Joaillier : une passion onéreuse
Vendredi 15 Mars 15h17
Les deux gendarmes mirent environs une heure pour rejoindre le domicile de l'acquéreur du diamant. Ce dernier habitait une maison dans les terres, à soixante-quinze kilomètres de Nice. Un certain Roberto Alvarès habitait dans ce petit pavillon sans prétentions et rempli de matériels de BTP. Vérifier le nom sur la boite aux lettres eut été inutile en raison de l'énorme pancarte notée 'Alvarès Bâtiments – Travaux tout corps d'état' accroché à la grille. Les militaires sonnèrent et un petit homme à la musculature prononcée et à la peau usée sortit pour aller à leur rencontre.
- Bonjour Monsieur, Gendarmerie Nationale, Fit le Major avec un salut militaire. Est-ce que monsieur Alvarès Roberto est là ?
- Oui, Bonjour, c'est mon fils, Il a fait quelque chose de mal monsieur l'agent ?
- Nous aimerions lui parler pour le moment. Est-ce possible ?
- Oui, bien sûr. Il doit être dans son atelier. Suivez-moi, déclara l'homme un peu inquiet de voir la gendarmerie interroger son fils.
Il les guida jusqu'à un petit réduit abîmé mais fonctionnel au fond du jardin. En entrant, ils comprirent qu'ils avaient avancé d'un grand pas. Le lieu se trouvait être un petit atelier de joaillier amateur mais fort bien équipé et isolé.
- Roberto, tu as des visiteurs.
Le jeune homme devait avoir dans les vingt-cinq ans et les accueillit avec autant de surprise et d'incrédulité que son père, mais sans animosités.
- Bonjour Monsieur Alvarès. Est-ce que c'est vous qui avez créé cette bague ? Demanda Célestin en présentant une photo de la pièce d'orfèvrerie.
- C'est 'Hélios et Sélène', répondit le jeune homme en prenant la photo du bout des doigts. Une de mes plus belles pièces. Une commande spéciale, pourquoi ?
- Pour qui était-elle ?
- Pour un ami d'université. Il devait faire sa demande en mariage la semaine dernière. Je n'ai pas eu de nouvelles, ça n'a pas dû bien se passer.
- Comment s'appelle-t-il ?
- Romuald Crétès. Il habite au Mont Boron. Il n'a pas fait de bêtises j'espère...
- Nous verrons. Avez-vous une preuve que c'est bien lui qui a acheté cette bague ?
- Oui, il a exigé un certificat sur le diamant, et je lui ai vendu ce dernier avec l'anneau. Tout est noté dans mon livre de compte.
- Comment a-t-il payé ?
- Un chèque. Que j'ai encaissé sans problèmes.
- Merci Monsieur Alvarès. Je vais probablement devoir saisir ce livre de compte et vous demander de passer faire une déposition à la brigade. Notre entretien doit rester confidentiel. C'est d'accord ?
- Bien sûr. Quand dois-je passer ?
- Passez demain, dans l'après-midi. Aishan ? Personne ne touche au livre, j'appelle le parquet pour demander une réquisition.
- Bien Major.
Les documents obtenus, les deux gendarmes prirent congés des deux hommes avant de repartir avec le véhicule, un livre de comptes sous le bras. A peine étaient-il dans le véhicule que le téléphone sonna.
- Lemoine, j'écoute.
- Major, c'est le gendarme Lanterne, fit une autre voix. J'ai des infos pour vous. Un individu est passé par l'arrière du jardin. Il ou elle est entrée dans son périmètre de surveillance près du mur de cinq mètres aux alentours de vingt-trois heures moins dix pour repartir vers vingt-trois heures trente.
- C'est du bon boulot 'Halloween'.
- Attendez, ce n'est pas fini. En étudiant les relevés, j'ai remarqué que notre invité-surprise est repassé le lendemain vers vingt heures. D'après son trajet dans le jardin, je dirais qu'il cherchait à être discret car il allait d'arbre en arbre jusqu'à la maison. Pas d'entrées avant le meurtre sur les quatre mois précédents...
