3- Montre lui de quel bois tu te chauffes
*N'hésitez pas à commenter et/ou voter ! C'est toujours un plaisir de vous répondre !
»»————- ★ ————-««
Le soleil était levé, les oiseaux chantaient à tue-tête. Dans le dortoir des rouge et or, seul un garçon semblait ne pas prendre part à la liesse générale.
Il se tenait planté, comme Stupéfixé, près de la porte. Sa main était sur la poignée mais semblait ne pas vouloir pousser, elle était juste là, posée. Il regardait cette porte mais avec tant d'intensité qu'il semblait voir quelque chose d'inaccessible au commun des sorciers.
- Allez, Harry, bouge- toi !
- Je peux pas Ron, je peux pas. Et s'il me rejette ? Je vais encore avoir mal...
Il se tourna pour le regarder, enlevant enfin sa main de la poignée. Ses pupilles tremblaient, son être tout entier tremblait. Il ne savait plus quoi faire. Il voulait voir le blond, il voulait lui faire comprendre qu'il n'était pas d'accord que les choses en restent là.
Néanmoins... C'était la première fois qu'il avait si peur. Son courage de Gryffondor s'était carapaté à toute vitesse pour fuir l'immensité de ces sentiments inconnus.
- Et s'il me détestait pour de bon ?
Son ami roux soupira, conscient du dilemme qui torturait le brun. Mais il ne pouvait plus reculer. Il ne reculerait pas, ce n'était pas son genre. Alors il ne restait plus qu'à avancer.
- Harry... Nous sommes d'accord pour dire que c'est toi qui a décidé de ne pas lâcher ton amour envers... Malefoy, fit-il en baissant la voix afin que personne excepté Harry n'entendît le nom du Serpentard. C'était hier, et tu as juré de te battre jusqu'au bout. Et se battre implique de le confronter, ou tout du moins le voir. Alors ouvre cette fichue porte et va courir après ton dulciné !
Tout au long de la tirade, le brun n'avait pas cillé. Il en faudrait plus pour le faire bouger.
- Tu as peur. Tu es terrifié. C'est normal, tu vas avouer tes sentiments, tu vas exprimer quelque chose que tu découvres et qui fait peur à tout le monde. Harry... il faut que tu te prépares à ce qu'il te rejette la première fois.
Le Survivant baissa les yeux, des larmes perlant aux coins de ses yeux.
- Mais, poursuivit Ron, est-ce vraiment pour ça que tu vas abandonner ? Tu mérites d'être heureux, mon pote. Seulement, le bonheur est difficile à trouver. Malefoy ne sait même pas ce qu'il pense de toi. Il t'a embrassé puis s'est enfui ! Cela prouve bien qu'il est totalement perdu. Tu dois l'aider à mettre de l'ordre dans ses sentiments. Montre-lui que tu es là, que t'es dans la place. Peu importe qu'il te rejette, tu ne mourras pas. Oui, ça fera très mal, mais tu recommenceras, jusqu'à temps qu'il te dise enfin "oui". Je te connais bien, je sais que t'es capable de briser ce masque qu'il porte et d'atteindre son cœur. Tu es le seul avec qui il réagit autant, tu es le seul qui peut l'atteindre avec une simple pique. A ma connaissance, tu es le seul qu'il a embrassé.
Il conclut ainsi, un sourire narquois sur les lèvres.
Son ami releva la tête, un air combatif bien connu sur le visage.
- Ron... Merci. Je sais pas ce que je ferais sans toi. Toi et Hermione, vous êtes tout simplement géniaux. Je reviens. Malefoy va voir de quel bois je me chauffe !
Le chauffe pas trop, ça risque d'aller plus loin qu'un baiser sinon ! lui lança Ron en riant tandis qu'Harry s'éloignait.
***
- Il m'évite. J'en suis sûr.
- Harry, tu ne vas pas recommencer !
- Tu l'as vu toi-même. J'ai été le voir entre les cours, lors du déjeuner, lors des autres intercours, lors du dîner. Il ne veut pas me voir. Il s'enfuit encore.
Les trois Gryffondors étaient réunis dans la Salle commune, chaudement emmitouflés dans un plaid près du feu. Ils avaient lancé un Assurdiato afin que personne ne puisse entendre leur conversation.
Hermione leva un sourcil.
