QUINZE
Avec Kian nous avons décidé d'aller sur le toit. C'est un peu l'endroit qu'on utilise pour être tranquille en dehors de la cabane. Il ne fait pas un soleil de plomb car quelques nuages sont dispersés dans le ciel bleu pâle. Comme il est un peu tard le soleil est plus bas, nous offrant une atmosphère chaleureuse et fraîche. Assis sur le sol granuleux nous nous faisons face.
Nous commençons à discuter de tout et de rien: des cours, des projets, du temps qu'il fait. Jusqu'à ce que le sujet bascule de plus en plus dans le coin que je déteste aborder: ma vie privée.
Et au fil de la conversation je sens que je perds pieds, que je n'ai plus le contrôle, que mes efforts pour garder secrètes certaines choses vont finir en miettes. Mais pourtant je ne fais rien pour éviter ce moment que je redoute depuis si longtemps.
Je finis par tout lui raconter: que mes deux parents ont eu un accident de voiture mortel l'année dernière, que depuis ce temps je vis dans une famille d'accueil, que c'est depuis ce moment que je vais mal. Je sens mes yeux s'humidifier à l'évocation de mes principaux problèmes. Je déteste pleurer. En fait c'est que les gens me voient pleurer que je déteste.
Kian m'a écouté sans un mot, sans un regard de pitié, seulement avec de la compréhension. Je lui en veut tellement pour ça. N'importe quelle autre personne aurait fait ce que je hais: me plaindre, me traîter comme un petit chiot sans défense.
Au lieu de tout ça, il s'approche de moi, m'enlace fortement et me murmure mon prénom dans le cou. Je sens ses doigts m'agripper dans le dos, comme si il avait peur que je m'envole. Je pleure contre son torse. En silence. Mes yeux pleuvent sans un bruit collé à lui.
Je ne vais pas bien. Non. Mais je vais peut-être mieux. J'ai lâché du lest. J'ai apaisé mon dos qui transporte depuis une année des problèmes, des douleurs, des tristesses. Et je sais que la perte de mes parents si tôt va m'affecter longtemps, sûrement pour toujours, mais je sais aussi que quand mes mots ont filé de ma bouche, un poids est parti aussi. Je lui en suis tellement reconnaissant, tellement.
Je me mords les lèvres pour m'empêcher de pleurer de plus belle. Mon corps tréssaute. Je veux arrêter toutes ces larmes. J'ai l'impression que je ne m'arrêterais jamais. J'ai envie de rester accroché à Kian pour toujours, de rester dans cette bulle protectrice pour l'éternité.
Je le sens contre moi qui relève la tête. Il plonge ses yeux dans les miens. Je vois que lui aussi a les yeux rouges. Je n'avais pas envie de le faire pleurer aussi. Je me sens coupable maintenant.
- Ne pleure pas s'il-te plaît, murmuré-je en caressant ses cheveux doucement.
- Ne t'inquiètes pas Charlie... C'est normal... Je viens de voir le mec que j'aime en train de souffrir..
Je le dévisage. Le mec que j'aime?
Que j'aime?
Il
M'aime?
Je lui souris. En fait c'est tout mon être qui sourit.
Je l'embrasse.
Encore une fois notre baiser a un goût de larmes, un goût de mer.
Ces cheveux sont des vagues bleutés et joyeuses qui flottent et se mouvent.
Et les miens, des corbeaux qui volent péniblement au dessus de l'eau
Kian intensifie notre baiser. Il passe ses mains sur ma taille et je frisonne.
J'ai toujours les yeux remplis de larmes mais mon coeur lui a guéri un peu.
- Je t'aime, murmure Kian contre ma bouche.
- Moi aussi...
Et un feu d'artifice éclate dans mon ventre et dans mon coeur.
Jamais dans toute ma vie je n'avais osé rêver de ça. De plaîre a quelqu'un, d'être aimé de quelqu'un. Tout le monde me faisait comprendre que je ne vallais rien.
Peut-être que c'est vrai.
Mais si je vaux quelque chose pour lui, c'est le principal non?
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Chapitre plutôt court mais j'ai tellement galéré a l'écrire 😂
J'espère qu'il vous a plu '^'
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