Chapitre V



Le tas de cartes posé sur la table ronde du salon, les verres, certains vides, d'autres à moitié, se succédaient sur la table et deux à trois bouteilles de différentes liqueurs étaient placées au milieu de celle-ci. Certains éclats de rires résonnaient dans la pièce et des voix d'hommes ressortaient. Ils étaient quatre à l'intérieur, parmi lesquels on pouvait reconnaître le duc faisant partie de ce quatuor de gentlemen qui fumaient près de la cheminée.

« Le scandale est-il vrai, Trevor ? », demanda l'un du groupe, assis sur un fauteuil en cuir faisant face à la cheminée, un cigare à la main.

C'était Stephan, frère de lady Grace Hamilton, l'amie de son épouse justement qui lui posait cette question. Il avait la même couleur d'yeux qu'elle mais possédait des cheveux blonds plus clairs que ceux de sa sœur cadette. Malgré leur lien de parenté, leur caractère était totalement opposé, mais seule la curiosité représentait un point commun chez eux. Notamment, une curiosité mal dissimulée !

Le duc de Wayland se saisit de la bouteille de bourbon, posée sur la table ronde près du jeu de cartes, et remplit quatre coupes entières. Son regard se releva sur ses trois compagnons de jeu qui attendaient une réponse en silence, deux le regardaient, seul Stephan avait les yeux rivés sur les flammes du feu de la cheminée.

« Qu'en pensez-vous ? », interrogea-t-il simplement, refermant la bouteille et la reposant sur la table.

Trevor défit les trois premiers boutons de sa chemise, puis prit deux coupes dans chacune de ses mains, avant de les apporter à ses amis, s'en gardant une. Ils les prirent avec plaisir puis un autre d'entre eux relança la discussion :

« J'en dis que je serais surpris, mon cher ami, que tu te sois marié avant nous ! Toi qui avais juré de rester célibataire le plus longtemps possible. »

Le duc de Wayland esquissa un sourire en regardant Douglas arborer un sourire moqueur à son encontre. L'Ecossais, ici présent, avait toujours été amusé par les scandales qui le suivaient. Il était toujours le premier au courant des scandales que le Times publiait mais n'en donnait aucune importance car il savait que ce n'était qu'un journal rempli d'absurdités. Il se fichait pertinemment des réputations des jeunes filles qu'il pouvait rencontrer, Douglas apprenait à les connaître à leur juste valeur et c'est ce qu'il n'avait jamais cessé de leur répéter à tous les trois. Douglas MacCarthy aimait aussi se moquer de la bienséance. Bien qu'il puisse figurer dans la liste des hommes à marier en Angleterre, les mères de famille le fuyaient à cause de son fort tempérament. Il avait toujours été une tête-brulée, depuis leur enfance, Douglas et lui s'étaient toujours retrouvés dans les pires ennuis au pensionnat.

Aussi grand qu'Arthur, le troisième homme dans la pièce, Douglas avait des cheveux noirs tirés toujours en arrière tandis qu'Arthur possédait la même chevelure auburn que le comte d'Hempton, et père de Pandora. Bien que le duc ait une carrure impressionnante pour un Anglais, Douglas était bien plus grand et costaux qu'eux tous réunis. Ayant vécu certaines années en Ecosse, son père lui avait appris tout ce qu'un écossais devait savoir, et étant donné que le duc avait été envoyé en pensionnat, en Ecosse, il s'était aussi forgé là-bas un caractère digne d'un guerrier du Nord. Tandis qu'Arthur était d'une constitution bien maigre comparé à eux, il avait une élégance particulière et des traits fins qui le rendaient irrésistibles.

« Je ne serais pas surpris que tu te sois engagé, mais nous aurions dû le savoir », reprocha Arthur en buvant une gorgée du liquide, se plaçant devant la cheminée.

— Et si je vous disais que je n'ai connu ma femme qu'hier, que trouveriez-vous donc à me dire ? »

Les deux debout se tournèrent complètement vers le duc, tandis que Stephan tourna son regard vers lui, tout aussi surpris que les autres.

« Tu avoues donc que cet article sur toi et la jeune Lady P. est vrai ? », questionna le frère de Lady Hamilton, fronçant petit à petit des sourcils.

