16
Après une nuit légèrement agitée à entendre des infectés qui hurlent, j'avais réussi à m'endormir.
Mais le réveil est difficile. De un, je ne voulais pas sortir de mon lit ou plutôt de ce qui en restait car j'étais encore en train de réfléchir au sujet de ce Clément et de cette histoire. De deux, je devais trouver une façon intelligente d'expliquer aux autres mon point de vue et leur donner la preuve que cette arène existe. Et pour cela, il fallait que je le retrouve au même endroit pour lui donner ma réponse et voir de mes propres yeux, cet endroit monstrueux.
Je quitte mon lit doucement pour éviter de faire des gestes trop brusques et de réveiller les autres. J'enfile mon pull, place mon sac sur l'épaule et ouvre la porte de ma chambre donnant sur le couloir. Ils devaient être réveillés puisqu'ils souhaitaient partir mais aucun d'eux ne m'a réveillé et le silence règne dans la maison. Vérifiant le salon, Ludovic était encore endormi, un surin à terre légèrement caché par le canapé pour surprendre son adversaire en cas d'attaque. Mais il n'était pas debout.
Je retourne dans ma chambre, ferme la porte et réfléchit rapidement. Ils n'étaient pas debout et ce n'est pas non plus de leurs fautes. La fatigue est quelque chose qui ne se contrôle pas et il est important d'être en forme lorsqu'on voyage en journée, surtout si on tombe sur les chasseurs ou l'organisation. Tout peut arriver et il est primordial d'avoir assez de réserves pour se défendre. Et je n'ai pas l'intention de les réveiller. Mais c'est aussi une chance pour moi d'aller le voir. Malgré que je ne le fasse pas confiance, un jeu sordide et dangereux comme celui-là est la pire chose qui existe. L'humanité a été assez détruite comme ça et jouer avec la vie des innocents est immoral. Alors oui je dois savoir si cela est vrai et si ce n'est pas un piège et ensuite je reviendrais pour en leur parler. Je me tourne vers la porte vitrée qui donne sur un balcon à moitié détruit. La structure n'a pas tenu longtemps et on peut remarquer qu'elle est usée et abîmée dû au temps. Elle est brisée et éparpillée au sol et un poids plus lourd que la mienne la détruirait complètement. Si autrefois elle était magnifique et qu'on aimait rester tard dans la nuit, c'est le contraire qui se ressent aujourd'hui. Ces années à parler, à se rassembler là ont été balayés d'un revers de la main par le temps. La peinture est terne, les fleurs et les plantes sont fanés et flétries, et des traces sombres et salissantes couvrent les murs, témoignant des ravages du temps et de la négligence.
Il montre clairement que tout a changé. J'ouvre la porte vitrée et regarde autour de moi avant de faire le moindre pas. Je devais faire attention où je risquais de tomber et la chute me sera fatale. Je me place sur le bord le plus solide, observe s'il y a un endroit au dessous pour que je puisse atterrir et voit qu'un camion n'est pas trop loin. Je me prépare mentalement puis m'accroche au bord du balcon, passe une jambe puis le deuxième de l'autre côté, me tourne vers le camion qui n'est pas trop éloigné, puis saute et reste allongé au cas où un infecté m'aurait vu. Mais rien. Pas un son, pas un cri, pas un bruit juste le silence des oiseaux et du léger vent qui vient de se lever signe que le matin est là mais rien de plus.
Je suis rassuré. Mais je sais aussi que le bruit que j'ai fait à peut-être réveiller mes amies même si je ne le souhaitais pas. Mais je ne vais pas reculer, je descends du véhicule, fouille à l'intérieur si je trouve des objets utilisables et continue la route jusqu'à la zone de stockage ou je me trouvais hier.
Y aller en marchant et en courant, ce n'est pas la même chose. Hier, je devais faire vite pour ne pas le perdre de vue et aujourd'hui, je sais où il se trouve. Je prends une dizaine de minutes, pas plus, arrive devant la porte et grimace de nouveau en l'entendant grincer. Insupportable.
J'allume ma lampe torche puisque la zone est plongée dans le noir et ouvre l'oeil pour ne pas avoir de mauvaises surprises. Si hier je n'avais pas vérifié le grand hall c'est que ce n'était pas la priorité. À chaque fois que je rentrais dans un endroit, que ce soit une maison, un habitat délabré, un magasin ou un centre commercial, je faisais toujours attention à bien regarder d'abord le hall puis je montais au premier étage mais je n'ai pas suivi cette règle. Tout ça pour lui. Je marche lentement, arme dans la main droite et lampe dans la main gauche et fouille partout. Chaque zone ayant une porte j'ouvre sinon je laisse de côté. Pas de zombie, pas de trace de sang, rien. Comme ci cet endroit n'avait jamais été utilisé. C'est étrange.
Je continue de fouiller lorsque j'arrive à la dernière porte. J'ouvre normalement et jure dans ma barbe lorsque je tombe sur un infecté qui hurle en me voyant. J'aurai dû faire attention !!
