16
La jeune fille se réveilla douloureusement. Ses yeux la piquaient, trop secs, après le flot de larmes qui avait coulé sur ses joues. Ses lèvres étaient gercées, sa peau tendue. Elle se frotta les yeux.
- Tu es enfin réveillée, dit une voix familière à quelques centimètres d'elle.
Elle sursauta. Ce n'est qu'en se redressant qu'elle se rendit compte qu'elle avait dormi contre Drago, qui ne semblait pas perturbé. Ses joues se mirent à chauffer, ce qui valut un sourire moqueur de la part du blond qui ne bougea pas.
Un livre à la main, Drago était assis sur le rebord de son lit, exactement là où il s'était installé quand elle lui avait demandé de rester.
Faisant abstraction de ce qu'il venait de se passer, Hermione se recoiffa et demanda timidement :
- Je dors depuis combien de temps ?
- On a loupé le repas du soir, donc je pense qu'il doit être tard là.
Elle écarquilla les yeux :
- Je suis désolée je...
- Ça ne sert à rien de s'excuser, puis de toute façon je n'avais pas faim.
Elle se tut alors, ne sachant quoi dire de plus.
Rapidement, elle se redressa dans son lit, regardant tout autour d'elle. Dehors, la nuit était bel et bien tombée ; le ciel noir était rempli d'étoiles.
- C'est beau, n'est-ce pas ?
Elle hocha simplement la tête. Son regard se posa de nouveau sur le blond qui fixait les étoiles. Il semblait aller mieux, son visage était reposé.
Cette relation la troublait un peu, mais lui faisait énormément de bien.
Elle détailla le garçon quelques secondes avant qu'il ne tourne la tête dans sa direction, la faisant rougir. Drago Malefoy était un beau garçon. Elle se perdit un instant dans le bleu profond de ses yeux doux, ne sachant comment se dégager de leur emprise.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Elle sorti de ses pensées pour retomber dans la dure réalité. L'amertume du chagrin forma une boule dans sa gorge, mais elle ne pouvait l'extérioriser ; elle ne pouvait plus pleurer. Sa peau la brulait, ses yeux aussi, et tout son corps n'avait plus assez de force pour laisser sortir la peine qui la rongeait de l'intérieur.
Une question si simple, à laquelle elle ne se sentait pas capable de répondre.
Un blanc s'installa. Hermione, toujours assise à côté du blond, se mit à jouer avec le drap nerveusement, l'enroulant autour de son doigt.
- Je ne partirais pas d'ici tant que tu n'auras pas craché le morceau.
Elle écarquilla les yeux.
- Me défier est une mauvaise idée, j'aime beaucoup trop gagner.
Elle sourit timidement, mais ne prononça aucun mot, comme muette. Il soupira et passa la main dans sa chevelure d'or pour combler le vide et le silence.
Aussi étrange que cela pouvait paraître, Hermione appréciait ce nouveau départ qu'elle prenait avec Drago ; c'était à en oublier les douloureuses années d'insultes et de persécution qu'il lui avait faites subir.
Elle tordit le drap dans ses mains, fixant ses doigts tremblants.
- C'est dur de tout recommencer, dit-elle.
Il posa son regard sur elle. Quelque chose avait changé en lui, elle le sentait. Ses yeux habituellement d'une froideur mortelle n'étaient plus les mêmes. Il ne portait plus ce regard jugeur, rieur et mauvais sur elle ; non, tout cela était bien loin désormais.
Des larmes se mirent à perler sur ses joues, des larmes très fines.
- Ce n'est jamais facile un départ.
- Tout dépend de quel départ on parle.
Un court instant, Hermione et Drago restèrent là, à se fixer. Le silence lui parut éternel, tandis que le moment, lui, semblait s'éloigner rapidement.
- J'ai l'impression que tu me comprends, finit-elle par dire. Ça peut paraître étrange...
Puis elle se tut. Il sourit et détourna ses yeux en direction de la fenêtre.
- Peut-être parce qu'on a les cœurs brisés.
Les mots qu'il venait de prononcer résonnèrent dans son esprit douloureusement. Elle éclata en sanglot, ignorant ce qu'il était en train de se passer.
