Sept jours s'étaient écoulé depuis cette rencontre inattendue dans la boulangerie où Louis aimait aller. Et depuis ce jour, jamais il n'avait osé y retourner. Il avait essayé bien sûr. Oh ça oui, il mettait vraiment de la volonté pour que sa timidité ne lui gâche pas la vie. Pour, du haut de ses 23 ans pouvoir vivre comme tout le monde, sans avoir besoin de demander à sa mère de passer un coup de téléphone à sa place parce qu'il n'osait pas avoir son propriétaire pour lui demander de réparer le chauffage en plein mois de novembre. Surtout que cette fois-ci, sa mère ne pourrait pas l'aider, voilà bien deux ans qu'elle avait quitté la ville avec le reste de la famille dans une maison plus grande à la campagne. Tout ce qu'elle pouvait faire pour lui, c'était de lui envoyer des messages d'encouragement tous les matins, en espérant que son fils prendrait son courage à deux mains pour ne rien regretter. Car le problème de la timidité, c'était bien ça. À ne jamais osé, on finissait par en regretter des choses et la liste de Louis était longue. Il ne comptait plus le nombre de fois où les larmes avaient coulé sur son visage. Des larmes de colères, d'avoir loupé une occasion qu'il aurait aimé pouvoir saisir, bloqué à cause de cette foutue timidité maladive.

Mais ces cookies, il ne voulait réellement pas les manquer. Il était un étudiant sérieux et brillant, il se levait chaque jour de bonne heure, il travaillait dur pour réussir. Il était aussi quelqu'un de bien, il donnait toujours pour les quêtes, pour les animaux ou les personnes dans le besoin, il traversait avec des personnes âgées pour s'assurer de leur sécurité et il triait même ses déchets. Alors il méritait ses cookies. Il méritait cette douceur, qui le plongerait définitivement dans les fêtes de Noël. Cette année serait différente des autres, il le savait. Cette année, il passerait Noël tout seul. Sa famille partait en vacances en Laponie et à cause de la fac, Louis n'avait pas pu se libérer. Sa mère avait d'abord voulu annuler, mais il ne l'avait pas laissé faire. À sa place, il n'aurait manqué ça pour rien au monde. Il y aurait mille autres occasions de se rattraper et il ne voyait pas le fait d'être seul comme une mauvaise chose. Du moins pour le moment.

Non ce qui le tracassait pour le moment, restait ces cookies fondant dans sa bouche, qu'il n'avait pas encore pu avoir cette année. Ce matin du 8 décembre, c'était décidé, il entrerait dans la boulangerie et il en commanderait deux. Il arriverait à parler et sans bafouiller s'il vous plaît. Il était fort et confiant, un adulte responsable et capable de s'assumer seul. Voilà ce que s'était répété en boucle dès son réveil. Aujourd'hui, il entrerait dans cette boulangerie, aujourd'hui, la saison des cookies allait enfin commencer. Alors un peu avant huit heures du matin et d'un pas décidé, Louis, c'était élancé dans la rue en direction de la boutique. Plus il approchait, plus il semblait avoir ralenti et les battements de son cœur s'accélérer à mesure que le stress monté. Aller Louis, tu y arrives aujourd'hui. Il arriva devant la vitrine, beaucoup moins sûr que lorsqu'il avait quitté son immeuble. Il allait faire demi-tour encore, il s'en doutait. Pourtant, il tourna quand même la tête pour voir à l'intérieur du petit magasin. Et quel soulagement ! Ce n'était pas lui, pas de Harry Styles dans les parages, mais bien la mère de celui-ci de nouveau à son poste, son air bienveillant sur le visage alors qu'elle servait ses clients en leur adressant toujours son plus chaleureux sourire.

Cette fois, c'était sûr, il allait rentrer et il allait enfin pouvoir goûter à ses délicieux cookies. Sans perdre une seconde, Louis profita qu'un client sorte de la boutique pour s'engouffrer à l'intérieur. Les odeurs furent encore un peu plus intense, il avait l'impression d'être tombée dans une tasse de chocolat aux épices, c'était divin.

« Bonjour Louis ! Je m'étonnais de ne pas t'avoir encore vu. »

Louis eut très envie de lui dire qu'il serait sûrement venu beaucoup plus tôt si son fils n'avait pas pris sa place derrière le comptoir. Mais même s'il n'était pas très sociable, il savait au moins que ce n'était pas des choses à dire.

« Je... J'ai été malade, je n'ai pas pu venir ces derniers jours. »

Un sourire traversa le visage de la boulangère qui ne semblait pas croire à cent pour-cent à l'excuse de Louis, mais qui n'insista pas.

