Partie 15 : Vacances au Club Dem
Le lendemain, Kea se trouvait en compagnie d'Elwenn, dans ses appartements du deuxième étage. Elle était occupée à fouiller dans sa penderie à la recherche de vêtements pour la jeune femme.
Vu que Yuan était visiblement décidé à la retenir contre sa volonté jusqu'à ce que le monde prenne feu autour de lui, elle commençait à manquer cruellement d'effets personnels et la démone s'était fait une joie de l'aider sur ce point.
Encore une fois, ce matin là, Kea avait retrouvé Sytry dans la salle à manger pour le petit déjeuner, son ami ne semblait plus vouloir quitter le palais.
Zaebos retenait visiblement toute son attention. Et lui la sienne, au grand plaisir de Kea qui ne préférait pas se retrouver dans les pattes de ce démon acariâtre.
Elle aurait pu demander à Sytry de lui ramener ses vêtements de leur appartement, mais elle ne voulait pas rompre le charme de son histoire d'amour naissante, et elle s'inquiétait un peu de ce qu'il aurait pu choisir dans son armoire alors que son esprit se trouvait concentré sur toute autre chose. Elle n'aurait pas été étonnée de se retrouver avec un assortiment de hauts sans les bas pour aller avec, ou inversement.
Après son bref repas matinal, Yuan avait de nouveau emmené Kea dans la salle d'interrogatoire, tentant désespérément de la faire parler. Cela n'avait pas été très productif une fois de plus, il se pouvait même qu'elle se soit réellement endormie à un moment, de façon toute à fait innocente bien-entendu.
Voyant que cela ne le menait nulle part, Yuan avait finalement jeté l'éponge et avait laissé la jeune femme vaquer à ses occupations.
Un sentiment étrange parcourait Kea, elle aurait dû se sentir très en colère contre Yuan de se savoir ainsi prisonnière, mais elle se surprenait à aimer passer du temps au palais. Sytry était avec elle à présent, et puis il y avait Elwenn aussi, et Okiri.
Elle pouvait jouir de l'espace que proposaient ces murs comme n'importe quel autre sujet, elle ne se sentait pas réellement captive.
Quelque part, elle avait presque l'impression d'être en vacances, des vacances forcées, certes, mais cela avait le mérite de lui changer les idées.
Pourtant ce séjour ne faisait que repousser la fatale échéance.
— Voilà, déclara Elwenn la sortant de ses pensées, je pense que cela devrait suffire pour le moment.
Kea regarda l'immense tas de linge qui s'élevait à présent jusqu'au plafond de la chambre et qu'Okiri regardait d'un air rêveur et légèrement suspect.
— Oui, confirma-t-elle. Je pense en effet que cela devrait faire l'affaire. Tu sais que je ne compte pas m'attarder au palais, n'est-ce-pas ?
— Il y a parfois un monde entre ce que l'on compte faire et ce que l'on peut faire vraiment petite humaine, lui dit sagement la démone rouge.
SPLAF ! BOOOOM ! BOMBADABOUM !
Kea se retourna en sursautant.
Okiri venait de foncer dans le tas de linge, dans lequel il se roulait à présent. Il faisait voler tous les vêtements au dessus de lui, en poussant des petits cris d'amusement. C'était vraiment une drôle de créature.
— Bon, je dois te laisser, lui annonça Elwenn sans s'étonner du comportement de l'Akkouq. Mon tour de garde va commencer.
La jeune femme salua donc sa nouvelle amie et sortit avec tout un tas de linge sous le bras, suivie d'Okiri qui avait pris soin de revêtir un soutien-gorge et une culotte absolument pas assortie au passage. Kea viendrait chercher le reste plus tard.
Elle se rendit ensuite dans les jardins du palais. Alors qu'elle était là, au milieu des arbres et des marcheurs qui ne semblaient pas se soucier de sa présence outre mesure, elle se demanda jusqu'à quel point elle pouvait s'éloigner du grand bâtiment sans attirer l'attention sur elle. Tous les gardes semblaient avoir relâché leur vigilance depuis quelque temps.
Elle s'approcha nonchalamment des grilles de l'entrée Nord, marchant à reculons pour s'assurer que personne ne la suivait, mis à part Okiri.
La voie semblait libre, personne derrière, personne devant. Elle continua d'avancer tranquillement comme s'il était tout à fait logique qu'elle se trouve là. C'est alors qu'elle sentit une bourrasque de vent s'élever tout près d'elle.
Yuan venait d'atterrir sous son nez.
— On peut savoir où vous comptez aller servante ? lui demanda-t-il de sa grosse voix.
— Yuan ! s'exclama la jeune femme. Justement je vous cherchais. Vous êtes très en beauté aujourd'hui dites-moi.
Comme tous les jours depuis qu'elle le connaissait, le Seigneur démon avait pour seul vêtement un pantalon qui lui retombait amplement sur les chevilles.
— Et pourquoi me cherchiez-vous au juste ? demanda suspicieusement Yuan.
— Heu... mais justement pour vous dire à quel point vous étiez en beauté aujourd'hui.
— Et vous ne pouviez pas le faire ce matin, la première fois que nous nous sommes vu ?
— Et bien non, figurez-vous que ce matin vous étiez particulièrement repoussant.
