Chapitre IX




« La précipitation de Lord Mallory pour ce mariage est déroutante.

—Qu'elle le soit ou non, n'en informez aucunement Victoria. »

Les deux hommes échangèrent un regard complice, l'un d'eux tenait en ses mains un journal ouvert à la page trois et était assis sur un canapé en bois d'un beige patiné et en tissu chocolat. L'assise était des plus confortables puisqu'elle était moelleuse et que le jeune homme prenait un bien fou à s'enfoncer dessus. C'était l'un des frères de la jeune femme, Alexis Armstrong.

Un jeune diplomate qui n'envisageait pour l'instant pas de se ranger dans les convenances de la société, et qui désirait, par-dessus tout devenir l'un des hommes qui marquerait l'histoire. En investissant, à son avis, dans une baraque malfamée afin de créer le plus grand des casinos encore jamais vu. Il pensait que le genre américain triompherait plus tard, et qu'il serait temps pour eux, les Anglais de suivre leur exemple avec de nouvelles extravagances. Mais ils ne partageaient pas la même opinion que lui, ou comme celle des Français, qui, il en était sur, ne serait pas contre ! Il possédait de belles boucles brunes, des yeux bleus qu'ils partageaient avec sa jeune sœur et un regard pétillant de malice. Mis à part son horrible petite bedaine qu'il ne voulait en aucun cas cacher, il restait encore séduisant pour un homme dans la trentaine.

De l'autre côté de la pièce, leur grand-père fumait, comme à son habitude, son cigare en ayant son fameux regard mélancolique qui le rendait encore plus morose que d'habitude. Toussotant un peu, la retirant de sa bouche, il jeta un coup d'œil à la porte au loin. Il y a des minutes qu'il avait tiré sur le cordon, sonnant la cloche afin qu'un domestique apparaisse, mais il n'y avait toujours personne à la porte.

« Pourquoi donc ? Vous savez qu'un jour ou l'autre, elle le saura. N'oubliez pas qu'elle est l'une des personnalités les plus célèbres d'Angleterre. Même aux bals auxquels elle n'y est invitée, vous la verrez.

—Voyez comment votre imbécile de père l'a élevé.

—Il est mort à ses six ans.

—Et qui donc l'a élevé à ce moment-là, dites-moi ?

Alexis abaissa son journal, ne laissant entrevoir que ses yeux, avant de remonter celui-ci pour reprendre sa lecture.

—C'est vous, imbécile.

Il crut, à ce moment-là, que son grand-père se mourrait à tousser autant la fumée de son cigare.

—Comment osez-vous parler ainsi à l'anc...»

Brusquement, un cri les alerta d'une catastrophe au sein de leur demeure. Jetant son journal sur la table basse devant lui, Alexis se leva vivement avant de se tourner vers son grand-père qui essuya son front, commençant à être en sueur, à l'aide d'un mouchoir qu'il tira de sa poche arrière et qui dépassait presque toujours lorsqu'il le remettait à l'intérieur.

« C'est votre tour cette fois-ci, lança le jeune homme.

—C'est faux, j'y suis allé la fois dernière.

—Vous mentez, j'y étais allé parce que vous avez feint un malaise !

—Comment pouvez-vous m'adresser la parole d'une façon aussi...oh et puis allez rôtir en enfer ! reprit le vieil homme entendant une nouvelle fois un cri. »

S'avançant d'un pas, pourtant mal assuré, jusqu'à la porte, son grand-père ferma les yeux pour les rouvrir un instant plus tard, s'y arrêtant devant. Hésitant, il se tourna avec lenteur vers son petit-fils, qui avait repris sa place avec une tranquillité déconcertante qu'il put lire sur son visage. Où était passé ce visage inquiétant d'il y a quelques minutes ?

« Vaurien !

Alexis tourna la page de son journal, releva rapidement son regard vers lui, plaça une jambe au-dessus de l'autre puis s'adossa contre le dossier du mobilier.

—Et bien, d'ici là, Victoria aura réussi à commettre un meurtre. »

Ouvrant la porte après s'être décidé à le faire, l'ancien maître des lieux se dirigea vers les contestations qu'il pouvait entendre depuis le salon du manoir. Il passa devant une pièce mais ne s'y arrêta pas, pourtant, il dut reculer de quelques pas pour revenir à celle-ci en voyant deux étranges silhouettes.

Ce n'était pourtant pas si grave, elle voulait simplement placer sa statue dans son boudoir, rien de plus. Alors pourquoi est-ce que Miranda avait l'air de la regarder comme si elle avait commis un meurtre ? Ce n'était qu'une statue, il ne fallait pas en faire tout un drame. Et puis, elle n'avait pas pris le risque de la placer dans le salon. La dernière fois, Jared et grand-père avait manqué de s'étouffer à table lorsqu'ils virent une femme nue. Enfin, une femme nue qui avait été peinte et dont elle avait placé le tableau dans leur salon. Alexis avait au moins trouvé cela drôle, mais pour les deux autres Armstrong, cela n'avait pas été à leur gout...si raffiné.

