18
La nuit qui suivit leur discussion, Hermione ne parvint pas à dormir, trop agitée. La jeune fille faisait les cent pas dans la pièce, laissant des milliards de choses brouiller ses pensées encore noires.
Elle n'arrivait pas à y croire ; sa relation avec Drago avait changé si vite, si radicalement.
Elle venait de se livrer à lui, vidant son cœur de toutes les atrocités qui la hantaient. Il y a quelques semaines de là, les deux élèves s'adressaient à peine la parole. Quelques heures avaient suffi à tout changer.
Arrête de penser à lui, tenta-t-elle de se convaincre.
C'était totalement impossible.
Elle repensa à ce qu'il lui avait lui aussi livré ; ils avaient échangé leurs plus lourds secrets sans aucune difficulté.
Drago était la première personne à qui Hermione racontait son horrible été. Il était la seule personne à être désormais au courant de sa dépression ; et c'était déjà trop. Mais elle ne regrettait pas de s'être ouverte à lui, elle se sentait plus légère, plus libre.
Elle se demanda longuement s'il avait ressenti la même chose qu'elle en abordant le sujet de son père ; du moins, elle espérait que cet échange soulage les maux du blond.
La chose qui occupa le plus longuement son esprit durant cette longue nuit fut la relation qu'elle entretenait désormais avec le Serpentard. Elle ignorait pourquoi, mais tous ces changements ne la perturbaient pas plus que ça. Elle ne parvint pas à le faire quitter ses pensées.
Drago s'était montré là pour elle, chose qui, ces derniers mois, n'arrivait pas souvent à la jeune fille ; après de longs moments passés seule, il ne lui avait suffi que de quelques heures pour aider Hermione à cracher toute sa haine et sa douleur.
Le lendemain matin, Hermione sortit de sa chambre de bonne heure pour rejoindre la salle commune de Gryffondor. Elle n'attendit que quelques minutes avant que la rousse ne descende les escaliers. Cette dernière posa un regard à la fois surpris et interrogateur sur la brune, qui lui sourit :
- Salut Ginny.
- Hermione ! Où étais-tu passée ? Je me suis inquiétée...
La brune grimaça comme pour s'excuser :
- Je ne me sentais pas très bien.
Malgré les cernes et les traits tirés de son visage, Hermione paraissait plus en forme que la veille.
Merci Drago.
- Tu sais, je voulais m'excuser pour le comportement de mon frère la semaine dernière. C'est un vrai imbécile parfois, il ne réfléchit pas beaucoup.
Le cœur d'Hermione se tordit. Elle esquissa tout de même un sourire, forcé, pour rassurer son amie :
- Ce n'est pas grave. Je n'étais juste pas prête à le voir, mentit-elle à moitié.
Oui, Hermione n'était pas prête à voir Ron, mais en fait, elle n'en avait tout simplement pas envie.
- Harry repasse bientôt me voir, il voulait aller dîner chez Hagrid. Ça te dirait ?
Elle hocha la tête.
Les deux filles se mirent en marche en direction de la grande salle, en silence.
Les retrouvailles avec Ginny étaient toujours assez gênantes depuis la fin de l'été. C'était comme si un mur de glace les séparait, mur qu'elles franchissaient par moment, ou qu'elles renforçaient.
Quand elles entrèrent dans la salle où le déjeuner les attendaient, Hermione ne put s'empêcher de regarder en direction de la table des Serpentard. Au loin Drago la fixait. Elle sentit ses joues rougir à la seconde même où il lui adressa un sourire.
- Hermione, tu m'écoutes ?
Ginny la questionnait du regard. Ses yeux se dirigèrent vers le blond. Elle les fixa tour à tour, tandis qu'Hermione sentit la température redescendre.
- Je rêve où Drago Malefoy t'a souri ? Et... Attend tu ne serais pas en train de rougir là ?
Hermione haussa les épaules en secouant la tête. Perplexe, son ami détailla un moment le Serpentard qui avait tourné la tête, fronçant les sourcils.
- On va manger ?
- Tu ne me caches pas quelque chose ? Pourquoi il se met à te sourire d'un coup lui ?
Hermione secoua la tête en rigolant :
- Tu te montes des films, c'était juste courtois. On habite ensemble je te signale, on ne va pas se taper dessus jours et nuits.
- Hermione, je vois bien quand tu mens. Tu as intérêt à me raconter ce qui cloche.
Les joues de la brune se mirent à rougir de plus belle. Elle-même ne savait pas ce qu'il était en train de se passer au fond d'elle, jamais elle n'avait ressenti une telle obsession pour qui que ce soit.
Ce qu'il s'est passé la veille te travaille.
Durant tout le repas, la rousse laissait son regard se diriger en direction du blond, dans le dos d'Hermione.
- Arrête de le dévisager, il ne t'a rien fait.
- Tu le défends maintenant ?
Hermione se tut, ne sachant quoi répondre. Comment raconter à son amie ce qu'elle avait été incapable de lui dire pendant des mois ? Ne prendrait-elle pas mal le fait qu'elle se soit ouverte à son ancien rival plutôt qu'à sa meilleure amie ? Si, bien-sûr que si. Ginny était une personne très susceptible ; un rien la rendait de mauvaise humeur. Hermione ne put imaginer la catastrophe que cela serait si elle découvrait qu'elle s'était confiée au Serpentard plutôt qu'à elle, surtout concernant son frère.
- Pourquoi il n'arrête pas de te regarder, qu'est-ce qu'il te veut ?
- Il n'arrête pas de me regarder ? Demanda Hermione un peu trop précipitamment.
La rousse arqua ses sourcils rapidement, posant un regard désespéré sur la Gryffondor. Hermione sourit, gênée.
- Bon, explique-moi ce qu'il se passe.
- Je n'en sais rien, chuchota Hermione.
Encore un semi-mensonge qui fit loucher son amie.
- Tu n'es pas normale. Qu'est-ce qu'il t'a fait ? On peut aller voir McGonagall si tu as des problèmes avec lui, il perdra son post et...
- Tout se passe très bien, la coupa Hermione.
Son amie fronça les sourcils :
- Tu es sûre ?
- Certaine.
- Hm... Je continue à croire qu'il y a un truc pas normal qui se passe.
Hermione haussa les épaules :
- On va à la bibliothèque après ? J'ai besoin de rattraper les cours.
Ginny hocha la tête.
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