Chapitre 7
MI-OCTOBRE
Il était vingt-trois heures, Clarke était assise sur l'une des balançoires du parc où elle avait l'habitude de retrouver Finn, et elle l'attendait. Cette fois, elle avait pris la décision de ne plus reculer. La nuit était noire, les étoiles brillaient de mille feux, mais une seule retenait son attention ; elle ne savait pas vraiment si c'était stupide de penser que son père était avec elle à cet instant, mais elle pouvait quand même sentir sa présence et son soutien.
La blonde prit une grande inspiration, et ferma les yeux. Elle n'était bizarrement pas si anxieuse qu'au match, peut-être était-ce parce que cette fois-ci, le moment était parfaitement choisi : elle était prête, et avait réfléchi. L'adolescente entendit des bruits de pas dans les cailloux, et lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle reconnut Finn à sa simple silhouette.
Le châtain n'alla même pas l'embrasser. En fait, il avait certainement compris quelle tournure cette conversation allait prendre... Il s'assit sur la balançoire d'à côté et lui sourit mélancoliquement. Le message de Clarke n'était pas habituel ; en règle générale, elle n'était pas si froide, mais elle lui avait écrit 'Il faut qu'on parle, rejoins-moi au parc'. Elle n'aurait pas pu être plus claire.
« Salut, commença-t-il »
« Hey, elle sourit. Comment s'est passé ton dîner en famille ? »
« Plutôt bien, il laissa un silence. Alors, prête pour ton audition de demain ? »
« J'espère, oui. En tout cas, Bellamy et moi l'avons assez travaillé pour que je me sente un peu plus rassurée. »
Clarke se maudit intérieurement, elle s'apprêtait à le quitter et voilà qu'elle abordait un autre sujet sensible : Bellamy. Evidemment, elle savait que le brun n'avait rien à voir avec sa rupture, mais elle s'en voulait parce qu'elle savait que, malgré tout, cela pouvait blesser Finn. Cependant, le châtain ne fit qu'acquiescer. Bellamy avait été un problème entre eux ces derniers temps, même si ce n'était que l'ami de Clarke ; mais pour ce soir, Finn avait décidé de ne pas relever, de toute façon, cela ne servait plus à rien, désormais.
« De quoi voulais-tu qu'on parle ? »
« De nous, elle répondit du tac-o-tac »
« Je t'écoute. »
Le jeune homme releva la tête pour regarder les étoiles, à son tour. A cette si faible lumière, seulement éclairé par la lumière de la lune et du ciel, Finn lui parut encore plus beau. Et habituellement, elle l'aurait certainement pris dans ses bras et aurait chassé toutes ses idées de rupture. Sauf qu'elle en avait eu marre d'être faible, et de se pourrir la vie autant qu'il se la pourrissait. Leur amour était devenu toxique.
« Je crois qu'il est grand temps qu'on se rende à l'évidence, toi et moi, elle réfléchit »
« Ne tourne pas autour du pot, s'il te plaît, Clarke. »
Cette dernière phrase brisa le cœur de la blonde, comme si son petit-ami attendait gentiment qu'on l'achève sans qu'il ne puisse faire quoi que ce soit. Elle se détestait de lui faire autant de mal, et elle savait que c'était nécessaire à la fois.
« Je veux qu'on se sépare. »
Elle l'avait balancé, avec une légère cassure dans la voix dans son dernier mot. Le temps s'était arrêté, Clarke scruta avec attention la réaction de Finn, mais il ne réagit qu'à peine. Il le savait. Le châtain ouvrit doucement les yeux et se tourna vers la jeune fille.
« Je sais pourquoi tu veux ça. Et je ne veux pas te retenir. Mais, Clarke, réfléchis à ce qu'on a vécu tous les deux. Je t'ai parfois négligé, c'est vrai, et je n'ai certainement pas été le copain parfait, mais il y a une chose dont je suis sûre, c'est que je t'aime. »
« Je n'ai jamais douté de ça, elle lui attrapa les mains. Mais, il y a une trop grosse distance entre nous cette année, une cassure. On n'a plus mêmes horizons, tu comprends ? »
« Oui, dit-il sincèrement »
Il n'y avait plus grand-chose à raconter. Heureusement pour Clarke, les choses s'étaient faites simplement, et Finn comprenait la raison de sa démarche. Elle ne savait pas comment elle aurait réagi s'il avait tout compliqué en essayant de la retenir. Ils sourirent tristement et Finn l'enlaça. La blonde respira son odeur une dernière fois, et le châtain l'embrassa rapidement, une manière de lui dire au revoir.
« Est-ce que je peux au moins te poser une question ?, tenta-t-il »
« Bien sûr. »
« Est-ce que tu m'as aimé ? »
« Et je t'aimerais toujours, même si je ne serai pas toujours amoureuse, si tu saisis la nuance. »
Finn sourit et acquiesça. Clarke eut les yeux brillants ; cette décision avait été difficile à prendre, mais elle savait que c'était la bonne. Et surtout, ils vivraient mieux ainsi.
*
Raven n'avait pas bien dormi. Le lendemain, ce serait la première fois qu'elle devrait retourner à Stylish Industries après la dégradation qui avait eu lieu. Heureusement pour elle, il y avait déjà des employés qui s'étaient chargés de tout remettre en place, mais le travail qu'elle avait mis des heures à produire n'était évidemment pas récupéré. Elle était anxieuse, d'ailleurs, elle n'avait pas parlé à Eleanor depuis plus d'une semaine.
Lorsque la brune termina de se maquiller, elle entendit quelqu'un frapper à la porte de sa chambre, et sa sœur entra. Puis, Lexa alla s'asseoir sur la chaise à côté de la fenêtre.
« Je crois que papa s'est encore barré en douce hier soir, commença-t-elle, nostalgique. Je ne sais vraiment pas ce qu'ils fichent tous les deux, et maman qui ne veut pas me dire où il est... »
« T'embête pas, Lexa. Il a certainement dû recevoir un appel de dernière minute pour son boulot. Puis tu connais maman, elle se retrouve toute seule et fait la gueule. Après tout, ça se comprend. »
« C'est ça, ou alors il trompe maman, soupira la plus vieille »
Raven se stoppa net dans son action et se retourna pour faire face à sa grande sœur.
