15
C'est en début de soirée que je rentre à la maison. Aurélie, Valentin et Ludovic étaient dans le salon en train de réfléchir autour d'un plan lorsque Val tourne la tête vers moi avant de se lever et de me prendre dans ses bras.
Valentin recule pour voir si je suis blessé et constate que ce n'est pas le cas. Il soupire, rassuré puis recule, laissant la place à ma cousine qui me dis de ne plus jamais faire une chose pareil.
Ludovic me sourit simplement sans rien rajouter.
Je m'assois à côté de ma cousine, dépose mon sac près de moi et leur demande ce qu'ils faisaient avant mon arrivée.
_ Nous étions en train de parler du trajet qu'on va devoir prendre demain, répond ma cousine.
Je lui lance un rapide regard puis hoche la tête et écoute la suite.
_ Ça prendrait un jour voir deux pour quitter la ville et ensuite nous prenons ce chemin pour aller à Gentryville. Et puis on partira directement vers Santa Claus.
On ne doit pas perdre de temps, réplique Val en croisant les bras.
_ Il faudra faire attention à Gentryville. L'année dernière, des infectés se sont regroupés en masse dans les sous-sols et les endroits les plus sombres. Ils disent que ces infectés ne sortent que la nuit et se cachent le jour. Je ne sais pas si ce sont des rumeurs ou pas mais il faudrait faire attention, ajoute Aurélie en soufflant.
_ Le problème avec les rumeurs c'est qu'ils peuvent être inventés, donc il va falloir que nous regardons nous même ce qu'il se passe et donc se préparer, je réponds ensuite en passant une main dans mes cheveux.
_ C'est vrai, dit Ludo.
_ Et c'est vraiment obligé de partir demain ? je demande pour savoir.
_ Oui bien sûr, pourquoi ?
_ Je commençais à m'habituer à cette ville tout simplement.
_ Il est vrai que c'est celle de la famille mais on doit partir, n'oublie pas que ta mère est à Pittsburgh et on ne sait pas ce qu'elle subit, réplique Aurélie.
_ Oui c'est vrai...
_ Écoute, plus en s'éloigne des chasseurs, mieux ça sera pr nous, argumente Val.
_ Je sais..
_ Alors prépare tes affaires, on s'en va demain, termine Aurélie sans me laisser le temps de m'expliquer ou de dire la raison de mon arrivée.
Val et Aurélie quitte le salon me laissant avec Ludo. Ludo part dans la cuisine pour me laisser seule et je soupire de frustration d'être dans cette position. Si ce que Clément a dit est vrai, alors je dois rester même si cela signifie retarder mon arrivée à Pittsburgh. Au delà du fait que les lucioles sont trouvables ou pas, ce sont des gens innocents qui meurent tous les trois jours pour un fou comme James. Et si c'est le même James, alors on se débarrasse de lui rapidement et on aura une personne en moins qui nous empêche d'avancer.
Je sais cependant que je dois avoir au moins la confirmation de cette arène. Pour les lucioles, je n'y crois pas trop. Ce sont des rebelles et personne n'aime les rebelles ou du moins le gouvernement. Pour les autres personnes commes les chasseurs, tant qu'ils ne les empêchent pas de faire ce qu'ils veulent, les lucioles ne sont pas une priorité.
Si cet endroit existe réellement, alors je dois le voir et pouvoir confirmer auprès des autres. Cela prouvera que rester est mille fois mieux que partir tout de suite.
Puisqu'il faisait nuit, je devais rester silencieuse pour éviter d'attirer les infectés. Je souffle sur la bougie et m'habitue à l'obscurité. Plus le temps passé et plus la lune apparaissait dans le ciel. Sa lumière traverse la fenêtre et me permet de voir un peu mieux le salon. La pièce est grande comportant un canapé à plusieurs places, une grande table derrière moi et un écran télé, abîmé avec le temps. Les fissures sur le mur montrent que la maison risque de s'effondrer. Je reste là, à me souvenir du passé et des bon moments que nous avions eu dans cette maison.
Mon père aimait beaucoup son frère et malgré la distance prenait souvent de ses nouvelles. Ma cousine Natalia venait d'avoir dix-huit ans avant moi. Nous avions prévu une grande fête avant qu'elle parte avec ses amis faire la fête dans une boîte de nuit. Mon oncle lui avait autorisé en lui donnant une seule condition, de revenir à minuit. Et elle l'avait écouté. Et le lendemain nous sommes repartis car Mon frère devait prendre l'avion pour Paris. Et c'est à partir de là que tout à changer. J'aurais voulu que mon père et mon frère soit là pour me conseiller mais ce n'est plus le cas.
Papa était toujours de bon conseil et savait ce qu'il me fallait. Et même si parfois il arrivait que je fasse des erreurs, il était là pour me rappeler que l'échec me permettait de comprendre où j'avais fauté et de ne plus recommencer. De trouver une autre façon de réussir.
Je souffle en essayant de ne pas pleurer mais une larme s'échappe malgré tout. Je l'essuie d'un revers de la main avant de fermer les yeux. Il ne me reste que les souvenirs pour tenir ainsi jusqu'à ce que je retrouve maman, d'ici là, je dois ne pas flancher.
_ J'ai l'impression que tu ne veux pas partir, commente Ludo en revenant de la cuisine.
Ouvrant les yeux pour le regarder, je remarque qu'il est resté tout ce temps dans la cuisine pour me laisser de l'espace.
_ Et où est le mal ? demande je en le regardant s'asseoir en face de moi comme cet après-midi.
_ Aucun, mais de ta part ça me surprend. Toi qui voulait te rendre à Pittsburgh pour ta mère, tu retardes ton voyage pour..
_ Je veux juste faire profil bas, je réplique en croisant les bras.