« Que...Que...QU'EST-CE QUE CECI ?

Victoria compta jusqu'à cinq, se tourna avec lenteur vers le vieil homme afin de lui faire face, et lui expliqua alors :

—N'est-il pas ravissant ? La sculpture a été faite en albâtre...L'on m'a chaudement recommandé le sculpteur.

—Comm-...

— Il est italien, s'empressa-t-elle de rajouter, affichant un sourire radieux qui aurait du le faire tomber sous son charme. »

Mais depuis le temps qu'elle utilisait pareil méthodes pour séduire et adoucir ses proies, sa famille n'avait plus mordu à l'hameçon depuis belles lurettes ! Elle fut pourtant inquiète de le voir dans cet état. Il était aussi rouge qu'une pivoine, et à ne plus respirer, son grand-père finirait par mourir d'asphyxie.

« C'est un Ange, regardez-donc. »

Son grand-père se tourna vivement puis sortit de la pièce, quant à Victoria, elle se précipita en dehors de celle-ci et pressa le pas dans les couloirs de la demeure, le suivant. Le hurlement qui jaillit de sa gorge lui confirma les doutes qu'elle eut à sa sortie. Il allait sans doute briser cet ange en mille morceaux en demandant à un laquais d'apporter un marteau.

« Mon cher, où allez-vous donc ? Venez donc vous reposer dans votre chambre...Miranda ?

—Jimmy ? Miranda ? Quelqu'un ? reprit-elle.

Les maintes tentatives d'appels à l'aide envers ses domestiques furent ignorées. Les traitres ! Comment ferait-elle pour sauver son beau petit Ange ?

—Qu'on m'apporte un marteau !

—Qu'on ne le lui apporte pas !

—Qui est-ce qui commande ici, ma petite ? gronda-t-il, la fusillant d'un regard noir.

—Oh et bien je sais que ce n'est pas vous en l'absence de Jared ! »

Il vit rouge. Comme un taureau. Elle avait l'impression que de la fumée sortait de ses narines et de ses oreilles tellement il était en colère et gêné, oui, certainement gêné après avoir vu son Ange. Victoria finit par s'arrêter pour gagner le salon d'un pas précipité, les jupons soulevés.

« Alexis, s'il vous plait, aidez-moi ! Grand-père veut encore saccager l'une des œuvres de Giuseppe !

—J'ai toujours trouvé ses œuvres intéressantes pourtant, marmonna celui-ci, tournant une nouvelle page de son journal, sans ne serait-ce que daigner un regard à sa sœur. »

Elle le lui avait pourtant demandé d'un ton suppliant. Pas assez suppliant à son avis.

La jeune femme regagna immédiatement son boudoir alors, et s'y enferma, avec la nette fermeté de ne le quitter que lorsque son grand-père acceptera son Ange au sein de leur demeure. Et puis, c'était son boudoir, pas le leur. Dans cette gigantesque maison, il y en avait des boudoirs, hormis le sien. Elle attendit une dizaine de minutes, le temps qu'on lui apporte le matériel nécessaire à la destruction de cette œuvre d'art.

La violence avec laquelle il mit lorsqu'il voulut ouvrir la porte lui certifia combien sa colère était immense. Mais elle n'ouvrirait pas.

« Cette grossièreté ! Ouvrez cette porte, je vais le briser...et...et en mille morceaux !

—Grossièreté ? Alexis possède d'innombrables tableaux aussi grossiers que cette sculpture...Et en quoi un Ange serait grossier ?

—Vous...VOUS PLAISANTEZ ? »

Victoria, assise sur un fauteuil en tissu beige, posa son regard sur la dite sculpture. Sa tête se pencha légèrement sur le côté, mais elle n'y vit pas grand-chose qui aurait pu choquer un gentilhomme, enfin, c'est ce que daignait montrer leur grand-père de lui. Un gentilhomme. Une farce oui ! Fut-ce une période où il devint persona non grata, celui exclu de la société pour sa débauche excessif.

Oui, bien, mis à part la largeur de son sexe comparé à la taille de son mince petit corps, il était peut-être vrai que ça aurait pu en choquer plus d'un.

« Je n'ouvrirais pas !

—Oh Victoria, si vous n'ouvrez pas cette porte, je vous jure que...

Il cherchait visiblement quelque chose qui pourrait faire en sorte de la mettre sur le fait accompli. Victoria attendit alors quelques minutes, se concentrant une nouvelle fois sur la description de la sculpture.

—Je vous jure que...!

Apparemment, il ne trouvait toujours rien à dire, elle haussa alors des épaules, amusée par la situation.