« Cookies au chocolat, je suppose ? »
« Oui, deux s'il vous plaît ! »

Louis ne pouvait s'empêcher de sourire, enfin, il allait avoir ses cookies. Il avait hâte de pouvoir s'installer dans la bibliothèque de son université pour en dévorer un, un chocolat chaud préparer préalablement dans une thermos et enfin, il se sentirait au moment de Noël.

« Comment va ta maman ? La vie à la campagne lui plaît ? » demanda-t-elle pendant qu'elle lui choisissait deux cookies.
« Ça lui plaît oui ! Elle regrette juste de ne pas pouvoir goûter à vos cookies cette année ! Mais elle part en Laponie, alors je suppose que je peux au moins la rendre un peu jalouse. »

Il sourit à la boulangère qui pouffa de rire avant de lui tendre son sachet avec ses deux cookies. Louis n'eut même pas besoin de l'écouter lui donner le prix. Il savait, et donna la monnaie sans même réfléchir avant d'attraper son sachet plein des douces gourmandises qu'il attendait avec tant d'impatience. Derrière lui, la clochette de la porte retentit et encore plus que d'habitude, le sourire de la boulangère éclaira la pièce alors qu'elle apercevait le nouveau client.

« Excuse-moi maman, j'ai eu du mal à me lever. »

Non, ce n'était définitivement pas un client, sans même l'avoir vu, Louis reconnu la voix grave et chaude de Harry Styles. Il se figea, serrant contre lui son sachet de cookies en enfonçant encore un peu plus son visage dans son épaisse écharpe.

« Oh, ce n'est pas grave mon chéri... Il n'y avait pas tant de monde que ça ce matin ! Et puis au moins, j'ai vu Louis ! »

Elle se tourna vers le jeune homme qui tentait toujours de disparaître dans son écharpe en lui souriant chaleureusement. Les joues de celui-ci commencèrent à le brûler alors qu'il sentait à présent le regard de Harry sur lui. Il se pencha d'ailleurs pour regarder le visage de Louis qui croisa son regard. Le même sourire que sa mère éclaira son visage avant qu'il se redresse.

« Mais oui, tu es Louis Tomlinson ! Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu... Tu vas bien ? »

Pourquoi fallait-il que Harry soit toujours aussi sociable ? Merde, il aurait dû s'en souvenir pourtant, ce n'était pas la première fois qu'il tentait de lui parler et en général ça se passait toujours de la même façon.

« Je... Oui, c'est... Ça fait longtemps et je... »

Il commençait par bafouiller en perdant tous ses moyens, avant de voir la porte s'ouvrir sur un nouveau client. Il prit une grande inspiration et fit un pas en arrière.

« Je... Je dois y aller... Au revoir ! »

Et pour finir, il partait en courant loin, le plus loin possible, en passant sûrement pour un parfait idiot. Mais ça, il avait l'habitude. Sans réfléchir, il avait marché jusqu'à la bibliothèque universitaire et une fois installé sur un siège, il avait soupiré. Pourquoi il fallait qu'il ait l'air aussi idiot ? Il n'était même plus sûr qu'il oserait revenir devant la mère de Harry. Il avait plutôt intérêt à les savourer ses cookies. Assit avec ses cours sous les yeux, il les mangea sans en laisser une miette en soupirant de frustration.

Il y a une chose qu'on pouvait au moins reconnaître à Louis, même si ce n'était pas toujours très concluant, il essayait encore et encore. Il tentait par tous les moyens de combattre cette foutue timidité, de prendre les choses en mains pour ne pas avoir de regret. Le lendemain, il était donc retourné à la boulangerie, du moins, juste devant. Toujours emmitouflé dans une épaisse couche de vêtements, il faisait des allers et retours en essayant de se donner le courage de rentrer.

Le soleil était à présent levé, une chance pour lui, Louis n'avait pas cours aujourd'hui, parce qu'après une heure, il faisait toujours des allées et retour sur le trottoir en essayant de se motiver à rentrer dans la boutique pour prendre un nouveau cookie en espérant qu'on ne lui signalerait pas son comportement étrange.

Un nouvel allé retour et Louis soupira, il fallait qu'il parte. Il commençait à avoir froid et il avait l'impression qu'il n'y arriverait jamais. Autant laissé tomber, si les passants le remarquaient, il allait finir par passer pour un réel abruti.

« Excuse-moi ! Tu dois avoir froid, je t'ai pris ça ! »

Louis sursauta avant de faire volte-face. La première chose qui le frappa, se fut cette douce odeur de chocolat, qui l'entoura aussitôt. Il remarqua ensuite Harry, se tenant face à lui, son large sourire collé aux lèvres et dans ses mains, un cookie et un chocolat chaud fumant. Le jeune homme battit des cils, complètement hébété et ne sachant pas quoi répondre. Il ne s'était pas attendu à ce qu'il vienne le voir, si bien qu'il n'avait même pas eu le temps de paniquer.

