5. Chaleurs


LEV


Je le savais. Putain, je savais que quelque chose clochait avec mon corps depuis une bonne heure. Ça a commencé dans le casino, alors que j'enchaînais les verres et déshabillais du regard les filles qui se déhanchaient devant nous. Mon corps est soudainement devenu chaud, mes mains moites et mon bas-ventre s'est crispé, réaction que j'ai attribuée à la magnifique blonde qui me faisait du charme depuis le début.

Mais rapidement, c'est devenu pire : mes jambes se sont mises à trembler, ma tête à tourner et ma respiration à devenir saccadée. J'avais l'impression d'entrer en transe, comme si je ne pouvais plus contrôler mon propre corps.

Notre fuite hors du casino m'a permis de penser à autre chose, mais maintenant que nous nous sommes arrêtés, tout revient, bien plus fort, bien plus pernicieux. Je brûle comme si j'avais de la fièvre et mon corps est si fébrile que le moindre courant d'air sur ma peau me provoque de violents frissons. Je ne vois quasiment plus rien et mon cœur bat si vite que c'en est douloureux.

Fermant les yeux de toutes mes forces, je m'appuie laborieusement contre l'armoire dans mon dos et me laisse glisser le long de ses étagères jusqu'à me retrouver assis par terre. Bordel, mais qu'est-ce que cet enculé a foutu dans mon verre ?

Je porte une main tremblante à mon visage et mords mon index de toutes mes forces, comme si cette douleur pouvait me permettre d'ignorer celle de mon sexe, désormais si tendu que j'ai l'impression qu'il cherche à trouer mon pantalon.

Putain de putain de merde.

— T'es... T'es un oméga.

La voix sourde de Gian me sort de mes pensées et je tente difficilement de poser mon regard sur lui. Figé de l'autre côté de la pièce, il me fixe de ses yeux épouvantés, la respiration courte et les pupilles dilatées. Son visage est déformé par l'horreur et je vois qu'il serre les poings à s'en faire craquer les phalanges.

— T'es un putain d'oméga... Je ne peux pas y croire.

Je veux lui répondre, mais une nouvelle vague de chaleur déferle de mon bas-ventre jusqu'à mes orteils et je suis obligé de balancer ma tête en arrière en me mordant la lèvre pour retenir le gémissement qui menace de franchir mes lèvres.

Je vais perdre la tête. Tenter de garder le contrôle de mon corps est si éreintant que je sens mes forces s'amoindrir de minute en minute. Et la présence de ce connard d'alpha n'aide pas. S'il fait un seul putain de pas en ma direction, je le plante sans hésitation.

— Comment t'as pu me cacher ça ? rugit ce dernier. Putain de merde, Lev, pourquoi tu m'as caché ça ? Je me serais jamais associé à un putain d'oméga si j'avais su !

A travers le brouillard de ma vision, j'entrevois son visage hâlé se tordre de colère et ses yeux sombres lancer des éclairs qui me font frissonner. Je sais qu'il rêve de me frapper. Et le pire dans tout ça, c'est que je ne pense pas être en capacité de me défendre. Au fond, peut-être qu'un bon coup dans la gueule me remettrait les idées en place ?

— Tes... Tes phéromones putain...

J'essaie d'articuler mais seuls des grognements s'échappent de ma bouche. Gian est tellement hors de lui qu'il laisse s'échapper des quantités de phéromones de son corps et ces dernières agissent comme de puissants stimuli sur moi. Je mords à nouveau mon index et cette fois, je me déchire la peau jusqu'au sang.

En dépit de sa rage immodérée, je le sens résorber ses phéromones de colère. Il se prend la tête entre les mains et se met à tourner comme un lion en cage.

— Bordel, c'était ça le plan de Petrucci ? crache-t-il en se tirant à moitié les cheveux. Que mon propre putain de partenaire cause ma perte ? Comment il a pu savoir que tu étais un oméga ?

Il donne un violent coup de poing dans le mur et je suis presque certain d'entendre ses phalanges craquer. Je contracte la mâchoire et plante cette fois mes ongles dans mes paumes. J'ai l'impression d'avoir tant de sang dans la queue qu'elle va exploser. Avec horreur, je me rends compte que mon cul commence à s'humidifier et la haine que je ressens envers ma nature d'oméga m'envahit plus fortement que jamais. J'ai envie de crever.

