18

Si ma motivation et ma détermination étaient au rendez-vous, ils ne l'étaient plus lorsque nous étions arrivés en milieu de matinée, devant un immense barrage avec des voitures, des bus, des camions et autres objets empêchant les zombies de sortir de cette zone. Bienvenu à Buffalo Ranch, ou plutôt ce qu'il en reste. Le paysage devant nous n'était que chaos et désolation. Le ciel était gris, peu de lumière passait et les deux bâtiments délabrés placés au centre de la zone se dressaient en ruine. Un ranch abimé avec le temps, qui tenait encore debout et un peu plus loin, se trouvait une maison, qui avait perdu de ses couleurs. Je frissonne d'avance en sachant que nous allions passer toute une journée là-bas et instinctivement, je recule de quelques pas. Tant de monde m'avait raconté tant de choses sur la zone sans y être pour autant et lorsque je me retrouve devant se paysage désolant, je me dis qu'ils avaient tous tort à ce sujet. C'était complètement différent de leur récit et ce que je ressentais était glaçant. J'avais peur alors que je n'y étais pas. J'avais une boule au ventre alors que je n'avais pas encore posé un pied de l'autre côté du barrage et au fond de moi, je savais que si j'y allais je ne pourrais pas retourner en arrière. Ludovic voit que je ne suis pas bien et me prend dans ses bras, me faisant comprendre en silence que je ne suis pas seule. Tête posé sur sa poitrine, le regard vers le ranch, je réfléchis à comment nous y prendre avant de reculer et de lui dire ce qu'il va se passer.

_ Les deux bâtiments au centre sont les seuls et ils y sont sûrement.

Il regarde vers les deux bâtiments, hoche la tête avant de demander ensuite.

_ Et si ils n'y sont pas ?

J'y avais pensé tant de fois, mais je voulais rester positive. Je voulais tout simplement réussir et les voir réellement pour pouvoir contredire ma cousine et lui prouver que l'idée de sauver ces personnes n'était pas sur un coup de tête même si c'est à moitié vrai.

_ Alors nous ferons en fonction du plan initial, dis-je confiante.

_ Clément n'est pas quelqu'un de fiable, tu le sais ?

_ Je le sais, mais il insistait assez souvent sur cette zone expliquant qu'ils voyaient souvent de la lumières. Et de ce que nous savons, les zombies ne savent pas utiliser une lampe-torche.

_ Ce n'est pas assez pour moi, rajoute-t-il en croisant les bras.

_ Je suis d'accord, mais je veux voir quand même.

_ C'est du suicide et tu le sais !

_ Je le sais.. avouais-je en jouant avec mon collier.

_ Il y a d'autres solutions que poser un pied là-bas, argumente Ludo.

_ C'est la seule solution pour terminer plus rapidement la recherche et finir avec cette histoire. Je te rappelle que nous n'avons qu'aujourd'hui et demain pour préparer tout ça. Et demain soir, ça sera le carnage.

La tension montre entre nous, entre lui qui ne veut pas aller dans la zone rouge, et moi qui a peur mais qui veut foncer vers cette peur pour trouver des gens, qui sûrement n'y sont plus. Nous nous regardons sans dire un mot et je peux constater qu'il s'inquiète tout simplement. Et c'est compréhensible, je vais dans une zone rouge quand même et quiconque entendrait ça, ne nous croirait pas et c'est pourtant ce que je comptais faires dans les prochaines minutes.

_ Une zone rouge est constitué de centaine voire de milliers de zombies qui ont été transformés dans les premiers jours après l'infection. Qui sait sur combien tu vas tomber dans ce bâtiment ? Et je ne te parle même pas de ceux en dehors !

_Tu es censé me faire peur avec tout ça ?

_ Exactement, avoue-t-il en passant une main dans ses cheveux.

_ Eh bien c'est raté. Je ne suis pas du genre à laisser tomber, déclaré-je en souriant, et tu viens moi donc ça ira.

Un fin sourire apparait sur ses lèvres, appréciant le fait que je lui dise que je me sens en sécurité lorsqu'il est là. Et c'est le cas. Il m'a aidé la première fois que nous nous sommes rencontrés, m'a aidé avec les zombies et m'a encore aidé lorsqu'il fallait traverser l'étendue d'eau la semaine dernière. Etrangement, je me sens bien avec lui, même si nous avons des points différents sur différents sujets.