« Je... Non ça va, pas tellement... »
« Arrête, tu as le nez complètement rouge ! » fit Harry en pouffant de rire et Louis ne pouvait pas vraiment se vexer, il avait raison. « Tiens, prends ça avant qu'il refroidisse, chocolat chaud aux épices, tu m'en diras des nouvelles ! »

Louis hésita à le remercier, mais à refuser, il ne voulait pas l'embêter. Mais il se dit que se serait sûrement plus embêtant de refuser maintenant que Harry s'était donné du mal à tout préparer, plutôt que d'accepter. Alors il lui sourit et attrapa le chocolat chaud, qui réchauffa immédiatement ses mains, avant de le porter à ses lèvres. Son corps entier frissonna et ses papilles se mirent en alerte alors qu'il sentait le liquide chaud couler dans son corps, jamais il n'avait goûté un chocolat si bon.

« Wahou... C'est délicieux ! J'ai jamais goûté un chocolat aussi bon ! »

Il se lécha les lèvres pour ne pas en perdre une miette et Harry sourit en le regardant faire, bombant le torse sous le compliment.

« Merci ! C'est moi qui l'aie fait. Je suis assez fier de ma création, il m'a fallu des mois pour le mettre au point. »
« C'est très réussi ! »

Louis hocha la tête et reprit une gorgée du chocolat, il était réellement fantastique.

« Dis, il fait froid, tu ne veux pas qu'on rentrer s'installer à une table pour discuter un peu ? Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu ! »
« Oh, je... Je ne voudrais pas te déranger ! »

Harry leva les yeux au ciel et lui fit un signe de tête pour qu'il le suive jusqu'à l'entrée de la boulangerie.

« Si je te le propose, c'est que ça ne me dérange pas ! »

Le jeune homme hésita quelques secondes, mais accepta finalement de suivre Harry. Il entra dans la boulangerie et salua la mère du bouclé au passage avant d'aller s'installer avec lui à la table située dans un coin près de la vitrine. Il continua de serrer son chocolat dans la main et ne tenant plus, il prit une bouchée de son cookie. Toujours aussi bon.

« Bon alors, Louis, dis-moi, qu'est-ce que tu deviens ? »
« Je... Pas grande chose, je pense, je suis en fac de lettres, c'est ma dernière année. Dans quelques mois, je débuterais un stage dans une maison d'édition. »
« Pas grande chose, mais c'est génial ! Je crois me souvenir que tu as toujours voulu faire ça, non ? » s'enjoua Harry en lui souriant.
« Euh oui, c'est bien ça, tu as bonne mémoire ! » fit Louis, surpris qu'il s'en souvienne encore. Il se mordit la lèvre avant de reprendre. « Et toi, qu'est-ce que tu fais alors ? »

Sans pour autant arrêté de lui parler, Harry se releva pour aller chercher deux nouveaux cookies, un pour lui et un pour Louis qu'il déposa devant celui-ci.

« Je reviens d'une année en Italie, avant ça, j'étais en Irlande. Je me suis baladé, j'ai exercé quelques métiers bien différents, j'ai pu mettre de côté. Et maintenant, je cherche un poste pour être enseignant de langue. »
« C'est réellement génial ! »

Louis le regarda avec un air admiratif. Harry était gentil, bienveillant, il parlait plusieurs langues, il devait avoir un millier de choses à raconter. Il l'enviait réellement. Ils continuèrent à discuter pendant un long moment. Louis en oublia même sa gêne et parla sans bafouiller.

« Au fait Louis, je me demandais, tu fais toujours du Cosplay ? »

Le jeune homme haussa un sourcil, surpris que Harry sache ça. Il n'en avait jamais parlé au lycée, il n'avait jamais osé l'aborder.

« Je... Oui, j'en fais toujours, moins à cause des cours, mais j'en fais... Mais comment tu sais ça ? » 

Harry haussa les épaules en lui souriant.

« Je t'ai vu en convention une fois, j'accompagnais un ami. Tu étais très chouette d'ailleurs ! »
« Oh, merci... »

Louis mentirait s'il disait qu'il ne sentait pas ses joues légèrement chauffer. Mais il tenta de se contrôler et se cacha derrière sa tasse de chocolat à présent tiède.

« Du coup, je me demandais... Tu n'es pas obligé d'accepter, mais tu sais coudre du coup, pas vrai ? »

Encore une fois, Louis hocha la tête pour affirmer.

