Mercredi 19 sept.2012

19h00

PDV Melvin

On reste quelques secondes sans parler ce qui me permet de voir à quoi il ressemble aujourd'hui. Il n'a pas vraiment changé en deux ans. Toujours la même tignasse blonde, coiffé-décoiffé, ce regard châtaigne et ce sourire contagieux. En fait c'est tout à fait le même, à part qu'il a grandi en âge et en taille. 16 ans et a vue d'œil, un bon mètre quatre-vingt. Il a toujours été grand par rapport à la normale, c'est pourquoi il a essuyé quelques moqueries. Dans ce monde, on se moque de toi pour n'importe quoi. Mais il avait Andreas pour le soutenir. (Média approx)Gabriel est son ami d'enfance, ils se sont connu en maternelle et ont perduré cette amitié jusqu'au bout. Même durant la période ou tous deux, ont été séparé lors du passage au collège. J'ai fait connaissance, de Gaby en même temps qu'Andy, en quatrième, quand je suis tombé dans la classe de celui qui serait mon futur chéri.

Bref j'ai connu son ami de toujours et on se voyait fréquemment les mercredis et les weekends. Je me suis tout de suite entendu avec lui, c'est un gars super. Andreas a commencé à avoir des vues sur lui, l'été avant la quatrième quand je le connaissais pas encore, et Gabriel a très bien réagi quand il le lui a dit. Il lui a gentiment dit que de son côté il était hétéro et que ce fait tout deux ce n'étais pas possible mais qu'en aucun cas qu'il soit gay ne lui posait problème. Ça allait pour Andy vu qu'il était pas amoureux, juste il lui plaisait, donc sans aucun souci, ils ont continué à être potes. Puis je suis arrivé et cette fois, il a jeté son dévolu sur un gay. Encore une fois, ça n'a posé aucun problème au grand blond qui nous a acceptés sans souci. Puis il y'a eu l'accident, ce dernier moment tous ensemble autour de lui(Andy) et je ne l'ai plus jamais revu...jusqu'à aujourd'hui.

- Salut dit-il timidement.

- Salut Gaby, ça fait longtemps...

- Oui...très longtemps.

- Y'a un banc, à un mètre derrière-toi, tu veux qu'on s'y assoit?

- Ou bien, on peut rentrer à l'intérieur, je vis dans cette maison avec mes parents.

- Je suis pas sûr que ce soit une bonne idée, en fait mon chien vient de courser ton chat, un tigré c'est bien le tien?

- Ah oui, c'est Allumette.

- Mignon comme petit nom.

- Ouais, elle en a hérité parce-que quand on l'a eue, elle a légèrement fait flamber sa queue en panache, heureusement j'ai réagi à temps, avant que ça n'atteigne sa peau, c'était juste les poils.

- Mon dieu. Ce petit nom lui va comme un gant. Moi je te présente Filou, ça fait peu de temps que je l'ai. Il est très gentil, câlin et joueur. Il adore pourchasser les chats.

- Alors en effet, on fait mieux de rester à l'extérieur. annonce-t-il allant s'assoir sur le banc de couleur blanche, fixé au trottoir.

Je m'y installe à ses côtés et mon chien lui se met en position assise et pose sa tête sur mes genoux. Je lui donne des caresses puisque c'est ce qu'il demande et reprend ma conversation.

- Je m'attendais vraiment pas à te voir.

- Oui je sais, j'ai disparu, j'avais besoin de m'éloigner de la ville, j'ai déménagé avec mes parents mais finalement on est revenu ici. Depuis le début de l'été on vit dans cette maison. Je suis désolé d'avoir fui comme ça sans même te dire au revoir, mais te voir me rappelait trop Andreas.

- T'en fais pas je comprends. Je t'en veux pas.

- J'ai cru qu'en m'éloignant, j'arriverais mieux à faire le deuil mais je crois qu'ici ou ailleurs, ça aurait été autant difficile.

- Tu l'as fait maintenant? Ton deuil?

- Oui mais ça a été terrible...j'imagine que tu as morflé toi aussi.

- Humm, j'ai décidé de recommencer à m'autoriser à vivre, il y a très peu de temps, et depuis je tâche d'accomplir ses dernières volontés, à savoir, être heureux, continuer à vivre, et trouver quelqu'un qui m'aimera autant que lui. J'ai déjà bien avancé, je me suis fait une amie géniale, Mia...et j'ai depuis deux semaines environ, un petit-ami.

- Andy en aurait été très heureux, je suis content pour toi Melvin, il n'aurait pas voulu que tu te laisses dépérir.

- Et toi comment ça va?

- Sa mort m'a dévasté...Tu sais que c'était comme le frère que j'avais jamais eu.

- Oui, t'étais son brother, bien plus qu'un ami à ses yeux.

- L'été de son décès, j'ai dégringolé...j'ai arrêté de manger normalement, j'ai perdu du poids à vitesse grand v et je me suis retrouvé hospitalisé. J'étais hideux, la peau sur les os...je refusais de m'alimenter alors on me faisait passer le nécessaire par des tubes. Tubes que je débranchait tout le temps si bien, que les médecins étaient obligé de m'attacher pour que j'accepte leur soin. Je me sentais mort sans lui et même avec la présence de mes parents et de ma sœur, je me sentais seul au monde, je les aimais mais la douleur du a la perte d'Andy m'aveuglait, me lancinait...je voulais plus la sentir, je voulais le retrouver.

- Oh Gaby...j'aurais tellement voulu être là pour toi...

- Tu avais ta propre douleur à gérer, elle devait être cent fois pire que la mienne, j'avais honte parfois de souffrir à ce point alors que toi c'était carrément ton amoureux...mais je ne pouvais m'empêcher d'avoir mal...au point que je voulais crever.

