Malédiction
Voilà un nouveau chapitre de cette fic ! Désolée d'être un peu longue mais je suis débordée !
Claudia se leva bien avant l'aurore. Elle n'avait rien mangé depuis la veille et son estomac criait famine. Elle se leva donc doucement et s’habilla d'une simple robe lila avant d'ouvrir la porte dans l'intention de se rendre aux cuisines. Les gonds grincèrent et le bruit résonna dans le long couloir vide. La jeune femme se figea et attendit avec angoisse que quelqu'un la renvoie dans sa chambre mais personne ne vint. Soulagée, elle commença à avancer à tâtons dans le noir, aidée par la lumière de la lune qui filtrait à travers les vitres. Elle longea le couloir et descendit les marches de l'escalier principal.
-Mademoiselle cherche quelque chose ? demanda calmement une voix dans son dos.
Claudia se retourna d'un bloc en se retenant à la fois de hurlé et de fracasser le crâne de Sebastian avec le chandelier de ce dernier. On avait pas idée de faire peur aux gens comme ça !
-Ou...oui, avoua-t-elle en gardant son calme. Je pourrais avoir quelque chose à manger ?
-Vous n'avez pas dîné avec monsieur, c’est normal que vous ayez faim, sourit narquoisement le majordome. Venez donc, je vais vous conduire aux cuisines.
Docilement, elle suivit le majordome. À la lumière des bougies, le château était encore plus inquiétant. Ils arrivèrent dans la salle à manger et empruntèrent un couloir qui débouchait dans les cuisines. Une délicieuse odeur de sucre s'échappait des fourneaux pendant que Hannah et Loukas, en voyant leur invitée, se hâtaient préparer du thé.
Claude, un peu à l’écart, attendait avec son air désaprobateur tandis qu'une jeune femme de chambre à lunettes la saluait nerveusement avant de faire la vaisselle. Le jeune garçon lui prit la main et l'invita à s'asseoir sur une élégante chaise couverte de velours rouge.
-Qu'est-ce qui vous ferait plaisir ? demanda Sebastian. Il y a des potages, du ragoût, du poisson, du boeuf, de la volaille, des pommes de terre, des haricots, des...
La suite fut très confuse pour la jeune femme, qui restait estomaquée par la diversité du menu. Devant son air perdu, le majordome s'arrêta.
-Euh...ne vous donnez pas tant mal ! s’empourpra Claudia, craignant de donner une surcharge de travail aux domestiques, qu'elle avait, selon elle, déjà bien embêté.
Loin de se vexer, les serviteurs lui firent un grands sourire. Puis, Loukas apporta une tasse de thé chaud à la jeune femme, ainsi qu'une part de gâteau à la framboise.
-Merci...et...désolée de m'être mal conduite envers vous tout à l'heure.
Hannah s'approcha d'elle et la couva d'un regard maternelle.
-Oh ne vous inquiétez pas ! Cela nous fait plaisir d’avoir une invitée après toutes ces années.
-J'imagine que votre maître n’est pas très enclin à recevoir du monde.
-En fait... commença Sebastian.
-Il ne veut pas s'attacher à la vie, termina Claude en redressant ses lunettes sur son nez. Et sa malédiction n'y change rien.
Un frisson parcourut l'échine de la jeune femme.
-Une malédiction ? répéta-t-elle, incrédule.
Les domestiques parurent mal à l'aise.
-C'était il y a longtemps...se remémora Sebastian. Lors d'une nuit d'hiver comme celle-ci. Le maître ne voulait voir personne, ne parler à personne... Il se murait dans sa solitude.
-Mais une vieille femme a frappé à la porte du château et a demandé un abri pour la nuit, continua le second majordome. Mais le maître a refusé. Et il a contrarié Sarivan la sorcière.
-Elle lui a reproché son manque d'humanité et lui a jeté ce sort, termina Hannah. Depuis, les années passent et nous attendons que la vie s'achève.
-Quoi ? s’effraya Claudia. Vous allez mourir ?
-Oh non, soupira Sebastian en débarrassant la table et en rangeant l'argenterie déjà lavée. Nous serons plongés dans un état pire que la mort. Dans une sorte de cauchemar interminable. Jamais vivants, jamais morts.