Douglas, s'étant adossé à la table où les nombreuses bouteilles y étaient posées, s'était redressé afin de lui demander brusquement :

« Qui est-elle ?

— Oui, qui est cette Lady P. alors, et comment est-elle ? », rajouta Arthur, les yeux plissés.

Le duc de Wayland resta un moment silencieux, laissant leurs questions sans réponse pendant quelques minutes, le temps qu'il finisse son verre. Tandis que ses amis le regardaient silencieusement, attendant enfin de résoudre le mystère derrière cet article surprenant.

« Lady Pandora Fortune est mon épouse. »

Stephan se raidit instantanément, il battit plusieurs fois des yeux avant de détourner son regard du duc qui remarqua immédiatement son trouble après son aveu.

« Elle est revenue il y a une semaine et je l'ai retrouvé au bal que ta sœur, Stephan, organisait. C'est même grâce à elle que j'en ai eu la connaissance. Tu la remercieras pour moi.

— Oui, bien évidemment, répondit celui-ci, sans même prêter attention à ses propres paroles.

—Pandora Fortune ? N'est-ce pas la fille ainée du comte d'Hempton ? », fit remarquer Douglas, avant de poser son regard sur Stephan qui gesticulait sur son siège.

L'Écossais esquissa un large sourire sachant que dans le passé, Stephan et l'ainée de la famille Fortune s'étaient retrouvés bien vite fiancés.

« Alors l'Italienne que j'ai vue en début d'après-midi à Green Park avec Lady Brighton et son amie, Lady Fortune, était ta femme ?

— Ainsi elle est sortie au parc, souffla le duc.

— Ce fut le sujet de tous les commérages à Londres. L'Italienne ne manque pas d'audace pour montrer son esprit libre. Remarquez la couleur de sa robe au dernier bal, ce fut osé de sa part...mais j'ai admiré la confiance inébranlable qu'elle avait eue en portant sa robe, face aux regards que la société portait sur elle. », déclara Arthur Hamilton.

Le vicomte, et mari de Lady Grace, sœur de Stephan, ne manqua pas de faire son éloge. Seul homme du groupe à être marié en ayant choisi son épouse par amour, quoique Douglas était déjà fiancé néanmoins cela ne l'avait pas empêché de voir ailleurs. Est-ce que sa fiancée avait eu le choix d'ailleurs ? Ou était-elle-même en accord avec cela ? Le duc n'en était pas certain.

Arthur, toujours aussi franc, avait, cependant, toujours tenu à respecter les convenances et ne dépassait jamais les limites de la franchise que la société acceptait. Une chose que sa femme n'aimait guère respecter trouvant cela trop ennuyeux.

Le vicomte jeta un coup d'œil à son beau-frère puis releva son regard sur Douglas qui avait préféré poser ses yeux ailleurs afin que le duc ne soupçonne rien.

« Et que vas-tu donc faire d'elle ? », demanda Stephan, dont la curiosité fut attisée.

Le duc de Wayland n'était pas aussi naïf que ses camarades pouvaient le croire. Il savait que cette femme avait eu un passé avec Stephan Montgomery, toutefois, si son ami ne lui en parlait pas, il considérait que cette histoire était du passé ou bien qu'il ne désirait aucunement en parler avec lui.

« En toute franchise ? », répondit Trevor en les regardant, un sourire en coin.

« Trevor, si jamais tu oses lui faire quoique ce soit qui pourrait lui nuire, je... Son père fera en sorte que tu regrettes le fait que tu sois en vie. Le comte d'Hempton aime ses filles et les considère comme la prunelle de ses yeux, tu devrais être prudent. », rétorqua le beau-frère d'Arthur, qui avait essayé de contrôler un maximum son sang-froid.

Lorsque le duc voulait quelque chose, il l'obtenait, et de n'importe quelle manière. Cependant, Stephan savait qu'il se lassait rapidement des personnes auxquelles il s'attachait, sauf à eux. Si jamais, il s'amusait à faire cela à Pandora Fortune, non seulement il aurait à faire à lui et à son père, mais il savait que la jeune femme pouvait entreprendre de dangereuses vengeances. Il la connaissait depuis leur plus tendre enfance, et Pandora s'avérait être une femme avec laquelle il ne fallait pas jouer.