_ Et tu penses que c'est en restant ici qu'ils vont nous oublier ? Tu rêves.
_ Oui, mais merci de me croire, dis-je en ricanant.
_ Ce n'est pas une question de te croire ou pas mais une question de logique. Cette ville est proche de celle qu'on a quitté alors ils vont essayer de chercher dans les villes voisines avant d'aller plus loin, explique Ludo.
_ Je le sais, mais ils ne pourront pas tout faire, et je veux juste ne pas les avoir dans mes pattes.
_ On doit partir.
_ Non.
_ Pourquoi tu hésites ?
Pendant un court instant, je voulais tout lui dire, au sujet de cet après-midi, de cette rencontre et de cette histoire, mais je me ravise rapidement et regarde ailleurs.
_ J'ai mes raisons.
_ Ella..
_ ...
Il se tait, s'enfonce dans le canapé et tapote ses mains sur son bras tout en me fixant. Il tente de comprendre mais sans indice, c'est difficile. Alors il va analyser la situation, essayant de chercher quelque chose pour comprendre pourquoi je refuse.
Depuis que je le connais, je sais qu'il aime beaucoup observer. Il ne parle pas beaucoup sauf si c'est pour se plaindre ou lorsqu'il est en colère mais en dehors de ça, il ne dit pas grand chose.
Il a réussi à se cacher des chasseurs pendant longtemps comparé à moi. Il a réussi à connaître mes intentions bien avant que je le rencontre. Il est doué et c'est sûr que sans lui et sa discrétion, je ne serais pas ici mais au mains des chasseurs.
_ Quelque chose te retiens ici. Et ça un rapport avec ton comportement de cet après-midi. Tu as vue quelque chose.
Je disais quoi avant ? Qu'il était doué et bien je reprends, il est trop doué. Bon sens je dis quoi maintenant ?!
_ Arrête ça.
_ De quoi ?
_ Ne me surveille pas, je ne suis pas une enfant, dis-je du tac au tac.
_ J'ai analysé, rien de plus mais il faut quand même avoir un oeil sur toi ou c'est le danger.
_ Pas à ce point quand même, je réponds en fronçant des sourcils.
_ Si..
Ce mec est perspicace et je ne sais pas dans combien de temps il lui faut pour pondre une hypothèse plausible et qui a du sens. Tout en sachant qu'il arrive à me cerner. Alors sans prévenir, je me lève, récupère mon sac et quitte le salon. Mais Ludo n'est pas de cette avis et attrape mon bras pour le tirer vers l'arrière. Je recule trop vite, tombe sur le canapé où j'étais à l'instant et le fusille du regard.
Il s'approche de plus en plus pendant que je tente de reculer mais ce n'est pas gagné. Et quand il est proche, que son visage est trop près, je me tais.
Face à un gabarit comme lui, je suis perdu. Je sais me défendre mais là, je suis en position de faiblesse.
_ Que s'est-il passé dehors ?
La bouche fermée, je ne réponds rien et le regarde faire. Il place ses mains sur les deux côtés du canapé pour m'empêcher de m'enfuir et repose la question sans avoir une réponse de ma part.
Il ne lâchera pas c'est sûr.
_ Recule, je demande simplement.
_ Réponds à la question alors.
_ Ludovic..
_ Ellana..
On est trop proche et ce n'est pas bon du tout. Mon coeur s'emballe trop vite et je regarde un peu trop souvent ses lèvres.
Je ferme les yeux espérant qu'il recule enfin quand on entend des cris aigus dehors.
J'ouvre instantanément les yeux et me retourne vers la fenêtre, mains sur mon flingue. Ludo recule aussitôt, se dirige vers son sac qu'il a laissé dans la cuisine puis revient dans la pièce, deux pistolet dans les mains. Il s'approche de la fenêtre pour regarder d'où provient le son mais ne voit rien. Il se tourne vers moi quand je vois deux infectés qui s'approchent de la vitre. Je me lève aussitôt, lâche mon sac sur le canapé et pousse Ludovic dans le coin de la pièce tout en mettant la main sur sa bouche. Je chuchote à plusieurs reprises qu'il y a des infectés avant qu'il comprenne qu'il doit se taire.
Les claqueurs passent devant la fenêtre en faisant du bruit, se collent à la vitre plus d'une fois et s'éloignent enfin au bout d'un moment. Je recule légèrement pour voir si la voie est libre pour éviter de mauvaises surprises et quand je vois que c'est bon, me tourne vers Ludo et enlève ma main.
_ Merci.
Moi qui ne voulait pas être trop proche, je venais de faire le contraire. Nous étions presque collé, à deux doigts de s'embrasser. Je m'excuse doucement puis recule mais il m'arrête.
Je force mais il ne veut pas.
Il s'approche lentement, trop lentement et quand il est à un centimètre, me regarde longuement et s'apprête à m'embrasser quand un autre cri se fait entendre. On sursaute ensemble puis on se cache avant de se rendre compte que nous sommes dans les bras l'un de l'autre.
On s'éloigne enfin et il s'excuse encore avant de me dire qu'il dort dans le salon cette nuit. J'accepte sans broncher, récupère mon sac et me dirige vers l'étage mais m'arrête au dernier moment. Je ne sais pas ce qu'il m'a prit à ce moment-là, peut-être l'adrénaline ou autre mais je stoppe nette devant les marches, reviens sur mes pas et dépose un bisou sur sa joue, lui souhaite une bonne nuit avant de partir pour de bon.
Je ne sais pas ce qu'il va se passer entre nous et j'ai peur car ça sera la première fois que je ressens ça envers un garçon mais au fond, je sais que si je ne tente rien, alors je risque quelque chose. Quoi, je ne sais pas encore.
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