8. Méfiance


GIAN


Je ne ressens plus rien. Ni le froid mordant ma peau, ni le vent s'infiltrant sous mes vêtements. La seule chose que je ressens, c'est la douceur brûlante des lèvres de Lev contre les miennes et les vagues de chaleur que ce simple contact éveille dans mon corps.

Animé par une sourde excitation, j'enroule mes bras autour de la taille de mon associé et le plaque contre la rambarde du balcon. En retour, il enfouit ses mains dans mes cheveux et presse son corps incandescent contre le mien. J'ai l'impression de perdre la tête. Mes mouvements sont brusques, saccadés, et je n'ai qu'une envie, c'est de ravager son visage de mes lèvres.

Je le serre de plus en plus fort contre moi et je suis presque certain que je lui coupe à moitié la respiration. Mais il ne s'arrête pas. Au contraire, j'ai l'impression que plus je l'écrase contre moi, plus il m'attire à lui, et cette recherche de proximité jamais suffisante me saccage l'esprit.

Soudain, je sens sa langue chaude taquiner la barrière de mes lèvres et je souris avant de lui donner accès à son homologue. Je le veux. Je le veux tout entier, je veux l'embrasser jusqu'à ce qu'il n'ait plus de souffle, je veux voir son visage rougir sous mes baisers, je veux goûter sa peau nacrée, je veux arracher les vêtements qui dissimulent son corps fin. Je veux le dévorer.

Notre baiser est si intense que je sens son nez s'écraser contre ma pommette et ses cheveux chatouiller mon cou. Sans cesser de jouer avec sa langue, je glisse ma cuisse entre ses jambes et le sens gémir doucement contre ma bouche lorsque mon pantalon frotte contre son sexe tendu.

Le son de sa voix manque de me faire perdre la tête et je ne peux m'empêcher d'accentuer davantage le baiser tandis que je le sens écarter doucement les jambes pour se frotter contre ma cuisse. Je commence à sentir la douce odeur fruitée et printanière de ses phéromones et l'envie de prendre possession de lui devient viscérale.

Putain, je le veux tellement.

Tout à coup, le bruit d'une porte qui claque et des pas précipités nous extirpent de notre moment et nous nous séparons juste avant que Dario – qui a l'air furieux – et plusieurs hommes de Lev apparaissent devant nous.

— Boss, ces enculés réclament leur paiement ! rugit mon subalterne. Ils saccagent toute la villa !

Encore grisé par le baiser que je viens d'échanger avec Lev, je pose un regard hébété sur les connards qui ont osé nous interrompre.

— Ouais Lev ! renchérit un chien des rues. T'avais dit qu'on aurait not' fric dès qu'on aurait tué l'dernier fils de pute de c'te villa. Alors maint'nant qu'on a fait not' part du travail, on veut être payé. Et p'tain y a d'quoi faire en plus dans c'te villa. T'as vu tout cet or ?

Je tourne mon regard vers Lev et ce que je vois manque de me faire bander sur le champ. Adossé contre la rambarde, les yeux encore brillants d'excitation et sa veste tombant sur ses épaules, il regarde son gars avec la même expression de surprise béate que je devais arborer quelques secondes auparavant. Sur ses joues s'étalent quelques plaques du même rouge que le sang qui tâche ses cheveux et ses lèvres sont encore humides de notre baiser. Je contemple les quelques mèches blondes qui retombent sur son front et suis pris d'une furieuse envie de les attraper et de les tirer en arrière pour dévoiler son cou et le marquer de mon passage.

Lev se redresse et tente de reprendre contenance. Assez rapidement, son visage redevient impassible et son regard se durcit. L'air impérieux qu'il affiche désormais me donne envie de mordre sa mâchoire et de l'obliger à se soumettre entre mes jambes.

— Vous allez être payés, je vous ai donné ma parole et je l'honorerai, répond-il d'une voix grave. En attendant, que chacun reparte avec autant d'or qu'il peut en porter.

— Quoi ?!

Je vois le visage de Dario se décomposer tandis que les hommes de Lev exhibent des sourires carnassiers. Dans une clameur pleine de joie violente, ils se précipitent dans les pièces avoisinantes et j'entends des grands fracas d'objets que l'on renverse au sol, suivis de cris exaltés qui ressemblent plus à des grognements d'animaux qu'autre chose.