« Je ne sais pas. », finit-il par leur avouer, faisant tourner le fond de liquide dans son verre, les yeux posés dedans.

****

En début de soirée, la jeune femme était restée un moment dans sa chambre, attendant que sa sœur ne toque à sa porte et lui raconte son après-midi aux côtés du jeune marquis néanmoins elle n'était pas encore rentrée ce qui l'avait donc inquiétée. Pandora avait ensuite décidé d'aller la chercher dans la demeure. Peut-être qu'elle était rentrée et qu'elle n'avait pas remarqué son retour, il était vrai qu'en restant concentrée sur une dizaine de livres, la jeune femme ne s'était rendue compte des allers-venues des individus dans sa demeure. Ce ne fut qu'au moment où elle descendit les escaliers, qu'elle eut la surprise de constater que plusieurs voix provenaient du salon, dont celle de sa sœur qu'elle reconnut immédiatement.

« Henry. », fit-elle brusquement, en rentrant dans le salon.

Le majordome, se tenant debout, près de la porte de la pièce, se tourna vers la jeune femme, gêné. Les sourcils froncés, Pandora posa son regard sur Faith, jouant aux échecs contre le marquis qu'elles avaient rencontrés dans l'après-midi.

« Dora ! », s'exclama sa sœur cadette dont le sourire l'a tendu.

Celle-ci se tourna sur sa chaise mais ne se leva pas contrairement au marquis. Il fut surpris de retrouver l'Italienne dans la demeure de la jeune fille, puis il salua la sœur ainée de Faith en esquissant un sourire, qui voulut se faire séducteur. Il avait pensé que Pandora Fortune, étant un esprit indépendant, s'était trouvé une chambre d'hôtel et comptait partir d'ici quelques jours pour son pays d'origine. Cependant, ce que la société anglaise et lui, ne savaient guère, c'était que Pandora Fortune était née en Angleterre et par conséquent, était anglaise. Sa mère était bien Italienne, et la raison de son déplacement jusqu'à Londres n'avait été que le fait qu'elle devait se trouver un bon parti avec lequel s'unir. Etant donné que les Italiens ne l'intéressaient pas, les parents de la jeune fille l'avait envoyé en Angleterre afin de combler les attentes de celle-ci, et Arabella était finalement tombée amoureuse d'un comte bien qu'elle avait eu l'embarras du choix.

« Que faites-vous ici ? A cette heure aussi tardive, en compagnie de ma sœur milord ? », demanda-t-elle sèchement en le dévisageant du regard.

Celui-ci remarqua bien ce que Pandora pensait, à ce moment-là, de lui. Il ne fit rien pour se justifier puisque c'était totalement faux. La jeune Faith était naïve et innocente, et le fait qu'elle lui propose inconsciemment de jouer aux échecs contre elle, le marquis avait trouvé cela amusant. Mais jamais il n'aurait osé la déflorer, la jeune fille était certainement vierge et comptait se marier un jour ou l'autre. Il préférait les prostituées si jamais il en avait besoin, néanmoins, il ne comptait pas faire la une des journaux comme ce duc de Wayland. Sa mère le tuerait et son père comptait sur lui pour se marier avec une bonne fille de famille, respectant la bienséance et capable de porter des enfants en bonne santé.

« Il jouait seulement aux échecs contre moi, qu'est-ce qui te prend ?

Le menton levé et les yeux ne se détachant pas du marquis, Pandora s'approcha du plateau de jeu et, jetant un rapide coup d'œil, remarqua que sa sœur l'emportait sur le marquis et que, vraisemblablement, il ne le faisait nullement exprès.

« Je pense que j'ai assez profité de votre compagnie, mademoiselle. Il serait temps pour moi de rentrer.

— Je le pense aussi.

— Dora !

— Henry, je vous prie de le mener jusqu'à la porte de sortie. »

Sa sœur se leva de sa chaise, abasourdie et ne comprenant nullement pourquoi Pandora réagissait ainsi.