Je le fixe du regard attendant sa réponse. De toute façon, il était trop tard pour faire machine arrière. Retourner chez mon oncle prendrait trop temps et le temps comptait. Il hoche enfin la tête, acceptant en silence de continuer à me suivre dans cette folie et me laisse passer. Nous descendons la petite colline tranquillement pour nous diriger vers la grille. Une fois en face, je cherche une échelle dissimulé dans les herbes mais n'en voit aucun avant d'être interpeller par Ludovic qui propose de faire la courte échelle. J'accepte et le rejoins. Je place correctement mon sac sur mon épaule puis demande à Ludovic s'il est prêt à me porter. Il me répond par le positive avant de s'accroupir, de tendre sa main pour que je mette on pied dessus et place ma main sur son épaule. Il fait le décompte puis me pousse vers le haut pour que je puisse atteindre le toit du camion. Je réussis, sourit puis m'accroche pour monter complètement avant de tendre cette fois ma main pour l'aider. Ni lui ni moi n'arrivons à monter sur un camion sans l'aide d'un objet tel qu'une poubelle ou bien d'une personne. C'est long, difficile parfois et dans les moments critiques ou des zombies nous poursuivent, il est important de faire vite malgré que depuis quelques temps, certains zombies savent escalader des voitures, des bus ou biens des camions. C'est dangereux pour nous mais n'y pouvons rien, ils évoluent tous simplement.

Ludo est enfin sur le camion. Il enlève le peu de poussière qui s'est accumulé sur son pantalon avant de relever la tête pour observer les alentours. Etre si près de la zone est troublant car nous y sommes. Il n'y a pas de grille qui nous sépare et nous sommes dans un lieu ou personne ne se pointe. Je souffle un bon coup pour me donner du courage et descend lentement du véhicule pour rejoindre le ranch suivie de près par Ludo qui reste sur ses gardes. Peu de vent, juste un silence glaçant. La zone sentais la décomposition du au nombreux corps qu'on voyait un partout. Des débris de verre, des bouteilles d'alcool, de nourriture et j'en passe trainait près des tentes qui était vide et sans vie. Il y avait eu des personnes qui avaient voulu tenter l'aventure mais qui malheureusement n'avait pas pu s'en sortir et avait laissé leurs affaires derrière eux. Au loin, on peut entendre le cri des infectés qui se déplace sans que nous les voyons. Des bruits de bois qui craquent sous leurs poids s'entendent et je place directement ma main sur mon arme. Chaque fois que nous avançons, nous les entendons et je ne cesse de trembler de peur mais il fallait que nous avancions. On slalome entre les corps, un bout de tissu sur le nez pour éviter de vomir en voyant tous ces corps, et continuons de marcher durant une bonne dizaine de minutes avant d'arriver enfin devant le vieux ranch qui tient encore debout malgré les années.

Le ranch était assez grand et avait perdu de ses couleurs. La fenêtre de l'étage était brisé et je pouvais remarquer que la porte d'entrée était bloquée par une voiture. Il fallait donc passer par derrière. La maison qui était sur la gauche, était assez éloignée. Je ne pouvais pas faire un constat juste en état ici mais il fallait que je fasse vite car la journée avançait. On contourne le vieux bâtiment, toujours sur nos garde et arrivons devant une porte de couleur grise, ferme par un cadenas. Ludo cherche un caillou autour de nous avant d'en trouver un et de l'utiliser pour briser le morceau de fer qui empêche d'entrer. L'idée fonctionne et j'ouvre la porte doucement avant d'entrer. A l'intérieur, il fait sombre. Pas assez de lumière. Nous sortons nos lampes torches et avançons dans le petit couloir pour arriver dans une grande pièce ou sont normalement placés les animaux. La pièce est vide. Juste du foin, de la nourriture qui est périmé ainsi que la grande porte en face nous, qui était bloqué par la voiture. Nous fouillons partout pour repérer un indice montrant que les lucioles sont ici ou y sont passé mais rien du tout. Pas de logo sur les murs ou les portes, pas de tente ni de sac de couchage expliquant la présence d'une personne ou d'un groupe de personne. La salle était vide. Ludo me fait signe qu'il fallait fouiller le reste du bâtiment et monte le premier mais fait grincer la première marche. Je cesse de bouger, lui lance un regard et baisse la lumière de ma lampe pour être plongé à demi dans le noir. Il réagit lui aussi et nous restons là, sans rien faire, attendant qu'un zombie décide de faire son apparition ou de claquer pour faire comprendre qu'il nous avait entendu, mais rien. On souffle, mais faisons plus attention et montons les marches une par une, la peur au ventre jusqu'à l'étage suivant. Nous nous séparons pour fouiller plus rapidement et allons dans deux directions opposés. Je prends la droite tandis que lui, prend la gauche. L'étage était composé de plusieurs salles de stockages de nourriture, mais aussi une salle pour se reposer. Les pièces de droite étaient remplies de foin ainsi que des corps. Les corps étaient couvert et je préférais ne rien savoir sur l'identité de la personne qu'elle soit enfant ou adulte, fille ou garçon. Une fouille n'apporte pas que des bonnes nouvelles, elle montre aussi la réalité de choses et dans quel monde nous vivons. Un monde détruit et modifié. Un monde qui ne reviendra jamais comme avant.