—Alexander Mallory épouse la superbe Isabel Grentree. »

La porte s'ouvrit brusquement après les bruits de plusieurs mécanismes d'ouvertures. Elle vit son frère ainé passer devant la pièce, et son grand-père, -celui-ci tenait entre ses mains le fameux marteau,- qui finit par fermer son journal devant eux. Il ne s'arrêta guère devant la porte où ils s'y trouvaient, il passa son chemin après avoir lancé sa bombe et esquissa même un petit sourire satisfait.

« L'année prochaine, rajouta-t-il ensuite, gagnant sa chambre dans l'intention de se vêtir pour, sans aucun doute, sortir. »

Leur grand-père devint étonnamment calme face à cette nouvelle, pourtant Victoria eut du mal à réprimer son émotion. Un certain choque peut-être ? Ou bien, était-ce le déni qui passa tout d'abord ? Elle n'en savait rien. Juste qu'à ce moment-là, son visage n'avait rien laissé entrevoir de son avis là-dessus.

« Viki...Ma chérie, tu sais-

—Allez au diable, vous ne toucherez pas à mon Ange ! »

Sur ce, la porte en bois se referma derrière elle, puis la clé se tourna dans la serrure, verrouillant alors la pièce dans laquelle elle s'était une nouvelle fois, enfermée.

****

Elle était fine et élancée. Petite de taille mais possédait des formes généreuses. Et à chaque fois qu'elle en avait l'opportunité, Agatha Grantham s'habillait d'une superbe toilette afin de montrer sa beauté éclatante aux grands jours. Enfin si l'on ne faisait pas attention aux affreuses rides qu'elle tentait vainement de cacher avec de la poudre, en conclut la jeune femme, les yeux rivés sur son jeu d'échec. Au bout de trois mois, elle s'était finalement décidée de revenir pour, sans doute, chercher querelle. D'ailleurs, sa belle-mère ne venait que pour commencer une dispute, qui ne se terminait jamais de toute manière, puisqu'elle s'en allait toujours lorsqu'elle se retrouvait en position de faiblesse.

La marquise de Suffolk fut une nouvelle fois dérangée par les quelques remarques acerbes de la vieille femme, qui n'avait pas quitté la petite pièce dans laquelle Eleanor prenait plaisir à s'y retrouver seule. Depuis quand était-elle ici déjà ? Ah oui, une demi-heure. Pourtant, Len lui avait fait clairement comprendre qu'elle n'était d'humeur à lui faire la conversation. Les nuits précédentes, elle avait eu la chance de rêver de son péché. Et ce qui avait engendré la mort de son époux. A présent, le Diable en personne venait chercher la petite bête afin de l'enfoncer dans sa culpabilité. Et c'est ce qui la fit grincer des dents lorsqu'elle déplaça son pion.

« Qu'avez-vous ? Cela ne vous ressemble pas de vous taire en ma présence. »

Oh que oui. Il était vrai que lorsqu'Ursula apparaissait, elle faisait tout pour la faire décamper de chez elle. Mais comme elle n'était pas d'humeur, Eleanor ne ferait rien pour lui transmettre le message que sa présence en ses lieux n'était pas requise.

« Et bien ? »

Ses pupilles se tournèrent lentement vers la vieille femme qui fronça des sourcils, visiblement inquiète. Poussant un petit soupir, Len décida de faire une pause puis se leva de son siège avant d'aller tirer une corde sonnant la cloche des domestiques. Lorsque son valet, Thomas, apparut au seuil de la porte, elle lui demanda de leur apporter quelques collations, à elle et Agatha. Il opina de la tête et disparut bien vite après ses paroles. Finalement, la marquise décida de se tenir face à sa belle-mère. Celle-ci était assise sur sa méridienne en acajou, qu'elle n'avait jamais cessé de critiquer. Madame n'aimait pas cette couleur, elle la trouvait trop « fade ». Eleanor s'était empressée de lui rejeter la remarque sur sa propre personne, ce qui avait déclenché sa colère noire et le rire de son fils ainé dans toute la pièce.

« Bien. Dites-moi ce qui vous amène chez moi ?

Les yeux noisette d'Agatha s'agrandirent de stupeur, apparemment elle ne s'était pas attendue à ce qu'elle brise ce silence.

—J'étais tout simplement venue vous remercier.

—Me remercier ? Mais de quoi ma chère ? Qu'est-ce qui auraient valu vos remerciements ? lui avait-elle répondu avec un ton empreint d'ironie.

Le regard noir qu'elle lui lança commanda à Len de ne pas jouer sur ce côté du tableau, mais elle était épuisée de mesurer chacun de ces mots, que ce soit en société ou même devant ce maudit écossais. Il fallait qu'elle soit toujours prudente. Juste pour s'assurer un bel avenir.

—Mon fils m'a rapportée que vous l'aviez aidé à rembourser la totalité de ses dettes ?

—Aider est un piètre mot. Puisque c'est grâce à moi que votre époux n'ait pas à le faire.

