Une main sur ma bouche, je ne bouge plus. Le chasseur avance dans ma direction et je ne sais qui est derrière moi. La personne me fait reculer tout doucement et me fait entrer dans une salle avant qu'il l'a refermé toujours une main sur moi. Je ne risque pas de courir c'est sur.
La lumière s'allume et je vois enfin mon sauveur. Il se place devant moi et pose un doigt sur sa bouche, me fait comprendre que je dois me taire. Oui ça je le sais. Le chasseur est là dehors non loin de nous depuis un moment et je sais que le moindre bruit serait fatale.
Une fois que nous sommes tranquille, je souffle de soulagement et m'assois par terre. De toute façon mon pantalon est sale alors.

_ Ton nom ?

Je lui lance un regard avant de répondre.

_ Ellana. Et toi ?

_ ...

_ Le tien ? Je répète plus agressivement.

_ Ludovic

_ Ok.

Pas commode lui.

_ Tu foutais quoi ici ?

Bon, que l'interrogatoire commence.

_ Inspecter comme d'habitude.

_ C'est pas ta zone, alors réponds moi franchement.

Super le nouveau. Et d'ailleurs comment sait-il que je ne viens jamais ici ? De ce que je sache, je ne l'ai jamais remarqué dans le coin.

_ Maintenant tu m'espionnes, intéressant.

_ Pff.

_ Je cherchais des vivres, de toute façon j'allais partir.

_ Où ça ?

Hors de question que je lui réponde, c'était mon problème, mon histoire et je ne voulais pas avoir affaire à cet individu avec moi. Ok il m'a sauvé mais ça s'arrête là. De plus il n'est pas vraiment sympa et la politesse n'est pas non plus son point fort.

Ne voulant plus continuer cette conversation trop intrusif, je quitte la petite pièce où nous étions planqué durant un moment, vérifie que les chasseurs sont bel et bien partis et m'éloigne au maximum de cet intrus.
Il n'avait pas tord sur une chose. Je n'étais pas dans la zone habituelle. Je ne suis jamais venu ici mais je connais un peu cet endroit, je venais dans le passé. Le problème est que je découvre un peu trop tard qu'il me surveille et je ne l'ai même pas remarqué. Je suis déjà rassuré qu'il ne me veuille aucun mal mais cette manie de savoir tout de moi m'effraie plus qu'autre chose.
Je ne sais rien de lui, juste son nom et l'une de ses planques et entre nous, cela ne m'aidera pas. Soufflant face à tout ce qu'il venait de se produire, je décide de rentrer, même si la journée n'était pas complétement terminé. De toute façon, j'avais déjà le plus important et le reste, je pourrais le chercher pas trop loin de la maison. Et quitte à retourner dans cet endroit, je le ferais, je devrais de toute façon affronter cette zone un jour où l'autre.

J'étais dans mes pensées lorsque j'entends un cri aigu. Je sursaute et risque de tomber du toit de la voiture où j'étais et sens une main qui attrape ma jambe avant de me tirer vers l'arrière. Je tombe du toit, grimace dû a la douleur et me retourne immédiatement pour faire face à un coureur. Le coureur hurle de nouveau détruisant mes tympans au passage et tente de mordre au niveau du cou. Le bras gauche bloque le coureur autant que possible mais ce n'est pas évident. La force qui émane de ce zombie est largement différent d'un humain et je l'ai souvent constaté lors de mes précédents combats contre eux. Certes je gagne car je réfléchis et je sais quoi faire mais leur seule réflexion c'est de vouloir manger dès qu'il voit une proie en face d'eux.

J'essaie de sortir ma lame à l'aide de ma main droite mais l'infecté frappe avec ses deux mains pour avoir le champ libre et ça, c'est hors de question.
Je hurle, énervé de ne pas réussir à le buter et lui donne un coup pied ce qui l'éloigne de moi durant un court instant, réussit à mettre la main sur cette foutu lame. Et lorsqu'il se jette de nouveau sur moi, prêt à me mordre, je le lui plante dans le crâne, faisant gicler par la même occasion du sang sur mes vêtements. L'infecté hurle une dernière fois et tombe sur moi, raide mort. Génial.

Essoufflé de ce qu'il vient de se passer, je pousse lentement le zombie sur le côté, dégouté qu'il soit tombé sur moi et m'éloigne davantage avant de respirer de nouveau. Certes l'odeur n'est pas agréable mais c'était lui ou moi.

Le silence est le meilleur son depuis le début de la mâtiné et je suis ravie de l'entendre. Entre les infectés qui rôdaient dans les alentours, les chasseurs et cet individu, j'avais besoin de silence pour me recentrer sur moi-même et réfléchir. La capacité de cet individu à m'espionner est étonnant. Avec les années, je me suis habitué à sentir lorsque ça n'allait pas et surtout à trouver qui me voulait du mal ou du moins mettre un visage mais lui c'est tout le contraire. Je ne savais pas qu'il me surveillait au point où il arrive à temps pour me sortir d'une situation inconfortable. Et de plus, il sait où j'ai l'habitude d'y aller. C'est frustrant de ne pas connaître son ennemi. Ennemi..non pas réellement.

Il est pour l'instant un point d'interrogation.
Des cries d'infectés se font entendre et je sais qu'ils se rapprochent rapidement. J'ai juste eu le temps de me lever et de récupérer mon sac que je les entends hurler en me voyant et foncent comment des bêtes sauvages. Je slalome entre les voitures espérant ne pas tomber sur une mauvaise surprise, quitte la route pour aller dans la forêt et arrive au bout de dix longues minutes qui m'ont parue une éternité dans la maison de mes anciens voisins.

Je ferme la porte, le bloque a l'aide de la table encore utilisable et traverse toute la maison pour me rendre dans la cour arrière de ma maison. Je regarde une dernière fois autour de moi pour être sûr que ces infectés n'ont pas réussis à trouver ma trace et entre, ferme la porte à clé, tire tous les rideaux, vérifie que tout est fermé, sort du placard du bas de la cuisine la hache que j'ai trouvé sur le corps en décomposition d'un chasseur la semaine dernière et me cale contre le canapé à attendre.

Assis au sol, je ferme les yeux et reprends ma respiration pour éviter de faire une crise. Je me calme lentement quand j'entends des pas à ma gauche. Levant la tête doucement, je vois une ombre qui passe, se rapproche de la fenêtre barricadé par des planches, avance au maximum pour voir quelque chose, claque plusieurs fois avant de s'en aller, suivie de deux autres infectés.

J'espère pouvoir dormir malgré cette peur en moi.