Il ne savait quoi répondre. À vrai dire, lui aussi aurait aimé la remercier ; mais ce n'était pas dans ses habitudes.

Bien que leur relation ait évolué, le garçon avait encore du mal ; il ne savait comment se comporter avec elle. Se tenir là à bavarder avec elle était un exploit, bien qu'il commençât à apprécier sa présence.

- Ça fait un moment que je me sens seule, dit-elle. Alors merci de me tenir un peu compagnie.

Ne sachant quoi répondre, il se contenta de sourire.

- Qui aurait cru qu'un jour on se serait retrouvés là, lâcha-t-elle.

- Pas nous en tout cas, ironisa-t-il.

Son humour sembla faire rire la fille, qui esquissa un beau sourire sur ses lèvres.

- Ça ne veut pas dire que je t'apprécie, finit-elle par dire en rougissant.

Ce qu'elle pouvait être mignonne quand elle rougissait.

- Ne compte pas sur moi non plus. Je veux juste gagner ton défi.

Elle leva les yeux au ciel.

Le cœur de Drago se tordait, sa mâchoire se contractait.

- Mon père était une personne horrible, dit-il brusquement comme ne contrôlant pas ses paroles. Je le déteste pour ce qu'il a fait de moi et de ma famille.

Le doux regard brun d'Hermione se posa dans le sien, rempli de détresse et de douleur. Il se stoppa net, sentant les larmes monter. Des images se bousculaient dans son esprit, toutes aussi douloureuses les unes que les autres. Il frissonna.

- Mais c'est fini tout ça, il ne peut plus rien te faire maintenant.

Elle avait chuchoté ces paroles comme de peur que quelqu'un les écoute. Il sourit, laissant sa vision se flouter.

- Ouais, barbouilla-t-il.

- Je sais ce que tu peux ressentir, je te comprends.

Il haussa les sourcils.

- Je sais ce que ça fait d'être seul.

Un court silence s'installa entre eux, un silence douloureux. Drago essuya ses larmes à l'aide de la manche de sa chemise blanche, qui se tâcha au contact de ces dernières. Hermione quant à elle ne bougeait pas, osait à peine respirer.

Le cœur de Drago était en train d'exploser à l'intérieur de lui ; mais il ne bougea pas, ne dit rien, laissa simplement son corps se vider de ses larmes.

- L'autre jour, j'ai croisé Ron. Et ça ne s'est pas du tout bien passé.

Il fronça les sourcils :

- Pourquoi ? Vous ne vous entendez plus ?

Il comprit à la grimace de la jeune fille qu'il venait de toucher le point sensible.

Elle marqua une pause, inspirant et expirant rapidement pour ne pas pleurer.

- Ron m'a quittée juste avant l'été, quelques semaines après la fin... La fin de la guerre.

Drago entrouvrit la bouche, surpris par la découverte.

Alors Hermione était sorti avec Ronald Weasley ? Remarque, le roux lui tournait autour depuis leur première année. Drago avait toujours remarqué à quel point Ron louchait sur la brune, mais jamais il n'aurait pensé qu'elle était intéressée par ce dernier.

- Tu es sortie avec ce looser ?

Les yeux de la Gryffondor s'écarquillèrent.

- Drago !

- Oh, excuse-moi d'avoir dit du mal de Ronald.

Elle soupira.

- C'était une belle erreur, dit-elle.

- C'est que maintenant que tu t'en rends compte ?

Elle lui tapa le bras, ne sachant que faire d'autre. Il sourit, amusé.

- Bah quoi, je suis de ton avis, tu devrais être contente non ?

La jeune fille ne répondit pas. Il devina à l'expression de son visage qu'elle était perdue dans ses pensées. Ses yeux encore rougis se mirent à briller vivement, et son corps à greloter.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé Hermione ?

Jamais il n'aurait pensé s'inquiéter pour la jeune fille ; pourtant, c'est ce qu'il était en train de se passer malgré lui. Son cœur battait rapidement, sa gorge se nouait face à la douleur qui accablait la brune.

- Tu ne me juges pas ?

Il secoua la tête.

- Quand R... Quand il m'a quittée, je n'avais nulle part où aller. Enfin si, chez mes parents, dans le monde moldu. Mais je n'ai pas eu envie d'y retourner. Alors je suis restée seule tout l'été. Et...

Elle marqua une pause, essuyant les larmes qui perlaient de nouveau sur ses joues.

- Et j'ai fait une dépression. Longtemps j'ai pensé à mourir, à rejoindre les autres, ceux qui étaient morts. Je n'avais pas envie, moi, de rester en vie. Je ne trouvais plus de sens à la vie, à rien en fait. Et quand j'ai reçu la lettre de McGonagall, j'ai saisi cette opportunité de tout reprendre à zéro. Seulement, je ne pensais pas que ce serait aussi compliqué que ça.

Bizarrement, le cœur de Drago se tordit en pensant à l'envie de mourir qui avait pu hanter Hermione.

- Qu'est-ce qu'il t'a dit, la semaine dernière ? Demanda-t-il en serrant les dents.

- Il a fait comme si rien n'était, comme s'il savait ce que j'avais pu traverser. Il m'a demandé que tout redevienne normal... Mais j'en suis incapable. Je lui en veux de m'avoir laissée comme il l'a fait.

- Arrête d'y penser.

Elle ne répondit pas, le regard rivé sur le drap rouge.

- Je te comprends.

- Vraiment ? Demanda-t-elle les yeux remplis de larmes.

- Vraiment.

Elle sourit.