Je recule instantanément mais je ne suis pas assez loin de lui. Il se rue vers moi en me donnant des coups de poings partout pour me faire tomber. Je bloque à l'aide de mes bras ces coups et enfin donne un coup de pied pour le faire reculer. D'un geste rapide, j'accroche la lampe sur mon sac et tire sur sa tête. Il ne bouge plus, un dernier geste puis tombe à terre. J'ai eu chaud mais j'ai mal. Il était fort. Et j'ai quelques bleues à l'épaule. Je masse comme je peux mais un autre bruit me fait arrêter. Je tourne la tête en direction du bruit et pointe mon arme quand je le vois, mains levées, qui marche dans la direction. Ce con m'a fait peur !! J'allais lui tirer dessus !
_ Tu es plus doué que je ne le croyais, commence le brun.
Je baisse mon arme face à lui mais ne le range pas pour autant.
_ Merci, dis-je doucement.
_ Je ne pensais pas que tu reviendrais si vite sinon je serais là à t'attendre.
_ Ce n'est pas grave mais je n'ai pas encore accepté de t'aider, je veux voir l'arène en premier et ensuite je te donnerais ma réponse, je réplique en le regardant avec sérieux.
Un petit silence s'installe puis il hoche la tête et nous quittons la zone pour se diriger vers la sortie de la ville, à quelques kilomètres de la zone où nous sommes. En chemin, il m'explique que James fait ça depuis quelque temps et que c'est donc récent. Ni l'organisation, ni les pilleurs ne l'en empêchent et c'est mauvais car cela signifie qu'il a le champ libre. Ce qui est mauvais aussi c'est qu'ils ont une méthode pour attraper des zombies et qu'il faudra prendre en compte la quantité qu'ils ont . En fait, je dois comprendre comment il a réussi tout ça. Clément me pose des questions sur ma vie d'avant et sur la raison de mon apparition dans cette ville mais je ne le réponds pas et lui demande de rester concentré. Il essaie à chaque fois mais c'est un vent qu'il prend. Je ne le fais pas entièrement confiance. Il est venu à moi pour de l'aide, point. Je ne veux pas être ami avec lui.
On arrive enfin après un bon moment et me baisse rapidement tout comme mon accompagnateur pour éviter de se faire remarquer. En face de nous, se trouve un lycée, barricadé par des grilles et d'autres objets piquants. Des camions sont placés devant pour faire office de barrage et des gens sont postés sur le toit de l'établissement pour avoir l'oeil partout. Caché derrière un mur en pierre, on voit ce qu'il se passe. Des hommes entrent avec des gens perdus et étonnés en même temps. Bien sûr c'est étonnant. Un lycée de cette taille peut servir d'habitat et surtout de base pour quiconque est accompagné d'un groupe de plus de dix personnes. Un endroit de sécurité pour tout le monde mais je sais que la place est limitée.
_ Où se trouve l'arène ? je demande en observant partout.
_ C'est la cour qui leur sert d'arène. La dernière fois que je suis partie voir une issue pour les faire sortir, j'ai vu qu'ils utilisaient des grilles pour bloquer les portes de sortie. Et si les infectés tentent de grimper, on les frappe pour les faire tomber dans l'arène.
_ Ils se protègent et c'est une façon subtile de protéger les chasseurs qui y sont, je commente en baissant les yeux sur une voiture qui en sort.
_ Oui c'est ça, les chasseurs sont au deuxième étage et on est sûr qui n'auront rien, sinon on le pousse aussi dans l'arène.
_ Ils n'ont pas de pitié ces enfoirés, dis-je sèchement.
_ Malheureusement..
_ Suis moi, ordonne Clément.
Lançant un dernier regard vers l'établissement, je suis Clément qui rentre dans un couloir, descend les escaliers pour se diriger vers les égouts. Il ouvre le couvercle, vérifie qu'il n'y a rien en bas puis surveille aux alentours avant de rentrer. Tout au long du chemin, je le suis sans rien dire. Je ne sais pas où il m'emmène, mais j'espère non plus que ce n'est pas un piège. J'ai laissé un mot dans ma chambre pour les prévenir que je suis sortie durant un moment et que je ne viens pas tout de suite mais je n'ai pas dit avec qui et pourquoi. J'ai peur que quelque chose m'arrive et que les autres ne savent pas pourquoi je ne suis pas revenu.
Au bout d'un moment qui m'a paru long, nous arrivons devant une petite grille qui donne vue sur la cour. Je regarde autour de moi et voit qu'il y a trois étages ainsi qu'une salle au don qui est toujours verrouillé et gardé par une personne. Il me montre la salle où sont enfermés les infectés.
_ C'est une cantine. Puisqu'elle est assez grande pour contenir tous les infectés, ils l'utilisent.
_ Bien.
_ Maintenant, tu me crois ?
Je ne réponds pas immédiatement, réfléchissant à ce que je dois faire si j'accepte. Je dois retrouver les lucioles et aider les innocents à s'en sortir. La tâche est rude car il y a beaucoup de gardes et même avec mes amis, je sais que cela ne sera pas facile.
Je me tourne vers lui, bras croisés et le regarde dans les yeux. Si je découvre qu'il m'a menti et qu'il a un quelconque lien avec eux, je risque vraiment de m'énerver et je le ferai payer.
_ J'accepte.
Les dés sont jetés maintenant.
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