Cabossé n'est pas cassé

Jeudi 14 mars 2019, 11h50

      Le soleil approchait son azimut le plus élevé. Il faisait bon malgré les nuages qui passaient rapidement dans le ciel. Nice, comme les autres villes du coin se trouvait dans l'axe du Mistral. Et si ce dernier ne soufflait pas tellement fort au sol, en altitude, c'était une autre histoire. Le petit pavillon, à peine cent mètres carrés, avec son espace jardin était bien entretenu. Cerné par des arbustes qui conservaient la vie privée de leurs propriétaires. Dans un petit parterre les premiers bourgeons de fleurs apparaissaient. Sur la terrasse, un barbecue dorait une viande rouge dont l'odeur provoquait la faim. Juste devant, dans un survêtement délavé et en claquettes plastiques, un homme surveillait les deux pièces cuire lentement. Ses yeux portaient les marques du chagrin, de la douleur, d'une absence morale et de celle du manque de sommeil. La spatule dans la main droite, fut transmise dans celle de libre avant qu'une cannette de bière verte n'y apparaisse. Le visage mal rasé, creusé de quelques rides, abîmé par la vie, n'attendant plus grand-chose d'elle. Derrière lui, la baie vitrée s'ouvrit dans un glissement.

- Papa ?

L'Homme se retourna :

- Oui mon ange ?

Il y a quelqu'un pour toi.

- Qui donc ? demanda-t-il en se penchant sur le côté pour regarder dans la maison.

Deux individus en tenues bleues l'attendaient.

- Je crois que ce sont des collègues à toi.

- Je m'en occupe. Tiens, dit-il en lui tendant la spatule, surveille la cuisson, je vais préparer la salade.

- Bien papa, répondit la jeune fille un peu inquiète.

D'un mouvement rapide, ils échangèrent leurs places. L'homme rentra dans le salon puis ferma la baie vitrée. Plus que l'énergie qu'il voulait économiser, il ne désirait pas que sa fille entende la suite. Le salon, était simple, deux canapés autour d'une petite table basse et un écran accroché au mur. Propre, net, mais sans vraiment de chaleur humaine en dépit des nombreux cadres photos qui décoraient la pièce.

- Mes respects Major, commença l'un des deux gendarmes.

- Qu'est-ce que vous foutez là tous les deux ?

- Le commandant aimerait vous parler.

- Y'a le téléphone.

- Justement. Votre portable est hors service, et votre fixe est en dérangement... Nous sommes venus vous en apporter un.

Le gendarme, du grade de brigadier-chef, lui tendait un téléphone prépayé acheté à pas cher dans un de ces nombreux bureau de tabac.

- Une idée à lui ? demanda l'homme en prenant le combiné

- Il vous connaît bien. Son numéro est déjà dans le répertoire précisa le gendarme. On va vous laisser, passez une bonne journée...Au fait Major, la caserne est avec vous, on espère tous vous revoir rapidement.

- Merci, mais attendez, qu'est-ce qu'il me veut ?

- Aucune idée... Mais il voulait vous parler directement. Le plus tôt sera le mieux...

- Merci les gars. Bonne journée.

Les deux militaires quittèrent la maison. L'homme s'assit sur le canapé avant d'appeler.

La tonalité sonna deux fois avant que son interlocuteur ne décroche.

- Major Lemoine, se présentât-il. Mes respects Mon commandant.

- Ha Célestin ! Heureux que vous ayez réglé vos problèmes de téléphone. Le regard du major se posa sur le boîtier de la box internet, volontairement débranché depuis deux jours. Comment-allez-vous ?

- Bien, mentit-il.

- On a une demande qui vient d'en haut. J'ai pensé que c'était une opportunité pour vous remettre le pied à l'étrier.

- Et l'IGGN ? [ndla : équivalent IGPN pour la gendarmerie]

- On s'en fout : l'enquête est en cours. Vous êtes officier de police judiciaire, un excellent enquêteur et j'ai besoin de vous. C'est au sujet de Caroline Marchal.

- La fille de bonne famille ? Elle a été assassinée au Mont Boron non ? C'est passé aux infos.

- C'est exactement ça.

- Mais c'est zone police, ce n'est pas pour nous normalement.

- Normalement, en effet. Mais je ne vais pas te mentir Célestin, normalement la victime n'a pas un père magnat de l'industrie qui tutoie le ministre de l'Intérieur. Depuis cinq jours, il lui casse les noix pour que toutes les forces de polices soient mobilisés pour retrouver le responsable... Et c'est arrivé jusqu'à nous. Jusqu'à toi en particulier. J'estime que c'est une bonne opportunité pour montrer à l'IGGN que ta connerie passée ne se reproduira pas.

- Et si je me plante ?

- J'ai confiance en toi. Une copie du dossier est déjà dispo à la brigade. Je te mets la brigadière chef Ashin Rosma en équipière.

- Et les flics ?

- Ils sont au courant : enquête conjointe. J'ai survolé le dossier et l'équipe du commissaire Delerme n'avance pas vraiment... Leurs principaux suspects sont la bonne et le petit ami, tu verras le reste en arrivant.

- Je commence quand ?

- Ton ordre de mission est déjà signé. Il t'attend au bureau avec le dossier et ton équipière. Ça démarre dès que tu portes la bleue. Autre chose ?

- Non Mon commandant, répondit l'intéressé.

- Bon, Célestin courage. N'hésite pas à m'appeler si besoin et attrape-moi cette ''Dénomination d'Aziz''.

- Bien Mon commandant.

La communication terminée. Célestin Lemoine secoua un instant le petit téléphone noir avant de se lever et de rebrancher la box internet de la maison.

- Qu'est-ce qu'ils voulaient papa ? Demanda sa fille en ouvrant la baie vitrée

- Rien, je reprends le service après t'avoir déposé à l'école. Ne t'inquiète pas si je rentre tard.


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