« Tu penses que ce serait possible ? »
« Je ne sais pas... Ose me dire que tu n'y as jamais pensé ? »
Pour être totalement honnête, Raven n'y avait jamais pensé. Elle savait que son père était très pris pour son travail, et qu'il laissait souvent sa mère seule à la maison à cause de ses déplacements. Mais était-ce possible qu'elle soit si aigrie à propos de lui parce qu'elle savait qu'il voyait quelqu'un d'autre, et qu'elle ne disait rien ? Tout cela lui paraissait incongru, et pourtant, c'était probable puisque si elle disait quoi que ce soit, elle devait renoncer à sa parfaite vie de famille. Raven haussa les épaules, prétendant que cela ne l'intéressait pas. Et même si elle avait d'autres choses en tête actuellement, elle savait que c'était une question qui allait certainement se reposer plus tard. Puis, un klaxon se fit entendre à l'extérieur.
« Woh, dit Lexa en regardant par la fenêtre »
« Qu'est-ce qu'il y a ? »
« Eh bien, à l'époque où j'étais au lycée, le chauffeur de bus était beaucoup moins mignon, et n'avait pas cette voiture, elle sourit »
Ne comprenant pas, Raven fronça les sourcils et alla à la fenêtre pour voir de qui elle parlait. John attendait, adossé sur sa voiture, lunettes de soleil sur le nez. Elle ne savait même pas qu'il devait venir la chercher, ce matin-là. Mais ils s'étaient tellement rapprochés ces derniers temps, elle en venait à attendre les moments qu'elle passerait avec lui. La brune se surprit à sourire et à rougir lorsqu'elle sentit le regard insistant et plein de sous-entendus de sa sœur. Voulant se donner une contenance, elle attrapa son sac et bafouilla qu'elle devait y aller.
« J'ai hâte que tu reviennes ce soir pour tout me raconter, cria sa sœur »
« Il n'y a rien à raconter, répondit Raven en dévalant les escaliers »
L'adolescente ouvrit la porte et tenta de ne pas être aussi rouge qu'une tomate lorsqu'elle s'approcha de John. La châtain lui sourit, l'embrassa sur la joue et lui ouvrit la portière. Elle le remercia et entra dans la voiture. Lorsqu'il démarra, l'adolescent reparla du match d'il y a quelques jours, et l'esprit de Raven divagua jusqu'à Clarke. Elle savait que sa meilleure amie était censée quitter Finn la veille, et elle se sentit coupable de ne pas l'avoir appelé pour savoir comment elle se sentait. La brune se reconcentra sur la route et vit que John ne prenait pas la direction habituelle, en fait il sortait carrément de la ville.
« Pourquoi est-ce que tu t'éloignes du lycée ?, demanda-t-elle »
« Parce qu'on ne va pas au lycée, pardi. »
« Mais ! Et les cours ? »
« Ne me dis pas que tu n'as jamais séché les cours ?, il rit »
« Eh bien, je te le dis. »
« Raven Reyes, il soupira, sur quelle planète vis-tu ? »
« Sécher les cours ne fait pas partie des choses à faire absolument dans une vie, tu sais, elle leva les yeux au ciel »
« Pour être honnête, si. Pour un lycéen américain normalement constitué, du moins. »
« Bon, elle céda. Où est-ce qu'on va alors ? »
« Tu verras. Laisse-toi porter, pour une fois. »
John roula pendant plus d'une heure, et il s'éloignait de toute ville et habitations possibles. Mais ça ne déplaisait pas à Raven, à vrai dire ça ne pouvait qu'être bénéfique pour elle de s'aérer un peu l'esprit. Le châtain prit la direction « Mont Evans » et l'adolescente comprit tout de suite où il l'emmenait : au cœur des montagnes du Colorado. Plus la voiture prenait de l'altitude, plus la vue était époustouflante. Enfin arrivés au sommet, ils descendirent de la voiture tous les deux, et Raven se surprit à frissonner à cause de la fraîcheur environnante. John chercha une couverture dans son coffre et la déposa sur les épaules de la jeune fille.
« Il semblerait que tu aies tout prévu, sourit-elle »
« Si tu savais, ça fait des semaines que je prépare cette virée en voiture. »
« Vraiment ? »
« Pas du tout, il rit. Tu me détestais il y a encore un mois, souviens-toi. »
Raven baissa les yeux. Même s'il n'avait pas voulu le formuler ainsi, elle le prenait comme un reproche.
« Mais toi, tu me détestais ? »
John réfléchit à la manière dont il dirait les choses, il attrapa un caillou et gratta machinalement quelque chose sur le sol.
« Tu sais bien que non, bafouilla-t-il »
La brune acquiesça en baissant les yeux. Elle culpabilisait à chaque fois que le sujet était abordé, et à la fois, elle savait que sa réaction était tout ce qu'il y avait de plus naturel. Après ce qu'elle avait enduré, n'importe quelle autre personne se serait méfiée à son tour.
« Je ne suis pas en train de te reprocher quoi que ce soit, dit-il comme pour répondre à sa pensée »
« Je sais. Je n'ai pas besoin de toi pour connaître mes torts. »
« On s'en fiche, Raven. Tu n'as pas besoin de t'en vouloir, moi aussi je n'ai pas toujours bien agi. Où est-ce qu'on en est, aujourd'hui ? »
D'ailleurs, où en étaient-ils ? Ce n'était pas une question que Raven s'était posée, auparavant. Elle savait qu'à cet instant, elle avait besoin de lui, elle appréciait sa présence. Elle le considérait peut-être même comme son ami, elle pouvait lui accorder sa confiance. Pour être honnête, cela lui faisait peur de devoir donner un nom à cette relation. Elle avait besoin de lui, c'est tout.
« Je ne sais pas, les choses se passent comme elles le doivent, je suppose. »
Ce n'était pas utile de répondre à ça. A vrai dire, John avait posé une question à laquelle il ne voulait pas de réponse. Il tourna la tête et observa la métisse, elle avait cette tristesse dans les yeux qu'il ne connaissait que trop bien, c'était un regard qui ne l'avait jamais quitté depuis longtemps. Depuis Echo. Raven ne s'en était jamais remise, et peut-être même qu'elle continuait d'en souffrir puisque cette dernière fréquentait toujours le même établissement scolaire qu'elle.