—Je...Théo ne m'en a rien fait savoir. Je ne pensais pas que...Mais comment avez-vous fait ?

—Il suffisait d'amadouer ce cher duc, tout simplement. »

Vu le visage qu'afficha Agatha, -qui avec ses magnifiques boucles blondes lui donnaient un air angélique,- il fallait être bien stupide pour croire qu'elle se contenterait de cette réponse. Elle entendit un grincement et en déduisit que son valet était revenu. Eleanor pensait que Thomas allait l'aider à dissimuler une partie de la vérité mais l'empoté n'arrivait pas à gérer deux plateaux et une porte en bois.

« Nous avons passé un contrat et celui-ci a pris fin ces derniers mois, reprit-elle, en allant à la rencontre de son valet qui avait du mal à passer la porte, avec les deux plateaux au bras. »

Il était vrai que vu comme ça, c'était difficile, mais il suffisait de savoir comment les placer correctement pour pouvoir faire un service correct. C'était ce que son majordome n'avait cessé de répéter aux domestiques, autrefois, lorsqu'ils avaient eu quelques difficultés à transporter des plateaux repas à l'étage.

« Du thé ? Ou préférez-vous du vin...

—Du thé, merci bien. Mais je voulais aussi confirmer quelque chose. »

Zut alors. Elle qui avait pensé que l'heure du thé lui ferait oublier ce sujet. Thomas quitta la pièce après qu'il eut déposé l'un des plateaux sur la table basse, quant à l'autre, ce fut sa maîtresse qui le fit à sa place. Il n'était pas payé pour faire le service oui, mais apparemment, l'un des domestiques était malade. Il s'occupait simplement de le remplacer dans la journée.

« Êtes-vous devenue la maîtresse du duc afin de rembourser les dettes de mon fils ? »

Eleanor se saisit de la théière, hésitant visiblement à lui dire la vérité ou faire comme si cela la choquait. Mais ce serait être hypocrite. Et puis la société n'avait fait qu'en parler ces derniers mois, ce serait honteux de nier les faits qu'on avait du lui rapporter. Versant le contenu dans l'une des deux tasses en porcelaines, Len finit par la reposer et s'assit au pied de la table, sur le tapis occidental.

« Quelqu'en soit la réponse, votre fils n'a plus de dettes à payer non ?

—Je me fiche de savoir qu'il en ait ou non, à présent, il doit se débrouiller seul avec son père.

Eleanor ne put réprimer un petit rire moqueur à l'insu du jeune homme. Et bien, il en était temps qu'elle cesse de le materner. Théodore n'était plus un enfant, et ce depuis qu'il avait dépassé son onzième anniversaire.

—Il est vrai que je suis devenue sa maîtresse.

Agatha ne lui répondit pas. Elle se permit de boire une gorgée de sa tasse, qu'elle venait tout juste de lui servir, puis piqua à côté de la théière un biscuit. Une assiette avait été disposée juste à côté et avait été remplie de pâtisseries en tout genre.

—Et que vous êtes celle d'un autre, n'est-ce pas ?

Elle l'entendit croquer au bout de son gâteau, mais ne releva pas ses yeux. Cette femme était au courant de tout ! Humpf, elle ferait en sorte de devenir plus discrète dorénavant.

—Du compte de Linverslay-...

—Oui, du libertin lui-même dit-on ! »

Au moins, elle n'avait rien à lui avouer. Sa belle-mère n'avait même pas besoin de ses confirmations, elle savait que ces rumeurs étaient vraies. Pourtant certains nobles n'y croyaient pas encore. Il leur fallait plus de preuves que cela. A commencer par plus qu'une sortie en couple en public, comme ils l'avaient fait la fois dernière, à ce maudit bal. Celui-ci avait été la cause de ces cauchemars depuis.

« Qu'avez-vous appris d'autre ? la questionna la marquise, curieuse de savoir quels ragots courraient sur elle, ou même les autres.

—Oh, rien qui ne puisse choquer Raphaël. De toute manière, il avait déjà eu un aperçu de votre frivolité, n'est-ce pas Eleanor ? »

La jeune femme n'osa lui répondre. Non, elle ne put le faire. Elle fut tellement troublée par ses paroles, qu'elle ne trouva aucune réponse à lui dire. La jeune femme baissa honteusement la tête vers le sol et découvrit ses mains serrer les plis de sa robe d'intérieur d'une couleur ocre.

« Qu'êtes-vous donc venu faire ici alors ?

—Je suis venue voir comment vous vous portiez. Je ne voudrais pas que mes fils soient les coupables de tous vos malheurs.

—Vos fils ?

—Et bien il se raconte depuis des années que mon fils a tué votre joie de vivre et qu'en étant mort, il vous a laissé avec d'énormes dettes sur le dos. Pire encore, il se raconte que Théodore est le coupable dans toute cette histoire et que c'est à cause de lui que vous êtes dans pareils situations ! C'est inadmissible !

