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Le lendemain, je décide d'y retourner en essayant cette fois de ne pas me faire prendre. Le gars d'hier m'a bien fait comprendre que je n'étais pas là bienvenue et j'ai l'intention de faire attention. Ce n'est pas là première fois que je tombe sur ce genre de type. Mais c'est la deuxième fois qu'il me laisse en vie. Habituellement, il essaie de me recruter puis me menace avant de m'enfermer quelque part le temps que je réfléchisse.
Mais ça ne fonctionne pas vraiment. Je ne veux pas être avec quelqu'un et je ne risque pas de faire équipe avec qui que ce soit. Je ne veux pas m'attacher.
En sortant de la maison, je remarque que le temps est gris et qu'il risque de pleuvoir. Je souffle sachant que c'était une mauvaise idée si je restais trop longtemps dehors puis commence à marcher.
Mon quartier n'est pas silencieux. J'entends des cris d'infecté non loin mais je décide de ne pas les tuer. Des cris d'humains, des bruits d'animaux et parfois je dois me cacher pour éviter des groupes de chasseurs qui passent souvent près d'ici.
Le temps se dégrade au fur et à mesure. J'arrive enfin devant l'épicerie du coin et fais attention à ne pas me blesser dû au bout de verre qui est resté coincée dans la porte. J'entre dans le magasin et sors mon arme à feu. Je passe entre plusieurs rayons et récupère ce qui est potable avant de prendre une bouteille d'eau et de le ranger dans mon sac. Je me dirige ensuite vers l'arrière du magasin pour me changer.
Ma règle est de garder mes vêtements au moins une semaine. Puis je choisis des vêtements simples et sombres pour une nouvelle semaine. Je fais en sorte de prendre soin de moi, de ne pas lâcher. Mais au fond, je ne veux qu'une seule chose, le retrouver et faire ce que je dois faire.
Une fois que j'ai fini, je sors du magasin et soupire en le voyant. Mais vraiment ?!
De tous les êtres humains le plus détestables je tombe sur lui ?!
Bras croisé, il me lance ce fameux regard et attend que je commence la conversation. Habillé d'un pull sombre et d'un jean, il ferait presque partie du décor si je ne l'avais pas remarqué.
_ Tu fous quoi ici ? Je demande en croisant moi aussi les bras.
_ Je te cherchais.
_ Laisse-moi tranquille, je n'ai pas besoin de baby-sitter.
Il pouffe de rire avant de se lever et d'avancer dans ma direction.
_ Tu n'as pas répondu à ma question hier.
_ Et tu penses que je suis d'humeur à t'en donner ?
_ Répond s'il te plaît.
_ J'y gagne quoi ?
_ Ça dépendra.
Les devinettes ne sont pas mon truc alors soit il s'explique et me donne plus d'infos ou soit je le laisse.
_ Écoute, j'ai appris que j'ai un oncle vivant vers le nord, il a tout ce qu'il faut.
_ Pourquoi je te suivrais ?
_ J'ai cru entendre que tu voulais aussi y aller.
Putain, il me suit depuis quand lui ?!
_ Je l'ai entendu lorsque tu t'es expliqué auprès des chasseurs la dernière fois.Ceux qui t'ont laissé tranquille.
Tout s'explique.
Cependant il venait de confirmer ce que je pensais. Il me surveillait depuis un petit moment et il connaît mes intentions. Je le regarde durant un long moment avant d'entendre un cri de coureurs non loin de l'endroit. Ne voulant pas être de nouveau avec lui, seule dans une pièce, je range ce que j'ai trouvé, sort une flèche au cas où, et quitte l'épicerie. Ludovic sort un surin de sa poche arrière et fronce des sourcils en voyant une forme humaine qui bouge de l'autre côté de la rue. Il me fait signe qu'il y a du mouvement ce qui me donne une raison de plus de m'éloigner de cet endroit.
C'était vraiment stupide de ma part de m'éloigner de la maison mais il fallait que je me prépare à quitter cette ville pour de bon. Entre les chasseurs de cet zone qui essayait de me recruter avant que je tue l'un des leurs et qui maintenant souhaite ma mort, des bruits étranges provenant de la maison de mon voisin et les nombres de fois où je voyais des véhicules avec la lettre J dessiné sur le capot, j'avais compris que je n'étais plus en sécurité.
La raison de mon départ ? C'est simple.
