Chapitre I
Debout, près de la fenêtre, vêtu d'un gilet bleu nuit qui s'accordait parfaitement à sa chemise en soie blanche et son pantalon de même couleur, le duc de Wayland eut la vision d'un homme au sang royal. Malgré ses cheveux auburn mal coiffés et ses yeux ambrés ternis par la vieillesse, l'homme qu'il aperçut, lorsqu'il pénétra dans la pièce, l'accueillit avec un sourire malicieux que Trevor trouva étrange. Retirant sa pipe de sa bouche, en laissant sortir la fumée d'entre ses lèvres, il s'aperçut que son regard se tourna vers lui.
« Je suis heureux que vous ayez accepté mon invitation, dit-il simplement. »
D'un geste de la main, le comte d'Hempton invita le duc à s'assoir en face de son bureau, sur un fauteuil qui paraissait confortable à vue d'œil. Néanmoins, Trevor préféra rester debout ce qui ne le gêna aucunement. Le duc de Wayland attendit quelques longues minutes qui lui parurent être des heures entières avant de lui demander :
— J'aimerais que vous m'aiguilliez.
— C'est-à-dire ? »
Donovan Hempton s'attarda un moment sur l'accoutrement du duc, il avait l'air tout à fait respectable bien qu'il préfère la mode des messieurs du monde, le duc de Wayland ne manifestait aucune frivolité à vue d'œil, avec ses traits durs.
Il manqua donc d'entendre les quelques paroles du duc et s'en excusa promptement, cependant en mâchant ses mots. Ses observations ne s'attardaient nullement sur l'accoutrement d'une personne, non plus par son degré d'intelligence, c'était beaucoup plus que ça. Pour lui, s'il devait cerner une personne pour mieux la comprendre et savoir à qui il avait à faire, le comte pensait que c'était sur la façon que l'individu avait de se définir.
Observer pour mieux comprendre.
C'était vrai, mais parler était une chose qu'il préférait. La société, dans laquelle ils vivaient tous les deux, se conformait simplement à des règles strictes et donc des préjugés apportés par une seule et unique opinion publique, que tout le monde se devait de suivre. Donovan ne s'était donc jamais approché des hommes de la société, il figurait surement dans la liste des nobles exclus en raison de sa façon de penser. Mais qu'est-ce que cela lui apportait donc ? Il avait déjà des vieux amis avec lesquels il s'amusait. A présent c'était de l'avenir de sa fille qu'il était en jeu.
« J'étais en train de vous dire, pourquoi, après deux années de recherches, vous ne m'avez prévenu que maintenant que l'une de vos filles, si j'ai bien compris votre lettre, était mon épouse actuelle ? Pourquoi mon père et vous-même en êtes convenus à contracter un mariage sans nos consentements ? Car je doute que cette jeune femme soit au courant de vos petites manigances. Qui est-elle ? Et pourquoi n'ai-je jamais entendu parler de cette Pandora Fortune ? A-t-elle été touchée par un certain scandale qui lui ait fait fuir le pays, ou bien est-elle alitée ? Je vous prie de m'éclaircir monsieur, j'ai du mal à comprendre. »
Les pupilles ambrés du comte se posèrent finalement dans celles bleutées du duc qui demeura à la fin de ses paroles, silencieux, attendant résolument les réponses qu'il s'attendait à avoir. Cependant la brusque apparition d'une jeune femme dans la pièce le rendit impatient, toutefois sa curiosité prit le dessus.
« Papa ! Pandora arrive dans... »
La jeune fille se tut, se rendant compte que le bureau de son père comportait plus d'une personne à l'intérieur ce qui était inhabituel. Elle posa son regard sur le duc et, écarquilla des yeux, surprise de voir que c'était bien le libertin notoire et donc le duc de Wayland qui se retrouvait en face d'elle.
« Je vous présente ma fille, Faith Fortune.
— Enchantée Votre Altesse, dit-elle dans une affable révérence, prenant soin de s'appliquer à la tâche afin de lui montrer le respect qu'elle avait pour lui. »
Faith l'avait toujours admiré, non pas parce qu'il était bel homme, pas seulement pour cela en tout cas, mais parce qu'il était pertinent, intelligent et franc dans la société conformiste dans laquelle ils étaient contraints de s'exprimer sans trop de libertés.