Je souffle en voyant les corps de plusieurs personnes dans la pièce suivante et souffle de tristesse avant de fermer la porte. Je me sentais mal en les voyant et au fur et à mesure que nous avancions, je n'avais qu'une envie, quitter cet endroit. Elle gardait les horreurs de ces gens, comment ils s'étaient transformés et comment ils étaient morts.

J'ouvre la dernière salle que je devais fouiller et baisse immédiatement ma lampe avant de me cacher derrière un meuble en bois. La peur monte en flèche et je ne sais pas comment je vais réussir à prévenir Ludo qui est de l'autre côté, en train de chercher des indices. L'infecté qui a senti ma présence commence à se déplacer lentement dans la pièce, à la recherche d'un bruit. J'entends ses pas dû au bois qui grince sous son poids. Il cherche un peu partout sans me trouver et je reste à ma place, sans bouger, attendant que Ludovic se pointe. Mais toujours rien. Je lève la tête doucement et comprend la raison pour laquelle l'infecté ne m'a toujours pas trouvé. C'est un claqueur. J'avais une chance de l'éliminer sans qu'il m'entende même si c'était dangereux de le faire. Ayant une oui plus fine que la mienne du à sa transformation, il était sensible et le parquet n'allait clairement pas m'aider. Je sors lentement mon surin de ma poche, et relève la tête pour voir où il est. L'infecté est devant la fenêtre, tête penché, et reste sur place, comme s'il fixait un endroit sachant qu'il ne pouvait pas voir. Il le savait mais il le faisait.

La lame toujours dans ma main, je réfléchis rapidement, fixe la porte tout en surveillant le zombie au cas où il changerait de position. La situation était vraiment mauvaise et j'avais beau attendre quelque chose, je savais au fond de moi qu'il fallait agir. Alors sans attendre une minute de plus, je saute sur l'occasion et fonce vers le claqueur.

Le zombie tourne la tête dans ma direction, tend l'oreille avant qu'un cri aigu sorte. Il se baisse légèrement dans une position d'attaque, tend les bras vers l'arrière et fais la même chose que moi, m'attaquer. Sans lui laisser une chance d'attaquer en premier, je donne un coup dans l'abdomen sachant que je n'allais pas le toucher et recule pour avoir plus d'espace pour le prochain coup.  Mon attaquant recule du à sa blessure mais ne perd pas de temps sur ça pour tenter une approche à son tour. Il lance un coup poing que j'évite en me baissant et profite pour lui faire un cale pied. Je donner un coup dans le dos et et un autre au niveau de son coup mais cela n'est clairement pas suffisant pour lui. C'est la raison pour laquelle je déteste ce type d'infecté. Difficile à tuer, et c'est aussi une perte de temps.

Je recule pour mettre de l'espace entre nous mais il réussit à attraper mon pied. Il tire vers lui pour être plus proche, faisant du bruit par la même occasion. Je donne des coups pour qu'il me lâche, rien a faire, il me veut. Ma peur augmente au fur et à mesure qu'il se rapproche et je cherche autour de moi un objet pointu ou pas qui pourrait le faire lâcher ma jambe. Ma lame n'est bientôt plus utilisable et il faudra que j'ai autre chose pour l'éloigner. Sans compter que Ludo ne vient toujours pas et que je me pose des questions.

Mais il est où ?

Tentant une dernière fois, je fais le contraire de ce que je voulais faire au départ, me rapproche du zombie aveugle, l'empêche de mordre mon cou par la même occasion et enfonce la lame endommagé au bon endroit puis recule et regarde l'effet sur lui. Il agonise rapidement, bouge énormément et cesse tout mouvement au bout d'un certain temps. Le silence revient lentement et je peux enfin respirer. Comme si durant tout le combat qui n'en était pas un, j'avais cessé de respirer. Après un long moment à fixer le cadavre sur le parquet, je me relève avec difficulté, encore sonné de mon affront et parts chercher mon ami. S'il n'est pas occupé avec un autre infecté, il a intérêt à me donner une excuse valable.