Eleanor releva vivement son visage. Il y eut plus de colère que de honte à en voir par les lueurs qui illuminaient ses yeux.

—Inadmissible ? Mon corps a été souillé en dépit de mes valeurs, pour me repentir et pour me faire pardonner de l'horrible acte que j'ai pu faire autrefois...Juste pour sauver votre imbécile de fils de la peau de ce français !

—Souillé ? Souillée vous l'avez été ! Et ce bien avant-...

—Si je n'avais fait cela, les dettes auraient doublé et je vous promets que la toilette que vous portez, vous l'auriez vendu aux plus offrants juste pour rembourser le quart de la dette de votre fils, la coupa-t-elle d'un ton tranchant. »

La marquise se redressa avec lenteur et lui arracha la tasse de ses mains, qu'elle reposa brusquement sur le plateau. Elle fit de même avec son biscuit et la prit par son poignet, la forçant par la suite à se lever de sa méridienne. Et enfin, elle l'emmena devant la porte de la pièce et la laissa ici. Eleanor partit sonner la cloche en tirant sur la corde puis se planta devant elle tandis qu'Agatha l'avait regardé faire, les yeux écarquillés.

« Faites en sorte que je vous oublie, ingrate que vous êtes ! J'en ai assez d'être si rabaissée pour cet horrible méfait. Croyez-vous que je ne souffre pas du mal que j'ai pu lui causer ?

—Len, que dites-vous...Je, ce n'était pas ce que j'essayais de vous dire, il est vrai que je me suis emportée mais...

—Je me fiche de savoir ce que vous aviez voulu me dire, allez-vous en et ne revenez pas tant que vous n'avez pas la force d'oublier mon écart. »

A ces mots, elle ouvrit la porte et avant même que son valet ou son majordome n'arrive pour escorter sa belle-mère hors du château, Eleanor claqua la porte derrière le passage d'Agatha et se tint contre la porte.

A la fois essoufflée et tremblante, elle posa son front contre le bois de la porte, et fit glisser ses mains dessus avant de fermer ses paupières. Cela ne lui ressemblait pas. D'habitude, elle avait beaucoup plus de réparties, et ce n'était pas elle qui réagissait de manière aussi excessive mais bien cette vieille femme. Non, elle. Mais c'en était trop. Que ce soit la mort de Raphaël, Damien DeClairmont ou même Douglas MacCarthy, elle n'arrivait plus à gérer sa vie. Les convenances et tout ce qui s'ensuivait...Que ce soit le désir que Douglas éprouve pour elle, ou l'obsession de Damien...

Pourtant, autrefois, elle n'avait jamais été intéressée par ces hommes. Il avait juste fallu qu'elle joue les mêmes cartes que Victoria pour qu'elle puisse les attraper dans ses filets, mais Eleanor s'était toujours demandée comment sa meilleure amie faisait pour gérer ses ennuies dans sa vie. En même temps que ses hommes, du moins.

Elle le regrettait. Amèrement même. Elle avait été jeune et stupide, ce qui avait engendré sa naïveté et ses erreurs. Mais personne ne lui avait pardonné mis à part Raphaël lui-même. Il s'en était même rejeté la faute sur lui. Et à ce moment-même, Eleanor en avait convenu qu'elle avait été abrutie par le désir et ne s'était même pas remise en question. Elle avait été impulsive et en l'étant, elle avait engendré la souffrance de son époux, et d'horribles scandales qui s'en étaient suivis.

« Je vous pardonne. Je vous pardonnerai toujours, ma douce. »

Ce fut les paroles de son défunt époux lorsqu'elle lui révéla sa faute. Ce fut les réponses qu'elle avait obtenu de lui. Ce fut ce qu'il lui avait répondu en affichant un visage attristé. Et sa tristesse fut produite après qu'il ait vu ses larmes coulées.

Raphaël n'avait jamais supporté de la voir aussi malheureuse. Pourtant, elle fut la seule fautive.

****

« Lady Grantham ne mérite pas un homme comme vous, Douglas, soyez réaliste je vous en prie, déclara d'une voix forte l'épouse de son meilleure ami. »

L'écossais la dévisagea longuement du regard, il comprenait bien ses paroles et elle ne disait rien de mal, mais il se demandait bien pourquoi Pandora osait lui dire une chose pareille. Celle-ci était assise au bout du canapé du salon, son enfant dans ses bras, qu'elle n'avait pas quitté des yeux depuis qu'il était entré dans la pièce. Emrick lui avait demandé de patienter ici jusqu'à la venue du duc de Wayland et puis il avait pensé que la duchesse lui serait d'une bonne compagnie.