Notamment pour les femmes, c'était même déconseillé. Étant considérée comme le sexe faible, la gente féminine devait penser à travers celle masculine : père, époux et frère. C'en était fatiguant. Pourtant le duc de Wayland sortait des simples mœurs, ce qui pouvait en choquer plus d'un, mais étant d'un titre supérieur aux autres, personne n'oserait remettre en question son comportement ou bien ses pensées.
« Enchantée Lady Fortune. Ravie de faire votre connaissance, Trevor marqua une pause avant de continuer, je vous en prie finissez de parler, je voudrais entendre ce que vous avez à dire à votre père.
— Je...
— Cela concerne mon épouse c'est bien cela ? »
Le duc la regarda, d'un air intéressé. Faith roula des yeux, lança un regard à son père qui esquissa un sourire narquois avant de reposer ses yeux sur le duc de Wayland. Avait-elle bien entendu ses dires ? Épouse ? Pandora, son épouse ? Quels étaient les manigances de son père cette fois ci ?
« Et bien..., elle se racla la gorge avant de les informer soudainement, ma sœur ainée est de retour à Londres après une longue période d'absence, et il est dit dans la lettre qu'on vient de nous faire parvenir, que son attelage arrivera en début de soirée et qu'elle pourra donc diner avec nous.
— Pandora est finalement de retour, je suis heureux de l'apprendre Faith ! S'exclama le père, n'étant pas réellement surpris de la nouvelle puisqu'il le savait déjà.
— Tu me dois des explications papa. Pandora est mariée ? Pourquoi ne me l'as-tu pas dis ?
— Il suffit. Tu devrais aller informer les domestiques de préparer sa chambre et le diner de ce soir.
— Mais-...
— Faith. Ne vois-tu donc pas que je suis occupé ? »
Elle le fusilla du regard, releva son menton et sortit de la pièce de façon théâtrale. Cela amusa le duc qui en esquissa un sourire. Néanmoins le divertissement fut de courte durée, et ses pensées se dirigèrent immédiatement sur la venue de sa femme. Était-ce donc pour cela que le comte lui avait envoyé cette lettre un peu tard, la veille ? Il voulait sans doute lui annoncer le retour de son épouse à Londres et la raison pour laquelle il n'avait pu la retrouver durant ses dernières années.
« Votre père avait convenu de vous marier bien tôt, votre épanchement pour certaines libertés l'a mené à penser qu'à sa mort, lorsque vous reprendriez le duché, que vous auriez aussitôt à prendre des responsabilités.
— Mon père n'a jamais aimé ma façon de penser. Il était un homme assez strict, mais juste. »
Trevor avait toujours eu l'habitude de se faire réprimander pour des choses sans aucune gravité, malgré cela il savait que son père réagissait ainsi pour l'endurcir et lui apprendre à assumer les conséquences de ses actes.
« Je vous en prie, continuez.
— Concernant vos responsabilités, il pensait que vous n'auriez pu tout assumer vu votre comportement en société. Votre père m'a donc chargé de vous trouver une épouse convenable étant dans l'incapacité de la trouver lui-même vu la maladie dont il fut touché.
— Et vous avez donc choisi votre fille ? »
Trevor haussa un sourcil, interrogateur, ne comprenant pas pourquoi un père tel que lui, se souciant vraisemblablement de ses filles, choisirait un libertin de sa trempe pour l'une d'elle.
« Vous pensez surement que j'ai fait le mauvais choix, mais au contraire.
— C'est-à-dire ?
— Pandora est une jeune femme indépendante depuis la perte de sa mère. Nos coutumes n'auraient pas contribué à son bonheur.
— Vous dites que vous avez préféré qu'elle épouse un homme tel que moi afin de gagner une plus grande liberté ?
— C'est à peu près cela. En épousant un homme, elle aurait à gagner son indépendance. Mais il ne suffisait pas que ce soit avec n'importe quel homme. »
Trevor commençait à y voir plus clair. Il laissa donc le comte continuer.
« Si cet homme s'avérait être un libertin sans aucune attache aux femmes, et sans même aucune conception du mariage, ma fille n'aurait pas eu à endosser son rôle d'épouse ni même à vous supporter. Non seulement cela avait convenu à votre père, mais à Pandora elle-même !