Il voulait simplement réparer les pots cassés, et même si ce n'était pas à lui de le faire, l'adolescent ne supportait plus qu'elle soit si affectée. Doucement, il posa une main délicate sur la joue de Raven et se pencha un peu plus. La brune ne réagit pas, surprise, elle le laissa s'approcher. Et plus les centimètres entre eux devenaient rares, plus elle sentait son odeur. Une odeur qui, auparavant, la répugnait, et qu'elle se surprenait à aimer aujourd'hui. Raven ferma les yeux, persuadée qu'il allait l'embrasser. Et pour être honnête, elle en avait envie. Peut-être que c'était trop tôt, mais elle en avait envie. Au moment où les choses se concrétisaient, le téléphone de John sonna. Alors, la brune eut un éclair de lucidité et se recula.
« Tu devrais répondre, c'est peut-être important. »
John soupira. Foutu téléphone. Le jeune homme répondit, c'était sa mère ; le lycée avait appelé, elle était inquiète puisqu'il n'était pas appelé présent aujourd'hui. Il raccrocha quelques secondes plus tard.
« On ferait mieux de retourner au lycée. »
Raven regarda son téléphone à son tour, deux appels manqués de Clarke, trois d'Octavia. Pas de ses parents, évidemment, ils avaient autre chose à faire que de s'occuper des absences de sa fille.
« En effet. »
*
A la cafétéria, Clarke et Octavia s'étaient retrouvées seules, Raven ayant séché toute la matinée. D'ailleurs ce n'était pas son habitude. La brune but une gorgée d'eau avant de faire part de sa surprise.
« Depuis quand Raven fait l'école buissonnière ? »
« Je ne sais pas, Clarke haussa les épaules. Elle doit être avec John. »
Octavia roula des yeux. C'est vrai, John, elle l'avait oublié celui-là. Même si elle avait considérablement vu les efforts qu'il avait fait ce dernier mois, elle n'avait toujours pas confiance en lui. Octavia s'imaginait les pires scénarios, comme on dit, il valait mieux être proche de ses ennemis. Elle craignait qu'il ne la charme uniquement pour qu'elle se livre à lui, et ensuite avoir plus de possibilités pour l'enfoncer par la suite. Mais après tout, elle lui laissait le bénéfice du doute, peut-être qu'il avait réellement changé.
« O, ce n'est plus le même. Accorde-lui une chance. Raven se sent bien avec lui. »
« C'est ce que je m'efforce de faire, soupira-t-elle. Je ne veux juste pas la ramasser à la petite cuillère. »
Clarke acquiesça, elle non plus. La brune se retourna pour observer Echo ; soit elle jouait incroyablement bien la comédie en toutes circonstances, soit elle était réellement triste depuis que John avait coupé les ponts avec elle. Et en vérité, Echo n'était pas du genre à montrer ses faiblesses, peut-être était-elle vraiment affectée.
Puis, Octavia regarda Clarke, les yeux perdus dans le vide, ne touchant à peine à son assiette.
« Et toi ? Comment tu te sens ? Je sais qu'hier soir... Enfin, tu vois. »
« C'est bizarre, je me sens tiraillée entre la tristesse et le soulagement. Je suis intimement convaincue que c'était la bonne chose à faire, et en même temps..., elle soupira »
« Et en même temps, cela n'enlève rien à ta peine. »
La blonde hocha la tête, alors Octavia déposa une main compatissante sur la sienne.
« Dès que Raven aura fini de roucouler, on ira se changer les idées toutes les trois, elle sourit. Je nous trouverai un truc. »
« Avec plaisir, en attendant, il vaut mieux qu'on se dépêche si on ne veut pas être en retard au cours de Mr Whittle, dit-elle en se levant »
« Euh... Ouais enfin, j'ai des trucs à faire. Je te retrouve plus tard. »
« Octavia Blake, qu'est-ce qu'il se passe ?, elle se rassit. Tu ne loupes jamais un de ses cours. »
« Je sais mais j'ai pris du retard dans l'écriture du livre, j'aimerais bien avancer. »
« Ecoute, O, on sait très bien toi et moi que si tu voulais écrire pendant son cours, tu pourrais, et que tu ne t'es jamais privée de le faire jusque-là alors... Je te le répète, qu'est-ce qui se passe ? »
La brune soupira. Honnêtement, elle avait un peu honte de raconter ce qui s'était passé, quand bien même ce n'était pas sa faute. C'était gênant et perturbant à la fois. L'événement avait tourné dans sa tête toute la nuit, elle avait même hésité à venir au lycée, mais elle s'était dit que ça aurait été une décision lâche. Qui plus est, sa meilleure amie avait besoin d'elle après sa rupture avec Finn. Voyant que Clarke fronçait les sourcils, interpellée et attentive, elle soupira.
« Le soir du match, quand je suis rentrée chez moi, Mr Whittle m'attendait devant chez moi. »
« Sérieusement ?, elle ouvrit de grands yeux. C'est ultra intrusif... A moins que... ? »
« Non, Griffin, je t'arrête tout de suite, je ne lui ai pas demandé de m'attendre devant chez moi. Elle souffla. En fait, il est venu me dire qu'il avait trouvé une maison d'édition pour mon livre. »
« Octavia, mais c'est génial ! »
« Je sais que ça l'est. Mais j'ai pris peur, et je lui ai demandé pourquoi c'était moi qu'il aidait. »
« Octavia Blake et sa confiance en soi, une grande histoire d'amour... Tiens, tu devrais écrire un livre sur ça, il y a de quoi faire !, elle rit »
« Ce n'est pas drôle, Clarke. Il m'a embrassé. Il ne m'a même pas répondu, il m'a embrassé. Genre, comme ça, brusquement. »
A présent, Clarke ne riait plus. Octavia baissa les yeux et se mordit les lèvres, honteuse. La brune regarda sa meilleure amie, elle était devenue stoïque, sa bouche formant un « O » parfait.