Dario fusille Lev du regard et sa bouche se tord en une grimace méprisante.

— Pour qui tu te prends fils de pute ? crache-t-il en serrant les poings. Tu crois que tu peux simplement ramener tes sauvages ici et les laisser poser leurs doigts dégueulasses sur ce qui ne leur appartient pas ? J'ai déjà toléré leur comportement barbare au combat, mais je ne tolérerai pas qu'ils volent ce qu'ils ne méritent même pas de toucher.

Lev penche la tête sur le côté et, bien que l'expression de son visage n'ait pas changé, je sens une sourde menace émaner de lui.

— Tu refuses de donner à mes gars ce qui leur revient de droit ?

— Vous n'avez aucun droit ici ! Vous devriez déjà nous remercier d'avoir pu foutre vos pieds ici et voir autre chose que vos putains de rues dégueulasses ! N'oubliez pas que vous ne valez pas plus que la merde sous vos chaussures, alors rappelle ta bande de crasseux et dégagez d'ici !

J'ai à peine le temps d'entendre le clic du canif de Lev que ce dernier a déjà entaillé la joue de Dario avec. Je vois mon garde du corps pousser un cri de douleur et tenter de riposter d'un uppercut que son adversaire évite facilement. Les deux se jettent dans une espèce de mêlée féroce où leurs corps se confondent et leurs coups forment une barrière impénétrable autour d'eux.

Je soupire avec lassitude et prends mon temps pour m'approcher. Ce n'est que lorsque je vois Lev à califourchon sur le torse de Dario et ses cuisses enserrant son cou pour l'étouffer, prêt à lui trancher la gorge, que je me décide à intervenir.

J'attrape le bras de mon associé et le tire brusquement en arrière pour l'empêcher de commettre son énième meurtre de la journée. Cela ne semble pas lui plaire puisque le regard qu'il m'adresse est glacial et le mouvement agressif qu'il fait en ma direction laisse clairement comprendre qu'il me plantera avec mon garde du corps s'il le faut.

Agacé, je l'oblige à se relever et me place entre les deux adversaires, comme si cela allait suffire pour les calmer. Le rictus menaçant de Lev m'indique tout le contraire.

— Vous vous entre-tuerez plus tard, déclaré-je d'un ton sec. On vient de réussir notre opération, alors accordez-vous une trêve le temps de célébrer ça. Dario, si tu ouvres encore ta gueule sans y avoir été autorisé, je te promets que je te loge une balle dans la cuisse. Le Russe, si t'attaques encore une fois l'un de mes hommes, tu retournes croupir dans ton bidonville.

Lev me lance un regard terrible et je me demande pendant quelques secondes s'il ne va pas se jeter sur moi. Il est impressionnant là, le corps encore raide de colère et la main contractée autour de son couteau, avec ses cheveux tâchés de sang et son visage tuméfié de ses précédents combats. Je me rends d'autant plus compte d'à quel point ce gamin est insaisissable, comme un putain d'animal sauvage qu'il est impossible d'apprivoiser et qui peut toujours vous attaquer si vous lui tournez le dos trop longtemps.

Lev Shcherbakov n'est pas un homme de parole ni de confiance, ce n'est pas le genre de type à qui vous pouvez serrer la main et repartir avec la certitude qu'il ne vous trahira pas. Non, c'est le genre de type à vous serrer la main en vous regardant droit dans les yeux pour ensuite mieux vous planter son couteau dans le cœur, sans aucun état d'âme. Il se contrefout des règles et de la morale, c'est un gamin des rues qui n'a jamais connu que la loi du plus fort et qui n'aura aucun scrupule à tout détruire pour parvenir à ses fins. Quitte à sacrifier tout ce qu'il a de plus cher. Quitte à me sacrifier moi.

Alors, tandis que ses yeux glauques restent rivés sur mon visage, je me fais le serment de ne jamais baisser ma garde en présence de ce gars. Et de le buter à la moindre incartade.


NDA : Juste par curiosité, est-ce que certain.e.s d'entre vous ont un personnage préféré ? Est-ce qu'il commence à y avoir une team Gian et une team Lev ?

Sinon, j'espère que ce chapitre vous aura plus ; comme d'habitude, n'hésitez pas à voter et commenter ça fait plaisir !

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