— Elle n'a donc jamais voulu connaitre ma personne ?
— Jamais. Elle considérait le fait qu'étant à présent libre par un mariage civil, je n'avais plus aucune autorité sur elle, ce qui était vrai et qu'elle pouvait donc user de cette liberté pour voyager. Cependant, j'ai entendu dire qu'elle s'était installée dans la campagne perdu d'Italie et ce, depuis quelques années déjà.
— Mariage civil ? Italie ?
— Ma fille a été claire sur le fait qu'elle ne présente aucun lien avec son époux que grâce à des papiers, qu'elle a signé afin de se présenter comme votre épouse. Et que si elle souhaitait rompre son mariage, il lui suffirait de preuves tangibles, ou de témoins oculaires qui présenteraient une fraude à votre mariage.
— Vous dites que si elle, ou moi, souhaiterions rompre le contrat de mariage, il nous suffirait de demander à ce que le contrat soit réétudié par des avocats avec une accusation convaincante sur n'importe quoi, pour que ceux-ci annulent notre mariage.
— Avec la réputation de ma fille, ou plutôt son anonymat complet, il vous serait difficile d'annuler ce mariage mais vous êtes un homme, et Dieu seul sait que le pouvoir est aux hommes à notre époque. Tandis que de son côté, si elle voulait divorcer, il lui suffirait d'apporter avec elle le contrat de mariage, qui est en votre possession, devant les avocats pour qu'elle le fasse de son côté. Et puis, il est invalide encore...Puisque le mariage religieux aurait dû s'ensuivre.
— Donc, j'ai les cartes en ma possession puisque j'ai non seulement le contrat, mais que ma parole suffirait à écarter ses preuves. »
Le comte esquissa un sourire, le duc pouvait décider de garder sa fille ou non, il avait toujours le choix. Vu que s'il décidait de ne pas vouloir être marié à Pandora, il ne pourrait revenir sur sa décision lorsqu'elle irait demander elle-même le divorce. Il était sûr qu'elle le ferait avant lui.
« Elle parle couramment Italien.
— C'est juste.
— Pourquoi ne revient-elle que maintenant ?
— Après la mort de votre père, je savais que vous seriez à la recherche d'une épouse afin de concevoir aussitôt un héritier et de vous débarrasser de cette tâche qui a dû vous préoccuper.
— Il est vrai que je n'avais aucune conception du mariage, mais je ne me suis pas empêché de penser qu'un enfant pourrait être un cadeau que le Seigneur m'offrirait.
— Vous auriez pu en avoir des dizaines ses derniers années, et pourtant.
— Vous avez raison, néanmoins, je ne voudrais que mon enfant subisse des critiques sur la légitimité de sa naissance. Il serait préférable que mon enfant soit conçu dans une relation autorisée par l'état et le Tout-Puissant lui-même.
— Je l'ai fait appeler afin qu'elle puisse endosser cette responsabilité », finit-il par lui annoncer.
Le duc de Wayland, bien que marié à cette femme, ne pouvait assumer son rôle de protecteur et de mari envers elle. Elle ne convenait nullement aux critères qu'il attendait d'une épouse. Une femme indépendante ? Libre ? A quoi bon cela pourrait-il bien apporter à leur union, ou même à leurs enfants ? Il ne pouvait penser à ce que cette femme fasse une bonne épouse et mère. Elle serait incontrôlable et délaisserait leurs enfants pour aller vivre des aventures dans d'autres pays. Et puis il ne pouvait s'installer en Italie pour ses beaux yeux. Si elle s'avérait aussi séduisante que sa sœur cadette, Trevor aurait pu faire une exception pour la jeune demoiselle cependant, pour lui, il était important que sa famille soit unie.
La sienne avait été détruite par l'égoïsme d'une femme et la fierté d'un homme. Si Pandora Fortune l'était à cause de sa soif de libertés, il ne s'empêcherait pas de demander une annulation du mariage aussitôt. De toute manière, Trevor n'allait pas y réfléchir plus longuement. Pour lui, elle ne correspondait aucunement à ce qu'il recherchait alors que Clarissa Brighton, c'était tout le contraire.
