9 - Le poids des mots, le choc des clichés
Soyons honnêtes deux minutes : les clichés n'ont pas la cote. La preuve : même dans les différents amphis de la #Wacademy, on vous serine de ne pas les utiliser et de les fuir tel le Chikungunya. Pourtant, écrire une histoire sans cliché, ce n'est pas évident...
Définition
Que nous dit notre cher ami Larousse au sujet du cliché (on ne parle pas de photographie ici, bien sûr...) ? Lieu commun, banalité qu'on redit souvent et dans les mêmes termes ; poncif.
Ah... Donc, c'est pas forcément négatif, si ? Bon OK ! Banalité, c'est pas très engageant. Mais c'est pas non plus une insulte.
Mais ça, c'est la définition du Larousse. Y a-t-il un point de vue spécifique à la littérature ?
J'ai envie de vous dire : pas vraiment. Mais si on étudie un peu le sens du terme, on le comprendra probablement mieux. Cliché, est un mot qui vient de la reprographie. Un cliché est une reproduction. Du coup, avec le temps, l'expression "cliché" pour définir quelque chose qui est répétitif ou devenu usuel, s'est mise en place. Une expression "clichée" serait par exemple une de perdue, dix de retrouvées. Pourquoi c'est cliché ? Parce qu'on l'utilise tout le temps, sans vraiment y réfléchir. C'est un classique, un poncif !
Tiens le revoilà lui : poncif...
Le bon chasseur et le mauvais chasseur !
Vous connaissez la différence entre le bon et le mauvais chasseur ? Eh bien, la différence entre le poncif et le cliché, c'est un peu la même chose. Le cliché est mal vu alors que le poncif est respecté. Pourtant, ils sont jumeaux. Mais laissez-moi exemplifier mon propos.
Un poncif de la littérature de fantasy : le héros dont le destin est de sauver le monde/la princesse/son chien/etc... ou alors le fait que tout le monde sur la planète parle la même langue...
Avouez qu'on les retrouve à toutes les sauces ceux-là. Pourtant, personne n'ira crier au cliché.
Un cliché de la littérature de fantasy : Les personnages ont toujours des noms imprononçables, genre "Iltgnühr, duc de Flintzgernträab, province de Mermnasq".
En ce qui me concerne, je classerais les trois dans la même catégorie. Et pourtant, bien souvent, les deux premiers sont élevés au rang de règle à respecter. Une histoire de fantasy sans un héros ayant un destin extraordinaire, c'est bien rare d'ailleurs.
L'anti-cliché c'est le mal
Eh oui ! Pire que le bon et le mauvais cliché, il y a ceux qui veulent éviter le cliché, se démarquer, marquer le monde de leur empreinte, comme on dit qu'il faut tenter de le faire lorsqu'on veut écrire un livre qui vaille la peine d'être lu. Du coup, on veut sortir des clichés. et quand on le fait : on se fait traiter d'incompétent.
Exemple : Prenons un cliché bien bien ancré comme une règle absolue. Le vampire : il vit la nuit, craint le soleil à en mourir, boit du sang, et ne va pas dans les églises. Il a d'autres tares, mais on se contentera de celles-ci. Eh bien, faites un livre avec un vampire qui brille au soleil, qui peut vivre en plein soleil ou qui ne se nourrit pas de sang et on criera au sacrilège.
Et si l'envie vous prenait d'écrire une histoire d'amour entre deux êtres que tout rapproche, pour changer, on viendrait vous dire que ça n'a pas d'intérêt, que pour que votre histoire soit intéressante, il faut que les deux protagonistes rencontrent des difficultés. Pourtant, c'est bien bien cliché, ça aussi...
Mais que choisir ?
Donc le cliché c'est mal, mais ne pas écrire de cliché, c'est pas bien pour autant. Alors que faire ?
Mon conseil : ne changez rien ! Faites ce que vous voulez. On vous l'a déjà dit dans presque tous les campus : tout a déjà été écrit et/ou raconté. Donc, si vraiment vous voulez éviter les clichés, arrêtez d'écrire. Et sinon, acceptez le fait que vous ne pourrez pas les éviter.
PAR CONTRE ! Ce n'est pas une excuse pour ne faire que ça. Et c'est là que ça devient intéressant. Il faut doser. Évidemment qu'une histoire de fantasy c'est plus sympa avec des dragons. Bien sûr que le vampire qui boit du sang, c'est plus cool et que quand tout le monde parle la même langue c'est vachement plus pratique. N'empêche que vous pourriez faire un effort et ne pas tout caser partout. Casser UN PEU les codes, c'est bien. Trop, c'est risqué ; et pas du tout, le lecteur s'ennuie. À vous de doser, donc...
Mais les autres clichés ?
Ah oui, bien sûr, il reste un sujet à propos des clichés. Nous n'avons parlé ici que des clichés que je baptiserais scénaristiques (même si c'est un peu plus large). Il reste un sujet important encore : les clichés de forme. Je vous propose qu'on en parle dans un autre chapitre qu'en dites-vous ?
D'ici là, et pour finir de vous convaincre, essayez de trouver, parmi vos livres préférés, une idée qui ne soit pas un cliché au final. Vous allez voir que ce n'est vraiment pas facile...
Oh ! ET ne vous inquiétez pas : je sais que ce que je viens de dire va en chagriner plus d'un ;)
C'est mon côté provoc' un peu...
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