a vue mes parents depuis que je suis au lycée et depuis qu'il sort avec ma cousine mais je n'arrive pas à lui répondre. Entre la mort de mon père et le kidnapping de ma mère, je suis complètement perdu. Et je m'étais promis de ne rien dire à ce sujet à Ludo.
Le concerné me lance un regard et comprend que je ne parlerais pas avant de répondre à Valentin que je ne dirais rien. Celui-ci s'étonne et fronce des sourcils tout en essayant de comprendre le pourquoi du comment mais je dévie sur un autre sujet. On discute de sa soeur qui s'est séparé de lui lors de l'apocalypse. Il n'a jamais eu de nouvelle et espère fortement qu'elle soit encore en vie. Je parle de mon frère qui est resté en France et dont nous n'avons pas non plus eu de nouvelles et de ma façon de vivre depuis que je suis seule. Je lui explique simplement que je ne suis plus avec ma mère depuis six mois et que la solitude est devenue un allié. Mais que Ludovic a essayé de faire changer cette habitude car il voulait rejoindre son oncle à Pittsburgh.
_ Vous êtes sérieux ? Aussi loin ?
_ Il souhaite y aller et moi aussi.
_ D'accord pour lui mais toi..je veux dire donne moi une bonne raison. Et s'il te plaît ne me répond pas par un silence, c'est fatiguant. Il est avec toi depuis plus d'une semaine et je sais que ta pas confiance en lui mais je ne crois pas qu'il va faire tout foirée. S'il est encore là, c'est qu'il souhaite ton aide et inversement, réplique Valentin, agacé de mon silence.
Il me connait et sait comment je suis. Alors lorsqu'il a sorti cet argument, je n'ai pas pu me taire davantage et j'ai commencé à lui expliquer le pourquoi du comment. Seulement sur l'histoire de ma mère.
_ Une voiture militaire avec la lettre J nous surveillait depuis un bon moment. Nous n'avions pas fait attention et nous avons continué de chercher des vivres à chaque fois que nous sortions. Et ce n'était pas tout le temps. Un jour, il ont réussi à la kidnaper et j'étais impuissante. Je ne savais pas quoi faire et je m'en veux de ne pas avoir tenté quelque chose. J'ai éliminé des chasseurs par la suite, ceux qui avaient un contact avec ces gens-là et j'ai eu des infos. Le quartier général se trouve à Pittsburgh et ils sont un peu partout. Ils travaillent avec certains chasseurs et ils ont des ordres directes de ce J. Sans plus. Alors j'ai décidé de partir pour retrouver maman, mais c'est sans compter sur lui qui a tout entendu ou du moins mon envie de partir et qui a voulu m'accompagner.
Mon meilleur ami rigole après avoir entendu ma version des faits et comprend enfin mon geste. Quant à Ludovic, il est gêné par le fait d'être pris pour l'espion dans cette histoire mais ne dis rien.
Par la suite, nous décidons d'aller nous coucher et je quitte la première, la salle. J'avais besoin de dormir pour oublier ma douleur.
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