-C'est monstrueux... hoqueta Claudia, les larmes aux yeux.
-Heureusement, Loukas et May-Lin ne sont pas touchés par cette malédiction, sourit Hannah en carressant la tête brune du gamin et en désignant la bonne qui venait de terminer la vaisselle. Sarivan ne condamne pas les innocents.
La jeune femme ne comprenait rien. C'était si... impossible !
-Je suis désolée...murmura-t-elle tristement.
-Il n'y a pas à l'être mademoiselle, sourit Sebastian. Nous avons fait nos choix, c’est ainsi.
Il lui versa une tasse de thé mais Claudia n’y toucha pas, se contentant de regarder son reflet dans la boisson, pensive. Ce château était loin d'être anodin. Finalement, elle saisit délicatement la tasse et, une fois son thé bu, se leva en saluant es domestiques. Elle allait repartir se coucher lorsque la voix de Claude retentit dans son dos.
-L'aile Ouest constitue les appartements privés du maître alors, à moins de vouloir réduire considérablement votre espérance de vie, ne vous trompez pas de couloir.
La jeune femme se retourna d'un bloc et le fusilla du regard avant de sortir en attrapant un chandelier. Lorsqu'elle fut partie, Hannah s'approcha de Claude et le gifla violemment.
-Cette jeune personne a perdu son père et sa liberté dans la même soirée, s’indigna Sebastian en lui adressant un regard noir. Et toi, tu ne trouves rien de mieux à dire !
-Vas-tu me dire que ce n'est pas la vérité ? objecta le majordome à lunettes. Pour lui comme pour nous, la Vie et la Mort ne sont rien de plus que des chimères. Aurais-tu oublié ce que nous sommes ?
Sebastian ne trouva rien à redire. Le silence s'installa, pesant, qu’aucun d'entre eux ne souhaita rompre, jusqu'à ce qu’Hannah et May-Lin accompagnent Lukas se coucher, laissant les deux hommes terminer leurs dernières tâches.
Alors qu'elle déambulait seule dans le grand château, son chandelier à la main, Claudia pensa à son père. Son coeur pesa dans sa poitrine et les larmes lui piquèrent les yeux. Pour un stupide livre qu'elle lui avait demander, il s'était retrouvé enfermé dans des geôles par un monstre ! Un vif sentiment de colère s'insinua en elle. Cet inconnu enfermait son père, la retenait ici et il ne daignait même pas se présenter ! Elle allait lui dire sa façon de penser ! Abandonnant toute raison, elle se dirigea vers l'aile Ouest.
Après s'être fait jeter dehors par le majordome, Tanaka était monté à cheval et avait, tant bien que mal, de retrouver son chemin parmi les silhouette fantomatiques des arbres. La neige tombait sans discontinuer depuis des heures lorsqu'il atteignit le village. La lumière des bougies et des lampes filtrait à travers les vitres couvertes de givre, de même que les rires et les plaisanteries. Sans prendre le temps de s'en occuper, le marchand se dirigeait vers sa maison lorsqu'une silhouette lui barra le passage. Levant les yeux, il reconnut Cédric.
-Tanaka ? s’étonna ce dernier. Je te croyais en voyage d'affaire.
Ce que le blond redoutait, c’était sa réaction s’il apprenait qu’il avait demandé sa fille en mariage. Mais le marchand lui semblait plus désemparé que jamais.
-Où est Claudia ? reprit Cédric. Je croyais qu'elle serait avec toi.
Le vieil homme eut un regard terrifié.
-Elle est prisonnière d'un monstre, chuchota-t-il en s'éloignant d'un pas.
Mais le blond le rattrapa par la manche.
-Quoi ?
-Elle est prisonnière d'un monstre, répéta-t-il en se dégageant et en retournant chez lui, dans le château au milieu de la forêt.
Le jeune aristocrate le laissa s’en aller, ne sachant quoi dire ou faire. Ce vieil homme était complètement fou ! Mais après un temps de réflexion, il s'aperçut de sa bêtise. Tanaka n'était pas un menteur et il aimait sa fille plus que tout. Quel était la vérité ?
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