« Il faut que tu le dises, O. Ce mec est un taré. Balance-le au proviseur, ce qu'il a fait est grave. »
« J'en ai conscience... Et je sais que c'est ce que je suis censée faire, mais il m'a tellement aidé. Il est peut-être en train de tracer mon avenir. »
« Ce n'est absolument pas une raison. Tu peux très bien t'en sortir sans lui, fais-moi confiance. »
« Probablement. Pour l'instant, je préfère l'éviter, mais je ne me sens pas encore prête à déclencher un tel chaos dans le lycée. Tu imagines, les journaux locaux, le blog d'Echo, les rumeurs de couloirs, être impliquée là-dedans ? Pas pour moi. Je préfère attendre de... faire le point. »
« Hum, comme tu le sens, dit-elle, peu convaincue. Mais il doit être sanctionné, n'oublie pas ça. »
Octavia acquiesça, rassurant Clarke. Puis, un éclair de lucidité lui traversa l'esprit.
« Eh mais ! C'est ce soir que tu passes ton audition pour Juilliard non ? Avec Bellamy. Mon dieu, je suis une amie indigne... »
« T'en fais pas, O. Je suis tellement stressée que je n'en parle pas non plus. »
« 20h30 au Conservatoire, c'est ça ? Je serais là. Et je suis sûre que Raven sera présente aussi. Tu vas tout déchirer. »
« Je n'en doute pas, elle sourit. Bon, et si j'allais vraiment en cours, cette fois ? »
*
A l'heure du cours de littérature, Octavia était donc partie se cacher dans le sous-sol, comme d'habitude. Et même si elle savait que cette planque était repérée par son professeur, elle savait aussi qu'il n'avait aucun intérêt à venir là. Les menaces qu'elle avait effectuées le soir où il était venu devant chez elle étaient suffisamment claires. Enfin, c'est ce qu'elle pensait.
Le cours s'était fini depuis à peine trois minutes, et la porte du sous-sol s'ouvrit doucement. Elle n'eut pas à tourner la tête, elle savait déjà qui était son interlocuteur.
« Je pensais avoir été claire, Mr Whittle. »
« Octavia..., il s'avança doucement »
Assise contre le mur avec son ordinateur, la jeune femme se relevait et reculait à mesure que son professeur se rapprochait. En fait, ce n'était même plus de la colère, c'était de la crainte. Sentant que l'adolescente n'avait clairement pas changé d'avis depuis la dernière fois, il s'arrêta.
« Tu as peur de moi, il baissa la tête »
« Alors quoi ? Est-ce que je devrais simplement oublié ce qu'il s'est passé ? Ce que tu, enfin vous, elle insista sur le mot, avez fait ? Vous êtes un grand malade, et dès que j'aurais avancé suffisamment dans ce livre pour décrocher mes contrats seule, je vous dénoncerai. »
« Je regrette. Je sais que mon geste était maladroit, et déplacé. C'est même plus que ça, ce que j'ai fait est impardonnable et je n'ai pas réfléchi. Je suis tellement désolé, ça ne me ressemble pas. Je ne sais même pas quoi faire pour que tu reprennes confiance en moi. Je comprendrais si tu décides de ne plus travailler avec moi. Il marqua un temps. Mais s'il te plaît, ne pense pas cela de moi, ne crois pas que je t'ai approché pour ça, j'ai su voir ton talent et j'ai agi comme un enfant pour que tu aies conscience de tes capacités. Ma démarche était... nulle et infondée. Pardon. »
Attentive, Octavia baissa la tête. Elle n'avait plus autant peur qu'avant, il semblait sincère. Mais il en fallait bien plus pour qu'elle lui pardonne ou qu'elle le croit. Mr Whittle avait plus d'expérience de vie qu'elle, peut-être plus de capacité à manipuler des plus jeunes que lui. Elle déglutit et reprit la parole après un silence pesant.
« J'apprécie ces excuses. Mais je pense qu'il vaut mieux qu'on en reste là. Je vais continuer ma route, seule. »
Lincoln hocha la tête. La réaction de son élève était plus que compréhensive, il avait mal agi, il s'en voulait et désormais il avait perdu l'occasion de propulser quelqu'un en haut de l'échelle. Mais après tout, il l'avait mérité. Octavia perçut ses yeux déçus, mais le jeune homme tourna les talons et s'en alla dans l'obscurité de la pièce, refermant la porte derrière lui.
Quelques secondes après, quelqu'un toqua de nouveau, et ouvrit la porte, plus brusquement cette fois. Agacée qu'il revienne, Octavia pesta.
« Sérieusement ? La conversation n'était pas bouclée, pour vous ? »
« Waouh, je ne pensais pas que mon retour au lycée allait tant te mettre en rogne... »
La brune tourna la tête, cette silhouette parfaite, elle ne la connaissait que trop bien. Raven. L'adolescente arborait un sourire en coin, les mains sur les hanches.
« Raven, excuse-moi, je pensais que c'était... Enfin, pas que c'était toi. »
« Hum hum, elle sourit et vint s'asseoir à côté d'elle. Est-ce que ça un rapport avec celui que je viens de voir sortir ? »
« Peut-être. Alors, cette matinée de délinquante avec Murphy ? »
« Ne change pas de sujet, O. »
« Laquelle de nous change de sujet ?, elle sourit malicieusement. »
Raven laissa quelques secondes d'incompréhension et rit à son tour. C'est vrai, elle marquait un point.
« Okey, je te raconte, et tu me racontes, répondit-elle. »
*
Il était exactement 19h30. Même si le Conservatoire n'était pas très loin de chez elle, elle avait voulu être en avance pour s'éviter de paniquer à la dernière minute. Evidemment, Abby et Marcus avaient tenu à l'accompagner personnellement. Clarke savait la chance qu'elle avait d'être si bien entourée, quand bien même ils étaient majoritairement absents, ils étaient toujours là lorsqu'elle avait besoin d'eux. Et eux, ils étaient fiers d'elle en toutes circonstances.
« Tu es prête ? »
Abby se tenait dans l'encadrement de la porte de sa chambre. Sa fille souffla un grand coup et lissa sa robe noire, tenue de concert obligée. Elle se regarda une dernière fois dans le miroir et attrapa sa housse de violoncelle pour la mettre sur ses épaules.
« On y va, confirma-t-elle »
Le trajet en voiture avait été horrible. Même si sa mère et Marcus avaient tenté de lui parler pour la détendre, cela devenait de plus en plus compliqué de ne pas flancher. Clarke avait toujours eu du mal à gérer son stress. Lorsqu'ils arrivèrent au Conservatoire, Octavia, Raven, Bellamy et Nathan attendaient déjà devant la porte. Une fois sortie de la voiture, elle enlaça ses trois meilleurs amis et salua Bellamy, puis le présenta à ses parents.