Je sors de la salle de repos, jette un coup d'œil à l'extérieur pour vérifier qu'il n'y aucun zombie aux alentours qui aient entendu le cri de l'infecté et avance vers la salle où j'ai perdu de vu Ludovic. Les salles qu'ils devaient fouiller était des salles de bureau ainsi qu'une salle pour se changer. La première était dans un désordre totale m'empêchant d'avancer d'avantage. La deuxième était plus range mais sales. Les bureaux étaient remplie de poussière, de feuilles, de livres sur les animaux, les contrats de ventes et le noms des clients ainsi que leur livret comptable et autres bouquins important sur le ranch. Des lettres d'une certaine Miller étaient entre deux pages d'un livre sur comment faire une conversation et je me doutais que ce soit une femme. Cela signifierait aussi que le propriétaire était un homme. Je décide d'aller dans la dernière salle pour trouver Ludovic assis  sur un banc, en train de lire un livre ou un cahier.  Je ferme la porte assez fort pour qu'il constate ma présence, croise les bras et lui demande d'un ton neutre.

_ Tu lis quoi ?

_ Un journal de bord des lucioles.

J'étais partagé entre la joie qu'il ait trouvé un indice à leur sujet et la colère car je souhaitais qu'il m'aide et surtout, j'avais cette impression qu'il n'avait absolument rien entendu du bruit qu'avait engendré mon combat dans la pièce en face de la sienne.

_ Tu n'as pas entendu un bruit étrange tout à l'heure ? je demande en le fixant du regard.

_ Tu parles du cri du zombie ? Si, mais comme je ne t'avais pas vue dans la même pièce que lui, je m'étais dit que tu étais en sécurité, répond-il en tournant la page.

_ Et tu n'étais pas dit qu'il fallait quand même vérifier au cas où ?

Il lâche un soupire, cale un vieux stylo entre deux pages et ferme le bouquin avant de se tourner vers moi.

_ Non car tu sais te débrouiller, n'est-ce pas Smith ?

Me mordant la lèvre, je ne réponds pas dans l'immédiat. Une chose était sûre, il m'en veut encore de la confiance donnée à Clément et pour lui, la priorité était les lucioles. Alors un combat contre un zombie ce n'était pas si important. Préférant ne pas débattre encore sur ce sujet, je hoche la tête et reste toujours prêt de la porte avant de continuer la conversation.

_ Il dit quoi le bouquin ?

_ Euh.. que les lucioles ont eu du mal à trouver un endroit pour eux. Ils ont voyagé un peu partout, ont rencontré des chasseurs et il parle beaucoup de l'organisation qui a kidnappé ta mère. Pas de nom, pas d'info, il explique qu'ils ont fait le maximum pour les éviter.

_ Qui ne souhaiterait pas les éviter ? demandé-je tout bas.

_ ... et qu'ils ont décidé au bout d'un certain temps, de vivre ici. Pour eux, une zone rouge est un endroit idéal pour éviter d'être retrouvé et surtout une cachette pour être tranquille. Le problème est qu'ils ont perdu des gens lors de l'installation. La rumeur au sujet des centaines de zombies dans ces zones est fausse et cela dépend des circonstances.

_ En gros, chaque zone a son lot de zombie et surtout qu'ils sont dans les parages et que Clément avait raison, dis-je sourire aux lèvres.

_ Merci qui ?

_ Tu es le meilleur, rajoutais-je en cherchant leur logo dans la pièce.

Il sourit en voyant la joie sur mon visage et continue sa lecture. Ma mère me disait que les lucioles aimaient bien mettre leur logo sur le mur pour montrer leur passage et dire sans mot qu'il existait. Que ce n'était pas simplement une histoire mais mieux une vérité. Mais c'était assez difficile pour les autres d'y croire car personne ne les a vus et leur idée de se cacher n'était pas la bonne solution. Je longe le mur en observant chaque endroit à la recherche de le tag, pour trouver une flèche indiquant entre deux casiers montrant le haut. Fronçant des sourcils, je lève lentement la tête, espérant que je verrais ce que je recherche tant, pour apercevoir l'énorme logo au plafond. Je lève la lampe et interpelle Ludovic qui jure dans sa barbe, lui aussi étonné d'en voir un aussi près et aussi grand.

J'étais au bon endroit, maintenant il s'agissait de les trouver eux.

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