La Belle et la Bête
Coucou ! Comme promis cette fic parle du conte de ''La Belle et la Bête'', toujours en collaboration avec Lyly Toirarmy. Bonne lecture et merci de suivre mes histoires !
-Je ne serai pas long, c’est promis Claudia.
Tanaka regarda tendrement sa fille en montant à cheval. Être un marchand et habiter dans un village isolé avait parfois des désavantages.
-Je sais, sourit Claudia en lui tendant une sacoche de cuir. Mais je n'aime pas quand tu t'en vas si longtemps.
-Ce n'est que pour quelques jours, répondit son père en prenant l'objet. Je te rapporterai un souvenir. Qu'est-ce qui te ferait plaisir ?
-Un livre, répondit-elle avec un sourire.
-Pourquoi ai-je posé la question ? fit mine de bouder son père.
La jeune femme rigola d'une voix cristalline.
-Sois prudent, lui recommanda-t-elle en le laissant s'éloigner au trot.
Lorsque le destrier ne fut plus qu'une ombre dans l'aube matinale, elle rentra dans sa petite maison qu'elle appréciait tant. Très simple mais douillette, la demeure possédait un salon, une salle à manger et une cuisine, ainsi qu’un étage où se trouvaient les chambres. Se sentant déjà seule, la jeune femme prit un des nombreux livre qui couvraient les étagères et les meubles. Un joli livre avec une couverture bleue.
Puis elle enfila une cape de velours et sortit pour se rendre à la bibliothèque du village où elle et son père habitaient depuis peu. Lorsqu'elle arriva sur la grande place, les gens se mirent à la regarder comme si elle était un fantôme. Ils la trouvaient étrange parce qu'elle n'aimait pas être bien habillée, bien coiffée ou parler de mondanités, elle préférait lire, encore et toujours, n'importe où, n'importe quand. Loin d'être intimidée par ses regards, Claudia garda la tête haute et rentra dans la boutique. Une bonne odeur de papier et d'encre l’assaillit aussitôt, pour son plus grand bonheur.
-Claudia ! s’exclama joyeusement le bibliothécaire, un petit homme grisonnant, en la voyant entrer. Que puis-je pour toi ?
-Bonjour ! Je viens vous rendre le livre que je vous ai emprunté.
-Déjà ? s'étonna l'homme en saisissant le livre qu'elle lui tendait. Mais tu l'a pris hier !
La jeune femme lui répondit tout en cherchant une nouvelle lecture.
-Je voulais tellement connaître la fin que je l'ai dévoré en une nuit.
Enfin, elle fit son choix et le présenta au bibliothécaire.
-Celui-là ? Mais tu l'as déjà lu cent fois !
-Je n'y peux rien ! J'aime les romans d'aventure et de mystère.
Le vieille homme en était le premier ravi. Une jeune femme aussi amoureuse des livres, ça ne se croisait pas tout les jours. Il lui redonna l'ouvrage et eut un grand sourire.
-Puisque tu l'aimes tant, je te l'offre.
Abasourdie, elle n'osa pas prendre le roman. Puis ses doigts attrapèrent la couverture rouge avec délicatesse.
-Merci beaucoup monsieur. Je ne sais pas quoi dire...
-Ça me fait plaisir ! Allez, je te laisse. Bonne journée !
-Bonne journée !
Heureuse comme jamais, Claudia commença à le lire dès qu'elle eut franchi le seuil de la porte. Dehors, les ragots reprirent de plus belle mais, trop absorbée par sa lecture, la jeune femme n'y prêta pas attention. Sauf lorsqu'un jeune homme élancé aux longs cheveux blonds et aux yeux froid et bleus s'approcha d'elle. Elle voulut le contourner mais il lui barra le chemin avant qu'elle ai pu faire un geste.
-Cédric ! se força-t-elle à sourire. Comment vas-tu ?
-Bonjour Claudia ! se réjouit l'autre avec un petit air supérieur. Ah...
Il aperçut son cadeau et le lui arracha des mains avant de le feuilleta rapidement.
-Encore dans tes bouquins ! Il serait peut-être temps que tu te consacre à des choses plus importantes. Comme te marier, par exemple.
Elle lui reprit son livre et commença à s'en aller. Mais il la retint par le bras.
-Toutes les femmes de ton âge t'envient, tu sais. Me côtoyer est un honneur.
Elle se dégagea brusquement et reprit son chemin sans plus se faire interrompre. Cédric répartit également précipitamment, le rouge aux joues, mais avec une certaine satisfaction. Les proies les plus coriaces étaient des trophées de choix. Un peu plus loin, trois femmes foudroyèrent Claudia du regard.
-Comment ose-t-elle ! s'exclama la première.
-Elle a la chance de parler à Cédric et elle s'en va comme s’il n'était pas là ! continua la deuxième.
-Quelle peste ! termina la troisième.
Pendant ce temps, Claudia rentra chez elle, rassurée de s'être débarrasser de Cédric Rosewood, un très riche aristocrate de la région. Il était le plus admiré et le plus célèbre de tout le village car son père en était le propriétaire, et un excellent chasseur. Mais il avait également un ego sur-dimensionné et une tendance à considérer tout ce qu'il voulait comme acquis. Et il s'était mis en tête de faire d’elle sa femme ! Elle le savait mais elle ne l'aimait pas. Et elle ne l'aimerait jamais. Soulagée, elle commença à lire.
