ONZE
... et son visage s'approche. Mais il se bloque, il attends mon feu vert. Je hoche la tête si imperceptiblement que j'ai l'impression qu'il ne le verra pas ; mais il souris. De ce sourire qui illuminerait presque toute la pièce.
Mon esprit à cet instant là est complètement brouillé. Il n'y a plus de cerveau, il y a seulement un cœur et des yeux : un cœur qui bat et des yeux qui l'observent. Et lui, il s'approche de mon visage. Ses lèvres s'approchent et il les dépose sur les miennes.
Et je sens ses mains sur mon torse qui se resserrent et qui m'agrippent, comme si il voulait que je sois à lui. Mes mains elles aussi ne restent pas sages, elles viennent le parcourir et se posent sur ses épaules puis dans ses cheveux tandis que nous nous embrassons. J'ai alors l'impression de tenir dans ma paume une petite rivière.
Je sens son souffle tout près de moi lorsque sa bouche vient se loger dans ma nuque. Et je deviens fou car mon cœur n'a jamais battu aussi fort. Et toutes les choses que je ressens là maintenant, j'en ai peur. Car c'est la première fois que ça m'arrive et c'est avec un mec.
Il chuchote mon nom tout en passant ses mains sur mon T-shirt.
"Charlie, Charlie..."
Jamais entendre mon prénom ne m'a fait autant d'effet.
Et je ferme les yeux avec Kian dans mes bras parce-que j'ai l'impression que si je les ouvre, mon cœur va exploser et mon sourire va se laisser dévoiler.
- Ce film est bien mieux que je le pensais... chuchote-t-il en jouant avec
une de mes mèches noires.
Lorsque la fin du film se fait entendre, une dose de gêne m'atteint. Je ne sais pas quoi faire maintenant : aller en bas avec les autres, parler à Kian de ce qu'il s'est passé, ne rien faire et rester ici..?
Et puis je ne sais pas ce que ça signifie tout ça: un comportement passager, quelque chose d'officiel... Je ne sais même pas si je veux continuer parce que pour moi c'est un terrain bien trop inconnu. Après tout je pourrais tout aussi bien renier ce désir et vivre comme ce que les autres appellent "normalement"...
Mais je suis pourtant là et je l'ai laisser faire de mon plein gré alors pour moi, la vision a changé...
***
Nous sommes descendus voir les autres dans la salle commune. Kian n'a rien fait de bizarre comme me prendre la main ou m'embrasser en public. Mais quand nos regards se croisent, il y a une petite lueur dans ses pupilles et dans son sourire qui me rappelle ce qui s'est passé et qui me laisse penser que c'est notre petit secret.
Je vois Dali un peu plus loin qui parle avec une fille. J'ai besoin de lui parler encore une fois, mais je ne veux pas la déranger. Mais soudain, je vois que quelqu'un s'approche d'elle, une personne que je hais de tout mon être. La colère monte quand je vois qu'il touche Dali sans son consentement.
Je la vois se débattre, elle ne se laisse pas faire : c'est Dali. Elle lui met une claque mais cela ne fait que dédoubler la force de son opposant.
- Rohhh! Allez Dali! Je sais que tu le veux... une salope comme toi...
Je m'approche de Kevin, le visage probablement plus rouge que Satan et m'interpose.
- Lâche-la TOUT DE SUITE! Et laisse-la tranquille, ok?
Je le fusille du regard et cela le met encore plus en rogne. Il sers les poings et, avant que j'ai eu le temps de réagir, me le balance en plein visage.
- Elle est à moi puceron! Alors casse-toi sale..
Et alors là la limite est atteinte. Ma mâchoire me lance et la colère me pousse à lui donner un coup de poing monumental alors qu'il est en train de me parler.
Je n'ai jamais vraiment frappé quelqu'un mais apparemment je m'y suis bien pris étant donné que le colosse gît par terre en gémissant.
- Ça va Dali? je demande en me retournant vers elle.
Elle hoche la tête doucement et écarquille les yeux: Kevin se jette sur moi et me fait tomber à terre. Le choc me fait perdre toute réactivité. Il me frappe de toutes parts, enragé comme un chien, prêt à en découdre. Et je n'ai même plus assez de force pour me débattre alors j'encaisse les coups uns par uns en essayant de mettre mes bras pour limiter ses coups de poing.
Tout autour de nous des cris retentissent, les gens forment un cercle autour de nous, comme si ils regardaient un match de gladiateurs. C'est limite s'ils n'applaudissent pas.
Je vois bien que Dali essaye d'empêcher Kevin de me frapper mais il a trop de force. Et les autres ne réagissent pas...
Soudain, je sens que quelque chose a changé. Les coups se sont arrêtés et j'entends Kevin qui grogne.
Je relève les yeux et vois que Logan est en train de le maîtriser. Dali me relève avec précaution, un air inquiet sur le visage : je dois être dans un sale état.
Elle me conduit jusqu'à l'infirmerie. J'ai du mal à marcher et j'ai mal partout. Je me repose de presque tout mon poids contre elle, j'ai une douleur très vive sur tout le visage et je sens le goût du sang au coin de mes lèvres.
L'infirmière me fait m'allonger sur un lit blanc et me fait toute une panoplie de bandages et de pommades. J'ai le visage en sang et des bleus sur les épaules.
Je dois me reposer pendant au moins une heure alors j'entreprends de faire une sieste : je n'ai rien d'autre à faire de toutes façons.
À un moment j'entends la porte de l'infirmerie s'ouvrir. Kian apparaît et s'approche de moi.
- Waw. Tu es dans un sale état! Tu as une tête de zombie...
- Merci...
- Kevin est un gros con.
- Oui.
- Pourquoi il a fait ça au fait?
- Mhmm... Il embêtait Dali encore une fois et je l'ai défendue...
- Quoi? Il l'embêtait comment?
- Il.... il était en train de... il la harcèle pour...
Kian hoche la tête. Je n'arrive pas à le dire et il le comprend.
Il s'approche de moi, et me dépose un baiser sur le front.
- Ne t'inquiètes pas Charlie, on obtiendra justice!
Il sourit mais son expression est téméraire. J'ai envie de le serrer dans mes bras à cet instant même, et de lui dire de ne jamais me lâcher...
Je vois son regard, mélangé entre de la détermination et une énorme vague d'empathie.
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