Il avait oublié quelque chose, pensa Célestin.
... Je suis passé faire un tour dans le quartier pour savoir à qui appartenait la maison derrière. C'est à un certain Amaury Crétès...
Le regard de la brigadière et celui du lieutenant se croisèrent.
... Ça vaut ce que ça vaut mais si lui a de la vidéo surveillance, vous pourriez savoir à quoi ressemble votre proie.
- Est-ce que vous l'avez contacté ? Demanda Célestin avec inquiétude.
- Non Major. Je vous laisse ce plaisir, j'ai un dossier à finaliser pour que ce soit compréhensible au lambda de la rue. Je suppose que je transmets le tout au service d'enquêtes et analyses ?
- Exact. C'est de l'excellent boulot. Autre chose ?
- Non Major.
- Bon finalise ça et mets-moi en copie de ce que tu envoi.
Célestin et Aishan rentrèrent sur l'agglomération en silence. Célestin réfléchissant en conduisant, Aishan passant son temps sur son téléphone.
- C'est bon. Je crois qu'on le tient, déclara la brigadière.
- Comment ça ?
- ll est aussi public que la victime... et la nuit du meurtre, il n'a pas arrêté de se prendre en photo jusqu'à 22h environs. Ensuite un trou de 3h avant de nouvelles photos du même endroit. Mais habillé différemment.
- Suspect, corrigea Célestin en conduisant sans regarder ce que le téléphone. Mais pas déterminant. Et on ne sait absolument pas comment ce jeune homme de bonne famille a pu descendre et remonter un mur en bon état sans laisser de traces.
- Vraiment ? Et ceci ?
Celestin glissa un coup d'oeil avant de se recentrer sur la route. Mais il avait compris où la jeune femme voulait en venir : la photo présentait un homme de vingt-cinq ans pratiquant la spéléologie. Il souriait à la caméra.
- D'après le profil Instagram, c'est un spéléologue chevronné. Même s'il pratique dans le domaine amateur. Il y a de grandes chances pour qu'il ait son propre matériel. Et si on regarde de plus près son équipement, on voit qu'il a un couteau de survie... en plus il en fait la promo avec photos à l'appui quelques semaines précédant le meurtre.
Le lieutenant gara la voiture un peu brutalement pour vérifier les dires de la jeune femme. Couteau lame droite, acier de Damas, un coté lame, un coté denté. La taille, la forme et les caractéristiques correspondaient à l'arme du crime. Il attrapa son téléphone.
- Commandant Breron, fit son interlocuteur en se présentant
- Mon commandant ? C'est le Major Lemoine. J'ai un fort suspect. Je vais avoir besoin d'une réquisition pour un couteau type couteau de spéléo et... d'une équipe des TIC.
- Ils peuvent être là sous deux heures. Qui est le suspect ?
- Amaury Crétès. Un voisin de la victime.
- Merde.
- Mon Commandant ?
- J'ai joué au golf avec son père y'a dix jours, c'est un notable aussi... Attendez-moi devant chez lui. Je veux être présent lors de votre intervention.
- Euh, mon commandant, vous savez...
- Doucement, je ne ferai que de la relation publique pour que l'investigation se passe bien. Autant éviter l'esclandre si ce que vous avancez est juste. On n'a pas besoin de ça et eux non plus. Est-ce que ce que vous avancez est solide ?
- On a réussi à le relier à la bague, intervint Aishan, il faudra aussi une autre réquisition pour éplucher ses comptes et faire une confirmation financière.
- Bien, je m'occupe des TIC. Contactez le procureur pour la réquisition. On se retrouve à la brigade pour dix-sept heures trente. Si à dix-sept heures, vous n'avez pas la réquisition, rappelez-moi, je les secouerais un peu.
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