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Sombre.

Tout était sombre, ses cheveux, la nuit, les bêtes qui le traquaient et son cœur depuis qu'il l'avait quitté.

Pourtant il ne s'arrêtait pas de courir. Il devait courir pour fuir cet horrible destin que lui chuchotaient ces affreux grognements. Son cerveau ne devait fonctionner que d'une manière : entendre ces épouvantables gémissements pour mieux les fuir en ne pensant qu'à se sauver.

Se sauver.

Se sauver.

Se sauver.

Il ne devait penser qu'à ça.

Mais quand les images du rosé, effrayé et pourtant si vaillant, prenant une direction différente de la sienne pour lui permettre à lui de s'enfuir lui revenaient, il ne pouvait retenir ni ses larmes ni sa hargne. 

Merde. 

L'amour de sa vie était sûrement en train de crever dans d'atroces souffrances à l'heure qu'il était, à quoi bon sauver sa vie si la raison de ses levers de soleil avait périt dans la nuit par sa faute ?

Il tentait désespérément de se sortir ces idées parasites de la tête, mais face à la pluie, l'angoisse et la fatigue, comment faire ? Comment s'en sortir sans son amant  ? 

Il savait que grâce au plus jeune, les chimères désireuses de leur fin étaient à présent éloignées de lui. Mais pour combien de temps encore ? Et si elles n'étaient pas avec lui, avec qui alors ? 

Le rouquin trop heureux ? Le brun rancunier ? Le chinois au rire si particulier ? Ou alors le petit dernier, plus si petit que ça qui faisait sourire d'affection tout le monde ? Non, il ne pouvait pas supporter l'idée que tous ses amis et sa moitié, que toute sa vie soit actuellement en train de s'éteindre à cause de ces lucifériennes.

Alors il s'arrêta, bien trop atteint par l'image de cette flamme incandescente.

Épuisé, il reprit son souffle, s'étranglant entre ses pleures et ceux du ciel qui compatissait peut-être. Puis il cria. Soudainement, il redevenait un enfant. Un enfant perdu et tellement, tellement triste. Ce cri, cette protestation venant du cœur était pour le noiraud l'ultime expression de sa rage et de sa mélancolie.

Qu'ils viennent, ces démons, qu'ils l'entendent, ce cri brisé et éperdu, qu'ils viennent. Assoiffés de chair et de sang ils étaient, l'adolescent était là pour eux, qu'ils viennent mettre un terme à son être à présent dénué d'âme.

Les chimères ne se firent pas attendre, bientôt leurs sinistres sifflements coulaient dans ses oreilles. Leurs pattes infernales se creusaient un chemin jusqu'à lui dans cette terre inconsolable, mais il n'attendait plus que ça.

Sans tarder, leurs orbites écarlates rencontraient les siennes, affligées par ce qu'elles voyaient. Qu'avaient-il donc fait pour mériter que de pareilles abominations les déciment ? Probablement rien, la vie ne choisissait rien, personne ne choisissait rien, tout venait comme ça car c'était écrit, c'est tout.

Alors il leur sourit, car c'est tout ce que le pauvre garçon qui allait se faire dévorer pouvait faire face à la mort.

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