Une silhouette hirsute et massive se dessina lorsque le monstre pénétra totalement dans la galerie. Entièrement recouvert d'un poil noir d'ébène, il se mouvait en silence sur deux énormes pattes arrières, dont les extrémités griffues laissaient sur son passage un sillon peu amène. Au niveau de son buste, deux bras anguleux se terminaient par des doigts également ornés de griffes acérées. Enfin, une tête monstrueuse laissait apparaître un profil allongé, une dentition qui aurait fait pâlir de jalousie un lion, et des yeux au fond desquels on devinait un instinct meurtrier. L'ensemble, tout en muscle et en sauvagerie, faisait bien ses deux mètres de haut, au grand dam de notre chasseresse qui peinait à dépasser le mètre soixante-cinq.

Certains chasseurs férus d'érudition avaient passé un temps incalculable à répertorier un grand nombre de monstres dans des recueils qui s'étaient ensuite transmis et étoffés au fil des générations. Cependant, bien qu'un nombre déjà conséquent d'espèces soient déjà connues, nombreuses encore étaient celles dont on ignorait jusqu'à l'existence même. Malheureusement pour Tori, la créature qui venait de faire son apparition dans la galerie appartenait à ce dernier groupe. Le plan qu'elle avait concocté avait autant de chance de réussir que d'échouer ; malgré cela, elle n'avait que cela à tenter si elle voulait espérer sortir un jour vivante de cette maudite mine.

La créature s'avança prudemment en direction du centre de la galerie. Lorsqu'elle passa à proximité de sa cachette, Tori se dit qu'elle avait été bien inspirée de jouer sur la luminosité. De toute évidence, la créature avait une moins bonne vue dans la lumière. Elle la regarda progresser lentement vers son piège, se tenant prête à bondir ; un pas encore, et ce serait à elle d'agir. Le monstre marqua un temps d'arrêt. La jeune femme retint son souffle. Finalement, il fit le pas supplémentaire tant espéré.

Tori s'élança.