« Si vous voulez bien m'excuser. Il prit un temps avant de continuer. Je vous remercie, Lady Fortune pour cette après-midi, j'ai été agréablement surpris mais heureux d'avoir pu faire votre connaissance. »

Les saluant en se baissant devant elles, il se retira en suivant le majordome qui marmonnait des paroles inaudibles. Il semblait mécontent, mais personne ne savait à propos de quoi. Lorsque le marquis passa la porte du salon, Faith laissa éclater sa colère. Tout d'abord un filet de jurons passa d'entre ses lèvres, ce qui ne surprit pas Pandora, ayant été habitué par la vulgarité des prostituées qu'elle avait pu rencontrer en Italie, et ensuite elle s'écria, à faire trembler presque les murs de la pièce :

« Comment oses-tu ! Le renvoyer aussi grossièrement ! L'Italie t'a-t-elle rendue aigrie ?

— Faith, parlons lorsque tu te seras calmée veux-tu ? », fit Pandora d'une voix posée.

Faith roula des yeux colériques entendant la réponse de sa sœur ainée, elle la vit tourner les talons, visiblement déjà épuisée par leur petite dispute qui ne faisait que de commencer.

« Oh je sais !, s'exclama Faith, avec un rire nerveux qui résonna dans la pièce. Ne supportes-tu donc pas que je sois plus intéressante ou plus attirante que toi ? »

Pandora poussa un long soupir et leva les yeux au ciel, si seulement elle se calmait, la jeune femme aurait pu lui expliquer pourquoi elle avait renvoyé le marquis chez lui, cependant comment parler à une enfant ? Car son comportement en avait tout l'air, à moins que ce n'était elle, le problème.

« Je te préviens, si tu sors de cette pièce sans m'expliquer la raison de ton comportement Pandora Fortune, je jure que je ferais tout pour que le duc sache tes plans immoraux quant à l'annulation de votre union ! »

A cet instant précis, Pandora s'était arrêtée. Sa sœur osait lui faire du chantage ? A elle ? Elle avait tout vu dans sa vie, mais de là à ce que la personne pour laquelle elle avait sacrifié des années de vie commune avec leur père, la trahirait pour si peu... Pandora en était dégoûtée. Se tournant totalement afin de faire face à sa sœur qui avait les mains sur ses hanches et la regardait, un sourire triomphant sur son visage, Pandora lui répondit :

« Tu es bien naïve ma chère sœur.

— Et toi bien insipide !

— Crois-tu qu'un homme n'aurait pas saisi l'occasion de te gâter dans ce salon ? Surtout en l'absence de père et des domestiques ? »

Leur père, passant la soirée chez un ami, avait demandé à Pandora de veiller sur Faith et l'avait informée qu'il rentrerait bien tard. Quant aux domestiques, le soir, il ne restait plus que la cuisinière et le majordome, ou même Annie, mais seulement eux trois. Et ce n'était pas par choix, mais justement parce qu'ils habitaient dans le domaine familial des Hemptons qu'ils étaient là. Le comte leur avait attribué des appartements à chacun afin de combler le vide qu'il avait ressenti lors de la mort d'Arabella.

« Henry était là. Et Le marquis n'est pas ce genre d'homme. Et même si ça avait été le cas, j'aurais su me défendre.

— Ce genre d'homme ? Il n'y a aucun genre d'hommes mon enfant, et tu l'apprendras au fil de tes expériences avec eux. Tous les hommes ont les mêmes envies. Et s'il t'avait demandé de renvoyer ton majordome à d'autres tâches que celle-ci, je ne pense pas qu'il n'aurait pas saisi cette occasion. Tout homme sensé l'aurait fait. Elle marqua une pause avant de continuer : Connais-tu la sensation d'être prise au piège dans les bras d'un homme ? Sans aucun moyen de te défendre ? Sans même le son de ta voix, tellement tu es terrifiée par cette situation qui t'es inconnue ? J'en doute fortement.

— Comment peux-tu dire cela ? Tu ne le connais pas. Tu parles comme si tu savais déjà tout sur tout, j'ai toujours détesté ce côté-là chez toi, répondit Faith, sur un ton moqueur.