« Maman, Marcus, je vous présente Bellamy, le cousin d'Octavia. C'est lui qui m'accompagne au piano. »
Ils se saluèrent, et, sans attendre, entrèrent à l'intérieur du bâtiment. Clarke connaissait ces couloirs par cœur, mais ils lui semblaient plus étrangers que jamais. Un agent d'accueil les conduisit jusqu'à une salle d'attente, bien plus vide que ce qu'elle aurait imaginé, d'ailleurs. Il y avait seulement une fille et un garçon, seuls tous les deux, sans instrument. Probablement pianistes, comme la plupart des élèves de ce Conservatoire, en fait.
Les minutes défilaient, il était 20h25. Son tour allait bientôt arriver. Le silence régnait dans la salle, jusqu'à ce que la porte s'ouvre. Pas la porte pour accéder à la salle d'audition, mais bien celle pour accueillir les auditeurs. Monty, Jasper et Finn étaient là. Dans leur enthousiasme, Monty et Jasper allèrent enlacer leur amie.
« Mais qu'est-ce que vous faites là ? »
« Octavia nous a parlé de ton audition, tu ne pensais quand même qu'on allait rater ça, Griffin ? »
Les voir lui donnait du baume au cœur, elle se sentait davantage entourée qu'avant. Toutes ces personnes étaient là pour elle, et elle avait du mal à le réaliser. Puis les deux acolytes allèrent embrasser le reste des personnes présentes, tandis que Finn s'avançait timidement auprès de Clarke.
« Salut. »
« Hey, elle sourit »
« Je ne savais pas si tu voulais que je vienne, j'ai hésité mais... Je me suis dit que c'était important pour toi alors- »
Il fut coupé dans sa réflexion lorsqu'elle le prit dans ses bras. Elle en avait besoin. Malgré tout ce qui avait pu se passer, Finn était important pour elle.
« Je suis heureuse que tu sois là. Sincèrement. »
« Clarke Griffin ? C'est à vous, annonça une voix »
Sans attendre, Clarke attrapa son violoncelle, souffla un grand coup et se dirigea vers la salle d'audition, suivie de Bellamy. Pendant ce temps, son entourage, après lui avoir souhaité bonne chance, alla s'installer dans les gradins de la salle.
Dans le couloir sombre, elle commença à voir les mains moites, le cœur battant la chamade et ses jambes se dérobaient sous elle. Le trac était définitivement l'un de ses pires ennemis. Alors qu'il était passé devant elle, Bellamy se retourna, inquiet. Il s'approcha doucement d'elle.
« Clarke, est-ce que ça va ? »
« Je ne crois pas que je vais y arriver, dit-elle, les sanglots lui coupant la voix »
Il l'observa quelques secondes, calme. Le jeune homme posa deux mains délicates sur les avant-bras de la blonde, s'approchant assez pour la canaliser. Elle pouvait sentir sa respiration si près d'elle.
« Ne panique pas. Juilliard, c'est ton rêve. Et puis tu sais, au diable les jurys, tu sais ce que tu vaux. Tous les gens qui viennent t'écouter ce soir savent qui tu es. Il marqua une pause. Tu es talentueuse, et tu as besoin de ne le prouver à personne. Vas-y pour toi à cette audition, pour toi et pour personne d'autre. Ne pense qu'à ça, et tu vas réussir. Parce que tu le mérites, et parce que tu en es capable. »
Clarke ne dit rien, elle s'était concentrée sur les paroles de son ami. Sa respiration s'était calmée, sans même qu'elle ne s'en rende compte. Elle se sentait bien, déterminée. La blonde sourit à Bellamy, reconnaissante.
« Et n'oublie pas, je serais juste là, derrière toi. »
L'adolescente ne réfléchit pas, elle avança, sûre d'elle, jusqu'à la salle d'audition où tous les projecteurs étaient déjà sur elle. Elle se planta devant le jury, se présenta et annonça la pièce qu'elle allait jouer. La jeune femme se recula ensuite, plaça son violoncelle devant elle et attrapa son archet. Elle regarda en haut des gradins, au dernier rang, tout le monde était là. Ils avaient confiance en elle et elle les aimait profondément. La blonde se retourna ensuite et observa Bellamy, elle lut sur ses lèvres 'Quand tu veux'. Son sourire l'apaisa.
Alors, elle ferma les yeux et se concentra uniquement sur son instrument. Elle inspira, et joua la première note. La mélodie au piano la suivit, le rythme de la musique se calait avec celui de son cœur. Ses coups d'archets étaient effectués avec précision, les cordes du violoncelle vibraient dans son corps, elle ressentait tout. Clarke avait l'impression de ne plus rien contrôler, ses mains savaient exactement où elles devaient être et ses poumons savaient le souffle qu'elle devait adapter. Tout lui semblait évident. Chaque note, c'était elle, ses amis, sa famille. Tous ces instants de joie, de douleur, son enfance, ses rencontres, sa vie en général guidait sa musique. La musique était ce qui faisait d'elle ce qu'elle était devenue aujourd'hui.
Le rythme s'accéléra pour la cadence finale, avant qu'elle ne glisse l'archet sur sa corde une dernière fois. La note s'évapora dans l'air. Elle eut quelques secondes de silence, avant de rouvrir les yeux. Sans attendre, ses amis (et particulièrement Monty et Jasper) se levèrent et applaudirent en criant. Pas professionnel du tout, mais incroyablement eux. Ses parents étaient plus calmes, mais Clarke voyait au loin les larmes de sa mère. Tant elle était concentrée et emportée par la musique, la blonde n'avait pas remarqué qu'elle aussi, elle pleurait.
L'adolescente sentit une main se poser dans son dos. Une main apaisante. Bellamy. Elle se tourna vers lui et lui sourit, bouleversée. Ensemble, ils saluèrent le jury.
« Merci, dit le jury, impassible »
Elle aurait aimé qu'ils soient plus enthousiastes. Mais après tout, c'était Juilliard, pas le lycée du coin.
