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Je n'arrivais pas à croire ce que je voyais. Il était devant moi, en train de sourire face à la situation. J'avais des soupçons, mais je voulais me concentrer sur l'essentiel tout en pensant que j'y arriverais, mais j'avais oublié qu'on pouvait se faire poignarder dans le dos à tout moment. Il l'avait senti, pas moi.
Il l'avait compris, pas moi.
_ C'est impossible...dis-je essoufflé
_ Et pourtant je suis bel et bien devant toi.
_ Il avait raison de ne pas te faire confiance...rajoutais-je abattu.
_ Il ? Oh tu parles de Ludovic ? Hmm, moi non plus je ne l'appréciais pas.
_ Pourquoi ? Pourquoi faire ça ?!
_ Tu n'as toujours pas compris ? Ca m'étonne venant de toi.
_ Arrête avec tes énigmes !
_ Et pourtant c'est simple à comprendre. Tu étais juste un appât me permettant de trouver les lucioles, mais malheureusement tu as échoué.
_ Alors quoi, tu n'as pas eu ce que tu voulais et tu m'attrapes ? Pour quoi faire?
_ Les lucioles, c'était ma petite vengeance personnelle, mais toi, tu es intéressante pour l'organisation.
Le choc se lit sur mon visage. Je ne m'attendais pas à une réponse pareille et pourtant j'avais bien entendue. L'organisation me cherchait. J'étais devenue leur cible, la question maintenant c'était de savoir depuis quand ? Depuis que j'ai éliminé ces hommes dans ma ville, ou lorsque j'ai tué ce chasseur et que j'ai blessé cette femme à la main ? Il y a tellement de moment où j'avais mis des bâtons dans les roues de cette organisation que je ne sais pas quand-est ce que je suis devenue une cible à attraper.
_ Non..pas eux, chuchotais-je.
_Je ne sais pas pourquoi ils te veulent, mais un deal est un deal.
Un deal ?
_ Tu m'as piégé espèce de malade !! Moi qui pensais que depuis le début tu voulais les sauver mais tu t'es foutu de nous au nom de quoi ? De la protection de cette organisation qui kidnappe des gens comme bon lui semble ! C'est ça ?! Je m'exclame en colère
_ Tu ne sais rien d'eux !! Il s'exclame en criant.
_ Si ! Assez pour savoir qu'ils éliminent qui ils veulent et profiter de la vulnérabilité des gens pour asseoir leur pouvoir sur eux. Ces gens ont débarqué comme ça du jour au lendemain, et tout le monde a commencé à les suivre. Si tu ne veux pas être de leur côté, travailler pour eux ou être un indic, tu deviens leur ennemie. C'est eux qui ont les commandes, ni vous, ni toi. Tu n'es jamais libre avec eux, au contraire, répliquais-je sèchement.
_ Haha, vous entendez ça les gars ? On est pas libre apparemment.
Les chasseurs éclatent de rire face à ma dernière remarque et se moque de moi. La colère monte, mais je ne peux pas réagir sur un coup de tête. Ils sont nombreux et tous mes amis sont partis. Pas de lucioles en vue, donc je ne peux pas faire grand chose. Ça serait absurde de ma part et je pourrais me blesser. Voir pire.
La pluie commence à tomber mais cela ne l'empêche pas de donner des ordres aux chasseurs. Certains devaient bloquer l'énorme trou que nous avions fait dans la cantine, là ou ils gardaient les zombies pendant que les autres récupérer les armes et préparer les voitures. Je cherchais un moyen de sortir mais je ne trouvais aucune solution et surtout, je voyais qu'au fur et à mesure, il y avait plus de chasseurs. C'était impossible pour moi de m'enfuir sans être blessé. Ils ne peuvent pas me tuer puisque c'est l'organisation qui me veut et donc je suis un colis important à leur yeux, le moindre problème peut leur être fatale.
Je soupire. Moi qui pensait que tout allait se bien passer, je m'étais trompée lourdement.
Une fois que tout est prêt, l'un tire mon bras vers le haut pour me faire lever et me pousse à monter dans une camionnette. Je monte non sans grimacer dû à la douleur au niveau de la jambe à cause de l'un deux et m'assois. Clément sourit, fière de son coup pendant que je le fusille du regard. Je suis encore sous le choc. Je suis tombé dans le panneau. J'avais des doutes certes, mais je ne pensais pas à un piège comme celui-ci.
Au moment où tous les chasseurs se placent dans des véhicules autour de moi la situation change immédiatement. Des hommes pointent leurs fusils face à leur camarde sans sourciller. Je ne comprends pas du tout ce qu'il se passe. L'un deux, tissu au visage masquant une partie de son visage, s'approche et me fait sortir du véhicule, me détache et me demande si je vais bien.
Clément s'énerve et hurle à ses hommes de riposter mais aucun d'eux ne fait de geste de peur de recevoir une balle dans le crane. Tout le monde est perturbé, moi, y compris. Je ne m'attendais pas à un tel revirement de situation. Il y a quelques minutes, j'étais assis à l'arrière de la camionnette, avec à l'idée que j'allais enfin revoir ma mère même si je laissais les autres ici et lui il arrive. Le soulagement se fait sentir quand je vois que l'un d'entre eux s'approche pour me libérer. Un tissu couvre son visage m'empêchant de le détailler. Il coupe la corde autour de mon poignet, vérifie que je ne suis pas blessé ailleurs que ma jambe et fait signe à un de ses amis de prendre soin de moi.