« Voudriez-vous diner avec nous ce soir afin que vous puissiez y faire sa rencontre ? »
Trevor Maynfield réfléchit longuement à sa proposition. S'il la voyait dès ce soir, il pourrait donc amener le sujet de l'annulation de leur mariage aussitôt leur rencontre accomplie. Ensuite, les jours qui suivront, seront d'un grand soulagement pour lui. Le duc aurait la liberté de contredire cet affreux scandale sur son mariage et finirait par avoir ce qu'il désirait. Et ce qu'il désirait n'était autre que Clarissa Brighton. Cette femme aux compétences bien particulières et dont sa beauté révélait une grande bonté d'âme. Le testament attendrait.
« Je serais particulièrement ravi, en effet, de pouvoir finalement la rencontrer », répondit alors le duc.
****
Le comte d'Hempton était un homme intéressant. Bien que Trevor n'ait jamais parlé avec lui auparavant, aujourd'hui, patientant jusqu'au dîner et au retour de Pandore Fortune, il était resté en sa compagnie. Et il avait préféré la compagnie du comte que celle de sa maîtresse. Il constatait que Donovan Hempton était un homme aux goûts singuliers et dont les sujets de discussion, étant non seulement divers, s'avéraient être aussi captivants que sa personne même. A présent qu'il en savait plus sur cet homme, ne pouvait-il donc pas lui demander de l'aider à propos de l'annulation de son mariage avec sa fille aînée ? Ou peut-être qu'il l'offenserait. Non. Trevor était certain qu'il ne réagirait pas ainsi. Cependant avancer ce genre de sujets au milieu d'un dîner serait inconvenable de sa part, surtout si son épouse revenait d'un long voyage. Elle serait épuisée et n'aurait pas la tête à cela.
« Penses-tu qu'elle appréciera de me revoir Henry ? » demanda soudainement le comte à un domestique qui entra dans la pièce.
Les yeux de Trevor se posèrent sur le majordome qui se tenait dans une parfaite posture à quelques mètres de la porte. Il était apparu, il y avait quelques minutes sans s'annoncer, avec une discrétion étonnante. C'était un vieil homme à la carrure pourtant impressionnante, vu l'âge qu'il devait avoir, c'était tout aussi surprenant. Une balafre défigurait son visage, étant placée le long de sa joue droite, le duc ne savait ce qu'il avait pu vivre pour obtenir cette triste cicatrice au visage mais il semblerait qu'il possédait un passé tumultueux. Son regard presque menaçant défendait un homme de le provoquer ne serait ce même que pour s'amuser. On y apercevait, à travers son costume tout en noir, qu'une petite bedaine ressortait à la vue de tous. Bien que Trevor fasse une demi tête de plus que lui, Henry ne manquait pas de lui montrer que bien qu'il soit un noble, lui, avait vécu beaucoup plus de choses que lui. Et tout cela il l'avait lu dans son regard lorsqu'il avait daigné le poser sur sa personne.
« Je ne saurais vous le dire milord, seulement, votre fille n'appréciera pas la présence du duc à ce diner. »
Le comte en rit moqueusement, il savait pertinemment que Pandora finirait par le réprimander.
« Ou peut-être que c'est vous qui n'appréciez pas ma présence », rétorqua le duc en esquissant un sourire moqueur, le regardant.
Il s'aperçut que le majordome n'osait lui répondre. Trevor supposa à cet instant précis, qu'il avait l'habitude d'être franc avec le comte et même ses filles, néanmoins il restait un invité. Le duc l'entendit se racler la gorge avant d'annoncer d'une voix forte :
« Lady Fortune est arrivée milord. »
Trevor remarqua que le comte passa d'une émotion à une autre. Dans le silence pesant qu'il y avait dans la pièce, ses yeux ne purent que se poser sur Donovan Hempton qui devenait tout d'un coup troublé par la subite présence de sa fille aînée dans sa demeure.
« Hum...Et bien faites la venir, je vous prierai de lui dire qu'il y à un invité important ici. »
Lorsque le majordome passa la porte, Faith y entra au même moment.
« Dora est ici. Je viens de voir les domestiques transporter ses malles dans son ancienne chambre. Où est-elle ? S'écria celle-ci, impatiente.
— Elle viendra lorsqu'elle se sera changée. Je pense qu'elle est épuisée par ce voyage, répliqua le comte avec une note d'inquiétude au fond de sa voix.
