DIX
Nous sommes encore une fois sur le toit du lycée. Cette fois-ci il n'y a que moi et Dali.
À la fin des cours je me suis approché d'elle, je lui ai chuchoté de venir me rejoindre en haut. J'ai pu voir à sa réaction qu'elle était surprise, un peu énervée. Mais j'ai quand même monté les escaliers, bravé l'interdit et je l'ai attendu.
Les pieds ballants dans le vide, j'ai attendu le temps que mon cerveau divague.
- Bon... tu veux quoi?
- Viens t'asseoir.
Elle s'approche et se pose à côté de moi à environ un mètre. Je vois qu'elle n'a pas confiance, ou plutôt qu'elle n'a plus confiance.
-Il faut qu'on parle Dali...
Elle se tourne vers moi avec un air las, les paupières rabaissées sur ses yeux.
- Si tu parles de la soirée... je n'ai pas envie d'en discuter... fait-elle dans un soupir.
- Bien sûr que si on doit en parler.... Tu m'évites pour cette raison c'est ça?
- Je ne t'évite pas...
- Rohh... me la fait pas à moi! Tu ne m'a pas parlé de toute la journée!
- Toi tu ne parles jamais et je me sens pas vexée pour autant...
-Eh bien figure-toi que cette fois-ci c'est moi qui parles et tu sais bien que c'est différent. Tu es toujours pleine de vie et là...
Je vois qu'un léger sourire fait surface sur ses lèvres mais je ne dis rien car je sais qu'elle a sa fierté.
- Écoute....euh... je sais vraiment pas ce qu'il s'est passé ce soir-là. Je te trouve très jolie, tu es super gentille et drôle mais... je sais pas ça ne... colle pas?
Elle se tourne vers moi.
- Charlie... je vous ai vus toi et Kian...
Cette simple phrase me pique. Elle me fait paniquer.
- Tu... on... tu as vu quoi au juste?
- Je vous ai simplement vu danser ensemble. Vous étiez... très proches! ....Charlie, tu es gay?
Je suis surpris. Je n'ai jamais pensé à cette éventualité. En fait je n'ai jamais vraiment réfléchi à ce genre de choses. Je n'ai jamais été approché par beaucoup de gens et encore moins dans un but romantique. Je me sens comme pris au piège car je ne sais absolument pas quoi répondre, est-elle énervée contre moi ?
- Non! Je... je ne sais pas!
- Alors la seule explication c'est que je ne te plais pas, conclut-elle en un sourire sans joie.
Je me sens triste. Oui, je me SENS triste. Je ressens cette tristesse à l'idée de blesser Dali, de la voir malheureuse. J'ai ce sentiment dans mon cœur et ça fait depuis si longtemps que je n'ai pas eu ce genre d'empathie, que je souris. Un sourire venant tout droit du cœur.
Mon cerveau est en plein travail. Il réfléchit beaucoup trop à démêler les histoires et les sentiments. Je souris une deuxième fois. Je suis simplement bien mais aussi triste de voir une fille si rayonnante, devenir soudain beaucoup moins saturée, et tout cela à cause de moi.
- Dali, écoute... moi même je ne sais pas du tout... je...
C'est alors qu'elle s'approche de moi et dépose encore une fois sur mes lèvres un baiser. Je me recule encore une fois. Je ne ressens toujours pas ce que je suis censée ressentir.
- OK... je vois! Donc je te fais vraiment aucun effet...
Elle se lève brusquement et s'en va sans demander son reste.
Je ne la rattrape pas car dans son cas je n'aurais pas aimé qu'on me rattrape. Alors je reste, les pieds dans le vide.
Quand je retourne dans le bâtiment principal, je passe par les couloirs pour rentrer au dortoirs tout en réfléchissant à toutes sortes de choses. Je me dis que depuis que je suis ici, je me suis risqué à beaucoup trop de chose. J'ai baissé ma garde.
J'ouvre la porte et vois Kian qui lit, couché sur son matelas. Il relève la tête lorsque je fais un pas à l'intérieur et me souris.
J'hésite à lui parler. De tout. De cette soirée dont il ne semble pas se souvenir. De cette interrogation que j'ai envers mon orientation sexuelle. De ce que j'ai dit à Dali et de ce qu'elle m'a dit.
Je reste juste sur le palier tandis que lui est retourné à sa lecture. Je l'observe. Il est sur le ventre, les pieds relevés et lit son livre avec un petit sourire.
Soudain, je me rends compte que je suis bêtement en train de bugger en plein milieu de la chambre et je secoue la tête, comme pour me réveiller.
- Où sont les autres? demandé-je tout en m'asseyant sur mon lit.
Kian détache ses yeux de ses pages et se tourne vers moi.
- Hum.. ils doivent être à la salle commune!
- Pourquoi tu n'es pas avec eux?
- Il y a trop de monde.... se plaint-il. Et puis ta compagnie ça me suffit! D'ailleurs, ça te dit de voir un film avec moi sur mon ordi ?
C'est interdit d'amener un ordinateur dans le campus normalement mais bon... il faut dire que les règles ne sont pas forcément respectées ici.
- Quel film?
- Logan? fait Kian en haussant les épaules.
Je n'en demande pas plus et me jette à côté de lui. Il sort son ordinateur et l'allume. Je suis couché tout près de lui, lorsque le film commence. Comme le lit est assez étroit, mes épaules touchent les siennes et je sens le contact de ses bras.
Au fil des minutes, j'ai l'impression que Kian se rapproche mais c'est impossible car nous sommes déjà collés. Pourtant, je sens sa main se crisper lors des scènes d'action. À un moment, il me prends la mienne et la serre fort, comme si il avait peur.
Il ne la lâche pas. Comme si il s'était habitué à ce contact, comme si le fait qu'on se tienne la main était tout à fait normal. D'ailleurs, sa poigne s'est relâchée.
Je le regarde avec insistance jusqu'à ce qu'il se tourne vers moi. Je désigne du regard nos doigts entrelacés.
- Euh... Ah oui désolé je n'avais pas... vu!
Puis il retourne à son film.
Mais cinq minutes plus tard je sens sa main à nouveau dans la mienne. Et cette fois-ci c'est par choix qu'il fait ça. Et bizarrement, je le laisses faire.
Nous sommes en train de regarder un film en nous tenant la main. Il fait des cercles avec ses doigts sur ma peau et ça me rends fou.
Et puis là, il se retourne complètement, tournant le dos à Wolverine et il met ses mains sur mon torse en me regardant droit dans les yeux et...
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