PDV Omiscient

20h30

Mercredi 20 mars 2013

Après avoir pédalé sans relâche et sans but précis, le jeune Melvin a fini par s'éloigner de la ville, a plus de 4 kilomètres de celle-ci. Maintenant autour de lui, ne s'étant que de la verdure, les habitations se font de plus en plus inexistante et les voitures ne le croise que rarement. Il a mal au mollets, aux cuisses, mais ça ne le dérange pas, la douleur lui occupe l'esprit et il ne pense plus. A rien. Il pédale, encore et encore, presque inconsciemment par automatisme. Finalement après avoir tourné pour quitter la route bétonné et s'être enfoncer dans un sentier caillouteux, il abandonne son vélo, pour accéder à un chemin pas très praticable. Se frayant un passage à travers les arbustes, les poussant de ses bras pour qu'ils évitent de lui griffer le visage, il s'enfonce peu à peu dans les bois, longeant une rivière. Ses pas le conduisent au bord d'une cascade, qui se jette environ trois mètres plus bas, dans une eau verdoyante, formant un bassin qu'on devine profond. Le chemin ne continuant plus, il s'installe alors sur un des gros rocher entourant la cascade et pose son sac à ses pieds, celui-ci devenant lourd pour son dos. D'ou il est, il se trouve à vue d'œil, à un mètre du précipice.

Il à faim, soif et tout à disposition, mais pourtant, il ne veut rien avaler. Son estomac criant famine, ses jambes douloureuses, il ne peut se concentrer sur ses pensées, et c'est ce qu'il cherche. La tranquillité. Il observe l'eau qui chute dans un fracas incessant, s'efforçant de ne plus penser à rien. Plus le temps passe, plus sa vision devient trouble. Ce n'est plus la faim qui le tiraille à présent mais la fatigue. Il se sent épuisé, physiquement et psychologiquement. Ses yeux se ferment tous seul et il finit par se décider a s'étendre sur la pierre suffisamment grande pour qu'il s'allonge jusqu'au genoux. Pendant quelques secondes il se laisse bercer par le ruissellement de la cascade, puis ses paupières se ferment sans plus cligner. Il s'endort.

***

20h30  

De son côté le père du jeune homme de 17 ans est complètement angoissé et ressent un profond sentiment de culpabilité. Son fils avait besoin de lui et il n'était pas là. Il imagine bien l'état dans lequel, il devait être, quand il est rentré à la maison pour retrouver du réconfort, auprès de lui. En larmes et sérieusement perturbé. Une nouvelle comme celle-ci à selon lui complètement secoué son enfant. Et il s'en veut. Il n'arrête pas de se dire, que s'il avait été la ce soir, s'il n'avait pas coupé son téléphone, celui-ci n'aurait jamais pris la fuite. Maintenant il est parti et William à peur. Selon les explications que lui ont donné sa compagne, Gabriel et Soan, son fils va vraiment très mal. Il va mal et il est tous seul...

Le tatoueur ne sait plus ou chercher. Il est allé auprès d'Andy, chez sa meilleure amie Mia, chez le couple d'amis qu'ils côtoient, Arnaud et Félix, mais rien personne ne l'a vu. Et tous les endroits ou il avait l'habitude de traîné n'ont rien donné non plus. D'ordinaire solide, le papa de l'adolescent lutte pour ne pas être submergé par les larmes. Il est inquiet, terriblement inquiet, Melvin à toujours été la prunelle de ses yeux et le savoir loin de lui, au plus mal, lui est insupportable. Les deux dernières années furent très dure pour son fils et à chaque fois que celui-ci craquait ou qu'il se sentait sombrer, il était toujours là pour le consoler, le relever et il avait réussi à ce qu'au fil du temps son moral s'améliore. Puis Soan est arrivé, et il a vu son petit gars changer du tout au tout. Malgré quelques disputes, l'histoire d'amour s'annonçait radieuse. Will pensait que s'en était fini pour Melvin, que ses douleurs étaient derrière lui et qu'il allait pouvoir être à nouveau heureux. Mais la découverte de Gabriel a comme " piétiné" ces mois ou il avait fait, tout son possible pour que son fils, retrouve une vie normale. Il n'en veut pas au jeune garçon, car il se doute que lui aussi a été bouleversé par la nouvelle, c'était son ami d'enfance, presque comme un membre de sa famille. Cependant il ne s'est pas rendu compte de la bombe a retardement qu'il détenait...et maintenant son meilleur ami a disparu, et personne ne sait ou il est...

Toutes les patrouilles policières en service, on été informés de la description du jeune homme ainsi que de son vélo qu'il est susceptible d'avoir avec lui. Mais, comme ça n'a rien donné, et aux vues de l'état certainement tourmenté de l'adolescent, les policiers ont étendue  les infos aux transports, ce qui englobe gare, aéroport, taxis et bus.

