6
Après une semaine à marcher, nous sommes arrivés à Boonsville.
La nuit tombe lentement lorsque je vois la ville juste en face de moi. Ludo s'arrête devant un panneau, enlève les feuilles qui sont sur le bout de métal avant de sourire. Il me fait un signe, me demande de baisser le tête et je vois le nom de la ville. Un large sourire apparaît sur mon visage et mon courage revient au galop.
J'étais contente d'être arrivé. D'abord parce qu'il fallait qu'on se repose enfin après avoir un peu forcé sur la marche. Et ensuite, pour refaire notre sac. Le peu de provision qu'on avait n'allait pas tenir pour la suite et je savais que tôt ou tard il fallait refaire des courses.
Des cris se font entendre dans la forêt, ce qui me fait tourner la tête vers la droite et vers la gauche. La peur au ventre, j'essaie de garder mon calme mais je ne supporte pas sortir la nuit. Et malheureusement, je n'ai pas suivie cette règle. Ludovic comprend d'un regard que je ne vais pas bien, attrape mon bras et le tire vers l'avant. Je le suis sans poser de question. On avance d'un pas rapide, la main sur notre arme, observant aux alentours le moindre geste, le moindre bruit qui nous paraît suspect. Arrivé devant deux routes qui donnent sur deux destinations différentes, Ludovic prend sa carte et regarde rapidement puis me dit qu'il fallait continuer en prenant le chemin de droite. D'après lui, nous arriverons en ville et nous pourrons trouver un endroit pour dormir. C'était tout ce que je demandais.
Être à l'abri.
Le chemin que nous empruntons deviens boueux mais cela ne nous arrête pas. On court sans s'arrêter et passons parfois devant des claqueurs qui nous entendent mais qui n'arrivent pas à suivre la cadence et qui abandonnent au bout d'un moment. J'ai le cœur qui bat trop vite mais je ne veux pas m'arrêter tout de suite. Pas encore. Les bâtiments restants se font voir au loin et l'espoir d'être proche augmente de plus en plus. Il est important qu'on ne reste pas dehors car cette rumeur au sujet des chasseurs est toujours d'actualité et tant que je n'ai pas confirmé de mes propres yeux qu'ils ne sont pas là, alors nous devons faire extrêmement attention.
Le barrage mis par la police au moment où tout à commencé apparaît dans mon champ de vision et je souffle de soulagement. Ludovic fait de même et avance tranquillement, sort son arme et continue d'avancer. Dos à lui, je veille ses arrière pour être sûr que nous n'avons pas été repérés et arrivons comme prévu dans la ville. La rue principale est calme, trop calme. Juste des voitures abîmés, des magasin détruits, des corps pourris gisant au sols depuis des semaines voire des mois, et des traces de pas, sûrement des infectés. Sans attendre une minute de plus, je range la lanière de mon sac sur mon épaule, regarde bien que mon arme est chargé et nous continuons la route.
Chaque chemin que nous empruntons est truffé de piège. Et les faire exploser revenait à réveiller les infectés dans les parages. Nous étions obligés de changer de rue ou de ruelle afin d'éviter de le faire et surtout pour nous protéger. Le fait même de voir un piège comme celui que j'ai vue, me donne déjà un indice sur celui qui l'a fait. Et j'ai deux hypothèses mais je veux attendre demain pour être sûr que l'un d'eux se réalise.
Parce que c'était notre vie qui était en danger. Et eux ou lui, allait sûrement savoir bien assez tôt que deux personnes étaient passé par là.
On rentre dans une boutique lorsque Ludovic s'arrête avant de demander sérieusement.
_ Si tu passe par ce trou, tu penses ouvrir la porte ? demande Ludovic en fixant le problème.
_ Tu veux dormir ici ?
_ La pharmacie est à deux rue d'ici, on est bien positionné pour voir tout ce qu'il se passera dans cette rue, et puis, c'est une bonne planque.