Tanaka sut qu'il s'était perdu à l'instant même où son cheval s'arrêta au milieu du chemin. La nuit commençait à paraître et la lune jetait une lueur inquiétante sur les silhouettes décharnées des arbres et la brume qui entourait la forêt.
-Du calme, mon grand, tenta le marchand pour rassurer sa monture. Nous avons juste pris un raccourci.
Mais il ne savait pas du tout où il se trouvait. C'est alors qu'un hurlement de loup se fit entendre. Puis les bêtes apparurent et encerclèrent le cheval, visiblement affamées. Le pauvre animal paniqua et se cabra, envoyant au passage son cavalier s'écraser par terre. Les loups attaquèrent et se désinterressèrent de l'homme pour courser le cheval qui s'enfuyait à travers la forêt.
Tanaka se releva péniblement et se demanda comment rentrer chez lui lorsque les hurlements redoublèrent d'intensité. Il se mit à avancer rapidement dans la direction opposée, espérant sincèrement tomber sur un abri pour la nuit. Les secondes lui parurent durer des heures, tant il devait sans cesse garder ses sens en alerte, sursautant au moindre bruissement de feuilles, au moindre craquement de branches. Enfin, en vue, apparut une immense grille de fer forgé recouverte de ronces, que le vieux marchand s'empressa d'ouvrir. Les gonds grincèrent d'une musique macabre et le silence qui s'en suivit était plus inquiétant que rassurant.
Tanaka s'avança plus calmement à travers des jardins qui autrefois avaient dû être magnifiques mais qui étaient depuis longtemps abandonnés. Enfin, il arriva en vue d'une immense bâtisse de pierres sombres, droite et haute. La porte de bois semblait en aussi piteux état que le reste du domaine et le vieille homme supposa que le château devait être laissé à l'abandon. Transis de froid, il entra et appela dans l'espoir que quelqu’un lui réponde, mais sans succès. L'endroit était désert.
-Je m'arrête une petite heure et je repars, se dit Tanaka en s'asseyant dans un vieux fauteuil confortable, sa cape sur les épaules.
Rompu de fatigue, il s'endormit et ne se réveilla que lorsqu'une horloge sonna minuit.
-J'ai trop traîné.
Il allait repartir pour retrouver son chemin mais s'arrêta un instant. Il avait promis à sa fille de lui rapporter quelque chose et il ne voulait pas rompre sa promesse. Dans un coin du grand salon, son regard s'attarda sur un épais livre brun serti d'une reliure dorée. Un ouvrage magnifique.
-De toute façon, il n'y a personne, conclut-il en ouvrant le livre.
Soudain, une sorte de bande lumineuse s'échappa des pages et vola à travers la pièce. Le marchand contempla ce spectacle, fasciné et effrayé à la fois. Jusqu'à ce qu'une main attrape le livre et le referme brusquement. À quelques mètres de lui, dans l'ombre, une silhouette mince et élancée serrait dans ses mains le volume de cuir.
-Vous n'êtes qu'un voleur, déclara l'inconnu d'une voix sourde qui laissait transparaître sa colère.
-Je...je suis désolé, bégailla le pauvre Tanaka. Je pensais qu'il n'y avait personne ! Je n'aurais jamais osé...Je me suis perdu et je cherchais juste un endroit pour passer la nuit !
-Et vous allez dans un endroit d'où jamais vous ne sortirez, tonna la voix alors que deux personnes attrapaient le marchand tétanisé pour le conduire dans les geôles.
******
Derrière les arbustes qui entourait la maison de Claudia, Cédric attendait. Le grand blond avait revêtu son plus beau costume et s'apprêtait à demander la jeune femme en mariage. Il s'avança vers la porte d'entrée et frappa à la porte.
Claudia sursauta en entendant le martèlement contre la porte en bois. Elle se leva tranquillement et alla ouvrir avec un sourire. Mais elle le perdit lorsqu'elle vit que son visiteur était Cédric. Ce dernier ne se gêna pas et entra s’asseoir.
-Bonsoir Claudia ! s'exclama-t-il joyeusement.
-Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda la jeune femme en tentant de rester respectueuse.
-Eh bien, commença Cédric en prenant un petit air mystérieux, on parle beaucoup au village d'un magnifique mariage à venir. Et sais-tu qui sont les heureux élus ?
Claudia n'en revenait pas. Le dégoût se mua en horreur lorsqu'elle comprit le but de sa visite. Elle recula et le blond s'avança vers elle, plaçant ses mains contre la porte, de chaque côté de sa tête. Il la regarda avec insistance, ses yeux froid brûlant non pas d'amour mais de désir.
-Je...Je suis navrée, bégailla Claudia en attrapant la poignée. Mais je ne t'aime pas.
Avant que Cédric n’ait pu réagir, la porte s'ouvrit, la jeune femme se dégagea sur le côté et il se retrouva allongé par terre, la mine déconfite. Il se releva mais déjà la porte avait claqué dans son dos. Alors il s'éloigna en fulminant de rage, se jurant que cette peste deviendrait sa femme, qu'elle le veuille ou non !
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