Plusieurs émotions me traversent en ce moment mais celui que je retiens le plus et la joie de pouvoir enfin avoir le contrôle de la situation. Clément n'arrête pas de hurler. Il demande des explications, hurle des ordres mais personne ne bouge. Sa voix résonne dans tout l'établissement et je suis certain d'une chose, que nous ne sommes pas les seules à l'avoir entendue.
L'homme masqué décide enfin après qu'on ait pris soin de moi de retirer le bout de tissu et c'est avec surprise que je découvre que c'est le luciole que j'avais vue dans le tunnel. Il me sourit, comprenant que je ne m'attendais pas à le voir et me remercie avec une poignée de main.
_ Ton discours m'a donné le courage de sortir de l'ombre. Tu as raison, c'était notre devoir auparavant et il le restera. On ne doit pas abandonner ces pauvres gens alors qu'ils ne demandent qu'une seule chose, de l'aide, explique le luciole en croisant les bras.
_ Aaaah !!
Un cri se fait entendre derrière lui et nous nous retournons pour découvrir que c'est Clément, arme à la main qui le pointe vers nous. Un rire cynique s'échappe de ses lèvres. Il est fatigué, essoufflé par le combat un peu plus tôt, et il ne tient pas en place. Sur son visage, je peux lire de la colère, de la haine et de la peine. Je ne sais pas pourquoi j'ai vue de la peine dans ces yeux alors qu'il ne souhaite qu'une seule chose, tuer les lucioles, c'est son seul objectif.
_ Ils doivent mourir !!! Aucun d'eux ne doit survivre !! C'est de leur faute tout ça !!
Les lucioles autour de lui tentent de récupérer l'arme qu'il a volé à l'un de ses hommes mais c'est peine perdu. A chaque fois que quelqu'un tente de s'approcher, il le pointe avec son arme et ricane avant de se tourner vers nous. Il veut celui qui a commandité mon sauvetage, mais il veut aussi détruire les lucioles pour ce qu'ils lui ont fait.
Je n'ai pas eu beaucoup d'info sur son passé et ce n'est clairement pas le moment de lui demander ce qu'il lui était arrivé. Cela l'affectera plus qu'autre chose et pourait envenimer la situation. Ces hommes le regardent, désespéré que son geste fonctionne, mais aucune chance. Un luciole qui était placé derrière, éloigné de la foule, s'approche doucement vers Clément sans faire le moindre bruit et réussi à le désarmer en lui donnant un coup de pied à la jambe, le faisant tomber. L'arme qu'il tenait entre les mains glisse jusqu'à moi et s'arrête à mes pieds. Je lance un regard à Clément, soupire et avance vers lui pendant que le luciole lui attache les mains dans le dos.
_ Ca fait quoi d'être à ma place ?
Il ricane mais ne répond pas.
_ Tu n'es qu'un pion dans leur jeu, dis-je en soufflant, et quand ils n'auront plus besoin de toi, ils t'élimineront.
_ Non...j'ai accepté un marché avec eux, impossible !
_ Tu verras, et à ce moment-là tu sauras que j'ai raison. Maintenant, dis-moi le nom de cette organisation.
_ Tu crois vraiment que je vais tout déballer comme ça ? Tu m'as pris pour un con ou quoi ?
Je regarde le luciole qui hoche la tête comprenant mon intention et s'approche doucement de Clément. Celui-ci le fusille du regard, énervé de le voir en vie et le luciole pointe son arme dans sa direction sans sourciller. Clément ne sourit plus et je comprends très vite que son premier point faible, c'est de ne pas mourir.
_ Comment s'appelle cette organisation Clément ? je redemande fermement.
Il était trop confiant malgré le pistolet en face de lui. Je n'arrivais même pas à décocher un mot venant de sa bouche alors recevoir ce nom était impossible. Les minutes passent et le silence devient pesant. Les hommes de mains de Clément attendent, épuisé de rester debout ou assis et font de signes pour qu'ils parlent mais rien ne sort.
_ Je t'ai dit...tu n'auras rien de moi.
Ça, c'était sur.
_ C'est les Loups Noirs, une organisation qui est apparue bien après qu'on ai réussi à éliminer le gouvernement et la police, répond l'un d'eux, assis depuis bien top longtemps dans la boue. Il baisse la tête quand je me tourne vers lui et attend sa sentence comme si j'allais le juger alors qu'il venait de me donner une réponse importante.
_ Ferme là ! Hurle Clément.
_ Maintenant que j'ai un nom, je sais à qui j'ai affaire, dis-je en regardant le luciole, encore merci pour votre aide.
_ Merci à toi, au fait je m'appelle Ethan.
_ Merci Ethan, Ellana pour ma part.
Je lance un dernier regard à Clément, signe que c'était la dernière fois que nous nous croisons avant de récupérer mon sac et de quitter l'établissement sous une pluie battante, blessé mais en vie.
Chacun sa route à présent.
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