- Et donc, s'il t'évite, tu ne te bats plus. Rappelle-moi qui s'était amusé à prononcer le nom de Voldemort en septième année, alors qu'il avait reçu le sort du Tabou ? Je pense que tu as fait pas mal de bêtises bien plus graves que de poursuivre un garçon. Ne laisse pas une petite fouine apeurée dicter tes actions. Impose-toi enfin !
- D'accord, d'accord, fit le brun penaud.
Ron lui donna une tape amicale dans le dos.
- Allez mon pote, tu vas tout défoncer. N'oublie pas de lui montrer "de quel bois tu te chauffes".
Il fit un clin d'œil suggestif et Harry eut un rire embarrassé, ses oreilles se colorant de rouge.
- Qu'est-ce qu'ils ont encore inventés, ces deux garnements ? soupira Hermione, un sourire au coin des lèvres.
Il attendait, les yeux fixés sur sa proie. Son cœur battait à tout rompre, mais lui ne faisait aucun bruit. Il attendait. Il attendait le bon moment.
C'était là ! Là maintenant !
Le blond avait quitté son groupe d'amis et, pour la première fois depuis trois jours, ne regardait pas autour de lui.
Harry se glissa furtivement derrière lui. Il examina une dernière fois les alentours. Seuls de rares élèves retardataires se pressaient dans les couloirs, sans leur prêter attention, et les autres étaient soit en cours, soit dans leur Grande Salle, soit dans la cour de récréation.
Bien, personne ne les dérangerait.
Il posa sa main sur la cape bien repassée du Serpentard. Celui-ci sursauta.
- Potter !
- Malefoy. Faut qu'on parle.
L'autre se dégagea. Il ne le regardait même pas dans les yeux. Il fuyait une nouvelle fois.
Mais Harry n'était pas d'accord. Ah ça, non.
Il le rattrapa et, comme l'avait fait le blond à peine une semaine avant, il le poussa contre le mur. Mais il ne s'éloigna pas, se rapprochant au contraire. Son souffle était chaud sur les joues de Malefoy, qui détourna la tête d'un air dégoûté.
- Lâche-moi, Potter. Lâche-moi je te dis !
Il essaya de se dégager, mais le brun avait posé ses deux mains sur le mur et, faisant barrage avec son corps, l'empêchait de partir.
- Il me semblait pourtant t'avoir dit que nous devions parler, Malefoy, répondit fermement Harry.
- J'ai rien à te dire, dégage.
Le brun ne bougeait pourtant pas, en apparence nullement déstabilisé par le ton acerbe de celui qui tentait de se glisser en dessous de ses bras. Le Gryffondor les rapprocha, jusqu'à ce qu'ils soient collés au corps du blond.
- T'es sûr de vouloir continuer ? Ça risque de devenir gênant pour toi, sourit-il.
Il n'eut pas de réponse. Seul le rougissement discret, petit, rose pâle qui s'étendait sur la peau diaphane du Serpentard prouvait à Harry qu'il ne laissait pas l'autre totalement indifférent. Heureusement, eut-il envie de dire, vu la distance entre nous !
- Bien. Je commence.
Il inspira doucement.
- Je vais oublier ce qu'il s'est passé. On était tous les deux fatigués. C'est Ginny que j'aime vraiment. Toi, t'es qu'un connard de prince Serpentard blondinet. On est ennemis et on pourra jamais s'aimer.
Il ne prêta pas attention au soupir soulagé du sorcier en face. S'il écoutait l'autre, il ne voudrait pas continuer. A la place, il se concentra sur son visage désormais froid. Le brun se dit qu'avec un peu de chance, c'était la phrase qu'il venait de prononcer qui l'avait rendue morose. Il poursuivit. Ses yeux verts étaient brillants de résolution, plantés dans ceux acier du blond.
- C'est ce que t'aimerais bien m'entendre dire, hein ? Ça te rassurerait par rapport à tes choix, par rapport à tes sentiments. Mais c'est pas mon genre de te laisser tranquille, Malefoy. Crois-moi, je t'ai dans la peau et je compte bien te le montrer.
Il avait terminé. Il avait avoué.
Il posa délicatement sa bouche sur la joue de l'autre, dans un baiser aussi bref que sincère.
- Je t'aime.
Ensuite, il le délivra et s'éloigna à grands pas, stressé, rouge.
L'angle du couloir passé, il ne sentit plus ses jambes et se laissa tomber au sol.
