4- Être aussi aveugle, c'est digne d'un Gryffondor !


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- Drago, est-ce que ça va ? demanda soudainement Blaise.

Le blond haussa un sourcil et posa le livre qu'il lisait sur ses genoux.

Pansy était avec eux dans la Salle Commune, lisant une revue de Sorcière hebdo.

Avant que le métis ne pose sa stupide question, il régnait un calme apaisant et Drago ne pouvait s'empêcher d'être agacé par son intervention.

- Ça va.

Il voulut se replonger dans sa lecture mais l'autre insistait.

- Tu es sûr ? Tu peux nous le dire sinon.

- Oui je vais même très bien, répondit-il sèchement. Pourquoi ça irait mal ?

Son ami se tortillait. Il allait dire une bêtise, c'était sûr.

Pansy avait baissé son magazine et suivait l'échange avec intérêt.

- Avec la déclaration de Potter dans la Gazette, on s'était dit que tu serais un peu triste.

- Mais qu'est-ce que tu racontes ?


Que s'étaient-ils inventés encore ces deux-là ?

- Bah, tu l'ai-

La brunette l'interrompit, consciente que ce mot n'aurait fait qu'aggraver l'agacement du blond, voire provoquer sa colère.

- On sait que c'est ton ennemi depuis longtemps. Ça t'aurait peut-être fait un choc de le voir casé.

Bien joué Pansy, mais je ne suis pas idiot. Moi, aimer Potter ? Ne me faites pas rire. C'est lui qui m'aime. Et c'est moi qui vais le repousser. N'inversez pas les rôles s'il-vous-plaît.

- N'importe quoi, déclara-t-il seulement.

***

Enfin fini.

Drago referma le livre où il avait eu le nez plongé toute la journée. Depuis tout petit, quand il était angoissé, énervé ou tout simplement triste, il se réfugiait dans la lecture. Lire l'aidait à se calmer. Il projetait ses émotions sur celles des personnages et oubliait peu à peu ses malheurs.

Autant dire qu'avec la déclaration de Potter tout à fait impromptue, il avait bien besoin de se changer les idées. Sinon il aurait trop réfléchi, se serait posé un tas de questions inutiles qui lui auraient brouillé le cerveau, comme par exemple depuis combien de temps Potter l'aimait.

Et voilà c'était reparti.

- Je vais faire un tour, annonça-t-il.

- D'accord, à plus... Attends Drago, t'as fait tomber un truc de ton livre.

En effet, il n'avait pas vu la petite carte, pliée en deux et coincée entre les pages. Il la ramassa, la fourra dans sa poche et s'en alla.

Ce fut un peu plus tard qu'il se souvint du papier. Il le déplia et, en découvrant son contenu, fronça les sourcils.

- Qu'est-ce que c'est que ce truc ?

┌────                                                                                              ────┐

                    Réponds-lui, il attend.

                                                                     H et R.

          PS: Tu n'as pas intérêt à faire l'idiot.

└────                                                                                               ────┘

Un instant, juste durant un instant, il avait cru que le H majuscule délicatement tracé était le H de Harry. Puis il avait réfléchi.

Potter écrivait bien plus mal et il n'aurait pas parlé de lui à la troisième personne. A coup sûr, cela devait être les deux membres restants du trio d'or: la miss je-sais-tout et la carotte ambulante.

Cela voulait dire qu'il leur avait parlé de sa déclaration. Ils étaient au courant. Peut-être même était-ce ces idiots qui avaient poussé le brun à avouer son amour.

A cette pensée, il se sentait rougir. A cause de la gêne, bien entendu, mais également un peu de plaisir. Il était assez important pour que Potter en parle à ses amis.

Il se leva du banc sur lequel il s'était assis. Il n'arrivait plus à penser correctement, toutes ses pensées s'emmêlaient.

"Réponds-lui", avaient-ils dit. Et s'il ne se trompait pas, répondre signifiait "accepter les sentiments et les partager".

Pourquoi tout le monde pense que j'aime Potter ? se demandait-il. Blaise et Pansy, Granger (Weasley ne comptait pas, il était trop peu fiable quand on lui demandait d'utiliser son cerveau). Ils sont tous persuadés que je ne connais pas mes propres sentiments, qu'ils me comprennent mieux que moi. C'est un comble !

Sans s'en rendre compte, il se dirigeait vers le terrain de Quidditch où l'équipe de Gryffondor s'entraînait. Son regard acier parcourait le ciel, s'arrêtant quelquefois et repartant aussitôt. Inconsciemment, il cherchait la silhouette du brun aux yeux verts. Il le vit, virevoltant au milieu des nuages, réalisant cascades sur cascades pour attraper le Vif d'Or. Vu ainsi, il était plutôt gracieux, ses gestes ne ressemblant absolument pas aux mouvements patauds qu'il avait sur la terre ferme.

Il reprit sa réflexion.