Cela aurait été vrai...si elle n'avait pas eu son enfant près d'elle. Depuis que Pandora avait enfanté James, même Trevor se plaignait de l'affection qu'elle portait beaucoup trop à leur enfant qu'à lui ! Au départ, le comte n'y avait pas fait attention se disant que le duc exagérait mais en fait pas du tout. Il pariait sur sa propre vie que si jamais on lui enlevait son enfant, d'une quelconque manière, elle se noierait au fond de la Tamise. James était visiblement la prunelle de ses yeux.

Il passa l'une de ses mains sur son gilet noir aux motifs argentés, puis l'arrêta au milieu de son ventre, avant de passer son autre main sur sa chevelure.

« Et quel homme pourrait lui convenir ma Lady ?

Cette fois-ci, la jeune femme releva son visage et daigna enfin le regarder. Ses yeux noirs le transpercèrent et il se sentit tout d'un coup gêné. C'était comme si elle arrivait à lire en lui, et ce, sans qu'il n'ouvre la bouche !

—Tout sauf un libertin.

—Alors un vieillard serait-il convenable pour la marquise ? s'enquit l'écossais, employant un ton ironique.

Apparemment, Pandora n'était pas d'humeur à plaisanter. Le visage qu'elle gardait, celui-ci affichant un air tout à fait sérieux, ne lui plaisait guère.

—Vous avez tué son époux. Une balle qui l'a touché en plein cœur en plus de cela-...

—A côté de cet organe, corrigea-t-il, légèrement contrarié pourtant par cet insignifiant détail.

—Soit. Mais vous oubliez que si vous n'aviez pas été aussi orgueilleux, vous auriez remis le duel à un jour prochain, avec le coupable lui-même et non son apparenté !

Le comte de Linverslay détourna son regard d'elle et elle fit de même, mais non parce qu'il avait préféré ne pas soutenir son regard, mais parce que son époux était rentré dans la pièce.

—Elle fut obligée de couvrir les dettes de son beau-frère en plus de cela en jouant les courtisanes, rajouta-t-elle par la suite en se préoccupant à nouveau du petit dans ses bras qui commençait à s'endormir.

—Sans doute que son défunt époux avait beaucoup compté pour elle, intervint Trevor d'une voix calme. »

Voilà qu'il s'y mettait lui aussi ! Comment cette femme pouvait-elle remonter son ami contre lui ? Il avait l'impression d'être en faute, de plus, il ne se sentait pas du tout soutenu.

Douglas feignit de regarder l'heure sur sa montre à gousset, mais ni le duc ni la duchesse ne fit attention à sa comédie. Son ami avait contourné le canapé afin d'être proche de sa nouvelle famille et avait même laissé le comte devant la fenêtre de la pièce, d'où il avait une belle vue sur les gardénias.

« Pourquoi faut-il toujours qu'une femme vous monte la tête ? finit-il par dire, agacé. »

Le petit rire de Pandora se fit entendre et ce fut ainsi qu'il rencontra une nouvelle fois son regard. Vêtue dans une robe simple d'une couleur assez clair, elle était aussi jolie que dans ses souvenirs. Mais elle avait quelques défauts, comme son nez trop long à son goût ou sa peau trop pâle. Même si ses yeux et ses cheveux faisaient en grandes parties sa beauté, les femmes de grandes tailles n'avaient jamais été ses favorites. Au moins Trevor était ravi de l'avoir à ses côtés.

« Lady Grantham a besoin d'assurer son avenir, Douglas. Et ce n'est pas en devenant votre maîtresse qu'elle le pourra.

—Bien sur que si ! La rente que je lui offre est bien plus élevée que celle que je donne à mes précédentes maîtresses.

Trevor fronça des sourcils. Son ami n'avait pas l'air de se rendre compte de la manière dont il traitait les femmes.

—Voyons, elle n'est pas une courtisane Douglas, tu la rabaisses en le faisant, lui informa celui-ci, contrarié.

— Lorsque vous vous lasserez de votre relation, savez-vous comment elle fera pour trouver un autre homme que vous ?...qui pourra s'assurer qu'elle ait un toit sous sa tête et des vêtements pour se vêtir ? N'oublions pas non plus que madame la marquise doit se nourrir. »

Pourquoi se lasserait-il donc ? Il n'avait de toute façon pas encore l'intention de la laisser s'en aller si rapidement. Grâce à elle, il venait de retrouver sa vigueur. Et Eleanor était une femme difficile à cerner, il serait intéressant pour lui d'apprendre à la connaître en même temps qu'il coucherait avec elle. N'était-ce pas une belle contrepartie en échange de ce qu'il lui offrait ?

Après que l'épouse de son ami se leva doucement de sa place, elle se déplaça prudemment dans la pièce afin d'aller sonner la cloche. James s'était endormi et elle préférait parler avec ce libertin sans déranger le sommeil de l'enfant.