Gian me lance un regard méprisant et contracte ses poings spasmodiquement.

— Fais quelque chose pour tes putains de phéromones, me somme-t-il d'un air dégoûté. Contrôle-toi, je sais pas, mais fais quelque chose ou tu vas attirer tous les alphas des environs.

Ses mots acerbes, ajoutés à la souffrance et à la frustration que je ressens déjà, me donnent envie de lacérer sa sale gueule.

— Putain, mais tu crois pas que j'essaie ?

Ma voix est haletante et je vois ses yeux se voiler.

— Tu vas nous faire tuer si tu ne cesses pas de diffuser tes phéromones ! insiste-t-il en faisant de grands gestes. Va te branler, je sais pas, mais fais ce qu'il faut pour calmer tes chaleurs. Je... Je regarde pas.

J'ai envie de me foutre de lui en entendant ses derniers mots, prononcés d'une voix presque gênée. Mais je sais qu'il a raison. Je le vois détourner le regard et, malgré mon aversion pour cette situation, je serre les dents de toutes mes forces et déboutonne mon pantalon. Mon sexe jaillit immédiatement et je suis dégoûté de le voir si dur et dégoulinant de plaisir. Je ferme les yeux et pose ma main dessus, m'envoyant une violente décharge dans le bas ventre. Lentement, je commence à branler ma queue trempée et mon ventre se tord si fort que je suis obligé de me pencher en avant. J'ai chaud... J'ai si chaud que j'en perds la tête.

Mon sexe est si dur que j'en souffre et, en dépit de mes va-et-vient, je le sens gonfler de plus en plus sans jamais atteindre le Nirvana. Je finis par pousser un gémissement de frustration et frappe rageusement le sol.

— Qu'est-ce que tu fous putain ?

La voix de Gian fait grimper des putains de frissons le long de mon échine.

— Je peux pas, haleté-je stupidement. J'y arrive pas...

Ma voix me paraît si suppliante que j'ai envie de m'arracher la langue.

— Comment ça t'y arrives pas ? s'impatiente l'autre connard.

— J'arrive pas à jouir bordel ! m'énervé-je en lui lançant un regard terrible. Ça veut pas, ok ?! Arrête de m'emmerder putain... J'vais perdre la tête...

Je ferme à nouveau les yeux et grimace en sentant le sang pulser dans ma queue. Soudain, la voix de Gian retentit, plus proche de moi, plus rauque aussi.

— Et si je t'aide ?

J'ouvre grand les yeux et lui jette un regard horrifié.

— T'as perdu la tête ou quoi ?

Son visage crispé semble être la proie d'un combat interne et je vois toutes sortes d'émotions défiler dans ses yeux.

— Mes phéromones d'alpha, explique-t-il en serrant les dents. Peut-être que ça t'aidera à jouir... Bordel Lev, ça me fait pas plus plaisir qu'à toi, mais on va crever si tu contrôles pas tes chaleurs.

Je retiens les phrases assassines qui me brûlent les lèvres et serre mes poings que j'ai envie d'écraser contre sa gueule. Je finis par hocher imperceptiblement la tête et, aussitôt, une douce odeur fraîche et boisée m'enveloppe tel un cocon. Mon corps réagit au quart de tour et je me cambre contre l'armoire en ouvrant grand la bouche pour prendre de l'air. Gian est accroupi devant moi, mais ne me regarde pas et plante furieusement ses ongles dans ses paumes.

Ma tête est prise dans une spirale de plaisir et je recommence à me branler. Les décharges dans mon bas-ventre sont de plus en plus rapprochées, mais toujours pas suffisantes pour me mener à l'orgasme, et je pourrais en chialer tellement c'est douloureux.

Alors que je m'apprête à abandonner, je sens deux mains se poser sur mes épaules et me tirer en avant. Mon dos se décolle de la bibliothèque et un corps se glisse dans l'espace ainsi créé.

— Qu'est-ce que tu fous...?

