15
Elle ne sortit pas de sa chambre pendant deux jours, et, quand elle en sortit enfin, ce ne fut que pour aller poser ses livres à la bibliothèque.
Sa chaise resta vide une bonne semaine, et elle ne se présenta pas à l'atelier du samedi.
Drago avait de nombreuses questions en tête, mais celle qui le préoccupait le plus était la suivante ; qu'est-ce qu'il s'était passé cet après-midi-là ?
Plein d'hypothèses se bousculaient dans son esprit, mais toutes semblaient peu probables. Il était impossible de lui demander ; déjà parce qu'elle ne sortait pas de sa chambre, ni de l'appartement, mais aussi parce qu'il ne savait pas comment l'aborder.
Les autres préfets ne semblaient pas se questionner, si bien que Drago se demanda longuement s'il n'avait pas développé une obsession pour la jeune fille suite au challenge qu'elle lui avait lancé.
Ce n'est que quand Blaise demanda ce qui clochait avec Hermione qu'il fut rassuré.
Une semaine était passée quand il la croisa enfin dans le salon. L'appartement était vide, du moins, c'est ce qu'il croyait. Il poussa la porte et découvrit la jeune fille en train d'étudier prêt de la cheminée. Son regard resta bloqué sur Hermione, qui lisait. Il ne s'attendait pas à la voir là.
- Bonjour, dit-il.
Il ne savait pas quoi dire.
La jeune fille ne se tourna pas et lui adressa un simple geste de main.
- Tu n'étais pas en cours ce matin...
- Non j'étais là, le coupa-t-elle soudainement.
Son ton était brisé, comme si elle était malade et avait mal à la gorge. Mais Drago connaissait la vérité, il l'entendait pleurer la nuit. Il fallait croire que ces pleurs avaient eu raison d'elle.
- Tu veux les cours ?
Sa proposition les surpris tous les deux ; ils se raidirent en même temps. Hermione ne bougea pas pendant un moment. Il ne voyait pas son visage, mais, à la posture qu'elle avait, il devinait qu'elle regardait le mur en face d'elle. Il entendit sa respiration s'accélérer, comme des sanglots étouffés.
Qu'est-ce qu'il a bien pu t'arriver ?
- Hum... Non ça ira, merci.
Il prit son courage à deux mains, déterminé à changer l'atmosphère :
- Tu brises notre accord, Hermione.
Prononcer son prénom la fit frissonner. Elle ne bougeait toujours pas, mais les tremblements étaient de plus en plus visibles, et les sanglots de plus en plus bruyants.
- Oublie l'accord, c'était bête de ma part. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris.
Il fronça les sourcils.
- Je sais que tu ne le penses pas.
- Arrête de penser pour moi, Malefoy.
- Règle numéro 1 !
Il devina un léger rire. Il s'approcha alors d'elle, hésitant. Son visage était pire que ce qu'il pensait : la jeune fille était blafarde et des cernes noirs entouraient ses yeux ternes. Ses traits étaient tirés : elle paraissait épuisée. Il se stoppa nette face à cette horrible vision.
Hermione avait toujours été une jolie fille, surtout en grandissant, il ne pouvait le nier. Mais là, la vision de ce corps pratiquement sans vie le fit frissonner. C'était comme se trouver face à quelqu'un sortant d'une grave maladie. C'était effrayant.
- Granger...
Ces simples paroles suffirent à la faire éclater en sanglots. La Gryffondor se recroquevilla sur elle-même, comme se protégeant du monde extérieur. Il ne réfléchit pas une seconde et s'approcha d'elle. Instinctivement, il posa sa cape autour d'elle, sur son corps tremblant.
- Ça va, c'est juste un coup de mou.
- Pourquoi tu mens ?
Elle releva la tête, surprise des paroles du blond. Leurs regards se croisèrent. Il planta ses yeux bleus dans les siens rougis par la douleur. Elle agrippa la cape qu'il venait de poser sur son dos et se glissa en boule à l'intérieur.
- Tu sais, tu ne peux pas proposer de l'aide à quelqu'un sans en recevoir de sa part.
Elle écarquilla les yeux :
- Tu ne sais pas dans quel pétrin tu t'es mise en me lançant ce défi. J'ai accepté que tu m'aides, c'était dans les règles, mais ces règles s'appliquent pour nous deux.
Elle ne bougea pas, continuant de sangloter.
- Viens, dit-il en lui tendant la main. Luna ne va pas tarder à rentrer.
Elle fronça les sourcils mais glissa sa main dans la sienne sans dire un mot. Elle appréciait la compagnie du garçon ; bizarrement, elle se sentait en sécurité, avec lui.
Leurs mains se séparèrent timidement, alors que Drago la conduisait jusqu'à sa chambre.
- Repose-toi un peu.
- Je n'ai pas envie, dit-elle.
Il leva les yeux au ciel :
- Mets-y du tien Hermione.
Elle ne dit rien et s'allongea dans le lit rouge et or. Il s'assit au bord, la regardant pleurer dans son oreiller.
La vision était douloureuse ; c'était comme s'il ressentait sa peine.
Après un court moment silencieux, il se redressa et se dirigea vers la sortie. Quelque chose le retint.
Hermione tenait sa chemise dans sa main tremblante et hésitante, le regard triste :
- Reste ici, s'il te plaît.
Il fut surpris de la demande, mais s'installa silencieusement sur le bord du lit, regardant la jeune fille s'endormir dans ses larmes. Elle avait autant besoin d'aide que lui.
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