- Je l'ai fait, je l'ai fait, murmurait-il furieusement. Enfin ! Le reste viendra de lui. Et si ça ne vient pas, je le provoquerais encore et encore. Je n'abandonnerai pas. Il sera forcé, soit de me mettre une gifle et de ne plus jamais me parler, soit de répondre à mes sentiments.
Il toucha pensivement ses lèvres puis, se rendant compte que les deux choix que pouvait faire Malefoy étaient diamétralement opposés, il soupira et mit sa tête entre ses genoux, ses bras autour.
De l'autre côté du couloir, Drago n'avait pas bougé. Il ne comprenait pas.
Ou plutôt, il ne voulait pas comprendre.
***
La nuit passa bien vite pour les deux tourtereaux, l'un car il n'avait pas pu dormir à cause de l'excitation qu'avait provoqué sa déclaration, l'autre parce qu'il avait réfléchi toute la nuit.
Il ne savait comment réagir, comment répondre à cette déclaration qu'il n'avait absolument pas vue venir.
Drago Malefoy n'aimait pas Harry Potter, bien sûr que non. Jamais il n'aurait pu l'aimer. Ils étaient ennemis.
Le blond se demandait seulement comment répondre au brun sans être trop cassant. Pas parce qu'il ne voulait pas blesser une nouvelle fois le Gryffondor. Parce que c'était le Sauveur et qu'il avait plusieurs dettes envers lui. Il l'avait sauvé du Feudeymon dans la Salle sur demande et il l'avait empêché, ainsi qu'aux autres enfants Mangemorts, de finir à Azkaban après la défaite de Voldemort. Comme les autres apprentis sorciers, il pouvait finir sa scolarité, loin de ses parents stricts qui, même s'ils l'avaient aimé, ne lui avaient jamais montré cette d'affection.
Il était reconnaissant de ce que Harry avait réalisé et il savait qu'il était seulement perturbé par les récents évènements. C'était lui qui avait agi avec ambiguïté. Il ne pouvait pas en vouloir au Gryffondor, il savait à quel point son beau visage faisait des ravages.
Néanmoins, il se rendait compte que la situation ne pouvait pas rester figée ainsi.
Il ne pouvait pas le laisser espérer.
Le brun était une des rares personnes qu'il respectait, un des seuls à qui il avait fait et faisait confiance.
Mais il ne l'aimait pas.
Drago Malefoy n'aimait personne.
Personne.
Donc, il allait rejeter Potter. Ce matin-même, au maximum après le déjeuner.
Il entra d'un pas résolu dans la Grande Salle pour prendre son petit-déjeuner. Il remarqua Harry, déjà attablé avec ses camarades, mangeant avec appétit ses œufs au bacon. Le blond tourna rapidement la tête quand les deux pupilles émeraude se posèrent sur lui, étonnées mais ravies d'être l'objet de son attention.
Plus tard, se dit-il. Je lui dirai plus tard.
Il commençait tout juste à entamer son repas, prenant de temps à autre une minuscule bouchée. Il n'avait pas faim.
Il était à peine à la moitié de son petit-déjeuner que les journaux arrivèrent. Il reçut, encore une fois, son journal dans l'assiette.
Il soupira mais ouvrit précipitamment la Gazette en voyant le gros titre.
Edition spéciale de la Gazette des Sorciers: les étranges déclarations d'Harry Potter. Une élève de Poudlard affirme avoir été repoussée par le Survivant.
Ce fait n'est pas étrange en lui-même mesdames et messieurs, c'est la façon dont ce garçon à la cicatrice éclair a éconduit la jeune fille, qui vous surprendra !
Celui-ci, lors de la déclaration, aurait alors dit : « Je ne me vois aimer qu'une seule personne jusqu'à la fin de ma vie. Je suis désolé mais je ne peux pas répondre à tes sentiments. ».
Ce propos nous rend curieux, l'objet de son amour fait déjà parler de lui. La plus grande question, qui titille chaque sorcier du monde magique se trouve dans cette unique phrase : « Qui cela peut être ? ».
Il affirmait pourtant n'avoir qu'une relation fraternelle avec la benjamine Weasley. Son amitié avec Hermione Granger serait-elle plus ambiguë que nous le pensions ? A moins que ce ne soit une personne totalement extérieure à ce petit groupe: une moldue rencontrée lors des premières années de son adolescence, un élève de Poudlard ? Une fille, un garçon ?
Qui est-ce ?
C'est moi, se dit Drago.
Il se leva sans bruit et quitta la Grande Salle.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top