Je regarde aux alentours, et remarque qu'il a raison. En sortant de l'immeuble de quelques pas, je peux apercevoir la croix verte de la pharmacie au bout de la rue couverte de quelques feuilles séchées, elle est légèrement penché, prête à tomber et des magasins de vêtements juste à côté. Elle est en ruine mais je suis certaine que les vêtements sont encore en bon état. Après un long silence, je réponds par le positif puis décide de me mettre à l'action. Le dire était simple mais le faire était plus difficile. Elle était bloquée par un armoire.
Sur le côté, je peux apercevoir qu'il y a un trou assez grand pour un enfant. Je lance un regard à Ludo qui hausse des épaules, assez confiant que je puisse passer et croise les bras, attendant que je teste l'idée. Je souffle, prends mon temps et tente le tout. Je passe tout d'abord ma jambe droite puis mon épaule et mon bras droit avant de passer le reste de mon corps. Étonné que c'est réussi, je saute de joie et me calme immédiatement car j'avais complétement oublié que j'étais encore dans le magasin.
_ Ouvre s'il te plaît.
Sans attendre, je déplace le meuble, coupe la corde, et lui ouvre la porte. Il récupère mon sac et avance avant de fermer la porte et de tendre mon sac. Je le remercie silencieusement puis nous montons les escaliers.
Le magasin de meuble avait deux appartements au-dessus. Le premier étage était bloqué par des objets nous empêchant de rentrer dans la pièce. On choisi de ne pas trainer et nous montons au deuxième. La porte s'ouvre facilement et je peux voir depuis l'entrée que le salon est vide.
Ludovic passe en premier et va vérifier que nous sommes seules. Il inspecte dans la salle de bain et dans la chambre parentale pendant que je fais la même chose dans la cuisine et dans le dressing. Rien du tout, à part des vieux meubles et des objets sales et abîmés. Je referme la porte, tranquillement et souffle de bonheur.
J'étais plutôt contente d'être enfin dans un endroit sûr. La peur au ventre, j'essayais de la cacher derrière la froideur mais je ne voulais pas mourir comme les autres.
J'ai un objectif clair et je ne veux pas partir tant que je n'ai pas vue ma mère.
Mon accompagnateur revient et s'assoit sur le canapé comme la dernière fois. Il dépose son sac près de lui puis s'allonge et ferme les yeux. Je m'assois aussi, lance un regard vers la fenêtre puis lâche mon sac et ferme les yeux.
Cette histoire, ce kidnapping n'aurait pas eu lieu s'ils avaient laissé ma mère de côté. Et maintenant je dois traverser la moitié de l'Amérique pour la retrouver à cause de cette organisation. Personne ne sait qui c'est. J'ai juste pu entendre un nom lorsque je me cachais des chasseurs mais sans plus. Et j'ai beau essayer de soutirer des infos à tous ce qui ont déjà eu affaire avec lui avant de les tuer, rien. Je n'avais pas plus de choses à apprendre de leur part.
Et ça m'énerve. Car si je n'avance pas, je risque de ne jamais la revoir. Les seules infos que j'ai pu obtenir sont que cette organisation est plantée à Pittsburgh au centre même de la ville et que ces gars sont ces sbires. Il travaille aussi avec quelques chefs de chasseurs mais je n'ai pas les noms.
Qui sont-ils ? Aucune idée.
_ Tu réfléchis trop.
J'ouvre les yeux et constate qu'il s'est assis et qu'il me regarde depuis quelques secondes. Bras croisé, il attend que je parle.
_ Comment tu le sais ?
_ Tu joues avec ton doigt. C'est un tic chez toi.
Baissant les yeux sur les mains, je constate que je suis en train de jouer avec mon doigt et qu'il ne s'arrête pas.
_ Tu veux que je te dise quoi, je dois réfléchir pour nous sortir de là.
_ Et moi, je compte pour du beurre ? demande Ludo en soupirant.
_ Non.. question d'habitude.
_ Combien de temps que tu es seule ?
La question à un million.
_ Eh bien..assez pour savoir comment me gérer.
_ Tu ne donnes pas plus d'infos sur toi.