« De toute manière, tu ne peux revenir en arrière, le mal est fait, continua son ami en esquissant un sourire tout en le regardant. »

Trevor prit appui contre le dossier de son canapé et se pencha dessus, il jeta un coup d'œil à sa femme, avant de poser ses yeux sur lui. Lorsque Douglas s'était adossé contre le bord de la fenêtre, il aperçut un tableau qui le dérangea. Un sentiment naissait à chaque fois qu'il les voyait tous les trois dans une même pièce. Une famille, sa famille, c'était ce que Trevor avait crée en se mariant avec une femme qu'il désirait et aimait à la fois. Aurait-il pu bénéficier de la même chose avec Lilian ? Sa fiancée. Difficile à dire puisqu'il n'en était plus sûr à présent. Ces pensées convergeaient toutes vers une seule et unique personne. La marquise de Suffolk et ses magnifiques pupilles violettes.

« Je ferais en sorte de prendre mes responsabilités même lorsque je m'en lasserais. »

Le comte vit arriver une charmante jeune fille qui se saisit de l'enfant avec tendresse avant de quitter la pièce, quant à Pandora, elle ne ferma la porte qu'après que la domestique ait tourné à un angle du couloir.

« C'est ce que vous dites. C'est ce que les hommes promettent, et pourtant, ils oublient très vite lorsqu'on le leur rappelle, fit la jeune femme en se tournant vers les deux hommes. »

Le sourire qui se dessina sur le visage du duc lui confirma ses doutes. Il était aussi épris qu'abruti, en avait-il conclu en ressentant un gout amer sur la langue. Quoique sa femme puisse dire ou faire, Trevor serait de toute manière toujours de son côté. Voilà pourquoi il n'envisageait ni de se marier, ni même de rencontrer l'amour. Il y avait renoncé. En voyant la transformation déjà de ses deux amis, tous les deux mariés, Douglas s'était promis de ne jamais s'attacher à aucune femme. Enfin, c'était une promesse qu'il s'était fait après que Lilian l'ait trahi. Le rire grave de Trevor le sortit de ses réflexions et il en conclut qu'il avait du lire dans ses pensées.

« Je vois que tu n'as pas changé d'avis concernant l'amour. »

Il avait tellement été concentré sur ses pensées que Douglas n'avait pas fait attention au déplacement de son ami, ni même celui de la duchesse. Il s'était assis sur le canapé et Pandora avait fait de même, tout en se laissant aller contre son époux qui l'avait enserré par la taille d'un seul bras. Les jambes de la jeune femme reposaient sur le reste du canapé et à eux deux, ils l'avaient complètement accaparés.

« Oh non mon cher ami, et je doute même que je puisse un jour en changer.

—Tu devrais pourtant, c'est merveilleux tu sais ?

—D'avoir une femme au tempérament explosif et un horrible gosse qui vous casse les pieds en plein milieu de la nuit ? C'est ça que tu apprécies ?

Idiota ! Si vous aviez un enfant, vous comprendriez ce que nous ressentons.

Elle marqua une pause, ayant visiblement surpris son époux après qu'elle se soit si impulsivement exprimée.

—Dites-moi milord ? Comptez-vous vous marier un jour ? Ou renoncez-vous à vos devoirs ? »

À ces dires, le comte demeura silencieux. Il n'avait jamais eu d'enfant et ne comprenait pas bien en quoi cela consistait d'en avoir. Mis à part qu'ils seraient là après sa mort. Et ainsi de suite. Et puis, vu le visage de Pandora, il ne préférait pas lui faire part de son opinion à ce sujet. Douglas avait l'impression qu'au moindre faux pas, elle se jetterait sur lui et lui arracherait ses globes oculaires à la petite cuillère.

« Et bien ? reprit-elle, croisant ses bras devant sa poitrine.

—Lorsque Lilian décidera de revenir à la raison, nous nous marierons.

—Lilian ? »

Pandora cligna des yeux, elle regarda à tour de rôle son mari puis Douglas, mais aucun ne voulut l'informer sur cette Lilian. Et ce silence lui en dit très long sur la relation que le comte entretenait avec cette « Lilian ». La jeune femme se leva avec lenteur et ses yeux lançaient déjà des éclairs.

« Je vous en conjure Douglas, si vous vous êtes déjà engagés dans une situation, ne jouez pas avec le cœur d'une femme.

—Ma douce, il est seulement fiancé à cette femme, tu sais ?

—Fiancé dis-tu ? s'exclama-t-elle, en commençant à faire les cents pas devant le canapé, anxieuse.

Son mari n'avait pas l'air de comprendre la situation. À cette époque, être fiancé signifiait beaucoup de chose.

—Elle et Douglas sont fiancés depuis quatre ans déjà.

—Quatre ans ? Et elle s'est accrochée à un libertin tel que vous ?

Trevor eut un petit rire ce qui arracha un regard noir à sa femme qu'il eut le plaisir d'ignorer en détournant ses yeux d'elle.

—Lilian Bennet est partie en Europe pour un long voyage culturel ces trois dernières années. La mode requiert qu'une femme ait déjà fait Paris et Berlin.