— Mais vous saviez pourtant que je finirais par ne plus l'être dans la journée ? Et vous le saviez avant de m'avoir revu ? la poussa-t-il dans ses retranchements, sourcil relevé.
Qu'est ce qu'il pouvait être casse-pieds. Leur joute verbale allait certainement se révéler aussi stérile que d'habitude à en croire la direction qu'elle prenait.
— Cette conversation ne mène nulle part, s'agaça Kea.
— Je suis heureux que vous vous en rendiez finalement compte. Reculez de ces grilles, servante.
— Cessez de m'appeler comme cela, je n'ai rien d'une servante !
— Croyez-moi, j'ai eu tout le temps de m'en apercevoir.
Yuan resta muet un moment, Kea aussi. Ils se dévisageaient comme des personnages de western sur le point de s'entre-tuer. Le Seigneur démon perdit finalement le duel en quittant Kea du regard pour s'attarder sur Okiri qui se trouvait à côté d'elle.
— Pourquoi Diable notre Akkouq porte-t-il un soutien-gorge ?!
Mais Kea était déjà loin, elle avait profité de la diversion que lui offrait Okiri pour s'élancer vers les grilles et elle avait réussi à les dépasser d'à peu près cinquante centimètres avant que Yuan ne la plaque au sol. Elle était plutôt fière de la distance parcourue, elle n'avait jamais été aussi près de son but depuis des jours.
Yuan se trouvait assis à califourchon au dessus d'elle. Son bas ventre était légèrement relevé mais il avait penché son buste sur sa poitrine, l'aplatissant ainsi du poids de son corps, et il arborait désormais un sourire carnassier.
Kea aurait aimé lui arracher cet air si supérieur, mais elle était surtout occupée à essayer de contrôler l'attirance soudaine qu'elle ressentait pour le Seigneur démon. Cette position lui avait ouvert l'appétit, Yuan était tout simplement à croquer.
— Vous pensiez réellement avoir une chance ? s'amusa-t-il.
— Non, j'avais simplement très envie de vous voir m'étouffer de la sorte, répliqua Kea avec peine.
— Si cette position vous plait tant, il y a des manières bien plus agréables de la mettre en pratique, lui murmura-t-il à l'oreille.
A ces mots, Kea ressentit comme des démangeaisons un peu partout dans son corps, et à un endroit bien précis plus particulièrement. Sa respiration se faisait de plus en plus laborieuse et elle n'était pas certaine que ce soit uniquement dû au fait qu'il comprimait actuellement sa cage thoracique.
Sentant la détresse la gagner, elle préféra répondre à Yuan par un coup de genoux magnifiquement bien placé sous la ceinture.
— En effet ! Merci pour le conseil, s'écria-t-elle gaiement.
Yuan avait relâché la pression qu'il exerçait sur elle sous le coup de la surprise, ce qui permit à Kea de se dégager, de se relever et de regagner le palais tranquillement pendant que le Seigneur démon pestait toujours contre son dos.
Un grand sourire éclairait désormais le visage de la jeune femme.
Kea retrouva Sytry dans la salle à manger, pour prendre son repas du midi à quatorze heures.
— Et bien Brindille, commença-t-il. Puis-je te demander ce qui te rend si heureuse tout à coup ? On dirait presque que tu as vu la verge.
Kea sourit d'autant plus.
— Je crois que notre Seigneurie est en ce moment même en train de se demander s'il n'est pas préférable de me laisser partir, tout compte fait, chantonna-t-elle.
— Le jour où cela arrivera servante, vous serez la première informée, croyez-moi, tonna une voix derrière elle.
Yuan n'avait pas pris le temps de s'arrêter dans la pièce cependant, il avait simplement lancé son interjection depuis le couloir, alors qu'il passait par là. Toute la bonne humeur de Kea s'évapora d'un seul coup.
— Est-ce qu'Okiri est une fille ? demanda soudain Sytry.
Kea reporta ses yeux sur l'Akkouq qui avait véritablement fière allure dans ses sous-vêtements.
— Je ne crois pas, lui répondit la jeune femme. Je t'avoue que je ne me suis jamais vraiment posé la question, mais je trouve que ces couleurs lui vont plutôt bien, cela dit.
Ils terminèrent leur repas dans le calme. Kea étant d'humeur morose et Sytry plongé dans sa contemplation d'Okiri, détaillant son anatomie à la recherche d'un indice sur la nature de son sexe.
— Je crois que j'ai eu les cieux plus gros que mon antre, dit-il enfin.
— Sytry... je ne comprendrais jamais comment tu fais. Tu ne retiens pas une seule expression correctement, c'est un désastre.
— Mais cela ne fait que me rendre un peu plus irrésistible n'est-ce pas ? Je t'apprendrai un jour.
— Merci mais je crois que je vais passer mon tour, soupira Kea le front contre la table.
Ils passèrent l'heure suivante à batifoler dans la piscine intérieure du palais.... des allures de vacances, oui, définitivement.
Puis Sytry entreprit d'aller faire visiter la cité à Okiri. Il avait l'air particulièrement pressé de le faire défiler dans les rues vêtu de la sorte. Il savourait d'avance la réaction des passants face au spectacle que leur offrirait l'Akkouq. Ces deux là étaient aussi déjantés l'un que l'autre.
***
Rendez-vous en fin d'après-midi pour la suite ;)
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