— Il ne me suffit pas d'une après-midi pour le connaître ma chère, il suffit juste de connaître un tant soit peu le sexe opposé pour savoir de quoi ils peuvent être capables. La méfiance fait partie de notre éducation, si tu restes naïve Faith, je crains que le pire ne t'arrive à moins que l'on ne veille sur toi. L'expérience fait tout, ma chère. »

Sa sœur cadette eut les larmes aux yeux, elle eut pourtant la force de la fusiller du regard, avant de lui répondre brusquement :

« Veiller sur moi ? Où étais-tu lorsque j'entrais dans le monde ? Lorsque je me sentais seule et que père s'absentait souvent pour partir en voyage, me laissant avec cette gouvernante aigrie ? Quand fut envoyée ta dernière lettre ? Avoir une sœur et ne pouvoir compter sur elle à certains moments, devient dur, mais bien sûr, tu ne le sais pas puisque tu ne t'es jamais soucié de ta propre famille. Tu t'es éloignée de nous pour vivre une vie de débauche en Italie ! Je suis sure et certaine qu'après l'annulation de ton mariage avec ce libertin, tu t'en iras une fois de plus. De toute manière, je ne veux plus te revoir, tu n'es qu'un fardeau pour père et une nuisance dans ma propre existence. Tu tiens cela de mère, regarde dans quel état elle a mis notre père, je suis sure qu'elle n'a jamais été aussi sainte que nous le pensions. Les Italiennes n'ont jamais respecté le sens des convenances de toute manière. »

Ce fut la goutte qui fit déborder le vase. La gifle fut forte et brutale. Et les larmes de la jeune sœur roulèrent le long de ses joues avant que son regard choqué ne se pose sur Pandora, qui, le cœur battant, et autant abasourdie que sa sœur, replia sa main et serra son poing le long de son corps.

« Comment...Tu...Com...Il... », balbutiait Faith, l'une de ses mains glissant le long de sa joue, qui fut rouge après le coup reçu.

La jeune femme déglutit péniblement, et, les larmes aux yeux, elle lui répondit calmement :

« Je peux accepter que tu sois en colère contre moi et sur le fait que je ne t'ai pas apporté autant d'amour que tu aurais dû en avoir. Je suis aussi désolée de n'avoir été là ces dernières années, mais retourner ici m'était insupportable, et ce depuis la mort de maman. Mais que tu oses insulter mère, je ne l'accepterai pas. Et si père t'avait entendue, je suis certaine qu'il n'aurait jamais accepté que tu parles de son épouse ainsi. »

Sa sœur cadette, encore surprise de la gifle qu'elle reçut, ne lui répondit pas. Elle préféra baisser son regard sur le sol, puisque Pandora commençait à l'effrayer par son regard noir.

« Je vois qu'il t'a laissé beaucoup trop de libertés jusqu'ici, notre fortune ne subvient qu'à tes propres besoins entre tes voyages et tes dépenses exubérantes pour des choses inutiles. Maintenant que je suis de retour, je te préviens que tu seras surprise des nouveaux changements que nous opérerons. Tu voulais que je sois là pour t'éduquer autrefois, et bien maintenant, tu seras heureuse que je le fasse. »

Pandora ne supporta plus longtemps de la voir dans cet état, et elle préféra quitter elle-même le salon avant de la voir se précipiter jusqu'à sa chambre afin de pleurer. D'un pas mal assuré, le menton levé, elle sortit par l'une des trois portes et monta précipitamment les escaliers, les larmes commençant à couler le long de ses joues qu'elle essuya à l'aide des revers de ses mains. Claquant la porte de sa chambre derrière elle à son arrivée, la jeune femme s'y adossa et ferma ses paupières tout en balançant sa tête en arrière, la levant en direction du plafond.

Si seulement elle avait su ce qu'il s'était passé à la mort de leur mère, si seulement elle l'avait connue... Pourquoi avait-elle déserté Londres et n'avait pas fait son entrée ? Tout simplement parce que la vue de son père, à la fois brisé et incontrôlable, l'avait horrifié. Sa mère et elle, avaient toujours été proches, il était donc normal pour Pandora qu'elle soit touchée par sa mort, elle était l'aînée et était âgée de plusieurs années de plus que Faith, et donc, logiquement, elle avait eu conscience de ce que la mort de leur mère avait engendré. Mais sa mort fut si brusque qu'aucun des deux, ni le comte, ni Pandora elle-même, n'eurent la force d'en parler. Et même aujourd'hui, il était difficile de dire ce qu'il s'était passé.


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