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Nous sommes tous assis sur des chaises en plastique, à regarder une estrade sur laquelle un homme parle des règles du lycée. Je n'écoute pas vraiment. Je perçois quelques bribes de ses paroles mais en sortant j'aurais sûrement tout oublié. Malgré toutes les règles, ce lycée est réputé pour être plutôt laxiste sans pour autant être trop libertin.
- Nous allons former les classes, annonce le proviseur.
Les uns après le autres, les élèves passent, défilent et se rangent dans leur classes respectives.
- Charlie Collins, classe D!
Je me dirige vers le groupe de la classe D. Notre professeur, une jeune femme rousse à l'air las, nous fait visiter le lycée. Il n'est pas immense mais possède tout de même un grand nombre de salle de classes. Il y a même un petit gymnase, mais je pense qu'on fera sport dehors, étant donné que le lycée comporte un grand espace naturel entouré d'une forêt très dense.
Une fois le bâtiment qui comporte toutes la partie scolaire visitée, nous nous dirigeons vers le deuxième bâtiment: celui des dortoirs. Il a trois étages. Certains garçons font des remarques pas très appropriées à propos d'aller voir les filles la nuit. En effet, les dortoirs filles et garçons sont séparés mais il est facile d'aller de l'un à l'autre. Ils se trouvent des deux extrémités du bâtiment et, au milieu, il y a une salle commune composée d'une télévision, d'un frigo et de plusieurs canapés multicolores.
- Ici vous pourrez passer vos récréations et vos soirées. Il y a un réfrigérateur pour conserver les boissons ou nourriture, vous pouvez en ramener pendant vos retours en ville les week-end. Mais attention, si on trouve quoi que ce soit d'illicite, les sanctions seront graves.
J'entends quelqu'un chuchoter qu'il connaît un endroit sûr pour entreposer de l'alcool. Je rigole intérieurement, je suis sûr que son endroit parfait c'est les toilettes.
- Le choix des chambres sera fait à la rentrée lundi. Mais si il y a des conflits, nous nous en occuperons, d'accord?
Elle n'aurait pas du parler de ça maintenant. Tout le monde commence déjà à piailler. "On se met ensemble?" " T'es tout seul dans ta chambre" "On se met pas avec elle hein!". Les élèves discutent de leur chambre comme si la prof n'était pas là. Apparemment ils se connaissent pour la plupart. Certaines autres personnes ont l'air de ne connaître personne mais ils ne sont pas en majorité. Eux, trouveront des amis...
- Stop! crie la prof, énervée de ce comportement. Vous discuterez de tout cela plus tard, pour l'instant nous allons passer au choix des activités.
Nous allons tous dans le bâtiment des classes et nous voyons plusieurs tables avec des feuilles et des stylos éparpillés dessus. Des flyers sont distribués. Certains élèves nous vantent les bienfaits de leurs clubs. Il y a de tout: club de marche, d'échec, de musique ou de danse.
- On doit choisir deux activités, m'annonce un garçon qui me tends un flyer.
Il a un grand sourire, mais ce qui me saute aux yeux, ce sont ses cheveux bleus, un peu ondulés. Le fait qu'il porte une chemise vert pomme le rend également remarquable.
- Alors autant choisir le meilleur! continue-t-il en étirant un grand sourire. Viens avec nous! On est le club de course! On n'est pas très nombreux mais on est sympas et on fait de bonnes soirées.
Il avait prononcé la dernière phrase en chuchotant, avec un air malicieux.
- Pourquoi pas... repondis-je simplement.
Ce n'était pas l'argument des soirées ou de leur sympathie qui m'avait convaincu, mais le fait qu'ils soient peu nombreux. En général, ce sont les groupes les plus petits qui sont les plus agréables. En plus, en faisant de la course, je n'aurais pas trop besoin de parler.
Je décide également de m'inscrire au club lecture, c'est le genre de club fantôme qui ne fait jamais de réunion. En fait, c'est comme si je ne m'était inscrit à rien du tout.
Une fois la journée finie, je me dirige vers le bus. L'arrêt n'est pas trop loin, mais vu que le lycée se trouve un peu en marge de la ville, il faut quand même marcher. En arrivant sous l'abribus, j'aperçois directement les cheveux bleus du gars de tout à l'heure. Alors que je pensais qu'il ne me remarquerait pas, il s'approche de moi, l'air de rien.
- Kian, se présente-t-il en me tendant la main.
J'hésite un peu. Je ne sais pas si il est sérieux ou s'il se fout de moi. Je ne vois pas pourquoi il viendrait me parler: ça se voit à des kilomètres que je ne suis pas du genre sociable... tout le contraire de lui. Mais, à son regard, je sens qu'il ne se moque pas de moi.
- Moi c'est Charlie, je réponds en faisant une poignée de main.
Je suis adossé contre la parois transparente de l'abribus. Lui, se tient devant moi et met les mains sur ses hanches en souriant.
- Alors, tu t'es inscrit au club de course?
Je hoche la tête vaguement.
- Cool! Tu as déjà fait de l'athlétisme avant?
Je fait un grognement qui pourrait tout autant vouloir dire oui que non. Je vois que Kian est mal à l'aise. Tu n'avais qu'à pas venir me voir... je pense alors.
Le bus arrive et je monte dedans rapidement pour avoir une place. Je m'enfouis au fond dans une place libre.
Tout d'un coup,je vois une ombre d'approcher. Cette ombre s'assit à côté de moi: c'est Kian.
- Tu habite où? me demande-t-il.
Sa question me fait bizarre plus que ce qu'il ne pourrait s'imaginer. J'ai envie de répondre que je n'habite nulle part.
- À une heure d'ici...
- Ah, moi c'est quarante-cinq minutes.
Tout le reste du trajet se passe dans le silence. Je sens la gène de Kian, tellement palpable que je pourrais la prendre entre mes mains, mais moi ça me fait plus rire qu'autre chose, j'ai l'habitude.
Au bout de mon trajet, quand je rentre enfin, une voix aiguë m'accueille et se rapproche de moi.
- Ah, Charlie! Tu est rentré, ça s'est bien passé?
Venir ici me fait mal, c'est bien pour ça que j'ai demandé à aller en pensionnat.
- Oui oui, le lycée à l'air très bien.
Je file dans ma chambre et m'étale sur le lit. Doucement, je sens une larme salée rouler sur ma joue.
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