Soudainement la tension retomba. Pandora se laissa choir mollement sur le canapé, à côté de son époux qui roulait des yeux face à la réaction de sa femme. Il avait pensé qu'elle s'était évanouie, mais elle riait aux éclats. Elle en pleurait presque à cause de son fou rire !

« Oh Bonté Divine, Douglas !

Cela ne le rassura nullement. Le comte comprit subitement qu'il y avait anguille sous roche et se raidit sur place en la regardant avec de grands yeux.

—Qu'y a-t-il ?

—Si c'est bien la femme que j'imagine mon ami, vous serez triste d'apprendre cette nouvelle. »

Passant une main devant sa bouche, essayant de retenir son fou rire, la jeune femme entreprit de serrer la main de son époux dans la sienne. Elle commençait tout juste à se calmer, et à en voir par le visage du comte de Linverslay, il ne serait nullement ravi de ce qu'elle allait lui apprendre.

« Trevor, dis-moi que ta femme ne fait cela que pour m'inquiéter...

Celui-ci fronça petit à petit des sourcils, ne comprenant pas non plus la réaction de Pandora vis-à-vis de son meilleur ami.

—Laissez-moi vous apprendre une chose, Douglas.

—Dites ma Lady, dites ! Je n'attends plus que vos paroles, je les boirais presque !

Essuyant les quelques larmes de ses yeux, Dora poussa un petit soupir et se tourna complètement vers lui tandis qu'elle faisait en sorte de s'asseoir correctement.

—Lilian Bennet, la frêle anglaise qui avait fui son pays à cause d'un scandale, s'est mariée à l'ambassadeur d'Allemagne il y a trois ans de cela. Je crois même que ce scandale la liait avec un certain Grantham...Thomas, je pense. Ou quelque chose comme ça.

Le silence de Douglas en disait long sur ce qu'il ressentait en ce moment même. C'était surement un choc émotionnel, pensa Trevor en lui jetant un rapide coup d'œil avant de détourner son regard pour le poser sur sa femme.

—Es-tu sure qu'il s'agit bien d'elle ?

—Et bien, elle a des cheveux cendrés...Hum...Et tout ce dont je peux encore me souvenir, c'était qu'elle ne se faisait pas beaucoup remarquer. Moi-même, qui suis cependant très observatrice, je fus surprise de la voir dans la salle de bal d'un duc français. Elle avait mis ce soir-là, une robe jaune poussin...La seule vêtue avec cette toilette et celle-ci lui avait valu de nombreuses éloges pour son audacieuse robe. »

Douglas avait continué de regarder Pandora tout en pensant à autre chose. En fait, il se sentait trahi. Cela faisait quatre années entières qu'il l'attendait et jamais elle n'avait répondu à ses lettres ou ne lui avait montré signe de vie. Apparemment, elle avait été sérieuse en lui disant qu'elle ne ferait rien pour revenir à ses côtés.

Et la porte qui claqua derrière son passage alerta le duc de la sortie de son ami.

« Humpf. Au moins, j'ai réussi à le faire réagir, avait-elle lancé sur un ton moqueur. »

Néanmoins elle ne s'était pas attendue au regard noir de son mari. Trevor l'avait quitté à son tour afin d'aller voir comment se portait son ami. En parcourant le long couloir, puis tournant à l'angle, il l'aperçut descendant les escaliers du manoir avec hâte.

« Que vas-tu faire ? lança-t-il à son ami en fronçant des sourcils, s'arrêtant devant les remparts de l'escalier principal. »

Le comte s'arrêta au milieu des marches et prit un temps avant de se tourner vers lui. Oui, qu'allait-il donc bien faire ? Aller la retrouver pour avoir des explications ? Non. De toute manière, qu'il les ait ou pas, elle était mariée. Ce qui était fait était fait. A présent, n'était-ce pas à lui de tourner la page ? Mais pourquoi est-ce qu'il se sentait tellement trahi ?

« Continuer mes habitudes...Je suppose, avait-il fini par lui annoncer en esquissant un sourire.

Trevor fut décontenancé. Le voir réagir de cette manière ne lui correspondait pas. Parfois il réagissait de manière si impulsive que l'arrêter ne ferait que l'y encourager dans sa lancée.

—Pandora a raison, tu sais ? Il serait temps que tu te cherches une épouse convenable. Tu n'es plus très jeune et il en va de tes devoirs.

—Un duc est souvent pressé de se marier. Alors qu'un comte n'a pas les mêmes priorités mon ami.

—Surtout lorsqu'il s'avère que ce comte est un débauché.

—Tout à fait ! »

Après ses paroles, Douglas quitta prestement le manoir et son ami afin de rentrer dans sa demeure. Alors Lilian était mariée...Quelle surprise. Elle qui l'avait fui un an et demi après leurs fiançailles, s'était vite trouvée un mari pendant ses trois années de « voyages ».

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