— Il serait peut-être temps de s'installer à table, qu'en dites-vous ? rajouta-t-il en regardant les deux individus dans la pièce esquissant un sourire emblématique. »
N'y trouvant pas de refus, il les dirigea alors immédiatement dans la pièce d'à côté. Il s'y trouvait au milieu de la pièce une longue table, de forme rectangulaire recouverte d'une nappe en dentelles brodée à la main, d'un ton gris clair. Dessus se trouvait les nombreux couverts et des chandelles à quatre-bras, allumées, ainsi qu'un pot de fleurs. A quelques mètres plus loin, il y avait un coin où se trouvaient deux grands fauteuils en cuir marron, placés aux extrémités d'une cheminée et tournés vers elle. Celle-ci se faisait alimenter par une jeune femme rondelette aux cheveux blonds cendrés et à la peau rosée. C'était Sophie, la cuisinière et la compagne du majordome.
Lorsqu'elle se redressa pour faire face aux personnages qui entrèrent dans la pièce, elle leur adressa un sourire et les salua, soignant sa révérence.
« La petite est rentrée à ce qu'on m'a dit ? Où est ma Dora ? J'ai préparé ses tartes aux myrtilles comme elle les aime ! »
Sophie essayait de regarder pardessus les épaules de chacun, ayant empoigné les plis de ses jupons, afin de les soulever puis s'appuyant sur la pointe de ses pieds. Elle pensait avoir une meilleure vue ainsi.
« Elle arrive Sophie, patiente donc. Tu l'auras pour toi les jours à venir. Enfin, nous l'aurons pour nous. », l'informa Faith avec un sourire.
Le duc de Wayland apercevait la hâte des domestiques à revoir l'ainée de la famille Fortune. Sa curiosité fut donc attisée par eux, et le comte n'en demandait pas moins du duc. Donovan était certain que Pandora plairait à Trevor Maynfield, toutefois il n'était pas aussi sur du côté de sa fille. Elle n'avait jamais été intéressée par un homme, enfin d'aussi loin qu'il s'en souvenait, le comte ne l'avait pas vu en fréquenter.
« Et bien, prenez place, je vais demander aux filles de vous apporter les plats. », leur informa la cuisinière qui jeta un regard au duc de Wayland.
Une dizaine de minutes plus tard, la table pleine de différents plats, le majordome entra dans la pièce, confus. Il se racla la gorge, puis, après avoir eu l'attention de tout le monde, annonça :
« Lady Fortune... »
Le comte et sa fille avaient arqué un sourcil, attendant la suite de sa phrase. Quant au duc, il avait reposé ses couverts sur la table, s'était essuyé immédiatement la bouche avant de se lever, se tournant vers la première porte à leur droite.
« Lady Fortune, répéta-t-il suivi d'un autre raclement de gorge, avant de continuer, souffre d'une atroce migraine. Elle manquera donc le diner de ce soir, elle m'envoie vers vous afin de vous faire part de ses plus plates excuses. »
Trevor fronça des sourcils. Il resta un instant silencieux, sous les regards des individus dans la pièce, puis se tourna vers le comte afin de lui dire :
« Si vous voulez bien m'excuser, je dois m'occuper d'affaires importantes et étant donné que je n'ai plus rien à faire ici, je me dois de rentrer.
— En espérant que vous ayez passé un bon moment en ma compagnie, Votre Grâce, répondit le comte d'Hempton, visiblement amusé par le retournement de situation. »
Trevor semblait déçu, il s'attendait surement à rencontrer son épouse et ensuite demander à l'annulation de leur mariage tout en négociant avec Pandora. D'un hochement de tête en signe de salutation, le duc de Wayland sortit de la pièce en se faisant accompagner par le majordome. Une fois la demeure quittée, il demeura interdit durant le long de son voyage jusqu'à son domicile. Il ne pouvait s'inviter dans la demeure du comte quand il le voulait, les rumeurs allaient déjà bon train, et il ne voulait que la société sache qui était cette « Lady P. », qui apparaissait dans les journaux à scandales. Trevor trouvait déjà cela agaçant de devoir s'occuper de l'annulation de son mariage, alors devoir expliquer le fait qu'elle n'ait jamais paru en publique, ou même qu'il n'avait jamais eu connaissance de cette femme, c'en était frustrant.
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