Jusqu'ici la seule information connue est venue d'un chauffeur de car qui a failli le renverser en plein centre-ville, mais ça n'a pas vraiment aidé. Depuis M.Dubois, aux côtés du chef des recherches arpente la ville en long en large, mais rien. Son fils semble introuvable, volatilisé. 

Soudain la radio de la voiture se met à grésiller puis une voix plus ou moins net s'exclame:

- Capitaine, le jeune Melvin à été aperçu, sur la départementale 903, il y a un peu plus d'une heure, nous étendons les recherches dans ce secteur?

- Oui faites lieutenant, je prends immédiatement cette direction

****

20h45

Pendant ce temps, endormi sur un rocher, non loin d'une cascade, l'adolescent cligne des paupières mais il ne se réveille pas, il est en plein dans un rêve. 

Allongé endormi sur cette roche, il sent une main caresser ses cheveux, une douce caresse, qui lui fait ouvrir les yeux. Ceux-ci ouverts, il les cligne plusieurs fois pour être sur de ce qu'il voit. Un jeune blond, aux yeux azur qui lui sourit. Il est plus vieux que la dernière fois qu'il l'a vu, sa légère pilosité  couleur blé, retraçant sa mâchoire en atteste. Melvin se redresse face à lui, s'asseyant puis il dit décontenancé...

- Co...comment c'est possible...tu...tu es...

- Mort oui...tu me vois à cause de ton inconscient...je suis comme un mirage...

Ses mains tremblantes viennent saisir son visage, s'attendant à ne rencontrer que du vide, comme un fantôme de son imagination, mais ce n'est pas le cas. Il ressent sa peau sous ses doigts, il peut les glisser dans ses cheveux, sentir à nouveau leur douceur.

- Je peux te toucher...

-  C'est parce que tu le veux au plus profond de ton coeur...mais ce n'est pas réel...je ne suis pas réel...vinny...

- Dans ce cas, je veux rester ici avec toi pour toujours...

Le jeune homme aux cheveux d'or, assis en face de Melvin, sur un autre rocher, se penche vers lui et se dépose délicatement sur ses lèvres. Cela ne dure qu'un instant, un cours instant mais le rêveur à l'impression de pouvoir goûter à sa bouche à nouveau. Il se sent bien contre-elles. Mais malheureusement, le charme du moment s'interrompt quand son partenaire s'éloigne.

- Tu ne peux pas rester avec moi pour toujours...tu es en vie toi mon vinny et tu as un petit-ami merveilleux. Tu as trouvé ce garçon dont je te parlais...il t'aime autant que moi et il est formidable. Je suis content de celui que tu as choisi.

- Je peux pas être avec lui...

- Parce-qu'il vit grâce à moi... je sais que ça doit être étrange pour toi, mais il n'y est pour rien et moi non plus. Ce jour la, j'ai pu lui venir en aide, ça aurait pu être une autre personne mais ce fut lui...que tu tombes amoureux de lui plus tard, et que lui aussi, c'est un pur hasard, c'est tout.

- C'est vrai petit prince...je ne savais pas pour mon donneur, dit-une voix derrière lui qui n'est autre que celle de Soan.

Le tatoué s'installe à ses côtés et prends sa main gauche enlaçant leurs doigts.

- Je t'aime et j'ai pas envie de te perdre, je sais c'est bizarre, ça me trouble aussi mais...je veux pas qu'on se sépare...on est bien ensemble, on est heureux, je suis sur qu'on peut surmonter ça.

- Il a raison vinny, vous êtes bien ensemble, tu ne doit pas tout gacher, ce serait trop bête.

Lâchant la main de son petit-ami, Melvin pose ses coudes sur ses cuisses, sa tête dans ses mains et ses doigts s'agripent à ses cheveux.

- Laissez-moi, partez, laissez-moi...

- Vinny...

- LAISSEZ-MOI! ALLEZ-VOUS EN! ARRETEZ DE PENSER POUR MOI! PARTEZ! PARTEZ!

Se réveillant d'un coup, il comprend que tout ce qu'il s'est imaginé n'était qu'un simple rêve. Ou plutôt cauchemar. Il ne sait plus ou il en est, il est toujours perdu. Se redressant sur la roche, il s'assoit et s'effondre en larmes. Son rêve reprend place dans son esprit, il n'arrive pas à le chasser, il se souvient du baiser de son ex, de ses sensations qu'il pensait jamais retrouver, le toucher, l'embrasser...puis il se rappelle qu'il est mort, que jamais plus il ne le reverra. Et il y a Soan, il l'aime comme un fou, mais ce songe n'a fait que le perturbé encore plus. Il n'arrive plus à mettre en place ses pensées. Il a juste envie que tous les deux le laisse tranquille. Il pense trop, tellement que ça le rend dingue. Ses sanglots redoublent, il en peux plus. Soan et Andreas reviennent sans cesse dans son esprit, il n'arrive pas à les chasser.