_ La confiance ça se mérite, dis-je doucement.
Sans lui laisser le temps de me répondre, je me lève et pars dans la chambre d'ami au bout du couloir. Épuisée par cette journée, je ne voulais qu'une seule chose, dormir et si possible le plus longtemps avant de repartir. Parce que la suite n'allait pas être de tout repos.
Le lendemain
En sortant de la petite pièce, lorsque je regarde dans la salon, je constate qu'il est dans la même position qu'hier. C'est-à-dire, lorsque je l'ai quitté. Il range le peu de nourriture qu'il a trouvé lorsqu'il lève la tête vers moi.
Je reste planté devant l'entrée du salon, sans rien dire et le laisse terminer avant de lui demander.
_ Les balles, c'est pour toi ou pour moi ? je demande en montrant d'un geste les balles.
_ Pour toi, je n'ai pas cette arme.
_ Merci.
_ Tu souhaites avoir confiance en moi alors je vais faire de mon mieux, dit-il en se levant.
Je n'étais pas étonné de sa réponse et je comprenais pourquoi. Ma réponse lui est restée en travers de la gorge hier soir et il veut tout faire pour me montrer qu'il l'a mérite. Je récupère les balles, le range dans mon revolver, puis le range dans ma poche arrière. Par la suite, je pars dans les autres pièces pour voir si je peux me changer et trouve après avoir fouillé dans plusieurs placards, une veste marron foncé, un tee-shirt noir et un jean bleu foncé. Ravie de me changer, ferme les portes et cinq minutes plus tard, je suis changé. Je retrouve Ludo qui est devant l'entrée et lui dit qu'on peut y aller.
L'objectif aujourd'hui, est de trouver des produits pharmaceutiques pour nos blessures. Que ce soit de l'alcool, du coton, des pansements ou bien des aiguilles pour coudre en cas de blessures graves. La veille, sans le remarquer, je m'étais blessé en essayant de passer par le trou pour ouvrir la porte. Il y avait un bout de verre coincé. Pas de bol pour moi. Mais comme c'est une blessure légère, je ne m'inquiète pas trop contrairement à Ludovic qui a une blessure un peu plus grave.
Au niveau du bras. Blessé depuis que nous avons rencontré un chasseur qui faisait sa ronde seul. Il avait une arme mais je l'ai désarmée pendant qu'il était concentré sur Ludovic. Après ça, il m'a donné un coup au ventre avant de prendre sa lame et de se jeter sur Ludo, tête la première. Le bras a été touché durant le combat, mais sans plus. Et depuis, il traîne avec cette blessure jusqu'à ici. C'est pour cela que nous voulions trouver une pharmacie plus pour lui que pour moi.
Nous descendons les marches des escaliers, en silence, lorsque j'entends une voiture militaire qui passe près du bâtiment. Je me baisse immédiatement comme lui et nous avançons doucement vers la sortie.On se cache derrière une bibliothèque et essayons de voir ce qu'il se passe sans se faire remarquer. La voiture s'arrête, deux hommes quittent le véhicule vert pour chercher des choses dans le bâtiment juste en face du nôtre et rentrent quelques minutes plus tard dans le véhicule avant de partir. Il se lève pour vérifier que nous sommes bien seuls mais je ne bouge pas d'un millimètre. Je reste bloqué, comme si mon cerveau refuse de fonctionner. La lettre que j'ai vue, il y a quelques minutes était celle que j'ai vue lors de son kidnapping. Jamais je n'aurais pensé le revoir après tant de semaines. Il ne venait plus dans les parages à Evansville et j'avais beau essayé de refaire le même parcours qu'eux, en espérant les revoir ou avoir plus d'indices, rien.
Et maintenant..
_ Ellana..
Je lève la tête rapidement vers lui, le visage neutre, essaye de me calmer mais j'étais perturbé. Je me lève lentement, le fait comprendre avec un demi sourire que je vais bien et marche vers la pharmacie. Hors de question que je lui dise la raison de mon état. Ou du moins, pas encore.
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