P.I.N.Kⱼₐₑₘₗₙ
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Les gouttes s'abattaient une par une à une vitesse et avec violence démesurée. Ou peut-être était-ce la peur qui lui faisait croire que le ciel lui en voulait. Pourtant, au vu de sa situation, tout portait à croire que quelqu'un ou quelque chose de spirituel avait soif de son existence. Il courait à en perdre haleine, et c'est à ce moment-là qu'il remercia les cieux d'au moins ne pas lui avoir accordé de problèmes de respiration. Seulement, ses pas aussi rapides pouvaient-ils être, lui semblaient tout bonnement inutiles. Car si l'eau lui brouillait la vue, la nuit noire et la forêt sans fin dans laquelle il était perdu n'arrangeaient rien à la scène dont il était acteur. Il courait, sautait, tombait puis se relevait en regardant derrière lui pour s'assurer que cela ne le suivait plus. Et à chaque fois qu'il se pensait enfin sauvé, une paire d'yeux rouge-sang le refaisait tomber dans la panique. Couvert de boue et d'égratignures, il continuait sa course, perdant peu à peu l'espoir d'un jour revoir un lever de soleil.
Alors qu'il s'était fait rattraper par un bruit sorti de cette chose, parce que son corps s'était permis de ralentir, il crut apercevoir une lueur. C'était la lumière qui éclairait à présent sa vie, qui lui permettrait d'avoir un avenir s'il arrivait à l'atteindre avant que ça ne le rattrape lui. Tandis que le faible éclat avait illuminé en ses yeux un espoir de vie, une branche en avait décidé autrement. Le bout de bois avait pris son pied en otage et l'avait fait chuter la tête la première dans cette terre d'enfer. Coincé au sol, il tordait son pied dans tous les sens pour tenter d'échapper à une mort certaine. Il se démenait, les bruits de ces chimères faisant siffler ses oreilles. Inquiété, paniqué par ces sons venant du Tartare, il décida de ne plus raisonner logiquement et tira sa jambe au plus fort de sa force. La branche se brisa, deux bruits s'étaient échappés à l'unisson. La crainte avait définitivement avalé sa raison pour créer en son esprit qu'une mare de folie. Il se releva hâtivement, ignorant sa cheville qui le lançait, beaucoup trop angoissé par ces vicieux grognements. Marchant comme un homme entre la vie et la mort – car c'était peut-être ce qu'il était finalement — il s'accrocha à sa faible source lumineuse, et s'empressa de la rejoindre, sentant son cœur battre jusque dans sa gorge. Il s'enfonçait dans cette terre baignée d'eau, mais avança tout de même. Finalement, il arriva enfin à sortir de cette forêt maudite. Et, comme si les cieux voulaient s'excuser, il tomba face à un téléphone routier d'appels d'urgence. Essayant d'oublier cette jambe qui lui criait d'arrêter, quitte à abandonner sa vie sur cette route, il s'accrocha à ce poteau orange. Il l'enlaça comme s'il s'agissait de son meilleur ami. Il respira fortement, comme un animal mourant. Seulement, le bruit visqueux créé par les pas de ces êtres était plus important que tout ce qu'il pouvait entendre. Il avait l'impression que des corps s'écrasaient dans la boue à chacune de leurs avancées. Le son de la pluie qui s'échouait sur le bitume n'atteignait même plus ses tympans, à présent seul ce téléphone et ces râles démoniaques comptaient.
Essuyant vivement les mèches rose-bonbon qui lui tombaient sur le front pour la première fois – ce geste ne lui semblant pas important les dernières minutes — il essaya de reprendre son souffle. Il saisit le téléphone auparavant dans sa boîte. Il les entendait arriver, peut-être n'aurait-il pas le temps d'expliquer aux personnes à l'autre bout du fil l'ensemble de sa situation, mais il aurait le temps de lancer un appel de détresse.
La tension était à son comble, il porta le cellulaire à son oreille. Les premières paires d'yeux rouges faisaient leur apparition. Il entendit le la du téléphone. Les gémissements des créatures lui semblaient aussi proches que l'eau qui lui coulait sur l'épaule. Il attendit que quelqu'un réponde, plus impatient que jamais de recevoir une réponse qui déciderait de la tournure qu'allait prendre sa petite vie.
La première patte fit son apparition hors de la forêt, ses yeux s'écarquillèrent de plus belle pensant vraiment la fin plus proche que jamais. Il laissa échapper de ses fines lèvres abîmées des jurons qu'il n'aurait jamais osé dire de sa vie, seulement la situation était plus que critique. Il crut avoir un espoir de survie quand le son du téléphone s'arrêta, guettant toujours les chimères qui sortaient lentement de la forêt profonde.
《 Allo ? Allo !!? All- 》
Il arrêta ses cris quand il comprit qu'ils étaient des plus inutiles. En haut du poteau, à travers la couche d'eau qui lui couvrait le regard, il pouvait observer ce qui lui barrait la route de la vie. Il entendit tous les monstres sortir un à un, s'approchant goulûment de son corps, affamés à l'idée de le goûter. Il hésitait entre continuer de regarder la bâche qui cachait le panneau solaire qui faisait fonctionner le cellulaire, ou faire face aux regards et à l'apparence écœurante de ces choses. Il décida de fermer les yeux, laissant le téléphone tomber comme un corps pendu. Le lac de folie qui inondait ses pensées fut mis à sec. Il se laissa tomber contre le pilier, entièrement désespéré et souffrant comme jamais à cause de sa pauvre cheville devenue une grosse tache dérivant du bleu au violet. Fatigué de lutter, il ouvrit ses yeux, et fit face à son reflet. Il se sourit à lui-même, heureux d'avoir pu faire la connaissance de sa propre personne, de ses amis. Dommage, il était plutôt beau garçon.
Seulement la dernière chose que vit le jeune homme fut la gueule ornée de crocs acérés de cette chose qui en voulait à sa vie.
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