TROIS
Une tignasse blonde débarque et c'est un visage plein de détermination qui s'offre à moi.
La fille m'observe en silence, de ses yeux perçant surmontés de sourcils marrons qui lui donnent un air sévère. Je soutiens le regard. C'est ce que j'ai toujours fait en cas de problème, montrer que je ne suis pas faible.
- Arrête Dali, s'exclame Kian en rigolant doucement. Tu va lui faire peur.
Son visage se radoucit d'un coup. Son prénom est pour le moins original..
- Hum... Dali comme le peintre, dis-je en me tournant vers elle.
- Plutôt Dali comme mon prénom, rétorque-t-elle avec un demi-sourire. Je devais être une capote trouée pour que mes parents m'appellent comme ça!
- Dali, parle un peu mieux, la réprimande Émile avec son air de petit chiot.
Elle rigole.
- T'inquiètes, je suis sûre que le nouveau à de l'humour à revendre!
Je sais que c'est de l'ironie. Tout chez moi indique que je ne suis pas du genre rigolo ni très affectueux. Mais pourtant, pour son franc-parlé et son air sauvage, cette fille me plaît bien. Je sais que je ne pourrait jamais sortir avec elle pour autant. Les filles ne me trouvent pas à leur goût. Je suis trop peu confiant de moi d'après elles et je suis trop gentil.
- Je croyais que personne d'autre ne connaissait la cachette, fais-je pour changer de sujet.
- Oui, mais maligne comme elle est, Dali a trouvé le moyen de nous suivre un jour et elle a tout découvert.
- Cet endroit est un peu notre QG, explique Logan, on s'y rejoint souvent. En plus, grâce à cet endroit, je peux me faire pas mal de fric.
Je souris légèrement. Ces gens sont complètement barrés. Mais au moins, eux ne font pas semblant comme la plupart le font.
- Bon les gars, on fait quoi? demande Dali en mettant ses mains sur ses hanches.
- On prends ce qu'il nous faut pour grimper sur le toit du bâtiment. Tu as de la chance Charlie, tu est arrivé au bon moment: ça fait au moins un an qu'on bosse sur ce projet.
- Exagère pas Kian, ça fait pas plus de six mois. Et en plus, c'est pas cool de pas m'avoir prévenue, se plaint Dali.
- T'inquiètes, on voulait te récupérer aux dortoirs...
Je comprends alors pourquoi on dit que ce pensionnat est assez libre. Les règles sont là mais ne sont en aucun cas respectées.
Émile bouge dans la cabane et s'empare de plusieurs choses dont un pied de biche et une corde.
Nous descendons l'échelle et mettons pieds à terre.
Nous retournons vers le bâtiment des cours et je suis Dali qui avance dans des couloirs. Je ne sais pas si j'ai envie de continuer. Je ne vois pas trop l'intérêt d'aller sur le toit. Mais bon, je n'ai rien d'autre à faire et, bien que je ne sois pas particulièrement sociable, j'aime bien me sentir aimé. Je ne sais pas si moi je suis capable de les aimer en retour mais ça fait du bien.
Au fond d'un des couloir, se trouve une porte en métal. Dali s'arrête devant et nous fait face. Elle laisse passer Émile qui sort son pied de biche. D'un coup sec, il ouvre la porte brutalement. Nous entrons et tombons sur de grands escaliers.
J'appuie sur l'interrupteur pour allumer la lumière. Bizarrement, c'est moi qui m'aventure le premier jusqu'en haut. Je monte une à une les marches et j'entends les autres qui me suivent derrière.
Je déboule sur une large terrasse en caillous parsemée de petits brins d'herbes diparses. Mais le plus beau c'est cette hauteur. Comme si je pouvais me rapprocher du ciel. Je regarde vers les nuages et j'espère voir quelqu'un. Mais rien. Juste quelques oiseaux qui me nargent d'en haut.
Je me sens triste tout d'un coup. Mon sourire s'éteint. Et mon masque se reconstitue sur mon visage, comme s'il n'était jamais parti.
Kian se rapproche de moi. Il pose ses mains sur mes épaules et ce contact me fait frissonner. Il est un petit peu plus petit que moi si bien que je le regarde en position de supériorité.
- Ça va Charlie, demande-t-il en fronçant les sourcils.
Je me recule et le questionne du regard. Je passe ma main dans mes courts cheveux noirs, aussi noirs que mes pensées à cet instant. Je me demande alors si ses pensées à lui sont bleues...
- Oui... oui tout va bien pourquoi?
- Tu fait une tête d'enterrement...
- C'est ma tête habituelle...
Je me retourne et m'éloigne un peu de lui pour me rapprocher du bord de la terrasse. Mes pieds s'avancent, ils vont toucher le bord. Je vois le sol et le vide qu'il y a entre les deux. Mon cœur bat fort. Et là... je m'assois sur le bord du toit, les pieds qui pendent.
J'observe un peu la végétation alentours. La forêt s'étend assez loin. Je vois Dali s'approcher peu à peu, elle s'assoit à côté de moi et je sens qu'elle me regarde. Puis, d'un coup, elle arrête, comme si elle n'était pas parvenue à sonder mes pensées.
- Bon, les tourteraux! crie Logan. Va falloir descendre maintenant. Vous allez vous faire repérer!
Dali se relève doucement en s'appuyant à mes épaules puis elle me tends les mains pour me remonter. Je n'ai pas encore confiance en elle. Après tout, il lui suffirait de me pousser un peu et je dégringole de plusieurs mètres. Je me relève alors sans son aide. Je vois que ça la déstabilise mais elle hausse vite les épaules.
Émile a ses mains sur la poignée de la porte lorsque celle-ci s'ouvre brusquement.
Je vois une furie débarquer. Un homme assez épais en costume et qui fronce les sourcils. Il regarde autour de lui, puis son expression d'inquiétude se change en une colère. Et cette colère, elle nous est destinée.
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