Ma voix n'est plus qu'un souffle et je parviens à peine à ouvrir les yeux. Ce n'est que lorsque je sens le torse de Gian s'appuyer contre mon dos que je comprends qu'il s'est assis derrière moi et entoure désormais mon corps de ses jambes écartées. Je voudrais me débattre, lui hurler de dégager et de ne pas me toucher, mais j'en suis incapable et ça me donne envie de vomir.

— Je ne te toucherai pas, Lev... Je te donne juste un coup de main.

Sa voix grave et son souffle chaud contre mon oreille me font frissonner et mon corps se cambre inconsciemment contre le sien. Sans un mot, il replace ma main sur mon sexe et l'enroule de la sienne. Sa paume est brûlante contre la mienne et je sens son corps musclé collé à moi. Bordel, mais qu'est-ce que c'est que cette situation ?

Sa main m'incite à reprendre mes mouvements sur ma queue et j'obtempère à contrecœur, enivré par les phéromones d'alpha qu'il dégage pour m'exciter. Soudain, je me rends compte que son sexe presque aussi raide que le mien se presse contre mon cul trempé.

— Putain, dégage ta queue de moi, craché-je en gémissant. Merde, pourquoi tu bandes ?

— Bordel Lev, ferme ta gueule ! Je ne peux pas empêcher mon corps de réagir instinctivement. Tu te rends pas compte de l'odeur que tu dégages... Je ne te touche pas, mais tu peux pas reprocher à mon putain de corps de réagir à ça !

Je serre les dents et ravale mon dégoût. Quand on sortira de là, je le lui ferai payer !

Soudain, il oblige ma main à accélérer ses va-et-vient et je sens mon bas-ventre se crisper férocement. Complètement grisé par le plaisir, je rejette ma tête sur son épaule et gémis sous la chaleur qui déferle par vagues dans mon corps. Ses phéromones me font complètement perdre la tête et je sens mon sexe se contracter avant que l'orgasme ne me frappe de plein fouet. La puissance de ce dernier est telle qu'elle m'oblige à me pencher en avant, et je sens le corps de Gian accompagner mon mouvement. Hébété, je reste immobile quelques secondes, le corps tremblant, la respiration sifflante et la chemise souillée de ce plaisir honteux qui vient de ravager jusqu'à la dernière parcelle de mon esprit.

Je ne comprends pas ce qui m'est arrivé, j'ai l'impression d'être momentanément sorti de mon corps.

Silencieux, Gian se relève et ne m'accorde pas un regard tandis que je reboutonne mon pantalon d'un geste rageur. Je me redresse d'un bond, m'approche de lui et lui décoche un coup de poing si violent dans la mâchoire qu'il titube en arrière. Grognant de douleur, il me repousse à son tour et me lance un regard terrible.

— Putain Lev, je te jure que si tu refais ça je te tue, éructe-t-il d'une voix tremblante de colère. Bordel, t'es pas capable de contrôler tes phéromones et c'est moi que tu frappes ? Va te faire foutre putain ! Dès qu'on sort d'ici, je ne veux plus jamais voir ta sale gueule d'oméga.

Au moment où je m'apprête à me jeter sur lui pour planter mon canif dans sa gorge, la porte du bureau s'écrase contre le mur et nous nous figeons. Pourtant, à la place des gorilles de Petrucci, la tête de Dario, le caniche de Gian, apparaît.

— Boss, sortez d'ici ! s'écrie-t-il en se précipitant vers son patron. On a sécurisé le périmètre, mais faut se dépêcher avant que ces connards n'arrivent avec du renfort !

Il se fige et fronce les sourcils en reniflant comme un chien autour de lui.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ici ?

Gian passe devant moi en m'ignorant ostensiblement. Il a ré-endossé sa ridicule attitude pleine de mépris arrogant et sa démarche assurée donne l'impression que les événements des deux dernières heures n'ont jamais eu lieu.

— Il ne s'est rien passé, Dario, répond-il d'une voix dangereusement calme. Rien qui ne mérite le moindre intérêt.



NDA : Bon et bien voilà, le fameux premier rapprochement ! Ok peut-être pas dans les meilleures conditions au monde MAIS un rapprochement tout de même.

N'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé du chapitre ; ça a été un défi pour moi d'écrire une scène érotique un peu plus " crue " mais je voulais qu'elle colle aux personnagex.

A bientôt pour la suite :)

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