Une fois de nouveau dans le couloir, Clarke rattrapa Bellamy par le poignet et l'enlaça, sans même réfléchir. D'abord surpris, il posa doucement et timidement ses mains autour d'elle. Il n'était pas vraiment habitué aux démonstrations d'affection, surtout venant de sa part, ils n'avaient jamais été proches à ce point. Réalisant ce qu'elle était en train de faire, Clarke se recula brusquement et bafouilla.
« Je suis désolée, elle rit nerveusement, c'est le stress qui retombe. »
« T'en fais pas, il sourit. Tu as été fabuleuse. »
« Merci. Et merci aussi pour tout à l'heure. »
« Les amis sont faits pour ça. »
*
Après l'audition de Clarke, tout le monde s'était réuni dehors. Et pendant une demi-heure, son entourage ne cessait de lui rappeler à quel point elle avait été merveilleuse. Et Raven devait avouer que oui, sa meilleure amie était particulièrement talentueuse. La brune espérait sincèrement que cette audition serait une réussite, pour partir à New York et faire cette colocation toutes les trois, comme elles se l'étaient toujours promises.
Le Conservatoire n'étant qu'à quelques minutes à pied de chez elle, Raven avait décidé de rentrer, alors que la nuit tombait déjà. Elle savait que ses parents ne devaient probablement pas être là, alors elle serait en tête à tête avec sa sœur. Même si celle-ci était certainement en train de travailler. Et cela ne la gênait pas, mais la pression que sa mère pouvait lui mettre était aussi insupportable pour Lexa que pour Raven.
La brune n'avait pas envie d'être seule ce soir. Comme d'habitude, elle allait rentrer, regarder la télé sous un plaid à côté de sa sœur, qui écrirait sans relâche et sans parler. Alors, elle tenta le tout pour le tout, et, audacieuse, elle envoya un message à John.
* Raven, 21h03. Hey, tu as faim ?
* John, 21h04. Un peu. Pourquoi ?
* Raven, 21h04. Je pense que ma sœur aura commandé des pizzas. Tu viens ?
* John, 21h05. Ta sœur... et tes parents aussi ?
* Raven, 21h05. Pas là.
* John, 21h07. Avec tout ce qui s'est passé avec Echo, et puis le fait que je sèche les cours aujourd'hui, ma mère n'apprécie pas particulièrement que je sorte (au cas où c'est une manière virile de te dire que je suis privé de sortie).
* Raven, 21h07. Oh. Je comprends. Ce n'est pas grave. On se voit demain :)
* John, 21h08. Tu abandonnes facilement, Reyes. Attends, je vais sortir par la fenêtre. J'arrive.
* Raven, 21h08. Très drôle.
* Raven, 21h12. John ?
* Raven, 21h20. Allez, réponds. J'espère que tu n'as pas réellement sauté par la fenêtre.
* Raven, 21h25. Ok, Murphy. Là je suis vraiment en train de me demander si tu ne t'es pas cassé tout ton petit corps de lâche en sautant. Et je ne veux pas ça sur la conscience.
* John, 21h27. Déstresse, Raven. J'habite au rez-de-chaussée et je suis devant chez toi.
* Raven, 21h27. Tu es un abruti.
Raven leva la tête, il l'attendait, assis sur les marches, devant sa porte d'entrée. Il arborait un sourire au coin des lèvres. Son sourire. Lorsqu'elle s'approcha, il ne manqua pas de la taquiner.
« Alors, Reyes, on s'inquiète pour moi ? »
« Tais-toi, elle roula des yeux »
Il lui tendit une fleur. Une tulipe, elle n'avait rien d'une tulipe achetée chez un fleuriste. Elle était tombante et presque sèche. Raven pouffa.
« John ! Ne me dis pas que tu as arraché une des fleurs du jardin des voisins, elle rit »
« Alors je ne te le dis pas... »
La brune attrapa les clefs dans son sac et ouvrit la porte d'entrée. Comme elle s'en doutait, le salon était presque plongé dans l'obscurité, seulement éclairé par une lumière faible au-dessus de la table principale. Lexa, qui avait ses écouteurs, releva la tête et sourit, puis prit conscience de la présence de John et ouvrit de grands yeux. Elle enleva ses écouteurs et salua avec maladresse.
« Oh, bonsoir. Elle se releva. Je suis Lexa, la sœur de Raven. »
La jeune femme s'avança vers lui, honteuse. Quand elle se rapprocha, Raven put observer les motifs Batman sur son pantalon et comprit qu'elle était déjà en pyjama.
« Je suis désolée pour la présentation, rit-elle. Je ne savais pas qu'on aurait de la visite, dit-elle en se tournant pleine de sous-entendus vers sa sœur »
« Oh, t'en fais pas. Puis, j'aime beaucoup Batman, il sourit et lui tendit la main. Je suis John, un ami. »
« Mais oui ! Tu es le chauffeur de Raven, le fameux chauffeur ! »
John pouffa de rire et se tourna vers son amie, le visage taquin.
« Le fameux, il insista sur le mot, chauffeur, hein ? »
Gênée, Raven attrapa le poignet de John et entreprit de l'emmener dans la cuisine.
« Et si on allait les manger devant un film, dans ma chambre, ces pizzas ? »
L'adolescente attrapa les repas dans le frigo et guida son ami jusqu'à l'étage. Dans les escaliers, Raven montra son plus beau majeur à sa sœur –qui était satisfaite de son effet- et qui ne manqua pas de rire franchement.
Raven ouvrit la porte de sa chambre et alla directement mettre la tulipe dans un petit verre d'eau. C'était la première fois qu'elle faisait entrer un garçon dans son espace personnel, c'était plutôt intimidant. Qui plus est, le brun ne se gênait pas pour observer chaque détail autour de lui : les photos au-dessus de son bureau, les dessins sur ses murs, et même les quelques vestes accrochées à son portant. Heureusement pour Raven, elle n'était pas désordonnée et rangeait soigneusement sa chambre. Ayant fini son inspection, John vint s'asseoir à côté de son amie, sur le lit.
