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Comme prévu, nous étions en route pour Corydon. La distance qui nous séparait de notre prochaine ville étant plus de 90 kilomètres, c'était une connerie d'y aller à pied. De plus, avec ce qu'ils nous étaient arrivés, hors de question de les mettre encore en danger. Le van avait encore de l'essence et avec ce que nous avions récupérer, c'était suffisant pour nous faire tenir, enfin je l'espère. La route était difficile et longue. Entre des voitures entassés comme des jouets, des corps décomposés et entassé au plein milieu de la route avec le logo de l'organisation ou bien tout simplement des infectés. Voyager dans ces conditions était une très mauvaise décision mais nous ne devions pas perdre de temps. Ce qui était aussi bien durant le voyage, c'est que nous alternions entre nous pour laisser les autres se reposer. La plupart du temps c'était moi et Aurélie qui tenaient le plus et je soupçonnais les garçons de faire exprès de faire semblant. Mais je n'avais pas envie de me disputer. C'était juste un comportement de gamin et c'était une simple question de temps avant qu'ils se reprennent.
De plus, je n'avais pas vraiment la tête à me chamailler avec eux. Depuis ma dernière discussion avec ces chasseurs, j'essaie toujours de comprendre les intentions de l'organisation en voulant kidnapper ma mère. A quoi leur servirait-elle ? Elle est professeur et doctorat en ingénierie mais elle a cessé de travailler depuis ma naissance pour s'occuper de moi. Je conçois que son diplôme ainsi que ses connaissances pourraient être un atout intéressant à l'organisation, mais la question est de savoir, comment ont-ils eu l'information au sujet du passé de ma mère ? Je veux dire, quelqu'un à l'intérieur, a un dossier sur elle et sur ses antécédents. Je soupire une énième fois, et essaie de me concentrer sur la route. Je sens le regard de ma cousine mais elle ne pose pas de question et je lui en suis très reconnaissante. Je n'ai aucune réponse à lui apporter, et tout comme elle, je suis dans le floue totale. J'ai des dizaines de questions à leur sujets, leurs programmes, leurs intentions, qui, ont le voit déjà sont malveillantes, mais surtout, pourquoi moi ? Suis-je devenu la cible parce que je suis sa fille ou bien étant la fouteuse de trouble de leurs plans dangereux ?
_ Tu penses beaucoup, réplique Aurélie en ouvrant la fenêtre et en fermant les yeux.
Je ricane mais ne rajoute rien pour autant. Elle n'a pas tort, lorsque quelque chose me dérange, je vais réfléchir à une solution et cela peut prendre des jours. Je ne lâche pas l'affaire. C'est un défaut et une qualité chez moi.
_ Désolé..je suis ailleurs, je rajoute doucement.
_ Ne t'excuse pas..mais ce n'est pas pour autant que tu dois t'enfermer, dit-elle en souriant. Et puis, n'oublie pas qu'on a aussi ma sœur à retrouver.
_ C'est vrai, j'ajoute en passant une main dans mes cheveux.
Le silence s'installe de nouveau et je pense, mais cette fois à Alma. La sœur jumelle d'Aurélie. Cela fait maintenant plus de deux ans que je ne l'ai plus revue. La dernière fois, c'était lorsque j'avais terminé une soirée avec elle et que nous avions dormi chez elles, puis je suis retournée chez moi et c'est là que l'épidémie est arrivé. Je me souviens que nous avions essayé avec maman de rejoindre leur maison, mais lorsque nous sommes arrivés, nous avons lue une lettre expliquant qu'ils était parti vers l'est mais pas plus d'indice. Nous avons préféré rester dans les parages et depuis, je n'ai pas tant bougé que ça. Je ne sais pas si c'était la peur de quitter la zone ou j'ai l'habitude de patrouiller ou bien la peur de l'inconnu, mais pourtant, nous vivons dans l'inconnu chaque jour, espérant rester en vie, mais cette peur-là, m'empêcher de partir plus loin. Et même si ce kidnapping est quelque chose de négative, je le prends positivement, car dans un sens j'ai pu retrouver deux membres de ma famille, et un ami, même si notre relation est ambiguë pour l'instant.
_ On retrouvera Alma, je suis certaine, dis-je confiante.
