Compromis
- Et flûte !
Shani se retourna vers le barde, abandonnant momentanément le harnachement de sa monture. L'aube venait de se lever, illuminant la grange dans laquelle ils avaient fait halte pour la nuit. Penché au-dessus du sabot de son cheval, Urien maugréait dans sa barbe.
- Que se passe-t-il ? lui lança la fée.
- Mon cheval s'est coincé un caillou dans la fourchette. Il saigne un peu, mais ce n'est pas très grave. Un jour ou deux de repos et il ira mieux.
- Cela va nous retarder.
- Ecoutez, pourquoi ne pas patienter un peu ? Après tout un peu de repos ne vous ferait pas de mal. Vous aurez meilleure mine lorsque nous arriverons à destination.
La fée le regarda un moment, silencieuse et songeuse, puis s'adressa à lui, non sans une pointe de suspicion dans la voix.
- Que savez-vous de notre destination ?
- Je sais uniquement ce que j'ai pu en déduire au vu de la direction que nous avons prise :nous nous dirigeons vers le cœur du duché, soit vers le château du duc en toute logique. Et comme vous êtes visiblement une personne qui a son importance - comme je vous le disais, j'ai du flair pour ces choses-là - j'imagine que vous parlerez au duc lui-même. Donc, je pense qu'il vaut mieux soigner votre mine avant, histoire de faire bonne impression. Alors, j'ai tout bon ?
Il affichait un petit air satisfait qui agaça immédiatement la fée. Elle avait beau être impressionnée par ses talents de déduction, elle se demanda si elle n'avait pas finalement fait une erreur en acceptant qu'il l'accompagne. Il n'était pas idiot, loin de là, et elle ne tenait pas à ce qu'il comprenne plus de choses qu'il ne le devrait.
Prenant le mutisme et l'air contrarié de la fée pour un oui, Urien enchaîna.
- Bon, allez, ne soyez pas fâchée. Je vous l'ai dit, je vous ai promis de la discrétion concernant vos affaires. Je n'ai qu'une parole et, que vous soyez investie d'une mission sacrée ou que vous fassiez partie d'une guilde d'assassins, cela ne changera rien. Croix de bois, croix de fer, si je mens, je meurs à la guerre !
La petite phrase, dite avec tant de sérieux par le barde, était tellement incongrue que la fée ne put s'empêcher de sourire malgré elle.
- Soit, nous resterons ici jusqu'à ce que votre cheval aille mieux.
Avant qu'Urien ait pu la remercier, elle enchaîna rapidement.
- En revanche, si vous me posez la moindre question qui ne soit pas relative au temps qu'il fait ou à la cuisson du repas, je vous jure que je vous plante là pour de bon, c'est compris ?
Après un hochement vigoureux de la tête du barde, Shani entreprit de déharnacher son cheval.
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