« Alors, qu'est-ce qu'on regarde ?, il croqua dans une part de pizza »
« Oh, le film c'était juste un prétexte pour échapper à ma sœur. On pourrait juste, je ne sais pas, parler... »
« Ok, Raven, parlons, il pencha la tête sur le côté. De quoi voudrais-tu parler ? »
« Eh bien, il y a plein de choses à dire. Je pourrais te raconter l'audition de Clarke, ou comment c'est de travailler avec ta mère, ou bien-, elle fut coupée »
« Ou bien, on pourrait parler de ce matin. »
Raven déglutit difficilement. De tous les sujets, celui de 'ce matin' était peut-être le plus gênant à aborder. Voyant son absence de réponse, et son trouble, John continua.
« A moins que tu ne veuilles finir ce que nous avons commencé. C'est aussi une solution. »
Raven écarquilla les yeux et échappa sa part de pizza qui retomba dans le carton. Sans attendre, John s'approcha d'elle, colla ses lèvres aux siennes et glissa une main dans le cou de l'adolescente. La brune n'avait pas fermé les yeux, bien trop dépassée par les événements. Il se recula presque instantanément. Sans parler, ils s'observèrent quelques secondes, elle avait le sentiment qu'il lui demandait son approbation. L'avait-il ? Plongée dans ses iris bleutées, elle n'hésita pas et cette fois, c'est elle qui l'embrassa, un peu plus fougueusement. Leurs lèvres bougèrent ensemble, comme une évidence. Ce n'était pas romantique, mais passionné et ardent.
Ils se séparèrent quelques secondes, juste le temps de reprendre leur souffle. Puis, Raven glissa ses mains dans les cheveux du brun et le ramena de nouveau à elle, avide de ses lèvres. John se mit à genoux sur le lit, ne se séparant pas d'elle, avant de la pousser délicatement pour qu'elle s'allonge.
En équilibre sur ses coudes, il se détacha de la jeune fille, mais de toute évidence, c'était lui qui menait la danse. John attrapa une des mèches de cheveux de Raven et la fit glisser entre ses doigts. Les yeux de l'adolescent avaient changé, la brune y lut du désir, de l'envie. Elle n'avait jamais remarqué à quel point ils étaient si intenses, si azurs, et qu'ils la mettaient dans un état si second lorsqu'il la regardait.
« Tu es si belle, il sourit »
Raven ne répondit pas. De toute façon, tous les mots étaient bloqués dans sa gorge. Avec une extrême lenteur et délicatesse, il l'embrassa encore et ouvrit un peu les lèvres pour mêler sa langue à la sienne. Cela n'avait rien à voir avec leurs précédents baisers, ils étaient devenus langoureux et calmes. Puis, le brun glissa dans son cou, l'embrassa avec douceur, mordant un peu la peau parfois. Ses mains caressaient le long de ses hanches, et il descendit jusqu'à ses jambes, pour remonter délicatement vers l'intérieur de ses cuisses. Raven gémit dans un souffle, et elle sentit John sourire dans son cou.
Prenant conscience de ce qui allait se passer, elle ouvrit de grands yeux et paniqua. L'adolescente se releva d'un coup et se mit en position assise. John se recula, surpris. Il s'assit en tailleur devant elle.
« Eh, tout va bien ?, il demanda, passant une main douce sur son avant-bras »
« En fait, je ne sais pas trop. »
« Qu'est-ce qu'il se passe ? »
S'il te plaît, John. Ne m'oblige pas à le dire, pensa-t-elle. Et heureusement pour elle, en un seul regard, il comprit.
« Raven, on n'est pas obligés de faire quoi que ce soit ce soir, tu le sais ? »
« Ouais..., elle ferma les yeux, nerveuse. Je crois que j'ai besoin de temps. »
« Okey. Pas de problème, je ne suis pas pressé. »
Il était sincère, mais il ne comprenait pas forcément tout ce qu'elle essayait de lui dire. Et mettre des mots sur ce sentiment était compliqué.
« Les choses vont vite. Entre nous, je veux dire. »
« Oh, je vois. »
Déçu, John retira sa main du bras de Raven, laissant derrière lui quelques frissons. En fait, elle ne le repoussait pas uniquement pour ce soir, elle avait l'air de regretter l'intégralité de ce qui s'était passé. Et pourtant, au fond d'elle, elle en mourrait d'envie. L'adolescent se racla la gorge et passa une main distraite dans ses cheveux. Raven s'en voulut instantanément.
« J'en avais envie, elle brisa le silence »
« Quoi ? »
« Je te vois ruminer. Que les choses soient claires, je ne regrette pas. J'ai juste besoin d'avoir entièrement confiance en toi pour..., elle passa ses mains sur son visage. Tu sais, entamer quelque chose d'officiel ou aller plus loin. »
Rassuré, le brun sourit et lui attrapa les mains, les serrant entre ses doigts.
« Ne t'en fais. Pas d'urgence. Pas d'obligation de mettre une étiquette sur nous. On est bien, juste comme ça. »
« Juste comme ça, elle acquiesça. »
« Allez, viens là. »
Il la prit dans ses bras. Détendue, la brune savoura ces quelques minutes avec lui, sans parler, juste à respirer son odeur qui lui était tellement rassurante et familière à la fois. Elle aurait pu s'endormir dans cette position, s'il ne s'était pas détaché d'elle, à leur regret.
« Il faut que je rentre. Si ma mère s'aperçoit que je suis parti, je suis mort. »
Raven hocha la tête, compréhensive. Il récupéra sa veste et s'approcha d'elle pour déposer un baiser sur sa joue.
« Bonne nuit, Reyes. »
« Bonne nuit, Murphy. »
*
Le lendemain, à l'heure du déjeuner, Clarke, Raven et Octavia avaient décidé de profiter des derniers jours de soleil de l'année en mangeant à l'extérieur. Le lycée était suffisamment grand pour que la cafétéria dispose d'une terrasse. Octavia écrivait et dessinait de manière distraite sur un carnet, tandis que Clarke et Raven parlaient encore de l'audition de la veille.
Au même moment, Bellamy et Nathan déposèrent leurs plateaux à côté de Clarke, alors la jeune fille se décala pour lui laisser une place.