- T'avais aucune raison d'être honteux, il avait pour nous deux une place très importante et il l'a toujours, ça fait très mal surement différemment mais ça fait très mal, alors n'ai pas honte d'avoir du chagrin. Moi tu sais, sans mon père a mes côtés, je l'aurais certainement rejoint...mais j'avais fait des promesses a Andy, il était temps que je relève la tête et que je profite de la vie.

- Oui il n'aurait pas voulu qu'on sombre et qu'on le rejoigne. J'ai mis du temps à me le dire, mais je l'ai fait, au départ c'était pour arrêter de rendre triste ma famille, puis à force de faire de petits efforts, j'ai fini par remonter la pente. J'ai recommencé à manger et j'ai écrit. Un journal de souvenir. Ça me faisait tellement de bien de me rappeler tous nos délires, nos conneries, les moments les plus beaux. A côté de ça, j'ai commencé à faire du sport, pour me défouler, me sentir mieux. De la musique des baskets, quelques foulées et ça fait du bien. Aujourd'hui, de temps en temps, j'ai un petit coup de mou, mais je lis mon journal, et ça passe ou alors je cours.

- Moi, mon apaisement, c'était quand j'allais le voir chaque semaine, je lui racontais ma vie, à quel point il me manquait, même si j'étais triste en sortant, je me sentais un peu mieux à chaque fois, puis j'ai rencontré un garçon et je me suis dit qu'avoir un ami ne me ferait pas de mal, on a fait connaissance et finalement, je lui ai laissé une place dans mon cœur. Puis y'a aussi Mia, cette amie que j'ai connu en rentrant en seconde cette année, et depuis que je les ait, ça va vraiment, vraiment beaucoup mieux, je souris a la vie, a l'amour, au bonheur.

- Je suis vraiment heureux de te revoir Melvin, j'avais peur de revenir te voir, de peur que ça éveille de mauvais souvenir mais au contraire, je me rends compte que ça me rappelle les meilleurs, il était heureux avec toi, c'est cette image que je garde de vous. Il a eu une vie heureuse grâce à toi.

- Grâce à toi aussi Gaby. Moi aussi je suis heureux de te revoir, moi aussi j'ai que les beaux souvenirs en tête, tous nos instants à 3 en train de faire les cons.

- On ne faisait que ça. J'espère qu'on arrivera encore à avoir ce genre de délire, même s'il n'est plus là.

- Mais oui, il est toujours avec nous, tout le temps, dans nos pensées, dans nos cœurs.

- Bon et alors, tu as un mec, faudra que tu me le présente.

- Je te préviens, il est loin de ressembler à Andréas, physiquement et dans sa personnalité.

- De toute façon personne ne peut ressembler a Andy et puis c'est bien ça prouve que tu ne cherches pas à le remplacer mais à vivre autre chose.

- Oui, je fais bien la part des choses, sinon je me serais jamais aventuré dans une nouvelle histoire. Ça aurait été idiot de ma part de sortir avec un mec juste pour qu'il me rappelle Andreas et que je le recherche à travers cet autre garçon. J'aurais jamais retrouvé Andy et j'aurais fait souffrir quelqu'un qui le mérite pas. Là, je suis avec Soan et rien qu'avec lui. J'aimerais toujours mon premier amour mais aujourd'hui j'ai un nouveau copain et c'est à lui que je veux me consacrer maintenant.

- C'est totalement naturel, ta vie amoureuse se poursuit et c'est ce qu'il voulait. Ça me fait plaisir pour toi et pour lui.

- Je suis content que tu le prennes si bien, je pensais que ça t'aurait gêné que je retrouve un mec, tu m'a toujours vu avec ton meilleur ami alors ça aurait pu te déplaire.

- Non bien au contraire, je suis content. Certes ça me fera peut-être bizarre au début de te voir avec ce gars mais c'est normal.

- Bon moi je vais devoir rentrer, j'ai des devoirs que j'ai pas encore fait et mon père va pas tarder, faut que je fasse à manger. Tu disparais plus, on se revoit vite?

- Oui, on a perdu beaucoup de temps, Andy voudrait nous mettre des coups de pieds au cul s'il savait.

- J'en suis certain. Je te donne mon numéro?

- Oui, je te rentre et je te bip comme ça tu as le mien.

- Ça marche. 06 xx xx xx xx

Mon portable vibre et je rajoute mon nouveau contact " Gabriel" à ma liste.

- Au fait, t'es en première toi maintenant? T'es scolarisé ou?

- Non seconde, j'ai redoublé. Comme toujours au privé.

- C'est pour ça que je t'ai pas revu plutôt, moi je suis toujours au public et en seconde, j'ai également redoublé.

- Ah ok, ben, on s'appelle, que tu me présente tout le monde?

- Entendu. On se retrouve bientôt.

- Promis hors de question qu'on se perde à nouveau de vue.

Sans que je m'y attende, il me prend dans ses bras me serrant brièvement et je fais de même avant qu'on se détache.

- Je suis content que tu reprennes ta place dans ma vie, je m'attendais pas à tomber sur toi mais je suis content que ce soit arrivé, je trouve que t'es un gars super et ça m'a manqué de plus voir ta bouille.

- Oui moi aussi, ta tête de hérisson m'a manqué, sérieusement, je suis content de te retrouver. C'est encore une belle chose dans ma vie. Allez j'y vais. A très vite.

- Oui bye, a plus dit-il alors qu'il rentre dans son jardin.

De mon côté, avec Filou, je rentre chez nous. J'ai des devoirs à faire et le repas a préparé avant que mon père rentre à la maison.