Il y a six mois, ma mère s'est fait enlevé par des hommes de mains. Ils nous surveillaient depuis un moment et nous ont tendu un piège. J'étais entré dans une maison, en espérant trouver de quoi manger et elle était devant la porte, en train de surveiller les alentours. Ne souhaitant pas rentrer, je ne l'ai pas forcé. J'ai entendu des cris, des hommes qui donnent des ordres, le bruit d'un moteur et le véhicule qui accélère. Ma mère s'était fait kidnapper. J'avais juste eu le temps de voir la lettre J, et c'était la dernière fois que je l'a voyais. Depuis ce jour, je m'étais juré de faire attention à moi, de m'améliorer, de devenir plus forte pour enfin la récupérer. Je suis consciente que cette simple preuve ne sera pas suffisante pour trouver cette personne, mais j'ai déjà une idée en tête. J'espère juste que ce n'est pas le cas, sinon je ne répondrais plus de rien.
Nous arrivons dans mon quartier au bout d'un certain temps et commençons à courir lorsque la pluie tombe. Je me protège comme je peux et entre avant de fermer le porte. Elle s'ouvre de nouveau pour laisser entrer Ludovic qui m'avait suivie depuis le tout début et il referme derrière lui.
Nous sommes légèrement mouillés, les chaussures pleines de boue et nous avons froid. Je tremble de partout et je sais que je risque d'attraper froid si je ne fais rien, alors je monte sans lui dire quoi que ce soit, me change rapidement pour éviter de tomber malade puis le rejoins de nouveau, dépose une simple couverture sur le canapé en lui lançant un regard. Il ne réagit pas, mais hoche la tête, en signe de remerciement et je remonte pour lui laisser un peu d'intimité.
La proposition qu'il m'a faite est clairement intéressante mais je ne sais pas si je peux lui faire confiance et ce qu'il s'est passé les deux fois où nous nous sommes vues ne m'ont pas du tout aider. Il n'est pas la personne idéale pour un voyage et ce n'était pas du tout au programme de l'avoir avec moi. Étant seule depuis six mois, je me suis habitué à la solitude et avoir un compagnon qui change radicalement mon mode de fonctionnement n'est pas ce que je voulais.
Soupirant de fatigue et de cette histoire qui me prenait la tête, je le laisse de côté et essaie de me reposer.
Un peu plus tard, dans la nuit, je me suis réveillé par des bruits de camions. Depuis le dernier passage de ces chasseurs, je mets un point d'honneur à les éviter s'ils décident de venir fouiller chaque maison. Ils font aussi le ménage par la même occasion ce qui ne me dérange pas mais leur passage ce soir est plutôt louche. Regardant par la fenêtre, j'aperçois deux camions qui sont pas très loin quatre hommes viennent de sortir des véhicules pendant que deux autres montent la garde. Sans perdre de temps, je prends l'arme sous mon oreiller, enfile mon pull et rejoins Ludovic qui est accroupi sous la fenêtre. Il essaie de regarder de temps en temps dehors pour garder un oeil sur eux.
M'approchant du jeune homme, je fais la même chose que lui, et attends qu'ils s'éloignent après que les chasseurs aient essayé de regarder à l'intérieur. Heureusement que les planches aident.
_ Comment ont-ils réussi à savoir où je me planque ? je demande en regardant rapidement Ludovic.
Il hausse les épaules et continue de surveiller. Si lui n'a pas une idée, moi j'en ai une. Mais je ne sais pas si je le lui dit. Soit il est avec eux et c'est un piège et je vais vraiment en baver, soit ils ont réussi par un moyen que je ne connais pas pour déterminer où je me cache. Et ça c'est pire. Parce que je dois changer d'endroit à tout prix.
_ On doit bouger ! M'exclamais-je en chuchotant.
_ Non, tu crois ?!
Roulant des yeux, je le fais signe de me suivre tout en lui montrant son sac. Nous allons vers la cuisine et prends mon sac qui était caché dans le placard, récupère les différentes lames, les mets dans mon sac et n'oublie pas de prendre la lampe torche. Puis j'ouvre la porte de la cuisine qui donne sur la cour arrière qui est elle-même reliée à celle de mes voisins du gauche. Je vérifie rapidement du côté droit puis, toujours accroupis, avance dans le noir et atteinds sans difficulté la cour arrière.
Au même moment, j'entends du bruit derrière nous et je peux constater que quelqu'un essaie de voir dans l'arrière cour où je me trouvais. Je commence à paniquer mais garde mon sang-froid. Ludovic me lance un regard qui voulait tout dire et comprenant qu'il ne fallait pas tarder, fais plus vite pour rentrer dans la maison de mes voisins. Je monte à l'étage, ouvre la porte du fond laisse Ludovic entrer et je l'a referme rapidement. Cette pièce est clairement bloqué par des blanches et j'ai fait en sorte qu'elle soit complètement délabré. Le seul moyen pour qu'on ne vienne pas ici .
Les chasseurs restent un moment dans les parages avant de tirer sur quelques infectés qui passaient par là et de s'éloigner rapidement. On se lance un regard ravi de voir que la voie est libre mais préfère rester au cas où ils reviendraient.
Je crois que c'est clairement la pire nuit depuis que je suis seule.
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