Ma cousine hoche la tête puis reste silencieuse ne voulant pas aller plus loin sur ce sujet. Il n'est pas tabou, il est sensible tout simplement. Je ne peux pas comprendre ce qu'elle ressent actuellement puisque je suis fille unique, mais je sais qu'elle a mal et qu'elle a peur de retrouver un jour, une lettre, ou qu'elle entendre la mauvaise nouvelle de la parte de quelqu'un d'autre au sujet de sa sœur. C'est sa moitié, et si elle part, elle a perdu une partie d'elle.
Une heure plus tard, nous nous arrêtons devant une station d'essence et je gare le van de façon à ce qu'elle soit le moins possible visible et qu'on puisse la retrouver intacte le lendemain. On récupère nos sac et entrons en silence dans la boutique. Plongé dans le noir, il est assez difficile de voir quoique ce soit et nous n'avons pas du tout envie d'être la cible des autres infectés si on utilise la lampe torche.On marche tranquillement, essayons de faire le moins de geste brusque possible et après des minutes qui m'ont paru longue, nous constatons que la zone est safe que nous pouvons aller dans l'arrière-boutique pour se reposer. Valentin et Aurélie colle leur sac qui deviendront un oreiller tandis que je m'assois dans un coin et que Ludovic fait de même. On soupire de bonheur de pouvoir se reposer sans se soucier durant un moment des alentours et les tourtereaux s'endorment plus rapidement que je le pensais. Il ne reste plus que moi et Ludovic. Je vois qu'il flanche de tant à autre mais tente de rester éveiller. Je ricane doucement avant de chuchoter.
_ Dors, je reste éveiller.
Il fait un geste de la main, signifiant qu'il peut tenir, mais au fur et à mesure, je constate que ce n'est pas le cas et lui aussi. Dans un dernier soupire, il me sourit puis s'endort. C'est moi qui a conduit mais qui reste debout, c'est incroyable. La fatigue n'était clairement pas au rendez-vous. Je surveille de temps à autre l'extérieur pour m'assurer que le Van est toujours là et surtout qu'il n'y a pas d'infectés proche de la boutique. Je marche parfois, fais le tour, mais rien ne vient. Le sommeil a complètement décidé de ne pas venir. Niquel !
Le lendemain matin, c'est Val qui décide de prendre le volant après m'avoir lâché des commentaires assez sympas du type : je ne sais pas qui est le plus moche, l'infecté ou toi.
Résultat, je suis resté derrière, ne voulant pas lui adresser la parole et que je me repose sur l'épaule de Ludo. Il sourit en voyant que Val tente de se racheter, mais c'était trop tard. Je commence doucement à dormir et je sens que ma main est entrelacée avec la sienne, mais ce n'est pas pour me déplaire.
Un peu plus tard, je me réveille dans l'après-midi et découvre que nous nous sommes arrêtés en face d'un panneau de bienvenu, indiquant que nous sommes arrivés à Santa Meinrad. Je passe une main sur mon visage pour me sentir plus réveiller puis questionne Aurélie du regard. Ma main toujours lié à celle de Ludovic, je ne l'enlève pas.
_ On est bloqué, cela signifie qu'on va devoir passer par une autre route pour atteindre Corydon.
_ Ah.
Les imprévus, c'est notre quotidien depuis quelques années, mais ce n'est clairement pas agréable de l'avoir pour autant. Avant, on avait la radio, les infos pour nous permettre de savoir ce genre d'info, mais là, encore une fois, on va devoir se débrouiller. Val demande à Ludovic de lui passer la carte, ce qu'il fait. Il ouvre devant lui et cherche la route la plus proche pour nous éviter de perdre trop de temps. Je peux voir au loin des infectés, mais vue la lenteur à laquelle ils marchent, ils ne pourront pas nous rejoindre. Le temps défile doucement, nous attendons une réponse de la part de Val qui après dix minutes nous explique qu'il a trouvé et que ce n'est justement pas loin.
_ On prend la route 64 et prochaine destination, St. Croix.
On hoche la tête et avant de partir, fouillons aux alentours, et récupérons un peu d'essence puis, il fait demi-tour, pour prendre la route de secours.
On ne risque pas d'arriver le plus vite possible, mais le plus important c'est d'y arriver en vie et en bonne santé, toute l'équipe au complet.
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