« Super ! Alors, voilà, dans le centre pour personnes défavorisés dans lequel je suis bénévole, on aimerait organiser une grande fête de Noël pour tout le monde. Tu vois, qu'eux aussi ait une fête digne de ce nom et on a plus ou moins tout ce qu'il nous faut ! »
« C'est une magnifique initiative ! » fit Louis avec un petit sourire, mais il ne voyait toujours pas en quoi il pourrait servir. 
« Ouais... Mais voilà le souci, c'est qu'on voudrait faire les choses en grand, on veut vraiment que ces personnes oublient, le temps d'une soirée la précarité de leur situation. On a reçu des tissus de Noël pour créer des pulls, le souci, c'est qu'il faut les faire et qu'on a aucune idée de comment s'y prendre. Donc je me demandais, si tu accepterais de venir nous aider... Éventuellement nous expliquer comment on fait. Tu n'es pas obligé de venir tous les jours, mais on a besoin d'aide et je connais personnes d'autres qui sache faire ça ! »

Louis resta muet quelques secondes. C'était une belle initiative de la part de Harry et il devait avouer qu'il adorerait l'idée de pouvoir venir lui aussi en aide juste en donnant de son temps. Après tout, il passait la plupart de ces week-ends seul, alors pourquoi n'irait-il pas aider ? Le seul aspect qui le freinait, c'était encore et toujours sa timidité. Il y aurait du monde, beaucoup de monde, qu'il ne connaissait pas. Il faudrait qu'il se présente, qu'il demande aux personnes présentes leur mesure, qu'il donne des explications... C'était beaucoup trop impressionnant pour lui.

« Si ça t'intéresse, je serais là avec toi. Je ne te lâcherais pas d'une semelle et je t'aiderai à te repérer dans le centre. Tu ne seras jamais seul. Et tu verras, il y a pleins de gens vraiment très gentil. » expliqua Harry qui semblait avoir compris les doutes de Louis.

Celui-ci prit d'ailleurs le temps de finir sa tasse de chocolat chaud et après une grande inspiration, il regarda Harry et hocha la tête.

« C'est d'accord, je veux bien venir vous aider. J'ai tous mes week-ends de libre et je suis bientôt en vacances, alors se sera avec plaisir ! »
« Quoi, c'est vrai ? »

Louis crut que Harry allait sauter sur place, ce qui le fit beaucoup rire et le conforta encore un peu plus dans sa décision. Il voulait faire quelque chose de bien. Encore plus si ça faisait plaisir à Harry.

« Super, alors... Je te propose de venir ce samedi ! Donne-moi ton numéro de téléphone et je t'enverrai l'adresse, on se retrouvera là-bas. »

Encore une fois Louis accepta et il donna son numéro à Harry, qui lui communiqua également le sien. Peu de temps après, un chien, que Louis reconnu comme étant un berger Malinois, arriva dans la boutique, en se fichant de savoir qui il bousculait et il accouru vers Harry qu'il commença à lécher de toute part.

« Paddy, couché ! »

Le jeune homme ne put s'empêcher de rire, signalant sa présence au chien qui décida de venir lui aussi le saluer. Louis le gratta derrière les oreilles en essayant de l'empêcher d'attraper les restes de son cookie.

« Désolé, c'est un bébé, il n'est pas encore très bien éduqué et je ne crois pas être la personne la plus douée pour faire ça. Quand j'essaie, il me regarde les oreilles baissées et je craque. »
« Effectivement, tu n'es pas très doué... Mais je peux comprendre, il est mignon ! »

Louis continua de caresser le chien avec un large sourire et Harry se redressa.

« Je ferais mieux de le remonter. Ma mère n'aime pas vraiment qu'il traîne dans la boulangerie. Elle a peur qu'il agresse sauvagement un client. »

La réflexion fit rire Louis de bon cœur. Le bouclé en profita pour attraper son chien et se recula de quelques pas.

« On se voit samedi alors, à quatorze heures ? »

Louis lui adressa un sourire timide et hocha la tête.

« À samedi Harry ! »

Il lui fit un signe de la main avant de le laisser partir et après avoir terminé son cookie, il reprit lui aussi la route pour rentrer jusqu'à chez lui. Samedi à quatorze heures... D'une façon ou d'une autre, il réussirait à rentrer dans ce centre, hors de question qu'il loupe sa chance de passer du temps avec Harry, encore moins celle de faire une bonne action, qui comptait tant pour tant de monde.  

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Hey ! On se retrouve  aujourd'hui pour un nouveau chapitre de cette petite fiction de Noël ! 

Merci pour vos retours sur le premier chapitre, il était petit, mais je suis contente qu'il vous ait mis l'eau à la bouche. Du coup on se retrouve pour ce deuxième chapitre, bien plus long comme je vous l'avez promis et bien plus mignon ! Louis a enfin parlé à Harry, il a enfin goûté son cookie ! 

Petit coucou pour le titre du chapitre ;)  

On se retrouve très vite, je vous embrasse et prenez soin de vous !