Ce n'est pourtant pas le cas. Enfin, je veux dire... C'est vrai qu'il n'est pas trop moche, surtout avec cette assurance qu'il affichait sur les clichés pour le journal. C'est vrai qu'il s'est plutôt embelli depuis la première année. Mais ce n'est pas du tout mon genre. Il est un peu trop... j'ai pas le mot en tête. Sérieusement, qu'est-ce que les sorcières, et les sorciers ont tous à s'amouracher de Potter, qui est déjà amoureux de moi ?

C'est vrai que sa silhouette n'est pas désagréable à regarder. Grande, élancée, musclée par les combats et le Quidditch et restée souple, cela pouvait faire battre quelques cœurs mais sans plus.

Ou alors c'était ses mains, calleuses à force de tenir la baguette, parsemées de fines lignes blanches, cicatrices d'un temps révolu, qui tranchaient sur sa peau hâlée. Les mains de Potter ressemblaient à des mains de paysan habitué à la rudesse des travaux manuels. Néanmoins, ce que les autres devaient trouver attirant, c'était que de cette force se dégageait une douceur inhabituelle. Peut-être était-ce la façon dont les longs doigts fins bougeaient, souplement, doucement, d'une façon qui hypnotisait et faisait qu'on ne pouvait en détacher les yeux. Ou peut-être était-ce cette impression, écho d'une situation passée, de sécurité. Cette assurance de ne pas être brûlé par les flammes si cette main devait envelopper la nôtre.

Sinon, cela pouvait être l'épaisse chevelure de Potter qui faisait accourir les prétendantes. Ça devait être ça, les sorcières adorait les hommes chevelus. Il n'y avait qu'à regarder le top 10 des plus beaux sorciers dans le Sorcières hebdo que lisait souvent Pansy.

Drago se dit que, rien que pour ses cheveux, Potter se devait d'être à Gryffondor. Sans rire, on aurait dit la crinière d'un lion.

Généralement mal coiffée, on pouvait tout de même discerner l'état du sorcier à travers ses mèches.

Par exemple, quand elles étaient franchement ébouriffées, à un point même qu'on venait à se demander si cela n'était pas fait exprès, c'était que le Survivant était fatigué. Peut-être s'était-il couché tard, ou alors cette idiote de Granger les avait réveillés tôt avec Weasley pour réviser à la bibliothèque. Habituellement, c'était qu'il avait rêvé de Voldemort. Heureusement, ces derniers temps, il n'avait pas le poil trop hirsute et son visage affichait une expression sereine (sauf les jours suivant leur baiser).

Ensuite, si la pointe de ses cheveux était bouclée, comme s'il s'était coiffé, c'était qu'il était heureux. Il se sentait bien, assez reposé et détendu pour passer la main dans ses cheveux et les aplatir, les définir avec de l'eau. Mais plus la journée avançait, à force de courir partout, ses boucles perdaient vite leur volupté et Potter retrouvait sa masse de cheveux habituelle, d'une neutralité réconfortante. Cette masse de cheveux qui donnait envie à Drago de repasser la main dans cette touffe d'apparence si douce, juste pour le coiffer.

Il y avait mille et une nuances dans la crinière de Potter, et le blond aurait pu en parler durant des heures. Néanmoins, ce n'était pas le moment donc il donnera une seule et unique description capillaire, celle qui l'avait le plus marqué.

L'unique fois où le brun s'était coiffé.

Si Drago se souvenait bien (et il avait une très bonne mémoire), c'était lors du bal pour le Tournoi des Trois Sorciers, en quatrième année. Lorsque Drago avait aperçu les cheveux plaqués par une tonne de gel reflétant les lumières, il avait eu du mal à contenir son fou-rire et était sorti pour qu'on ne le voit pas s'esclaffer.

Qu'il avait l'air benêt, tout de même, sourit-il doucement. Mais, il avait beau être ridicule, j'aurais donné cher pour...

Pour être celui qui se tenait à son bras.

Il retint une exclamation surprise.

Il divaguait, il devait divaguer.

Non, il ne divaguait pas.

Il se passa la main sur son visage figé par la surprise.

- Sérieusement ? Ce n'est pas possible... Ça veut dire qu'ils l'ont tous su avant moi. Pour une fois, ils avaient raison et moi tort. Être aussi aveugle, c'est digne d'un Gryffondor !

L'entraînement des rouges et or était terminé. Harry l'avait aperçu et se dirigeait à grands pas vers lui. En temps normal, Drago l'aurait évité, gêné. Cette fois-ci, à la place, il lui adressa un sourire sincère, presque soulagé.

Il était heureux et cela se voyait.

Face à une telle démonstration d'émotion (un Malefoy souriant, on aura tout vu !), le brun eut un moment d'hésitation, sentant son coeur battre plus fort. Qu'il était beau, le Drago avec ses mèches blondes voletant autour de son visage radieux, sans trace du masque de froideur qu'il portait habituellement.

Il retenait son souffle, ne comprenant pas. Il n'osait plus bouger.

Il vit le Serpentard avancer doucement vers lui, comblant la distance entre leur deux corps, s'arrêtant à quelques dizaines de centimètres, son visage rieur dangereusement proche du lion.

- Potter... Je crois bien que je t'aime !

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