« Griffin, remise de tes émotions ?, il sourit avant d'ouvrir sa bouteille d'eau »
« Pas vraiment. C'était incroyable. En partie grâce à toi, d'ailleurs. »
Octavia arrêta instantanément de griffonner. Elle leva discrètement les yeux de son carnet et les observa, tous les deux. Elle plissa les yeux, cela ne présageait rien de bon, ça. Elle tourna ensuite la tête pour attirer le regard de Raven, voulant savoir si, elle aussi, elle voyait la tentative de flirt entre eux. Raven avala son bout de légumes et roula des yeux, en d'autres termes, cela voulait dire : laisse-les. Sauf qu'Octavia n'avait pas vraiment envie de les laisser, Clarke venait de rompre, elle avait besoin de s'en remettre et savait très bien que sa rupture était à contrecœur, alors à quoi jouait-elle ? Et puis, Bellamy était son cousin, elle ne voulait pas que ça soit lui, c'est tout. Octavia avait conscience d'être possessive à ce point, mais c'était sa manière à elle d'exprimer son amour...
Alors, elle se racla la gorge, espérant attirer l'attention de Clarke et Bellamy. La blonde ne connaissait que très bien sa meilleure amie et savait pourquoi elle faisait cela, mais elle l'ignora quand même. C'est à cet instant que John vint s'asseoir avec fracas à côté d'Octavia, son plateau en main, la faisant bouger alors qu'elle dessinait, ce qui provoqua une rature. Il le remarqua, et s'excusa platement.
« Oups, désolé. »
Octavia lui lança un regard noir qu'il ne vit pas. Ce n'était définitivement pas sa journée. Alors qu'elle gommait une partie de son dessin, deux mains se posèrent sur leur table. Echo.
« De mieux en mieux, soupira Octavia »
« Ne te méprends pas, Blake, dit-elle, agacée. Je viens juste vous donner le programme du Bal d'Halloween. Elle distribua quelques papiers. Tiens, Raven, tu peux même venir avec une fille si tu veux, tu sais bien qu'ici on ne juge personne. »
Si le mot 'ironie' pouvait clignoter sur son front, il le ferait. Mais Raven ne fit pas vraiment attention à sa remarque et feuilleta le programme. Elle avait entendu pire que cela.
« En tout cas, moi, commença Octavia, je peux venir avec mon poing dans ta figure, si tu veux. »
Echo roula des yeux et donna son dernier exemplaire à John, les mains tremblantes, ce que tout le monde remarqua. Surtout Raven.
« John, dit-elle »
« Echo. »
Elle baissa les yeux et partit sans un dernier regard. Elle avait complètement changé d'attitude lorsqu'elle s'était adressée à lui. Elle semblait triste, nostalgique. Un silence de plomb avait envahi l'atmosphère.
« Ce n'est pas une mauvaise idée, déclara Raven »
« Tu veux y aller avec une fille ? Ok, je suis volontaire, dit Octavia »
« Non, pas moi, elle rit. Mais, si, pour une fois on cassait les codes ? Pourquoi on devrait élire un roi et une reine ? Pourquoi pas deux rois, ou deux reines ? »
« Va au bout de ton idée, Reyes. »
« Nathan, inscris-toi avec Jackson ! »
Ledit Nathan cracha toute l'eau qu'il venait de boire. C'était bien la première fois qu'on lui proposait une telle chose, et pour être honnête, cela lui plaisait.
« Euh, bonne idée. Mais je ne suis pas sûr que Jackson soit très réceptif. »
« Alors on compte sur toi pour le convaincre, dit Octavia avec un regard suggestif »
Nathan lui donna un coup de coude.
« En parlant de soirée, lundi prochain, c'est chez moi, sourit Octavia »
« Une soirée ? Et nous, on est invités à cette petite sauterie ? »
Tout en prononçant cette phrase, John piqua une frite dans l'assiette d'Octavia et cette fois, il n'échappa définitivement pas au regard meurtrier. Non seulement, il piquait dans son assiette, et il ne respectait pas les soirées entre filles du lundi. Bellamy pouffa de rire.
« Pourquoi pas ?, répondit Clarke. Ne fais pas cette tête, O. On peut faire un truc avec les garçons, pour une fois. »
Octavia marmonna.
« Ouais, ok... Mais uniquement les personnes assises à cette table. »
Les filles sourirent, elles appréciaient qu'Octavia fasse cet effort. Surtout pour John, en réalité, puisque Nathan et Bellamy ne les avait jamais dérangé.
Distraite, elle regarda derrière l'épaule de son cousin. Lincoln Whittle venait de s'asseoir avec deux de ses collègues. Chaque fois qu'elle le voyait, elle repensait à ce qui s'était passé, et cela l'électrisait. Pas dans le bon sens évidemment. Elle se souvient que lorsqu'elle était rentrée chez elle, elle avait pris une douche de plus d'une heure, pour se laver d'un pêché qu'elle n'avait pas commis. Elle s'était sentie 'sale'. Ensuite, elle avait tenté d'écrire, pendant des jours, même. Mais plus rien ne sortait, elle n'avait plus aucune inspiration. A ce stade de son livre, le syndrome de la page blanche était bien trop tôt... Mais c'était une réalité qu'elle devait affronter : depuis cet instant, elle n'écrivait plus. Du moins, elle n'y arrivait plus.
Alors qu'elle continuait de griffonner sur son carnet, la jeune femme baissa les yeux. Elle était en train de le dessiner. Elle dessinait Mr Whittle. L'adolescente écarquilla les yeux et ferma son carnet, paniquée.
Mais c'était trop tard, John l'avait vu.
« Tu dessines vachement bien, dis donc, dit-il avec un sourire espiègle »
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Heeeeey. Alors oui, je sais, je suis impardonnable. Tous ces mois d'absence c'est pas cool... La bonne nouvelle c'est que je suis de nouveau motivée à écrire, parce que je suis retombée dans la folie The 100 avec la nouvelle saison (elle est dingue non?). J'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire, et d'ailleurs sachez que je ship autant Murven que Bellarke haha. D'ailleurs si certaines d'entre vous ont de bonnes fictions Murven (même en second plan), je suis preneuse !
J'espère quand même que ce chapitre vous aura plu, je l'ai fait bien long pour faire pardonner :( Mais eh, j'ai une excuse, j'ai beaucoup travaillé ces derniers mois et j'ai désormais ma licence !
Merci à toutes celles qui me lisent encore, qui me demandent des nouvelles ou la suite, je suis vraiment reconnaissante (je pense à toi Marina-Blake surtout, haha).
Je vous embrasse, n'oubliez pas de me laisser vos avis, ça fait plaisir et ça motive...
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