Il ne bougea pas, ne la regarda pas ; il la laissa exprimer sa douleur et sa peine.
Le temps avec Drago n'était pas le même qu'ailleurs ; de partout où Hermione allait, tout semblait terne et éternel. Mais tout était différent avec lui ; c'était comme repeindre la vie, comme mettre de la couleur à des choses qui commençaient à lui paraître bien fades.
- Comment tu fais, pour avancer ?
Il haussa les sourcils, la questionnant du regard.
- Je suis larguée, dit-elle.
- Parce que tu crois que moi j'avance ? Je ne suis même pas encore parti.
Elle rit vivement, entre deux sanglots. Jamais Hermione n'aurait pensé un jour apprécier le blond.
- Bizarre, pour un mec qui aime être vainqueur, n'est-ce pas ?
Elle haussa les épaules, ne sachant quoi dire.
- C'est bizarre, finit-il par dire.
- Qu'est-ce qui est bizarre ?
- Tout ça.
Elle s'immobilisa un court instant, le détaillant. Il contractait sa mâchoire, comme pour retenir quelque chose.
Hermione savait qu'ils avaient des choses à se dire ; mais étaient-ils capables de se les avouer ? Était-elle prête à lui expliquer la raison de sa dépression ? Le voulait-elle vraiment ? Et lui, que voulait-il ?
De nombreuses questions brouillaient ses pensées.
- Je ne sais pas trop comment être, ni quoi faire. C'est vraiment... Bizarre.
- Tu n'as qu'à être toi, chuchota-t-elle.
Il plongea de nouveau son regard dans le sien.
- Je ne sais pas comment être moi.
- Ce n'est pas toi, là ?
Il haussa les épaules :
- Je n'en sais rien.
La discussion se stoppa un moment. Assis l'un à côté de l'autre, les deux élèves ne bougeaient plus.
- J'imagine que c'est moi, sinon, je ne me tiendrais pas ici avec toi.
Elle fronça les sourcils, ne comprenant pas ce qu'il cherchait à lui dire.
- L'ancien Malefoy ne serait pas là.
- Tant mieux, parce que moi, je ne l'aimais pas l'ancien Malefoy.
Ils rirent en chœur.
- Je n'aimais pas non plus l'ancienne Granger.
- Sauf que moi, je n'ai pas changé, dit-elle perplexe.
Il sourit tendrement :
- Tu ne t'en rends peut-être pas compte, mais tu es beaucoup moins insupportable qu'avant.
Il avait prononcé ces mots d'un ton ironique. Elle rit en secouant la tête :
- TU étais insupportable, et tu ne me connaissais pas ! S'exclama-t-elle. Comment peux-tu juger quelqu'un que tu ne prends même pas la peine de connaitre ?
Il haussa les épaules :
- J'sais pas, ça se sentait que tu étais chiante, Miss-Je-Sais-Tout.
Il insista sur l'ancien surnom avec lequel il avait l'habitude de l'appeler. Elle grimaça timidement, sentant ses joues rougir de plus belle. Bien que ce jeu fût amusant, Hermione se sentait encore peu à l'aise avec le blond.
- Ça fait du bien de rire un peu, osa-t-elle dire alors. Ça faisait longtemps.
- Tu vois, tu es devenue marrante.
Elle leva les yeux au ciel, amusée.
- Moi aussi, ça faisait longtemps.
Le moment de sourire et de blague se stoppa net. Toute la pièce fut replongée dans la tristesse et le désespoir.
- Tu fais encore tes cauchemars ?
Il secoua la tête :
- Beaucoup moins souvent, répondit-il. Et toi, tu n'avais pas dormi depuis combien de temps ?
Elle haussa les épaules ; elle n'en savait rien. L'épuisement qui l'accablait lui faisait parfois oublier des moments de sa journée, si bien qu'elle ne savait plus quand elle s'était reposée et non.
- Un moment, je pense.
- Cauchemars ?
- Si déjà j'arrivais à m'endormir.
Il grimaça, l'air désolé.
- Merci, dit-elle.
Il la questionna du regard.
- Merci d'être là.
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