- Laissez-moi, laissez-moi, j'en peux plus,Laissez-moi...dit-il alors que ses mots sont entrecoupés de sanglots

Il se lève, toujours en larmes, et hurle sans relâche les mêmes mots" LAISSEZ-MOI, LAISSEZ-MOI" tirant  sur ses cheveux, il pense trop, ça le rend dingue. Il hurle tellement fort, qu'il n'entend pas les hommes arriver non loin de lui. A leur tête, un père inquiet qui sens son cœur se serrer quand il découvre son fils, en pleine crise de nerfs. De nerfs et de larmes. Il ne l'a vu qu'une fois dans cet état-là, juste après la mort d'Andreas. Melvin se tient à présent au bord de la chute d'eau. Il tremble de tous son corps, ses cris se sont apaisé mais il répète inlassablement les même mots, tout en fixant le bassin d'eau sous lui.  Il avance ses pieds de même pas cinq millimètres, il ne sait plus ce qu'il fait, il veut juste oublier. Il amorce un autre mouvement levant la jambe mais des bras viennent lui encercler la taille, le tirant en arrière et ils tombent tout deux à même le sol. Le père heurte le rocher sur lequel était assis son fils plutôt, mais ne tient pas compte de sa légère douleur au dos, ce qui l'importe c'est son petit gars, qui craque de plus belle entre ses bras. 

- Je suis désolé papa...je voulais pas vraiment sauter...je veux juste oublier...oublier ce qu'il y a dans ma tête...dit-il d'une voix brisée

- Je sais chéri, lui répond-il déposant un baiser dans ses cheveux. - Ça va aller, c'est un gros choc que tu as eu mais ça va aller, tu verras.

- J'arrête pas de revoir...l'accident...je rêve de lui...et puis y'a Soan...

- T'es perdu et c'est normal, mais ça va aller...ne t'en fais pas ça va aller. Tout va bien aller, je te promets. Mon petit garçon.

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22h00

Quelques temps plus tard, William se trouve à l'hôpital auprès de son fils. Pour éviter une autre possible crise de nerfs, les médecins lui ont administré un sédatif. Selon eux, il fallait que le jeune homme reste en observation après la découverte qu'il n'aurait jamais du faire.  A présent il dort tranquillement et son père ne le quitte pas des yeux. Sa compagne l'a rejoint après qu'il est transmis un message à tout le monde pour les avertir qu'ils l'avaient retrouver sain et sauf. Et il a aussi transmis au petit-copain de son fils  un message disant que ce serait long pour qu'il accepte la nouvelle, et qu'il devrait attendre avant de le revoir. Soan, à dit qu'il comprenait mais que de toute façon ce serait dur aussi pour lui d'oublier les mots qu'il a entendu. Will à dit à son fils, que son petit-ami n'était au courant de rien et qu'il l'aimait vraiment, ça à eu pour effet qu'il pleure à nouveau. Mais les médicaments l'ont vite endormi.

- Je m'en veux tellement de pas avoir été la pour lui...

- Mon amour...tu pouvais pas deviner ce qui se passerait...dit Iris enlaçant ses bras autour de son cou

- Je sais mais j'aurais du garder mon téléphone allumé dans le stade...

- L'important c'est que vous l'avez retrouvé et qu'il soit sain et sauf...

- Je pense qu'il pourra passer au-dessus de ce don avec le temps et même s'il est perdu aujourd'hui...je sais qu'il est très amoureux de Soan. Ce qui me fait le plus peur, c'est que son copain ne lui pardonne pas. C'est en partie grâce à lui qu'il était si heureux...s'il le perds...que celui-ci ne revient plus vers lui, mon garçon sera a nouveau en souffrance...ça me fait trop mal de le voir malheureux...tu l'aurais vu tout à l'heure...

- Ça va aller, ils ont juste besoin de temps tous les deux, Soan est un garçon compréhensif, il arrivera à lui pardonner. Faut leur donner du temps.  Et ne t'en fais pas, je suis là maintenant, Noam et moi on vous épaulera tous les deux. Ça ira.

- Si on l'avait pas retrouver à temps...il aurait pu faire une chute mortelle...mon garçon, mon petit bébé...

- On va bien s'occuper de lui mon amour, tu verras, il ira mieux.

- J'espère chérie, j'espère vraiment.