QUATORZE

Son regard est perdu dans le vide, comme voilé par la tristesse. Je me rapproche un peu et cette fois-ci il ne bouge pas. Il relève les yeux vers moi. Son sourire a disparu par ma faute.
Je continues d'avancer vers lui tout en regardant ses yeux. Et plus je m'approche, plus je sens qu'il me refait confiance.

Une fois proche de lui je me colle contre lui.
"Je suis vraiment désolée Kian" murmuré-je à son oreille.

- Pourquoi tu as dis ça?? fait-il comme dans un soupir.

- Je... je suis vraiment... Tu sais je n'ai pas souvent eu quelqu'un comme toi à mes côté... C'est juste que ce sont tous des connards... Tout le monde autour n'est que méchanceté !

Je sens le coeur de Kian contre mon buste qui bat de plus belle. Il m'enlace plus fort.

- Et toi et les autres vous êtes comme une touche de couleur à ce tableau sombre et j'ai juste... oublié que tu n'es pas comme les autres.

Kian ne dit rien. Il est juste contre moi et me sert fort. J'entends alors qu'il pleure doucement. J'ai peur de l'avoir une nouvelle fois blessé, mais à la manière qu'il a de m'étreindre je vois que c'est autre chose.

Il se relève et commence à m'embrasser comme tout à l'heure. Je sens quelques larmes qui dévalent sur mes joues. Je ne sais pas si ce sont les miennes, les siennes ou les deux mélangées. Une goutte salée parfume ma bouche en coulant entre mes lèvres. Maintenant notre baiser à le goût de la mer.

Dali arrive en sifflotant.

- Bon les limaces je vous dérange pas ??

Nous nous décollons et j'observe Dali qui se tient devant moi. Elle est toute sourire, un gobelet dans la main.

- On fait quoi maintenant ? demandé-je avec un demi-sourire.

- Bah je vous aurais bien laissé vous bécoter en paix mais je veux de la compagnie alors vous allez devoir vous coltiner ma magnifique personne!

Kian rigole avec moi.

- Vous voulez rester au concert ? nous demande-t-elle.

- Moi je m'en fous. Ça me dérange pas de rester ni de partir.

- Bon, commence Kian en regardant sa montre rapidement, il est minuit et quart on peut rentrer...

- Ok ! Mieux vaut y aller avant que les métros ne ferment de toutes façons. 

Nous contournons donc la foule et longeons le bois pour nous diriger vers la sortie du concert. Enfin sorti de cet amas compact de corps humains transpirants je peux enfin respirer correctement. L'air est plus frais dans les rues faiblement éclairées par les réververbères. Nous marchons tous les trois au milieu de la rue sans nous soucier des quelques voitures qui arrivent. Elles nous contournent sans broncher.

- Bon alors les gars, fait Dali un peu faiblement, vous êtes euh... ensemble depuis combien de temps?

Je la regarde puis ma tête se tourne vers Kian.

- Pas longtemps, répond-il en officialisant notre relation. Une semaine environ.

Je hoche la tête, signe que j'approuve ses paroles. Ça me fais du bien de savoir que pour lui on est "ensemble".

- Et dire que j'ai rien vu... En fait en vous voyant on pourrais même pas le deviner! Vous êtes si... différents.

Je souris. C'est vrai qu'on est très différents à notre manière.

- Oui... mais comme on dit : Les contraires s'attirent.

Quand Kian dit ça j'ai une envie folle de l'embrasser. Je me sens comme attiré par un aimant. Oui, Kian m'attire. Nous nous attirons tous les deux. Mais le fait que nous soyons différents peut amener à des problèmes... Comme ce que j'ai dit tout à l'heure. Je le regrète maintenant, mais qui me dit que mon côté asocial et méfiant ne reprendra pas le dessus?
Je le regarde intensément et je fixe ses lèvres avec désir. J'aimerais l'embrasser passionnément ici et maintenant mais je sais que ça ne se fait pas. Je n'ai pas non plus envie que Dali tienne la chandelle comme une gourde. Alors je passe mon bras autour de ses épaules et nous continuons à avancer en parlant de tout et de rien.

Nous passons devant chez Dali pour la déposer car tout le monde sait qu'une fille toute seule le soir dans la rue ce n'est pas idéal...
Il ne reste donc que nous deux. Je regarde Kian qui me sourit à son tour. Nous nous engageons dans la rue, collés l'un à l'autre.

On arrive devant chez moi un quart d'heure de marche plus tard. Je me stoppe et lui annonce que c'est mon immeuble. S'ensuit un moment de flottement. Je ne sais pas quoi faire : lui dire au revoir, lui faire la bise, l'embrasser? J'ai le dos contre le mur et Kian est devant moi.
Il se rapproche un peu plus et mon coeur manque un battement. Kian est maintenant complètement scotché à moi, sa bouche cherche la mienne et je lui offre sans attendre. Nous nous embrassons rapidement dans la légère brise du soir. Je souris contre ses lèvres et il me caresse le bras. J'aimerais rester ici pendant des heures mais je sais qu'on m'attend en haut. Alors je mets fin à notre baiser en lui souriant.

- Arrête sinon je vais pas pouvoir te lâcher...

Kian rigole doucement.

- Moi ça me dérange pas plus que ça...

- Kian, tu veux vraiment me supporter H24? dis-je avec un mi-sourire.

- Oui, je le veux ! Pour le meilleur et pour le pire !

Cette fois-ci nous rions tous les deux. Je l'embrasse une dernière fois et lui dis au revoir.

En grimpant les escaliers je repense à tout ça, cette relation. J'ouvre la porte et découvre ma mère adoptive endormie sur sa chaise, le haut du corps affaissé sur la table de la salle à manger. Je la réveille doucement et la raccompagne à sa chambre alors qu'elle est à moitié endormie. Je vais moi aussi me coucher, et tombe dans les bras de Morphée en pensant à ce garçon qui m'a choisi et que j'ai choisi.

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