Une brise fraîche courrait le long du chemin de ronde. Chaudement emmitouflé dans sa pelisse, Azéphal ne tenait pas en place. L'autre larme était proche, il le sentait. La rencontre était imminente, il en était persuadé, et avec elle, peut-être, des réponses à ses questions.

Depuis des jours, il se préparait à accueillir la fée de ses visions. Des ordres avaient été donnés pour qu'on ne lui fasse pas de mal, car il voulait savoir qui elle était et comment la boîte de son ancêtre était arrivée en sa possession. Et surtout, il voulait savoir ce qu'elle savait des pierres et pour qui elle travaillait.

Mais pour l'heure, il scrutait l'horizon avec une impatience grandissante. Par où arriverait-elle ?

— Monseigneur, les guetteurs sont rentrés.

— La relève a-t-elle été faite sergent ?

— Oui Monseigneur. Dois-je leur demander de monter vous faire leur rapport ?

— Non, amène-les aux cuisines, qu'on leur serve un peu de ce ragoût de bœuf et de carottes qui est prévu pour ce soir, ils l'ont mérité. Après seulement, tu me les amèneras.

— A vos ordres.

Azéphal laissa le sergent repartir et rentra lui-même retrouver la quiétude de ses appartements.

Cela faisait quelques jours qu'il n'avait pas réitéré l'expérience de toucher la pierre, mais une intuition lui soufflait que c'était le bon moment. Il décida de se laisser tenter et porta sa main à sa chevalière. Un bref instant il crut qu'il ne s'était rien passé, mais la seconde suivante, il sentit une présence non loin de lui.

Elle était debout, lui faisant face, et l'observait avec curiosité. Ses ailes bleutées, presque translucides, étaient redressées, lui conférant une silhouette gracieuse et magnifique. Dans sa main, elle tenait la pierre blanche opaque qui pulsait en harmonie avec sa jumelle. L'apparition était si tangible que le duc se demanda un instant sila fée n'était pas réellement devant lui. Avant qu'elle ait pu réagir, et ne sachant même pas si elle l'entendrait, il s'adressa à elle.

— Qui que vous soyez, je vous attends.